samedi 25 février 2017

Journalistes : la précarité s'installe

Le "baromètre social" du journalisme réalisé chaque année par le sociologue et spécialiste des médias Jean-Marie Charon, confirme la précarisation de la profession.

Lire le détail de l'enquête

Les journalistes de plus en plus précarisés 
Déjà, en 2013, une enquête comparable, menée auprès de 3.400 professionnels, révélait que 12 % d'entre eux gagnaient moins que le Smic, entre 13.000 et 20.000 € nets par an. 
46 % déclaraient gagner entre 20.000 et 40.000 €.

Parmi les tendances observées : un journaliste sur trois déclarait avoir une autre activité pour compléter ses revenus.

Par ailleurs, de plus en plus d'employeurs contournent le statut de salarié des journalistes - dans la loi depuis 1935 - pour le statut précaire d'auto-entrepreneur.

Le SNJ (syndicat majoritaire dans la profession) a fait la liste des droits que ce statut fait perdre au journaliste qui l'accepte :

– bénéfice du Code du travail et de la Convention collective nationale de travail des journalistes (CCNTJ), dont le 13e mois, les congés payés, l’ancienneté professionnelle, la clause de cession ou clause de conscience.
– attribution ou renouvellement de la carte de presse.
– allocation fiscale pour frais d’emploi des journalistes professionnels.
– suivi médical et accès aux contrats collectifs de complémentaire santé de l’entreprise (permanents) ou de la branche (journalistes pigistes).
– bénéfice de la loi Hadopi sur la reconnaissance et l’obligation de rétribuer les droits d’auteur
– accès à la formation professionnelle.
– droits à la retraite.
– préavis et indemnités de licenciement lors de fin de la collaboration sur décision de l’entreprise de presse.
– indemnisation chômage.

> LA LISTE DES ECOLES DE JOURNALISME (sur le site de la Fondation Varenne)

vendredi 24 février 2017

Sur Internet, l'info n'aurait jamais dû être gratuite

Dès 2009, Rupert Murdoch décide la fin de la gratuité de l'actualité sur le Net. Une décision bien tardive, après des années d'habitude de lecture gratuite.

Avec une perte annuelle de 3,4 milliards de dollars (contre un bénéfice de 5,4 milliards en 2007), le magnat des médias décide de faire payer les lecteurs de ses journaux en ligne : New York Post, Wall Street Journal, The Times, The Sun.
En 2011, il lance "The Daily", le premier quotidien sur iPad (budget de lancement 30 M de dollars) : Fin 2012, l'expérience est arrêtée car l'audience du journal n'a jamais décollée (100 000 abonnés lors de l'arrêt soit 5 fois moins que le seuil de rentabilité).

En France, l'aventure des "pure players" constitue une nouvelle forme de concurrence, stimulante pour la presse écrite, misant beaucoup sur l'investigation. Les modèles économiques restent fragiles. Pas simple de faire payer le lecteur après des années de gratuité sur Internet, et une valeur ajoutée nulle des sites des quotidiens.

Pour les dix ans à venir, voici la prévision de Jean-Marie Charon
"La monétisation de l’information est la réponse tant au reflux publicitaire qu’à la gratuité. Dans la mesure où toute information disponible partout a vocation à être gratuite, il n’est d’autre argument pour convaincre un public habitué à cette gratuité que de lui proposer de l’original, du singulier, de l’enrichi. Les stratégies basées sur l’abonnement sont vouées à l’échec avec une offre inchangée. L’enjeu est de concevoir, expérimenter, et développer une information à valeur ajoutée, crédible, compétente, face à un public exigeant, critique, demandeur, prêt à la financer." (page 19 du livret (S')INFORMER DANS 10 ANS édité à l'occasion des Assises 2017 de la presse à Tours)

> Mediapart est fondé en 2008. Equilibre financier à l'automne 2010. 118.000 abonnés en 2016.
L’accès à la page d’accueil est gratuit mais la lecture du journal lui-même n’est possible que par abonnement payant. L’adhésion payante est conçue comme le seul moyen de garantir au lecteur qualité éditoriale et véritable indépendance.

Bakchich info (2006) papier. Fin 2009, dépôt de bilan. Eté 2011, relance du site Internet.

