jeudi 15 mars 2018

Mes années ORTF : 1973-1975

Mon aventure médiatico-journalistique commence en 1973. Les couloirs de la Maison de la radio me conduiront dans les impasses de l'ORTF, deux ans avant son éclatement.


1973-1975 : étudiant à Paris VII en Sciences
de l'Information et de la Communication
C'est grâce à Bernard Cuau (1935-1995), l'un de mes professeurs d'université (rédacteur en chef du service photo au Nouvel Observateur et membre de la rédaction des Temps Modernes), que j'ai décidé de changer d'orientation, passant de la physique-chimie aux sciences de l'information !
Son passionnant cours de cinéma m'a ouvert les yeux sur le monde du côté de la Cinémathèque, avec Eisenstein, Dziga Vertov et l'expressionnisme allemand de Murnau.
Cherchant un "job étudiant", il me parla de la possibilité d'effectuer des stages à l'ORTFle service public de l’époque.

Rendez-vous pris dans un bureau du 5e étage de la Maison de la Radio, quai Kennedy, l'on me demanda simplement si je savais "taper à la machine à écrire". Par chance, j'avais appris par moi-même sur une vieille Remington...

A Courbevoie, le centre Inter TV (INA)
Début mai 1973, à 20 ans, sans autre viatique, je suis affecté à Inter TV. (voir la vidéo de l'INA à partir de 15.37)

La rédaction, centre de production autonome, se trouvait à Courbevoiedans une grande villa.
L'agence d'images, alors dirigée par Guy Bernèdeancien responsable de la création des télévisions d'Afrique francophone, dépendait de la direction des Affaires Extérieures et de la Coopération (DAEC) de l'ORTF. 

Domicilié au sud de Paris, à Bourg-la-Reine, il me fallait deux bonnes heures de métro, aller-retour, pour rejoindre le pont de Levallois, tout au nord.

Heureusement, Inter TV déménagea l'année suivante, au centre Brossolette, rue de l'Université à Paris.
Pour éviter ce long trajet, j'avais loué une chambre de bonne, avec toilettes sur le palier, sous les toits d'un immeuble cossu de la rue Jeanne-Hachette, derrière la mairie du XVe. 

Philippe Gildas,
dans les années 70 (INA)

L’été 1974, j’y recevrai Philippe Gildas, alors rédacteur en chef à France Inter. 
Il me livre un lourd magnétophone à bandes pour décrypter ses interviews du reporter de guerre Jean-François Chauvel. Quelques mois plus tard, le livre « A rebrousse-poil » paraîtra chez Olivier Orban.  

Les programmes réalisés par Inter TV (actualités et magazines), étaient vendus aux télévisions étrangères. Diffusés aux quatre coins du monde, les commentaires bénéficiaient de traductions en anglais, arabe et espagnol. 
Une sorte de « voix de la France » bien avant France 24, lancée fin 2005... 

En ce temps là, les caméras n'étaient pas numériques ! 
Les films 16 mm étaient développés sur place, montés et synchronisés en auditorium. 
Des dizaines de copies « kinescopées » partaient par avion…
Mon rôle consistait à rédiger un résumé de quelques lignes, accompagnant chaque bobine dans sa boite métallique ! J'avais aussi pour mission de transmettre par télex les demandes de reportages aux correspondants en Afrique (parmi les plus actifs : Jacques Abouchar, futur otage en Afghanistan en 1984, Jean-Loup Demigneux, directeur de la rédaction de France 2 en 1996, etc...)

Première apparition télé d'Arlette
Chabot  le 21 octobre 1978 (INA)
Dans cette rédaction, j’avais repéré la grande timide Arlette Chabot
La jeune débutante de 22 ans, roulait alors en coupé Peugeot décapotable...
Arlette, qui rejoindra France Inter en 1974, n’imaginait sûrement pas qu'un jour, elle déstabiliserait  Jacques Chirac en lui posant la question devenue culte sur l'issue de sa candidature à la présidentielle de 1995…
Directrice générale adjointe, chargée de l'information sur France 2, de 2004 à 2010, poussée vers la sortie en 2011, elle rebondira à la direction de la rédaction d'Europe 1
"Débarquée" en 2012, elle réapparait en 2013 sur LCI et succède en 2015 à Michel Field  (promu directeur de l'information à France Télévisions, il sera poussé à la démission en mai 2017) pour présenter "Politiquement Show". Elle officie toujours dans le créneau 17-18 h avec "Le Débat", participe aussi aux "partis pris" de 24 h Pujadas, et assure une chronique à Sud Radio.

Arlette Chabot a-t-elle été virée de son poste à France
 Télévisions à la demande de Sarkozy ? Lire ICI
D’autres journalistes talentueux exerçaient dans l’équipe d’Inter TV, encadrée par Gérard Morin (futur directeur de FR3 Nice Côte d’Azur en 1977, puis directeur régional à Toulouse en 1983) et Richard Hartzer (délégué SNJ chargé des dossiers des journalistes lors de la liquidation de l’ORTF) : Jean-Charles Deniau (futur documentariste), Fernand Divol, reporter d'images, Catherine Grandmougin, Francisco Nunez, Claude Boulanger (qui me fera connaître le journaliste-historien de Paris Francis Cover (1913-1975) peu de temps avant sa mortet le cinéaste Jacques Tati aux studios de Billancourt, lors du tournage de son dernier film Parade)...

