jeudi 17 février 2022

ET SI L'ON REPARLAIT DES AIDES DE L'ÉTAT À LA PRESSE...

L’idéal d’indépendance éditoriale et financière de la presse écrite est-il encore compatible avec la dépendance aux aides de l’État ? Une presse de plus en plus fragile face à la puissance des GAFA qui obligent à changer de modèle économique.


Faut-il réformer les aides de l’État à la presse ? 
Tradition française depuis 1796, cette manne maintient la presse sous « assistance respiratoire permanente », notait en 2010 le rapport Cardoso qui s’inquiétait de l’érosion des ventes et de la baisse des recettes publicitaires.


2013 : la Cour des Comptes dénonçait le doublement des aides depuis 2008. Les Sages considéraient que « la crise de la presse écrite justifierait une refondation de la politique d'intervention de l'État mais les craintes d'une déstabilisation du secteur conduisent à en repousser toujours la mise en œuvre ».
Notable avancée pluraliste, la presse en ligne bénéficie depuis 2014 du taux super réduit de TVA à 2,1 % et en 2016, une réforme instaurait le Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse (FSEIP)  destiné à favoriser les nouveaux médias.


2018 : la Cour des Comptes remettait le couvert en stigmatisant l'accumulation des dispositifs d'aide et réclamait la réforme du cadre juridique de la distribution de la presse au numéro pour la rapprocher du droit commun des entreprises. Il a fallu la faillite de Presstalis  pour cette doléance soit suivie d'effets...


Les années passent et le diagnostic s'aggrave : le SpiiL (Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne) souligne dans son Panorama 2021 que les aides représentent 23,3 % du chiffre d’affaires du secteur contre 12,9 % en 2008. Dans le même temps, l'audience numérique a été multipliée par dix quand l'audience du papier s'est divisée par deux. (1)


« Vitamine ou morphine : quel avenir pour les aides à la presse écrite ? » s’interroge encore la Commission des finances du Sénat dans un rapport d’une étonnante lucidité publié en juin 2021.

Véritable plaidoyer pour que s'engage enfin une réforme du système, il préconise des aides conditionnées aux efforts de modernisation et réclame le désengagement de l’État pour l’aide au transport postal, les volumes postés ayant baissé de 35 % entre 2013 et 2018, alors que le coût de la contribution annuelle de l'État à la Poste est de 290 M€ depuis 2000 !

Le diagnostic des sénateurs s'appuie sur un fait réel : entre 2009 et 2018, la diffusion de l’ensemble des titres de presse a baissé de 43,5 % pour s’établir à 3,2 milliards d’exemplaires. Seule la presse locale enregistre une moindre baisse, d’environ 30 %. 

Les sénateurs enfoncent le clou : «  Il y a lieu de s’interroger tant sur le risque qu’une telle dépendance aux fonds publics peut faire peser sur l’indépendance de la presse que sur la pertinence des dispositifs mis en place. 

Ceux-ci permettent, en effet, de maintenir sous perfusion un secteur sans l’inciter réellement à mener à bien les choix industriels nécessaires en vue de s’adapter aux nouvelles habitudes de lecture. Un changement de philosophie apparaît indispensable, la crise sanitaire ayant manifestement accéléré une mutation du lectorat. L’absence d’évolution majeure du régime des aides à la presse conduit en effet inévitablement à la transformation de celui-ci en un mécanisme de rente. »


76 M€ en 2019


2020 :  pas moins de 840 M€ de subventions ont été versées entre les tarifs postaux préférentiels, la TVA à taux super réduit et les aides directes, auxquels s’ajoute le plan gouvernemental sur deux ans de 377 M€, annoncé en août 2020, complété par 106 M€ d’aides d’urgence liées à la crise sanitaire (baisse de 16 % du chiffre d’affaires par rapport à 2019, perte des recettes publicitaires évaluée à 24 %) et à la crise de la distribution suite à la faillite de Presstalis.

Une innovation notable qui plaira aux écologistes : la création du Fonds pour la transition écologique (8 M€ en 2021 et 2022) finance des projets d’investissements pour réduire l’empreinte carbone du secteur mais seuls les projets dont le budget total des dépenses est supérieur à 150 000 € HT sont éligibles.


En 2019, derniers chiffres annuels publiés par le ministère de la Culture, près de 76 M€ d’aides ont profité à 411 titres. 

Plus de la moitié des aides profite toujours aux mêmes titres : 

Aujourd’hui en France arrive en tête avec 12,7 M€,

Libération 5,9 M€

Le Figaro 5,7 M€

Le Monde 5,2 M€

La Croix 4,4 M€

L’Humanité 3,3 M€

Ouest France 2,6 M€

L’Opinion 1,9 M€

le JDD 1,7 M€


Quelle riposte face aux GAFA ?