Rue89 (2007) par des anciens de Libé. Supprime en 2012 son édition papier lancée en 2010. 
2011 rachat par L'Obs.
2016 ouverture d'un guichet de départs pour une quarantaine de journalistes. 
2017 Presse News annonce la fin du site et un montant cumulé de pertes de 45 M€.

Pour en savoir plus : Rue89, onglet désincarné (Libération 4.03.2016)

> Slate.fr (2008). Fin juin 2017, à la faveur d'une augmentation de capital, Slate est entièrement contrôlé par Benjamin et Ariane de Rothschild. Via la société Cattleya Finance, domiciliée au Luxembourg, ils ont injecté 1,15 M€ dans la société éditrice. A terme, grâce à deux nouvelles capitalisations, leur investissement sera de 2,15 M€. Le couple est à la tête de la banque suisse Edmond de Rothschild.
La rédaction devrait être réduite de 12 à 7 journalistes, avec une nouvelle formule faisant davantage appel à des pigistes. Le modèle économique ne devrait pas changer, en accès libre.
Jusqu'alors Benjamin de Rothschild contrôlait 29 % du capital. La Financière Viveris 22%, (fonds qui utilise la déduction de l'ISF des investissements dans les PME), leWashington Post 15 %. Les fondateurs Jean-Marie Colombani, Eric Leser, Eric Le Boucher et Jacques Attali) détenaient 25% du capital. 
Plus de 10 M€  ont été investis entre 2008 et 2016.

Atlantico (2011). Devenu payant en 2014, l'accès gratuit est limité. Talmont Média, société éditrice, dirigée par Jean-Sébastien Ferjou va supprimer 5 postes de journalistes (Press News janvier 2017)

The Huffington Post (2012). A 51 % par la maison-mère américaine, 34 % par Le Monde et 15 % par le banquier Matthieu Pigasse.


Presse écrite : les avantages fiscaux des holdings

Pour quelles raisons des industriels, souvent bien loin de la presse, décident d'investir dans ce secteur en péril ?

Jean Stern dénonce les astuces fiscales
Le modèle économique de la presse française remonte à la Libération avec nombre d'entreprises familiales issues de la Résistance. 
Sur les ruines de la presse "collabo", un partage s'est fait entre gaullistes, socialistes et radicaux, et les communistes. 
Aux premiers les rédactions, aux seconds les imprimeries, et la distribution.
Pour survivre, la presse s'est modernisée à partir des années 80. Des investissements énormes ont été réalisés dans l'imprimerie mais au lieu de mutualiser ses moyens, chaque groupe s'est retrouvé avec des usines pharaoniques, des tirages en baisse, mais des emprunts à rembourser...
Le syndicat du Livre CGT a tenu tête au patronat qui, pour avoir la paix sociale, a accepté augmentations de salaires, primes, multiplication des équipes et la règle du fini-parti.

Aujourd'hui, l'acquisition d'entreprises déficitaires passe par des holdings où l'investissement peut devenir très rentable en raison de mécanismes d'intégration fiscale.

Les bénéfices de certaines sociétés du groupe sont compensés par les pertes d’autres sociétés du même groupe. Ces pertes viennent en déduction des impôts de leurs propriétaires : "Les hyper-riches ont tout simplement couché la presse dans une niche fiscale" écrit Jean Stern dans " Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais ! " (La Fabrique, 2012).

Exemple : En rachetant les magazines de l’ex-groupe Express-Roularta, avec un passif de plusieurs centaines de millions d’euros, le groupe Altice médias a pu minorer ses bénéfices, réalisant ainsi des économies fiscales. On notera que la société mère est installée à Panama, un des plus importants paradis fiscaux et judiciaires...
Les journaux du Groupe Altice Média (GAM), achetés par Patrick Drahi en son nom propre pour moins de 40 M€, lui ont par ailleurs permis une confortable plus-value, ces titres ayant été valorisés pour 243 M€.