DE DESK EN DESK

L'aventure commença à la Maison de la Radio (dr)
Pour compléter mes revenus, je collaborais aux  desks des radios de l'ORTF : le fameux "bocal". 
Un univers feutré, au troisième étage de la "Maison ronde".
L’ordinateur encore inconnu des rédactions, c’est à la main que l’on triait les dépêches d’agences de presse (AFP, ACP, AP, Reuters, météo, courses hippiques). 
Elles tombaient à jet continu 24 h sur 24, sur de bruyants téléscripteurs qui chauffaient dans des locaux exigus (pour avoir une idée de l'ambiance, voir le reportage de Georges de Caunes à l'AFP).
Une fois les dépêches triées, la course s’engageait dans les couloirs pour alimenter au plus vite chefs de service et présentateurs avides.  

Reportage à l'AFP (INA)
L’ORTF accordait alors à ses « petites mains » de faux statuts de « conseiller artistique », « chroniqueur », ou "employé de presse", payés en numéraire :
51 Francs (8 € d'aujourd'hui) pour 8 heures à Inter TV, 70,92 F. (11,15 €) sur la 1re chaîne, 90 F. (14,15 €) à la radio, 109,60 F. (un peu plus de 17 €) sur Antenne 2
C'était bien payé pour un SMIC horaire de 5,40 F à cette époque.
Il fallait monter au bureau des cachets pour toucher son argent...

Georges Slavicek
France Culture, où l’actualité avait été introduite en 1970 par Robert West, je faisais équipe avec l'attachant Jiri Slavicek (décédé en mars 2011 à 68 ans). 
Georges, son prénom francisé, était arrivé en France, en 1968, avant l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes russes. 
Sa voix radiophonique était particulièrement appréciée des auditeurs de Radio Free Europe
Phrases sans ponctuation à la Proust, rire sarcastique, celui qui arrivait toujours essoufflé, dans sa gabardine trop grande, s'excusait de son imparable "Je suis en retard". Quel adorable confrère ! 
Son humour slave, sa culture, sa liberté d'esprit, apportaient un supplément d'âme à la froideur des couloirs de la "maison ronde". 
Et nous partions refaire le monde au Palais de la Bière !
Après minuit, un taxi (conduit par un vieux russe blanc) nous reconduisait à domicile...

J'ai aussi beaucoup appris aux côtés de journalistes, débutants ou confirmés, comme Alain Baron (actuel directeur de Radio Notre Dame)Gabriel Mérétik spécialiste de la Pologne, Guy Laval, Francisque Oeschger (CFJ 1974)Dominique Souchier qui portait alors le pseudo de Dominique BlancDominique Trinquet (fondateur en 1987 de l’Institut d’Etudes de la Désinformation)… 
France Inter, où régnait Yves Mourousi et son "Inter Actualité Magazine", on "moulinait" l’actu toutes les heures avec trois grandes voix : Patrice Bertin, Jacques Chabotet Ralph Pintoavec Jean-Louis Courleux (décédé en 2016), comme chef de desk, secondé par des journalistes tchèques, anciens réfugiés politiques. 

En fin de service de nuit, plus calme de 22 h à 6 h du matin, j'allais prendre un crème au café des « Ondes », et il m'arrivait d'aller dormir quelques heures sur un banc au pied de la statue de la Liberté, pont de Grenelle. La nuit la plus mémorable sera celle du 9 août 1974, lors de la démission du président américain Richard Nixon

Après Inter TV, direction le 13-15 rue Cognacq-Jay
berceau historique de la télévision (dr)
J’effectuais le même type de service pour les JT des Première et Deuxième chaînes dans les studios historiques de la télévision rue Cognacq-Jay.
J'alimentais en dépêches les bureaux de Jean-Pierre Elkabach et Jean-Claude Héberlé. 
Dans les couloirs on croisait Roger Couderc ou Michel Denisot, un débutant qui fera carrière...
Sur le plateau du sacro-saint 20 heures, il fallait surveiller le fil AFP, depuis une cabine insonorisée. Au cas où, on glissait le "flash" important sur le bureau du présentateur. L’oreillette n’existait pas encore !
Léon Zitrone, présentateur vedette, aimait dire : " A l'instant même, on me tend une dépêche... Je cite..."
J'ai croisé d'autres présentateurs comme Jean-Michel Desjeunes (qui se suicida à 36 ans en 1979), Philippe Harrouard, Jean Lanzy (décédé en 2018), Bernard Rapp (décédé en 2006), Jean-Marie Cavada, Patrick Poivre d’Arvor qui prenait son repas à la cantine... Il m'arrivait aussi d'aller boire un verre de vin blanc avec un fromage de chèvre au "Sancerre" avenue Rapp.