En mars prochain, à quelques semaines de l'élection présidentielle, le Sénat publiera un nouveau rapport très attendu de la Commission d’enquête sur la concentration des médias, sujet connexe aux aides. 

Auditionnés, les grands patrons de presse mettent en exergue le péril bien plus grand de la domination des GAFA qui captent l’essentiel du marché publicitaire : au niveau européen, 86 % de la dépense publicitaire digitale sont captés par Google, Youtube, Facebook et Amazon. Une part de marché qui devrait atteindre 89 % en 2022...

En France, « le digital représente 60 % des investissements publicitaires en 2021. Et on prévoit qu’il représente 62 % en 2022 » indique Magna Global. (2)

La taxe de 3 % sur le chiffre d'affaires lancée par la France en 2019 pour pénaliser les géants du numérique, fait figure de riposte ridicule : elle n’a rapporté que 375 M€ aux finances publiques dans l'attente de la taxe de l'OCDE !

Seule avancée notable, l'Alliance de la presse d'information générale, qui regroupe 300 titres, et Google ont conclu en mars 2022 de nouveaux accords pour la rémunération des droits voisins.

Au chapitre de la bonne conscience sur la liberté de la presse, pilier de la démocratie, un discret décret du 21 décembre 2021 clarifie les règles d’attribution des aides fiscales et postales : désormais, elles sont réservées aux médias dont les employés ont le statut de journaliste mais les publications pourront continuer de faire appel à des prestataires extérieurs pour remplir leurs pages. 

Une "mesurette" suite à l’inquiétude des anciens salariés de Science & Vie quant au risque de dumping social du nouveau propriétaire (le groupe Reworld).


Bernard, Vincent, Arnaud, 
Patrick, Xavier, Daniel...


Chaque année, le saupoudrage des aides de l'État se fait sur fond de concentrations, rachats, et autres augmentations de capitaux, bien incapables d’enrayer l’inexorable baisse des tirages.

19 janvier 2022 : Vincent Bolloré auditionné devant la commission  
d'enquête sénatoriale sur la concentration des médias (capture d'écran Public Sénat)
Les industriels du système médiatique n’ont rien à voir avec le secteur de l’information : armement, BTP, luxe, téléphonie, finance, banque, énergie, ils s’appellent Bernard Arnault, Dassault, Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Patrick Drahi, Xavier Niel, Daniel Kretinsky. 

(Ndlr : devant la commission sénatoriale, Vincent Bolloré a nié sous serment tout objectif politique dans sa stratégie d'acquisitions, laissant ces accusations à ses détracteurs qui dénoncent la ligne éditoriale de CNews. Le collectif "Stop Bolloré" dénonce la constitution de son "empire médiatique tentaculaire".).


Des "milliardaires" accusés de « concentrer les médias dans leurs mains », dont leurs filiales et holdings de presse rompus aux subtilités de la fiscalité remportent à eux seuls plus de la moitié des aides directes. 

Leurs intérêts sont à des années-lumière des ordonnances d'août 1944, et de la Déclaration des droits et des devoirs de la presse adoptée fin 1945, affirmant que « la presse n'est pas un instrument d'objet commercial mais un instrument de culture »…

Venus à la rescousse d’entreprises souvent au bord de la faillite, ils ont globalement réussi à les moderniser en investissant là où l’actionnariat fermé les avaient longtemps cantonnées dans une sous capitalisation pour éviter les prises de contrôle extérieures. Rationalisation, diversification, mutualisation de moyens, économies d’échelle, PSE, budgétisation des clauses de cession, complètent toujours l’arrivée des nouveaux actionnaires…


Pluralisme


L’un des mérites unanimement salué des aides à la presse reste la défense du pluralisme : exemple notoire avec L’Humanité qui doit sa survie à l'État.

Chaque année, elle reçoit un peu plus de 3 M€. En 2013, sur proposition du gouvernement, les députés ont même effacé 4 M€ de dettes, intérêts compris, d'un prêt de 2002, que le journal de Jean Jaurès, au bord de l'asphyxie, ne pouvait pas rembourser.

En 2020, un crédit d’impôt a été instauré pour les abonnements à la presse d’information politique et générale. Les nouveaux abonnés bénéficient d’une réduction d’impôt de 30 % du montant de l’abonnement. Coût annuel : 60 M€ pour les finances publiques (15 M€ en 2020).


Rien n'est plus consensuel politiquement que le pluralisme ! D'ailleurs, un décret paru le 15 décembre 2021 instaure une nouvelle aide à la presse numérique (4 M€), jusqu'alors réservée aux titres papier pour 15 M€. Elle sera mise en place dans le courant 2022. 