Le taux de TVA fait polémique

Lors de sa conférence de presse du 6 février 2017, François Fillon, en pleine tourmente du « Pénélope Gate » a accusé le «  tribunal médiatique » qui cherchait à l'abattre. 
A une question posée par une journaliste de Mediapart, il a répondu par une autre question : « Vous êtes de Mediapart, c’est ça ? Moi je n’ai jamais eu de redressement fiscal, je vous le dis au passage. Oui, il y a des choses parfois qui doivent être dites ».
François Fillon faisait allusion au redressement fiscal de 4,1 M€ auquel Mediapart a été astreint pour s’être autoappliqué entre 2008 et 2014 un taux réduit de TVA, alors réservé aux journaux et périodiques imprimés.
La presse imprimée bénéficie en effet d’un taux de 2,1 % (au lieu de 19,6 %) et certains éditeurs de presse en ligne se sont appliqués ce taux privilégié jusqu’en février 2014, quand la loi française a entériné ce taux contrairement à la volonté de Bruxelles. 
La loi n’étant pas rétroactive, l’administration n’a pas mis fin aux redressements fiscaux engagés contre plusieurs pure players.

Presse écrite : les indispensables recapitalisations

Toutes les entreprises ont souffert d'une sous-capitalisation. 
Sans fonds propres, impossible d'investir ! Une conséquence logique de structures d'actionnariat fermées (SAPO, sociétés de rédacteurs, propriétés familiales).
La recapitalisation par des industriels et financiers a sauvé provisoirement la presse mais lui a fait perdre toute indépendance économique et éditoriale. On notera l'entrée des investisseurs étrangers particulièrement influents comme les groupes belges dans la PQR et le Qatar dans le groupe Lagardère.

Bernard Arnault : LVMH - Les Echos - Le Parisien
François Pinault : holding Artemis (Christie's, Stade Rennais, Théâtre Marigny, Tallandier, Agefi) : Le Point

Patrick Drahi : holding Next Limited Partnership (Guernesey). Actionnaire principal d'Altice (basé à Panama) via SFR Group et sa filiale SFR Média : Libération, L'Express, L'Expansion, i24news, BFM TV, BFM Business, BFM Sport, BFM Paris, SFR Sport 1, RMC.
Février 2017 : demande au CSA son accord pour devenir majoritaire dans NextRadio TV (maison mère de BFM et RMC) où il est présent à 49 %, les 51 % restant à Alain Weill. Coût total : 595 M€.
En mars 2017, SFR Media annoncera ce qu'il entend faire de son pôle presse. 
D'ores et déjà on sait que L'Expansion est condamnée.

Vincent Bolloré : 10e fortune de France (7,3 milliards d'euros), le PDG du groupe Bolloré est également à la tête des conseils de surveillance de Vivendi et de sa filiale Canal +. Le groupe Bolloré contrôle aussi Euro Media, leader de la production audiovisuelle, depuis son rachat de la SFP (Société Française de Production) en 2001.
Direct Matin, quotidien gratuit, compte chaque jour près de 2,4 millions de lecteurs.
Des éditions régionales sont distribuées en alliance avec les groupes de presse régionale.


Voici plusieurs exemples de recapitalisation de la presse écrite :
  • Libération
2014 : la rédaction dénonce les projets des actionnaires
1995 : le groupe Chargeurs de Jérôme Seydoux détient le contrôle financier à 65 % du capital. 
2001-2005  : la diffusion chute de 20 %. Seydoux se désengage en 2000. 
2005 : Édouard de Rothschild, arrive à hauteur de 38,87 %. Il investit 20 M€ et supprime 52 postes.
Fin 2007 : le plan de sauvegarde affiche 15 M€ de dettes.
L'actionnaire accepte une recapitalisation en obtenant la tête de Serge July.
Fin 2009 : le titre affiche 52 M€ de dettes avec un CA de 53.860.000 €
En 2010-2011, le journal renoue avec les bénéfices et connaît une hausse sensible de sa diffusion (+5,3 % en 2011). 
Début 2012 : Rothschild fait entrer Bruno Ledoux, directeur du groupe immobilier Colbert, dans le capital, comme actionnaire de référence à parité avec lui, à hauteur de 26,64 %, moyennant un investissement de 7,6 millions d'euros
Le journal ne survit alors que grâce aux aides de l'Etat (7 M€).
Après un bond de 9,5 % sur un an grâce à la campagne présidentielle de 2012, les ventes chutent de 15 % en deux ans, et la vente au numéro s'effondre de près de 30 %.
Début 2014 : rumeurs de dépôt de bilan... Bruno Ledoux propose un plan de sauvetage avec une augmentation de capital de 18 M€. 
Mai 2014 :  Ledoux insiste sur la nécessité de réformer en profondeur le journal, de renforcer les activités web, de fusionner les rédactions papier et web et sur la mise en place d'importantes diversifications dans le domaine d'activités multimédias, tout en préservant le journal papier. 
Il fait entrer l'homme d’affaires franco-israélien Patrick Drahi, qui investit 14 millions d'euros pour sauver le journal. Il est à la tête d'une holding personnelle, Next Limited Partnership, immatriculée à Guernesey, actionnaire majoritaire d'Altice, principal actionnaire de SFR Group.