Encore étudiant, j'ignorais alors que ma vie professionnelle serait liée au journalisme. Pourtant, plusieurs signes annonciateurs me poussèrent au coeur de cette aventure.
Fin 1970, j'avais manifesté contre le procès des nationalistes basques à Burgos et la répression de Franco. 
En décembre 1971, j'avais apprécié le fameux "Messieurs les censeurs bonsoir !" de l'écrivain Maurice Clavel face au ministre Jean Royer. L'élan lyrique de l'écrivain, chroniqueur du Nouvel Observateur, contre la censure allait m'ouvrir les portes d'une période "maoïste" !
Le journal maoïste de 1971 à 1973

J'avais également été sensibilisé aux violences policières dans "l'affaire Jaubert" après avoir été attiré un moment par le surréalisme des activistes de "Tout", du Mouvement VLR (Vive la Révolution) conduit par Takis Candelis, alors agitateur en salopette au lycée Rodin... futur directeur général adjoint de TF1...
Mettant à profit mes connaissances en chimie, j'ai fabriqué des cocktails Molotov dans un bureau désaffecté de Jussieu et j'ai diffusé La Cause du Peuple à la porte de la fac !
Il m'est même arrivé d'aller aider faire des paquets de journaux à l'imprimerie Roto Technic Offset d'Aubervilliers. 
Ils étaient ramenés au local du passage Dieu (20e) dans la 4L bleue de Rédith Estenne, la première épouse d'Alain Geismar, ancien leader de Mai 68 devenu dirigeant de la Gauche Prolétarienne, qui rejoindra le parti socialiste en 1986. 
Alors que la mort du militant Pierre Overney, en février 1972, abattu par un vigile de la régie Renault, enflammait les esprits, Geismar sifflera l'année suivante la fin de cette posture révolutionnaire de l'extrême gauche qui passait de la rubrique "Agitation" du Monde aux dérives violentes d'Action Directe. 

De 1971 à 1973, mes "camarades" de la CDP et du Secours Rouge, s'appelaient Cloud, Bénédicte, Blandine, Moustache, André Landau, Christian Riss, Gilbert Castro, André GlucksmannJacques Darmon (futur médecin qui sera inquiété plus tard lors des poursuites engagées contre Action Directe),  la journaliste Michèle Manceaux, Sorj Chalandon, futur grand reporter, prix Albert-Londres 1988, et écrivain à succès.
L'été 1972, j'ai participé aux moissons sur le plateau du Larzac, aux côtés de Frédéric Joignot, alias Fredo, alors responsable du Front de la Jeunesse, et futur journaliste du Monde.

Premier numéro de Libération :
le 5 février 1973
Fin 1972, début 1973, au sein des premiers comités Libération, prémisses du lancement du quotidien éponyme dans ses locaux de la rue Dussoubs, puis au 14 rue de Bretagne (3e), et de l'APL (Agence de presse Libération) j'ai compté parmi les jeunes militants opposés à l'autoritarisme de Serge July et de Benny Lévy (qui reviendra plus tard à la tradition juive) qui me convoqua même pour une séance d'autocritique, en présence d'une militante prénommée Nicole. 
Nous n'étions que quelques uns à dénoncer les mécanismes autoritaires et l'imposture d'un faux journal du peuple lors de l'AG des comités Libération du 21 mars 1973 : le journaliste sportif Alain Leiblanc (qui fera ensuite carrière dans la communication à l'UEFA et la FIFA), Robert Aarsse (qui deviendra diplomate néerlandais et député européen Vert en 2014), Jean-Louis Gangneux, étudiant en maths et socio à Paris VII, Jacqueline Koutouzof, Catherine Humblot, Yves Hardy... 

Nous avons préféré quitter cette voie étriquée et personnellement, je n'avais jamais accepté 
l'engagement pro-palestinien forcené de l'organisation maoïste. 
Après la guerre du Kippour d'octobre 1973, cela choquait fortement ma conscience de petit-fils d'immigrés juifs ayant quitté en 1904 les pogroms antisémites d'Ukraine et de Moldavie, pour se réfugier en Turquie et finalement en France, à Marseille puis Paris, où ils obtinrent la nationalité française en 1927, avant d'échapper à la Shoah

Ma première leçon d'éthique journalistique, je l'ai vécue en participant à une action militante décidée spontanément.
Nous étions quelques étudiants et maîtres assistants à partir à l'assaut contre la dérive de Combat - le quotidien issu de la Résistance - qui, quelques mois avant sa disparition, accepta de publier une publicité d'un mouvement d'extrême-droite !
Combat : la Une du dernier numéro daté du 30 août 1974
Nous fûmes reçus par son dernier rédacteur en chef Jean-Pierre Farkas, (futur directeur de l'information de Radio France), dépité d'en être arrivé là.
Le 15 juillet 1974, le directeur de la publication Henri Smadja se suicide...

Après avoir rompu, en 1974, avec les équipes militantes, je participe aux réflexions éditoriales de la revue Interférences, créée en 1975 par Antoine Lefébure, futur responsable en 1980 des nouvelles technologies, au groupe Havas.
Fin 1974, avec Jiri Slavicek, nous approchons l'équipe du quotidien L'Imprévu pour lui proposer nos services. Mais l'éphémère journal lancé par l'écrivain Michel Butel et Bernard-Henri Lévy cessera d'exister après seulement onze parutions !