                                     


L'illusion du Fonds de dotation


Les nouvelles sociétés de médias à but non lucratif changent-elles vraiment la donne des structures capitalistiques classiques ?

Après Mediapart en 2019, le groupe Altice s’est désengagé en 2020 de Libération au profit d’un fonds de dotation, dispositif inspiré  du «  Scott Trust  », qui protège depuis 1936 le quotidien britannique The Guardian

Un ballon d’oxygène pour le quotidien fondé par d'anciens militants d'extrême-gauche en 1973, dont les dettes se situent entre 45 et 50 M€. Aussi, les salariés ont vite déploré la faiblesse des engagements financiers de leur actionnaire Patrick Drahi qui apporte seulement 15 M€ de dotation sans associer la rédaction à la nouvelle gouvernance. 

Xavier Niel s’est également engagé dans la démarche du fonds de dotation : en avril 2021, il a transféré pour 1€ symbolique l'intégralité de ses participations dans la presse de sa holding NJJ PRESSE vers le Fonds pour l'indépendance de la presse. Un transfert de participation qui la rend incessible mais Médiapart (23/8/2021) révélait que ses statuts lui confèrent l’essentiel des pouvoirs qui profiteront, in fine, à ses héritiers.

Sont concernés Nice Matin, France Antilles, Paris Turf, L'Obs et Le Monde Libre dont la nouvelle fondation devient actionnaire à hauteur de 26,6 %. 

Copropriétaire du groupe Le Monde depuis 2010, Niel a racheté début 2022 la quasi totalité des parts (51 %) de Matthieu Pigasse dans la holding Le Nouveau Monde qui détient 40 % de la holding Le Monde libre, actionnaire majoritaire (72,5 %) du groupe Le Monde. L’ancien banquier Lazard avait déjà cédé 49 % de ses parts au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en 2018. 

Le Monde, « navire amiral » du groupe, est l’un des plus gros bénéficiaires des aides de l’État à raison de plus de 5 M€ / an depuis 2015 mais sa mutation numérique est incontestablement un modèle de réussite. (3)

Derrière les  vertus mitigées du fonds de dotation se cache aussi une nouvelle niche fiscale qui permet aux entreprises de bénéficier d’une réduction d’impôt à hauteur de 60 % du montant des versements. (66 % pour les particuliers qui font des dons, dans la limite de 20 % du revenu imposable). 


Nouvelles stratégies


Les turbulences nées de l’entrée de Daniel Kretinsky dans le capital du Monde ont suscité la création de l’association « Un bout du monde » en septembre 2020. 

Cette émanation de la Société des lecteurs du Monde (SDL) est associée au Pôle d’indépendance (qui regroupe les sociétés de journalistes, de personnels, de lecteurs et fondateurs du groupe Le Monde). 

Pour l’économiste Julia Cagé, qui préside les deux associations, l’objectif est « d’insuffler une dynamique en faveur d’une nouvelle économie des médias (…) À la différence d’un fonds de dotation, qui a un conseil d’administration, une association tient une assemblée générale, avec des adhérents qui ont chacun une voix. C’est une différence de fond et d’approche. » 


Encore trop rares sont les nouvelles stratégies du financement participatif : 87 éditeurs de presse ont signé en novembre dernier l’appel du Fonds pour une presse libre (FPL) lancé en 2019 par des fondateurs de Mediapart

Il s'ouvre désormais à l'ensemble de la presse indépendante, pour apporter « aides financières, expertise et accès aux avantages dont ces médias sont privés » peut-on lire dans son manifeste.

Ce nouveau fonds de dotation, alimenté par des dons privés, remet les vieux grands principes au goût du jour : promotion d'un journalisme d'intérêt public, défense de l'indépendance à l'égard des puissances d'argent (formulation empruntée au Conseil National de la Résistance de 1944)prise de participations minoritaires dans des entreprises de presse indépendantes déjà existantes ou à créer, octroi de subventions ou de prêts bonifiés.

L'accélération de la mutation numérique favorisera ces nouvelles formules : plus complet que l'appel aux dons en ligne, le recours aux plateformes de crowdfunding augure d'une nouvelle forme de gestion de projets, au delà de la simple dimension économique.


2022, année d'élection présidentielle, pas question d'effaroucher la presse, journalistes et "milliardaires". D'ailleurs, rares sont les candidats à vouloir changer les règles des aides à la presse, véritable arlésienne. Il faudra sans doute attendre un nouveau rapport officiel qui viendra caler les armoires du futur ministre de la Culture...