La SAS Presse Media Participation Holding (PMP Holding), devient actionnaire à hauteur de 85%, les autres 15 % sont détenus par un ensemble d'actionnaires dont Business & Décision représentée par Patrick Bensabat, Michael Benabou (fondateur de la société Vente-Privee.com), la famille Gerbi (fondateur du groupe Gérard Darel), Franck Papazian (Mediaschool Group) et la société Dinojo.
Juin 2015 : Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, écrit « Libération était un quotidien qui publiait une version numérique. Libération sera un site qui publie un quotidien ».
Fin 2015 : le journal quitte ses locaux historiques de la rue Béranger pour rejoindre la rue de Châteaudun et les autres journaux de SFR GroupL'Express et L'Étudiant
En moyenne pour 2015, environ 88 000 exemplaires papier par jour et 27 000 abonnés papier, 4 millions de visiteurs uniques en ligne/ jour, 10 000 abonnés numériques.


Mi-2018 : Ce pôle média doit déménager à Balard où mi-2017 s'installeront BFM, RMC et i24news. 

Novembre 2010 : rachat du journal par le trio Pierre Bergé, Matthieu Pigasse (homme d'affaires, propriétaire et président du magazine Les Inrockuptibles) et Xavier Niel (fondateur de Free). 
Le groupe Le Monde est contrôlé par la société Le Monde libre qui possède 64 % du capital, cette société étant détenue par les trois hommes d'affaires et le groupe de presse espagnol Prisa.  
2017 : Le Monde débute la construction de son nouveau siège social regroupant l'ensemble des titres du groupe.
  • La Provence
1997 : Création du quotidien régional à Marseille par le groupe Lagardère. 
Il est né de la fusion des quotidiens Le Provençal et Le Méridional, contrôlés par l'ancien Ministre de l'Intérieur et maire de Marseille, Gaston Defferre (1910-1986).
Fin 2007 : Lagardère le revend au groupe Hersant pour 160 M€. Il diffuse alors 170.000 exemplaires.
2002 : La Provence lance le gratuit Marseille Plus pour élargir ses recettes publicitaires et conquérir un nouveau lectorat. Devenu Direct Matin, il appartient maintenant au groupe Bolloré. 
Fin 2012 : Suite à une augmentation de capital de 48 M€, dont la moitié est apportée par Bernard Tapie et l'autre par Philippe Hersant, Tapie devient actionnaire à 50 % du groupe Hersant Média (GHM). Il s'implique notamment dans la restructuration de La Provence
Eté 2013 :  Tapie était devenu le seul actionnaire. 
2015 : Le belge NETHYS entre à 11 % dans le capital, avec d'autres ambitions régionales (20 % de Nice-Matin en 2016).
2017 : Bernard Tapie ruiné, obtient que ses sociétés ne puissent être saisies par la justice. 


> LES GROUPES BELGES DEVELOPPENT LEUR INFLUENCE

Rossel (3e groupe de PQR en France) avec La Voix du Nord.


2009 : Rachat du Le Courrier Picard (Somme, Oise, Aisne)
2013 : reprise du quadri hebdo L'Aisne Nouvelle, filiale du Courrier Picard, et les départementaux l'Union, l'Ardennais, l'Est-Eclair, Libération Champagne, et la radio Champagne FM au groupe Hersant Média.  
Novembre 2016 : offre de reprise de Paris Normandie, en insistant sur le maintien des effectifs rédactionnels et sur ses capacités pour assurer le développement numérique du quotidien rouennais, en redressement judiciaire depuis avril (décision du tribunal de commerce en fin février 2017).
Rossel a aussi fait une offre à La Nouvelle République l'été dernier, suite à la volonté des "petits actionnaires", regroupées en association, de vendre leurs actions (25 % du capital).
Rappelons que depuis 2016, Rossel possède 50 % du gratuit 20 Minutes.