En février 1975, après l'éclatement de l'ORTF, je cesse mes collaborations aux desks, contraint et forcé. 
Un courrier de Michel Péricard (1929-1999) (reproduit ci-contre), alors directeur de l'information de Radio France, indique déjà le vrai sens de la réforme : 

Il vous a été indiqué que nous étions dans l'obligation de nous défaire de votre collaboration à la suite d'une réorganisation des rédactions, en vue d'en réduire les charges "...
Je préfère alors quitter Paris pour vivre autre chose et débuter réellement ma vie professionnelle dans la presse écrite régionale.


samedi 3 mars 2018

Vie politique française et histoire de la presse

La proximité entre hommes politiques et médias n'est pas une nouveauté. Toute l'histoire de la presse écrite française se confond avec la vie politique, toutes tendances confondues. Rappel de quelques noms incontournables.



Léon Blum (1872-1950)

Léon Blum figure du socialisme, a été dans sa jeunesse critique littéraire à la Revue Blanche où il collabore à partir de 1892.
Après la scission du congrès de Tours, où L'Humanité se rallie au parti communiste, il devient le directeur politique du quotidien  Le Populaire, organe officiel de la SFIOaux côtés de son fondateur Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx. 
Une fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort. Le journal disparaît en février 1970.


Aristide Briand (1862-1932)

Aristide Briandstagiaire au barreau de Saint-Nazaire en 1886, s'engage en politique et collabore à la Démocratie de l'Ouest
Elu conseiller municipal radical-socialiste en 1888, il devient directeur politique de L'Ouest Républicain, fondé en 1889, qui paraissait les mardi, jeudi et dimanche.
En 1900 il s'inscrit au barreau de Pontoise et publie des articles dans La Lanterne.
Devenu ministre de l'Instruction publique en 1906, il débute alors une longue carrière politique. 
Briand obtiendra le Prix Nobel de la Paix en 1926.

Maurice Sarraut (1869-1943)

Maurice Sarraut entre à 18 ans à La Dépêche de Toulouse (prédécesseur de La Dépêche du Midi). Le journal a été fondé en 1870 pour donner des nouvelles du front aux femmes de soldats. 
En 1892, Sarraut ouvre l'agence parisienne du journal et devient directeur administratif en 1909.
Président du Parti radical-socialiste en 1926-1927, sénateur de l'Aude de 1913 à 1932, date à laquelle il démissionne pour devenir propriétaire de La Dépêche, il soutient son frère Albert Sarraut (1872-1962), plusieurs fois ministre, président du Conseil en 1933 et 1936, deux fois gouverneur de l'Indochine de 1911 à 1914 et de 1917 à 1919.
A la suite d'une tentative d'acquisition du journal par Maurice de Rothschild,  Jean-Baptiste Chaumeil (1856-1930), entrepreneur en travaux publics, et maire radical-socialiste de Valence-d'Agen (Tarn-et-Garonne) entre dans le capital en 1925. 
Après l'armistice de 1940, Sarraut approuve le régime de Pétain, soutenu par son journal. 
Détesté par les ultras de la Collaboration, Sarraut, arrêté par la Gestapo en janvier 1943, sera libéré grâce à son ami René Bousquet mais sera assassiné par la Milice le 2 décembre 1943. (Bousquet, secrétaire général de la police et organisateur de la rafle du Vel d'Hiv, acquitté par la Haute Cour de Justice en 1959, siègera jusqu'en 1971 au conseil d'administration de La Dépêche du Midi. Il sera assassiné chez lui en 1993).

La Dépêche de Toulouse, interdite de publication à la Libération pour collaboration, Jean Baylet, le neveu de Chaumeil, qui a été directeur administratif en 1927 puis rédacteur en chef, mènera la bataille dès l'ouverture du procès contre le journal pour faire reparaître une nouvelle Dépêche du Midi sous-titrée "journal de la Démocratie".
Elu député du Tarn-et-Garonne en 1946, leader de la gauche du parti radical, il dirigera le quotidien régional du 22 novembre 1947, jusqu'à sa mort le 29 mai 1959. Son épouse Evelyne lui succèdera jusqu'en 1995 tout en étant maire de Valence-d'Agen et présidente du conseil général du Tarn-et-Garonne. 
Elle passera le flambeau à son fils Jean-Michel Baylet, à la mairie et au journal. Président du Parti radical de gauche de 1996 à 2016 et ministre en 2016-2017, il est aujourd'hui à la tête du groupe La Dépêche-Midi Libre.



Maurice Viollette (1870-1960)

