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jeudi 2 juillet 2020

France Messagerie ou les habits neufs de Presstalis...

France Messagerie succède à Presstalis. 
La distribution de la presse quotidienne, plombée par la crise sanitaire et des coûts exorbitants depuis près de 75 ans, oblige à nouveau l'État à renflouer les caisses grâce à un prêt de 35 millions d'euros. 
Il s’ajoute aux 33 millions mis en place pendant le confinement. Le montant total de l'intervention étatique est donc de 68 millions d'euros...

22.000 points de vente à desservir mais près de 5 %
 disparaissent chaque année (photo dr)


Presstalis avait déposé son bilan le 20 avril 2020. Le 1er juillet le tribunal de commerce de Paris a tranché en acceptant l'offre unique de reprise du distributeur en redressement judiciaire par la Coopérative de distribution des quotidiens. 
Le plan de sauvetage aura été une véritable partie de bras de fer engagée entre éditeurs-actionnaires de quotidiens et de magazines.
L'offre de Louis Dreyfus, président de la coopérative des quotidiens et DG du groupe Le Monde, concerne 265 salariés sur 910, avec le siège de Presstalis, ses activités de distribution et de groupage à Bobigny (93) mais elle exclue les dépôts régionaux. Les filiales SAD et Soprocom se sont retrouvées liquidées le 15 mai avec leur 512 salariés qui desservent près de 10.000 points de vente. 
En réaction, le syndicat du Livre CGT a immédiatement déclenché une grève qui a bloqué un temps toute la distribution en province

Après trois graves crises en 10 ans, la perfusion de Presstalis est à nouveau assurée par l'Etat : le 13 mai dernier - deux jours avant le redressement judiciaire - un décret a officialisé un prêt de 35 M€ au titre du Fonds de développement économique et social (FDES). Il vient s'ajouter au prêt de 90 M€ déjà accordé suite au plan de redressement de 2018, où 230 postes avaient été supprimés, et aux 33 millions mis en place pendant le confinement.
Pour la seule année 2020, l'Etat apporte plus de 80 M€ ventilés en 20 M€ de prêt et 38 M€ destinés au Plan de Sauvegarde de l'Emploi (pour financer 645 départs sur 917 salariés). Seuls 120 des 209 postes du siège seront repris, 150 des 193 de Bobigny, sur un total de 917, seront repris.
Bercy évalue à 47 M€ le coût du plan social, qui sera assumé par les éditeurs via leur "contribution obligatoire", instaurée en 2018 pour tenter de sauver Presstalis. Elle doit rapporter, sur cinq ans, près de 77 M€. Une contribution que certains n'ont pas payé, comme Le Monde, rappelle, chiffres à l'appui, Emmanuel Schwartzenberg, dans une analyse très complète. (Blogs de Mediapart du 15.07.2020)

A l'origine, un rapprochement avait été envisagé entre CDM, la coopérative chargée des magazines et les MLP, les Messageries Lyonnaises de presse. Seuls les petits éditeurs (moins de 5 M€ de chiffre d'affaires) l'ont rejoint ou on fondé leur propre réseau de distribution.
Presstalis devait 120 M€ aux éditeurs et le ministère de la Culture a versé aux marchands de journaux les 16,2 M€ dues par Presstalis.
Une fois de plus, les éditeurs vont "cracher au bassinet" : les quotidiens nationaux déjà très fragilisés, et les groupes Bayard, Reworld Media et Lagardère MédiaNews (Paris Match et JDD) vont rassembler 47 M€ pour être dans le capital de la nouvelle structure. Et l'ensemble des éditeurs clients de Presstalis en 2018 continueront de verser une contribution obligatoire de 2,5 % de leurs ventes pour renflouer les caisses d'ici cinq ans pour un total de 76?6 M€...

Le défi de France Messagerie reste entier : livrer chaque nuit dans 22.000 points de vente sans perdre d'argent !

Lire aussi : Presstalis : " Ce qui a été décidé ne règle rien " (La Revue des Médias 16.05.2020)

La distribution de la presse française sauvée dans la dernière ligne droite (Les Echos 29.06.2020)

Eric Fottorino dénonce une gestion frauduleuse depuis 10 ans du distributeur de presse (France Info 1.07.2020)

Abonnement à un journal : l'Assemblée vote un crédit d'impôt pour les futurs lecteurs (Le Parisien 1.07.2020)


UN SYSTEME OBSOLETE RÉGI PAR LA LOI BICHET

Presstalis, ex-NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne fondées en 1947), est le premier distributeur de presse en France : il achemine 75 % du marché des magazines et traite 4000 titres dans 22.000 points de vente.
Déjà, fin 2012, les éditeurs de presse actionnaires et l'Etat ont sauvé Presstalis de la faillite, grâce à des dizaines de millions d'argent public. 
Les crises récurrentes sont liées à la chute des tirages de la presse qui entraînent la fermeture de points de vente (4 à 5 % disparaissent par an expliquait Vincent Rey, alors DG de Presstalis, interviewé par le JDD en 2015). 
Déjà, en 2007, le déficit net était de 29 M€ pour 11 M€ de déficit d'exploitation...

Entre 2008 et 2012, 240 M€ de pertes sont cumulées, avec la menace d'un redressement judiciaire.
1250 suppressions de postes sont alors envisagées sur 2500 mais le syndicat CGT bloquera plus de trente fois la distribution pour s'opposer à cette restructuration.
En 2017, il manquait 37 M€ dans la trésorerie, obligeant à retenir une partie des sommes dues aux clients-éditeurs...
Début 2018, le déficit d'exploitation était de 15 M€.
Le plan de restructuration engagé a supprimé 25 % des effectifs et les éditeurs ont été mis à contribution pour recapitaliser l'entreprise.

Par la loi du 18 octobre 2019, le gouvernement a réformé la loi Bichet (du nom du député Robert Bichetqui depuis 1947, règlementait la distribution. Les points de vente n'ont plus l'obligation de présenter tous les titres de presse.
Longtemps en position de monopole, les personnels des NMPP et de Presstalis ont largement profité du leadership du syndicat du Livre CGT, connu pour ses capacités de blocage.
Depuis 2011, Presstalis était une SAS avec un capital de 16 M€ détenu à 75 % par la coopérative des magazines et 25 % par la coopérative des quotidiens.

TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...