NETHYS, autre groupe belge, est entré à 11 % dans le capital de La Provence en octobre 2015

En mai 2016, prend 20 %  dans le capital du groupe Nice-Matin (Nice-Matin, Var-Matin, Monaco-Matin). 
A l'horizon 2019, il est prévu une réduction des effectifs de 100 emplois.

> FOCUS SUR LE GROUPE LAGARDERE ET LA PARTICIPATION DU QATAR

Depuis les années 90, Lagardère est un groupe leader mondial, dans la presse mais aussi la distribution et l'édition.
(voir http://www.lagardere.com/activites-145.htm

http://www.lagardere.com/groupe/chiffres-cles-151.html

http://www.lagardere.com/fichiers/fckeditor/File/actionnaires%20individuels/assemblee_generale/2017/RA_2017/reperes_2016_2017_fr.pdf

Jean-Luc Lagardère (1928-2003) débuta en devenant directeur général de Matra (aéronautique, aérospatiale) en 1963. 
Jusqu'en 2013, le groupe Lagardère aura une participation dans l'européen EADS, à l'origine en 2000-2001, du groupe Airbus bien connu à Toulouse.

Qatar Holding contrôle (au 28 avril 2017) 13,03 % du capital du groupe Lagardère.

A propos de la participation du Qatar : http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/lagardere-premier-actionnaire-le-qatar-se-renforce-et-veut-sa-place-au-conseil-703615.html

http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/le-qatar-veut-augmenter-sa-participation-dans-lagardere-et-integrer-leconseil-de-surveillance-1156195.html

Quelques données économiques : 

Chiffre d'affaires 2015 : 7.193 M€ (+ 2,6 %)
Chiffre d’affaires 2016 : 7.391 M€

Quatre entités composent le groupe : 

Lagardère Active détient 13 titres de presse en France : Paris Match, Elle, Télé 7 Jours, le JDD, Europe 1, RFM, Virgin radio, Gulli, Canal J, MCM, des sites internet (Mon docteur.fr, Doctissimo), des studios de production, 26 radios  à  travers le monde, 17 télés, une régie publicitaire.

CA 2016 : 962 M€ (915 en 2015) 
Effectif : 3.285 salariés (3.107 en 2015). 

Lagardère Publishing possède : Larousse, Grasset, Calmant-Lévy, Armand Colin, Le Livre de poche, Junod, Stock, Fayard.

CA 2016 : 2.264 M€ (+ 2,6 % / 2015) 
Effectif : 6.653 salariés (6.357 en 2015).

Lagardère Travel Retail : les points de ventes Relay des gares

CA 2016 : 3.695 M€ (3.510 en 2015)
Effectif : 17.050 salariés (14.786 en 2015). 

Lagardère Sports and Entertainment : sponsoring, sport, stades, salles de spectacles, show business.

CA 2016 : 517 M€ (515 en 2015)
Effectif : 1.440 salariés (1.384 en 2015). 


31 % du CA provient de l'édition, 50 % de la distribution, 7 % du sport et entertainment, et seulement 12 % des médias.
L'activité médias est réalisée à 76 % en France.

Presse écrite : quelles perspectives ?

Plans d'économies d'échelle, mutualisation de moyens, sont engagés par les entreprises de presse quotidienne mais au chapitre des investissements, la diversification digitale progresse lentement.

LA VOIX DU NORD


Début janvier 2017 : annonce d'un plan social de 178 postes sur 710 salariés (25 % de l'effectif) dont 55 journalistes sur 343. 
Objectif de la direction : investir dans le développement du numérique, ses éditions "papier" perdant des lecteurs.

En 2015, le 3e quotidien régional, après Ouest-France et Sud-Ouest, affichait une baisse des ventes de 4,58 % (source APCM) à 217.106 exemplaires. 
Balloté de 1998 à 2003 entre son rachat par des cadres du journal, le belge Rossel et la Socpresse d'Hersant, puis le groupe Dassault en 2004, qui le revendait à Rossel en 2005... En 2007, la petite-fille d'Hersant, Aude Jacques-Ruettard investit 40 M€ de son héritage pour acquérir 20 % du capital de Voix du Nord Investissement (VNI) à travers sa société AJR Participation, sa holding luxembourgeoise. De l'argent frais indispensable à Rossel pour investir dans de nouvelles rotatives.
2011 : le Crédit Agricole entrait dans le capital à hauteur de 25 %.