Maurice Viollette, né à Janville (Eure-et-Loir) en 1870 était avocat. Secrétaire d'Alexandre Millerand en 1896, il est parachuté à Dreux pour les législatives de 1902. N'ayant pu prendre le contrôle du Réveil National il fonde L'Action Républicaine.
Le 23 février 1902, paraît le premier numéro de ce bi-hebdomadaire dont il est le propriétaire et directeur. Cette publication lui servira pour la conquête de la mairie de Dreux en 1908, et pour ses réélections comme député radical d'Eure-et-Loir, en 1906, 1910 et 1914. 
En 1919 il est battu par un "poilu" et profite des difficultés financières du journal Le Progrès d'Eure-et-Loir pour le racheter et l'arracher aux radicaux passés à droite. Il le rebaptise L'Indépendant.
Viollette, franc-maçon influent, a été ministre du Ravitaillement en 1917, gouverneur de l'Algérie de 1925 à 1927, vice-président du Conseil sous le Front Populaire de 1936 à 1938. Il est l'auteur du projet de loi Blum-Viollette, qui voulait donner le droit de vote et la citoyenneté française aux élites algériennes. En 1931 il publie un livre prémonitoire "L'Algérie vivra-t-elle ?"
Paradoxalement, Violette n'aimait pas la presse : contre Le Matin, quotidien lancé en 1883 par des financiers américains, racheté après le scandale de Panama par Maurice Bunau-Varilla, il dépose un projet de loi en 1910 visant "les photos, dessins et gravures trop saignantes". Dans le préambule de sa loi il écrit : " On ne laisse échapper aucun meurtre, aucun assassinat. Quand il s'en produit un, c'est joie et profit. On tire à la ligne le plus possible..." 
Viollette se mettra à dos tous les directeurs de journaux au nom de la liberté de la presse. Le Petit Journal estimait qu'il préparait "une nouvelle censure à la Charles X". Le projet de loi sera enterré...
En 1940, Viollette saborde ses journaux. Révoqué par Vichy, il est placé en résidence surveillée.
En octobre 1959, l'Action est rachetée par le groupe Hersant. 
Reprise par le groupe Publihebdos en 2007, l'édition de Dreux disparait début 2010. Seule, subsiste l'édition de Nogent-le-Rotrou.


Alexandre Varenne (1870-1947)

Alexandre Varenneavocat à la Cour d'appel de Paris, collabore aux journaux Le Petit Clermontois et le Stéphanois et en 1897, dans le Puy-de-Dôme, à La Volonté, avant de devenir secrétaire de rédaction de La Lanterne, animée par Aristide Briand et René Viviani. En 1901, il adhère au Parti socialiste français de Jaurès. Appelé à  L'Humanité après 1902, il en devient secrétaire de rédaction et publie dans le Puy-de-Dôme, l'hebdomadaire  L'Ami du peuple
Fondateur du journal La Montagne le 4 octobre 1919, il crée également La Politique en 1930.
La Fondation Alexandre et Marguerite Varenne, reconnue d'utilité publique depuis 1988, oeuvre à la promotion et à la valorisation des métiers du journalisme. Elle organise annuellement des prix et attribue des bourses d'études. La Fondation est aussi l'actionnaire de référence du quotidien régional La Montagne, du groupe Centre-France.


Pierre Laval (1883-1945)

Pierre Laval, socialiste, débute en politique en 1911 en étant battu dans une législative partielle. En 1914, il décroche la 2e circonscription de Saint-Denis (Seine) et devient à 31 ans le benjamin des 103 députés socialistes. En 1920, au congrès de Tours, sa section d'Aubervilliers passe du côté communiste. En 1923, il devient maire d'Aubervilliers avec une liste de transfuges de la SFIO. Aux législatives de 1924, sa liste du Cartel des gauches l'emporte mais en 1926 il abandonne la gauche. Il devient sénateur de la Seine en 1927 sur une liste d'Union nationale républicaine. 
Avocat prospère, proche des syndicalistes de la CGT qu'il défend, il rachète en 1927 la majorité des actions de la Société des Imprimeries Montlouis et du journal Le Moniteur du Puy-de-Dôme, organe radical proche d'Etienne Clémentel, qui sera élu sénateur en 1935.
Laval fera fortune en rachetant Radio-Lyon en 1928, puis Le Lyon républicain
Il participe à la création de l'agence de publicité, le Crédit commercial de la publicité et rachète d'autres quotidiens de province : La Sarthe, l'Echo républicain de l'Ouest, le Régional de l'Ouest, le Petit Var et le Petit Niçois
En 1931, avec une plus-value de trois millions de francs, il revend tous ses journaux à Raymond Patenôtre tout en conservant leur contrôle politique.
Plusieurs fois ministre et président du Conseil, il est vice-président du Conseil de l'Etat français dirigé par Pétain de juillet à décembre 1940, puis chef du gouvernement de 1942 à 1944. Condamné à mort pour haute trahison il sera fusillé le 15 octobre 1945.

Georges Clemenceau (1841-1929)

Georges Clemenceau, médecin, député républicain radical, maire du 18e arrondissement puis président du conseil municipal de Paris en 1875-1876, fonde le 13 janvier 1880 le quotidien La Justice où il se révèle un polémiste redoutable. Le rédacteur en chef est Camille Pelletan, venu du Rappel

Endetté, Clemenceau fait entrer dans le capital de son journal l'Américain Cornélius Herz, qui sera impliqué dans le scandale de Panama
Clemenceau, accusé par Paul Déroulède, alors député boulangiste, d'être à la solde de l'étranger, la polémique gonfle avec Paul Deschanel qui renouvelle l'attaque depuis la tribune de l'Assemblée le 26 juillet 1894. Les deux hommes se départageront dans un duel à l'épée, relaté par le journal La Patrie. Blessé légèrement au visage Deschanel renonce à poursuivre le combat...
Clemenceau collabore aussi à L'Aurore et prend la défense de Dreyfus. 
Sénateur du Var en 1902, il devient ministre de l'Intérieur en 1906 et président du Conseil jusqu'en 1909. 
Retourné au Sénat, il fonde L'Homme libre, rebaptisé L'Homme enchaîné, suite à la censure au début de la guerre de 1914.
A nouveau président du Conseil en novembre 1917, le "Père la Victoire" négocie la Conférence de la paix de Paris. 
Mis en minorité au sein du groupe républicain il renonce à se présenter à l'élection présidentielle de 1920 et quitte la vie politique.