Thierry Noël


(1) Panorama 2021  des aides à la presse du SpiiL (Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne) qui regroupe 230 éditeurs. Entre 2008 et 2021, l’audience numérique mensuelle payante a été multipliée par dix, tandis que l’audience mensuelle payante pour le papier s'est divisée par deux. 


(2) Entité en charge des études de marché dans le groupe IPG Mediabrands.

Au premier semestre 2021,  le marché publicitaire de la presse enregistre une notable progression (+17,7 %/2020) mais reste en retrait par rapport à  2019 (- 17,8 %), note le Baromètre unifié du marché publicitaire.


(3) En 2020, les versions numériques représentaient 72,83 % de la diffusion du Monde, le portage 11,28 %, les abonnements 7,97 %, la vente au numéro papier 7,92 %.



jeudi 3 février 2022

GAFAM

GOOGLE : BÉNÉFICES RECORD DE 76 MILLIARDS DE DOLLARS

2021, année record pour Google ! Alphabet, sa maison mère, annonce un bénéfice net de 76 milliards de dollars, soit près du double de 2020 (40 milliards). Ces excellents résultats sont liés à la publicité qui représente 80 % des recettes. La pandémie explique aussi ce record, grâce au télétravail et au commerce en ligne qui ont incité les marques à investir pour capter les consommateurs numériques. 

Pour 2022, les prévisions restent au beau fixe, la publicité devant permettre à Google de capter 171 milliards de dollars, soit 30 % du marché mondial, devant Facebook (23,7 %).

Quant à la branche « cloud », elle a vu son chiffre d’affaires augmenter de 47 % et représente 19,2 milliards de dollars en 2021. Pour autant, elle reste déficitaire avec 3,1 milliards de perte. Le « nuage » constitue malgré tout un axe majeur de développement du fait de la concurrence avec Amazon Web Services et Microsoft Azure.


DROITS VOISINS : SIGNATURES D'ACCORDS AVEC FACEBOOK ET GOOGLE


Décembre : Google a payé 500 M€ d’amende infligée en juillet par l’Autorité de la concurrence, estimant que le géant américain n’avait pas négocié de « bonne foi » la rémunération due aux éditeurs et agences de presse lorsque leurs contenus sont réutilisés. (Lire aussi en juin)


Novembre : Google et l'AFP ont signé un accord après un an et demi de négociations. Le premier du genre entre une agence de presse et le géant du numérique qui va rémunérer l'AFP pour les recettes faites en utilisant ses contenus.  Le montant des rémunérations n'a pas été révélé. D'une durée de cinq ans, l'accord prévoit aussi un programme de lutte contre la désinformation. L'AFP fournira des formations au fact-checking. 


Octobre : Facebook France et l’APIG (Alliance de la presse d'information générale) ont signé un accord cadre pour une durée de trois ans renouvelables à 25 millions de $ par an, dont 5 M$ au titre du seul droit voisin. 

284 médias sont concernés. Le réseau social rémunèrera extraits d’articles, photos, vidéos, infographies diffusés sur la plateforme pour des contenus publiés ou partagés, que ce soit par les utilisateurs ou sous contrôle des éditeurs. 

Les médias pourront figurer dans Facebook News qui sera lancé en janvier 2022. Ce service déjà lancé aux États-Unis en 2019 et présent en Allemagne et au Royaume-Uni. Le Figaro et Libération ont déjà signé.

Pierre Louette, président de l’APIG et PDG du groupe Les Échos-Le Parisien estime que « la reconnaissance par un Gafa important de ce droit voisin est une première étape, gageons que cela accélèrera les discussions avec d’autres ».


26 octobre : La Société des Droits Voisins de la presse (DVP) s'est constituée sous la présidence de Jean-Marie Cavada sur le modèle de la Sacem pour les auteurs.

Elle réunit L'Équipe, Le Canard Enchaînéles groupes Prisma, CMI, Le Point,  les agences AFP, MaxPPP, le Syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM), les groupes audiovisuels France TélévisionsTF1, M6, Altice Media et le Geste qui réunit les éditeurs de presse en ligne. 


Juin : L’accord cadre de 76 M$ signé en janvier entre l’APIG et Google pour la rémunération des éditeurs a été suspendu, en attendant la décision de l’Autorité de la concurrence portant sur la « bonne foi » des discussions. L’accord mettait fin à une longue procédure suite au droit voisin établi par une directive européenne de 2018, entrée dans le droit français en 2019. Il permet de rémunérer les médias pour le trafic qu'ils génèrent vers Google et ses espaces publicitaires. Le bras de fer est allé jusque devant la Cour d'appel de Paris qui a donné raison aux éditeurs en octobre 2019. 

Google avait négocié directement avec Le Figaro, Le Monde et Libération.

L'APIG représente les éditeurs de la PQR-PQD et de la PHR.


TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...