2013 : Rossel pousse ses pions en rachetant les départementaux l'Union, l'Ardennais, l'Est-Eclair, Libération Champagne, l'Aisne Nouvelle et la radio Champagne FM à Hersant Médias.
    Jacques Hardouin, DG de La Voix estime "inéluctable" le mouvement général de concentration (interview dans Les Echos, avril 2016) : " Quand Rossel La Voix a repris l'Union de Reims en 2013, ce dernier perdait 7 M d'euros. Ce journal va dégager cette année un EBE de 6 millions ". 
    A terme, il prédit 4 à 5 grands groupes de PQR contre une dizaine actuellement.
    2015 : La Voix du Nord affiche un bénéfice net de 5,4 M€. Mais la loi française autorise une entreprise qui affiche des baisses de revenus quatre trimestres de suite à licencier.
    Depuis 12 trimestres, La Voix du Nord perd de l’activité publicitaire et ses ventes « papier » sont en baisse.

      Ou s'arrêtera l'appétit de l'ogre Rossel qui affiche un CA de 253,9 M€ en 2015 et prévoit 256 M€ pour 2016 ?

      DNA-L'ALSACE

      Le Crédit Mutuel s'engage dans un plan d'économie avec le rapprochement entre les deux grands quotidiens régionaux de l'est, les DNA et L'Alsace

        LA DEPECHE DU MIDI
        MIDI LIBRE 

        Achat du groupe "Midi Libre" en juin 2015 pour 15 M€.
        "Sud-Ouest", en 2007, l'avait payé 90 M€ au groupe Le Monde.

        La mutualisation prévoit la suppression d'au moins 350 emplois mais le groupe annonce l'embauche de 10 jeunes diplômés multimédias en CDI via son agence de presse Dépêchenews. Ces journalistes ne disposeront pas des mêmes avantages que leurs confrères...

        Octobre 2016 : 5 postes supprimés à Centre-Presse, 3 à La Dépêche dans l'Aveyron. 
        Objectif 2018 : réduction des effectifs de 20 %).

        Lire le point de vue du SNJ 

        En avril 2016, Jean-Nicolas Baylet, DG du groupe La Dépêche, exposait sa stratégie de diversification digitale : la stratégie de la marguerite, en présentant trois exemples de pétales.
        • Midi Tour : l’application dédié au tourisme,aux balades et aux découvertes dans la région
        • Midiolympiques.fr : réseau social sur lequel l’identité de l’inscrit se base sur ses compétences rugbystique
        • Toulouse à Domicile : la toute dernière née qui propose la livraison de restauration à domicile
        Le groupe La Dépêche comptabilise 250 millions d’euros de chiffre d’affaires, et totalise une audience cumulée de 2.3 millions de lecteurs par jour sur une zone de 5 millions d’habitants.

        En dépit des apparences, La Dépêche - Midi Libre respecte la loi anti-concentration et le pluralisme.
        La loi de 1984 (anti-Hersant), remaniée en 1986, avait vu l’abrogation de plusieurs articles déclarés non conformes à la Constitution. Ainsi, l’article 11 sur le pluralisme indiquait qu'une personne peut posséder ou contrôler plusieurs quotidiens régionaux ou départementaux ou locaux si le total de leur diffusion n'excède pas 15 % de la diffusion de tous les quotidiens de même nature.
        Cette réalité est pourtant largement dépassée par le groupe de presse dans l'Aude et l'Aveyron. Le "pluralisme" à la sauce Baylet laisse le choix entre trois quotidiens du même groupe : Centre-Presse, Midi Libre et La Dépêche, mais rédactions et locaux sont désormais communs.

          LA MARSEILLAISE


          Proche du PC, fondé par des résistants en 1943, a déposé le bilan en novembre 2016
          On compte 57 journalistes sur 117 salariés. 
          Ventes : entre 10 et 15.000 exemplaires sur six départements du sud-est (Bouches-duRhône, Var, Alpes-de-haute-Provence, Vaucluse, Gard et Hérault). 

          Placé en redressement judiciaire fin novembre 2016 pour six mois, le quotidien a présenté début mars 2017 un plan social de 25 suppressions d'emplois sur 117. Le quotidien, indépendant des groupes de presse, a lancé une souscription auprès de ses lecteurs.