Alexandre Millerand (1859-1943)

Alexandre Millerand, brillant avocat et député de Paris à l'âge de 26 ans en 1885, il collabore à La Justice, le journal de Clemenceau. 
En 1899, il entre au gouvernement comme ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes.
Ministre de la Guerre en 1912 puis de 1914 à 1915, il devient président du Conseil en janvier 1920 avant de devenir président de la République en septembre, suite à la démission de Paul Deschanel pour raisons de santé, sept mois après avoir succédé à Raymond Poincaré.


François Arago (1786-1853)

François Arago, brillant polytechnicien, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, se lance dans la politique après la mort de sa femme en 1829. En 1830, il est élu député des Pyrénées-Orientales.
Depuis 1815, il n'existe dans ce département qu'un seul journal, le Mémorial administratif des Pyrénées-Orientales. Cette publication préfectorale est l'émanation de la politique gouvernementale.
Les opposants à la Monarchie de Juillet fondent le 1er janvier 1846 L'Indépendant des Pyrénées-Orientales pour soutenir la candidature de Arago aux élections législatives.
Un soutien efficace car il sera élu avec un score de 98,9%.
Pour avoir continué de paraître sous le régime de Vichy et l'Occupation allemande, le journal est interdit à la Libération mais bénificiera d'un non-lieu.
Le 18 avril 1950  sous le titre L'Indépendant du matin, puis L'Indépendant catalan et finalement L'Indépendant. Depuis 2015, il est l'un des titres du Groupe La Dépêche-Midi Libre.


Gaston Defferre (1910-1986)

Gaston Defferre député socialiste des Bouches-du-Rhône depuis 1945 sera réélu mairie de Marseille en 1953 en bénéficiant du soutien indéfectible du quotidien Le Provençal, jusqu'à sa mort en 1986.
Lors de la libération de Marseille le 21 août 1944, trois hommes - un résistant, un truand du milieu local, et un militaire membre des FFI -  s'emparent du journal Le Petit Provençal, quotidien publié depuis 1880, qui avait soutenu le régime de Vichy.
Le groupe réalise l'opération pour Defferre qui dirige un réseau de résistance. Avec son épouse, ils s'attribuent une majorité des parts de l'entreprise de presse.
Le journal est rebaptisé Le Provençal, nom conservé jusqu'en 1997, lorsqu'il fusionne avec Le Méridional (quotidien orienté à droite, racheté par Defferre en 1971) pour devenir La Provence.
En 1987, le groupe Hachette, alors présidé par Jean-Luc Lagardère avait racheté Le Provençal.
Defferre, avocat, ministre de la France d'Outre Mer sous la IVe République, prépara la décolonisation de l'Afrique noire. Opposant à De Gaulle, candidat à la présidentielle de 1969 (5 % des suffrages), en tandem avec Pierre Mendès-France, il devient ministre de l'Intérieur lors de la victoire de la gauche en 1981. On lui doit les lois de décentralisation.

Jean-Jacques Servan-Schreiber (1924-2006)

Jean-Jacques Servan-Schreiber est le fils d'Emile Servan-Schreiber qui dirigeait le journal économique Les Echos
Polytechnicien, pilote de chasse, il débute au Monde et devient à 25 ans éditorialiste en politique étrangère.
Proche de Pierre Mendès-France, il créé L'Express en 1953 avec la journaliste Françoise Giroud.
D'abord supplément du week-end des Echos, il devient quotidien en 1955.
Chaque semaine l'écrivain François Mauriac y publie son "bloc-notes".
Au retour de De Gaulle en 1958, le journal perd de son audience, passant de 300.000 à 50.000 exemplaires et redevient hebdomadaire au début des années 1960.
En 1964, il est transformé en news magazine sur le modèle américain et adopte à partir de 1966 une ligne centre-gauche anti-gaulliste.
Servan-Schreiber, connu sous les initiales de JJSS, se lance en politique après la démission de De Gaulle en 1969 et devient secrétaire général du Parti radical-socialiste, puis son président de 1971 à 1975 et de 1977 à 1979.
Co-auteur du Manifeste radical, il est élu député à Nancy en juin 1970.
Une partie des journalistes de L'Express, craignant la tutelle politique de JJSS, démissionne pour fonder l'hebdomadaire Le Point.
En 1977, JJSS revend L'Express à l'homme d'affaires franco-britannique James Goldsmith qui en fera un instrument contre l'influence communiste.
Revendu en 1987 à la Compagnie générale d'électricité (CGE),  il est cédé en 1995 à une filiale du groupe Havas.
Vivendi (ex-Havas) le revend au groupe Dassault, qui en 2006 le vend à son tour au groupe belge Roularta. En 2015, il est racheté par Patrick Drahi qui l'intègre dans son pôle SFR Média.


Citons également :

Maurice Rouvier (1842-1911)
Banquier à Marseille, il créé avec Gaston Crémieux la Ligue de l'Enseignement et collabore aux journaux qui soutiennent Gambetta, Le Peuple, puis Le Rappel de la Provence, et L'Egalité. A la chute de l'Empire, il est élu député de l'Union républicaine en 1871. En 1881, il devient ministre des Colonies dans le ministère Gambetta, puis en 1884-1885 ministre du Commerce de Jules Ferry. En 1887 il est nommé président du Conseil, et ministre des Finances, des Postes et du Télégraphe. Il sera impliqué dans le scandale des décorations et démissionne. Il redevient ministre des Finances en 1889. En 1892-93 il sera mis en cause dans le scandale de Panama. Il est considéré comme l'un des républicains les plus corrompus de son époque.

Jules Méline (1836-1925)
Avocat à Paris sous le Second Empire, il participe en 1861 à la fondation de l'hebdomadaire Le Travail avec Clemenceau. Député des Vosges de 1872 à 1903, il devient président de la Chambre des députés en 1888-1889. Président du Conseil de 1896 à 1898, défenseur du monde agricole, il met en place des mesures protectionnistes, en 1892. On lui doit la création de l'Ordre du Mérite Agricole.

Alexandre Ribot (1842-1923)
Avocat, élu député républicain modéré de Boulogne (Pas-de-Calais) en 1878, il sera le rédacteur en chef du journal centre gauche Le Parlement fondé par Jules Dufaure (président du Conseil et ministre de la Justice 1877-1879, et Georges Picot). Principal adversaire du Parti radical, il refusa de voter les crédits réclamés par le cabinet Ferry pour l'expédition du Tonkin et aida Clemenceau à renverser ce ministère en 1885. Il redeviendra président du Conseil en 1892-1893, puis en 1895, 1914 et 1917.

Yves Guyot (1843-1928)
Licencié en droit, il quitte son Dinan natal pour Paris en 1864 et devient secrétaire de rédaction de L'Aéronaute, revue fondée par Nadar. Proche de Gambetta, il accepte la direction de L'Indépendant du Midi à Nîmes en 1868. Opposé au Second Empire, il est condamné plusieurs fois et devra quitter le journal en 1869. Il collabore au journal Les Droits de l'homme à Montpellier et tente de lancer un journal de la "démocratie radicale" dans le Gard. De retour à Paris, il poursuit sa carrière de journaliste dans les milieux républicains ce qui lui vaut d'être emprisonné en août 1870. Il collabore au Rappel, interdit en mai 1871, et fonde en septembre La Municipalité, organe des républicains radicaux du conseil municipal de Paris. Il écrit aussi pour Le Radical et La Lanterne
En 1876, le député Menier (l'industriel chocolatier) financera le quotidien Le Bien Public, dont il devient rédacteur en chef. Zola y sera critique dramatique. 
Elu député (Gauche radicale) de Paris en 1885,  ministre des Travaux publics de 1889 à 1892, il devient directeur politique du quotidien Le Siècle. Originalité, il déplace l'éditorial en 3e page, partisan "des faits d'abord, des opinions ensuite ". De 1893 à 1895 il collabore au quotidien Le Matin où il défend ses convictions antisocialistes. De 1896 à 1898 il dirige la rubrique économique au Journal des Débats. 
Fin 1909 il dirige le Journal des Economistes et en 1911 il devient directeur de l'Agence économique et financière (future Agefi).

Paul de Cassagnac (1842-1904)
Député bonapartiste, inventeur du surnom de La Gueuse, pour désigner la République, il fonde en 1862 L'Indépendance parisienne
Rédacteur en chef du Diogène, puis du Pays, dirigé par son père, il s'engage pendant la guerre de 1870. Elu député en 1876, à Condom (Gers), il soutiendra le gouvernement de Mac Mahon. 
En 1886 il fonde le quotidien L'Autorité dont la devise est "Pour Dieu, pour la France ! ".

Charles Maurras (1868-1952)
A 19 ans il entre au quotidien catholique L'Observateur français. 
En 1894 il collabore au journal La Cocarde de Maurice Barrès. En 1896, La Gazette de France l'envoie couvrir les premiers jeux olympiques modernes à Athènes. Antidreyfusard, il rejoint l''Action française en 1899.
Directeur du quotidien L'Action française, organe du nationalisme intégral, fondée le 21 mars 1908, il prône une monarchie héréditaire, antiparlementaire et un antisémitisme d'Etat. Après le 6 février 1934, le journal gagne dix mille abonnés de plus. En 1936, il purge huit mois de prison pour avoir écrit à propos de Léon Blum : " C'est un monstre de la République démocratique. (...) C'est un homme à fusiller, mais dans le dos ". Elu à l'Académie française en 1938, le président de la république Albert Lebrun refuse de le recevoir comme le voulait l'usage.
Opposé à l'Allemagne, il soutiendra le régime de Vichy et sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale en 1945, pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi. L'Action française sera interdite à la Libération. En 1947, lui succède le périodique Aspects de la France. Maurras y collabore sous le pseudonyme d'Octave Martin. Emprisonné à Clairvaux, il sera gracié par le président Vincent Auriol en 1952, huit mois avant sa mort. 


L'affaire Dreyfus


Emile Zola publie son fameux "J'accuse" le 13 janvier 1898 en première page du quotidien parisien L’Aurore 
Publié sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République, Félix Faure, le texte accuse le gouvernement de l’époque d’antisémitisme dans l’affaire Dreyfus.