          AMAURY 


          Fin 2015 Le Parisien et ses filiales sont vendues, au groupe LVMH, détenu par Bernard Arnault également propriétaire du quotidien Les Échos.
            Le groupe Amaury se recentre sur le domaine sportif, avec L'Equipe et Amaury Sport Organisation (ASO) leader mondial en organisation d'évènements sportifs (Tour de FranceParis-RoubaixParis-NiceRallye Dakar, le Marathon de Paris, l'Open de France).
            Le directeur général, Cyril Linette, a confirmé le virage de "L'Equipe" vers le digital payant.


            SUD OUEST 


            Un plan à trois ans dans le but d'économiser 10 M€ est en préparation, annonce Presse News en février 2017.


            Mars 2016 : Olivier Gerolami, PDG du groupe Sud Ouest annonce le nouveau cap numérique : introduction du freemium et du responsive design (lecture sur tous supports), fusion des rédactions de TV7 et du quotidien, développement du plurimédia avec des journalistes plus polyvalents.
            Pour Olivier Gerolami : "Il faut changer la matrice calendaire parce que l'heure du bouclage ne veut plus rien dire sur le web"

            Février 2017 : Sud Ouest passe au digital first.
            Objectif : 50.000 abonnés numériques d’ici 2020.



            LA FIN DE SPIR COMMUNICATION

            Pour éviter de vivre le même sort que la Comareg qui entraîna le groupe Hersant dans les abimes, le groupe Spir Communication a annoncé en juin 2016 un changement radical de stratégie : la cession totale de ses actifs.



            Spir Communication, fondé en 1971 (SIPA-Ouest-France est l'actionnaire majoritaire depuis 1991), a suspendu sa cotation en bourse en novembre 2016. (CA 2015 : 403,3 M€)
            Le plan "de transformation" lancé en 2016 vise à se recentrer sur les activités digitales en croissance et à réduire ses pertes qui se montent à 62,1 M€ contre 51,2 M€ un an plus tôt. Déjà, en 2015, Spir s'était désengagé complètement de ses imprimeries.
            Le groupe Spir est spécialisé dans la diffusion de l'offre publicitaire en boîtes aux lettres via sa filiale ADREXO (9 milliards d'imprimés / an, 60 % du CA du groupe) et sur 90 millions d'appareils connectés. Il emploie 23.000 personnes.
            Début 2009, 130 postes étaient déjà supprimés dans les imprimeries et un premier plan de restructuration touchait Top Annonces et Logic Immo (170 postes).
            En 2010, Spir vendait pour 400 M€ leboncoin.fr (lancé en 2006) au groupe norvégien Schibsted déjà actionnaire à 50 %. 
            Le 4 février 2016, Spir vend sa participation dans le gratuit "20 Minutes", détenue à hauteur de 25 % du capital, à sa maison-mère Sipa-Ouest-France. La transaction s'est faite pour 2,5 M€.
            Le belge Rossel, en janvier 2016, avait déjà acquis 49,3 % du gratuit auprès du norvégien Schibsted.
            Avril 2016 : Spir annonce la vente de 61 % de Car&Boat Media (qui gère lacentrale.fr) au groupe allemand Axel Springer. Les 39 % restants sont vendus en septembre 2016.
            Regicom (éditeur de Top Annonces) est placé en redressement judiciaire. Repris par Proximédia (groupe Publicis) fin novembre, le gratuit disparait. 
            Un repreneur est recherché pour ADREXO (35 M€ de pertes en 2014). 
            Concernant sa filiale Concept Multimédia (éditeur de Logic Immo) (CA 2015 : 76 M€) c'est finalement la filiale française du groupe Springer qui rachète Logic Immo en avril 2017, et deviendra le n°2 des annonces classées après "leboncoin.fr"
            GOOGLE AU SECOURS DE LA PRESSE

            Fin octobre 2015, Google annonce la création de son Fonds pour l'Innovation (150 M€ sur trois ans pour la presse européenne), soit 16,4 M€ pour les médias français. 

            Ce fonds a été créé par Google pour acheter la paix avec les éditeurs qui lui réclamaient d'être rémunérés pour indexer leurs contenus.


            L'Obs, L'Express, Le Monde et Le Figaro ont empoché près de 2 M€ chacun.

            TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

            Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...