En 1894, Dreyfus, officier français d’état-major d’origine juive, accusé à tort d’avoir livré des documents à l'Allemagne, est condamné à l'emprisonnement à perpétuité et déporté sur l'île du Diable en Guyane. Le véritable traitre, le commandant Esterhazy, est identifié en 1897. Devant le Conseil de guerre, il sera acquitté à l'unanimité le 11 janvier 1898.
C'est ce verdict qui poussa Zola à réagir, en lançant par voie de presse des accusations contre dix acteurs de l’affaire, dont le ministre de la Guerre et le chef d’état-major de l’armée.
L'Aurore du jeudi 13 janvier 1898 décuplera son tirage. Les 300.000 exemplaires (au lieu de 30.000 habituellement) s'arracheront en quelques heures. Zola tombe sous le coup de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.
Condamné à un an de prison et à 3 000 francs d'amende, la peine maximale, Zola s'exile en Angleterre le 18 juillet 1898.
Le jugement de Dreyfus est finalement cassé et il comparaît devant un nouveau conseil de guerre en août 1899, à Rennes. 
Le 9 septembre, Dreyfus est à nouveau reconnu coupable avec des circonstances atténuantes...
Dans L'Aurore du 12 septembre, Zola qui est rentré en France, écrit : « Je suis dans l'épouvante, […] la terreur sacrée de l'homme qui voit l'impossible se réaliser, les fleuves remonter vers leurs sources, la terre culbuter sous le soleil. Et ce que je crie, c'est la détresse de notre généreuse et noble France, c'est l'effroi de l'abîme où elle roule. »
Le gouvernement décide finalement de gracier Dreyfus, et Zola mènera le combat pour contester la loi d'amnistie destinée à "blanchir" l'ensemble des acteurs de l'affaire.

La presse issue de la Résistance

Plusieurs journaux clandestins publiés par la Résistance ont joué un rôle important dans le paysage médiatique de l'après Seconde Guerre Mondiale.

Combat, organe du Mouvement de libération française est lancé en décembre 1941. Georges Bidault en sera le rédacteur en chef. Albert Camus sera dans l'équipe de rédaction de 1943 à 1947. Quotidien, il disparait en 1974.

Défense de la France, fondé le 15 août 1941, devient France Soir après la Libération, avec Pierre Lazareff. Le quotidien cesse de paraître en 2011.

Le Franc-Tireur, lancé en décembre 1941, animé par des radicaux-socialistes, il paraît jusqu'en 1957. Racheté par l'italien Cino Del Duca, à la tête des Editions mondiales et producteur de cinéma, il devient Paris-Journal puis Paris Jour en 1959, premier quotidien au format tabloïd. Il cessera de paraître en 1972.

L'Humanité,  journal fondé par Jaurès, interdit en août 1939 par le gouvernement Daladier suite au Pacte germano-soviétique, reparaît au grand jour le 21 août 1944 et reste l'organe officiel du Parti communiste.

Libération, édité par le mouvement de résistance Libération Sud, est lancé en juillet 1941 par Raymond Aubrac et Emmanuel d'Astier de La Vigerie. Il sera publié jusqu'en 1964. Le titre sera repris en 1973 par Jean-Paul Sartre et Serge July.

Rares seront les journaux à se saborder lors de l'occupation allemande en 1940. 
Outre Le Canard Enchaîné, citons les quotidiens Le Populaire, de Blum, et L'Intransigeant
Son supplément sportif, Match L'Intran, racheté en 1938 par Jean Prouvost, deviendra en 1949 Paris Match.
L'Intransigeant reparaîtra en 1947 pour être absorbé en 1948 par Paris-Presse, qui deviendra Paris-Presse L'Intransigeant, absorbé en 1970 par France Soir. 


La presse satirique

Le Bonnet Rouge paraît de 1913 à 1922. Hebdomadaire puis quotidien à partir de 1914, ce journal satirique républicain et anarchiste sera impliqué dans plusieurs scandales de la Première Guerre Mondiale, où il adopte une ligne éditoriale pacifiste et antimilitariste, entraînant la censure. 
Une polémique était entretenue par Léon Daudet, dans L'Action Française, qui lui reprochait un rapprochement avec les Allemands. Le ministre des finances Joseph Caillaux finança des articles prenant la défense de sa femme accusée du meurtre de Gaston Calmette, le directeur du Figaro, le 16 mars 1914.

Le Canard Enchainé a eu 100 ans en 2015. Fondé le 10 septembre 1915 par Maurice Maréchal, journaliste au Matin, et le dessinateur Henri-Paul Gassier, qui ont échappé aux tranchées, il "ferme son bec" faute de moyens, après cinq numéros. Alors que la censure régnait, refusant le moindre centime de publicité pour rester indépendant, le palmipède renait le mercredi 5 juillet 1916. 
Lors de l'affaire Stavisky, en 1934, il publia cette manchette révélatrice de son humour : Stavisky s'est suicidé d'une balle qui lui a été tirée à bout portant...
Le 11 juin 1940 le Canard se saborde pour reparaître le 6 septembre 1944.

Documentation utile

La presse écrite en France au XXe siècle. Laurent Martin (LGF, 2005)


Histoire de la presse en France XX-XXIe siècle. Christian Delporte, Claire Blondin, François Robinet (Armand Colin, 2016)

TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...