samedi 2 novembre 2019

L'Echo à nouveau devant le tribunal de commerce de Limoges

La dernière Une de L'Echo
Mercredi 6 novembre sera une journée cruciale pour la quarantaine de salariés du quotidien L’Echo, 75 ans après sa création.
Le tribunal de commerce de Limoges va une nouvelle fois statuer sur son avenir. 
De sensibilité de gauche, le journal risque la liquidation pure et simple, ses dettes, étalées sur dix ans, n’étant toujours pas remboursées depuis son dernier redressement judiciaire il y a sept ans.
L’Echo est  vendu dans cinq départements (Indre, Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne, Creuse) pour 26.853 exemplaires diffusés (derniers chiffres publiés en 2015 par l'Union de la presse en région, le journal n'adhérant pas à l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias). Des départements ruraux avec des quotidiens concurrents (Le Populaire, la Montagne, La Dordogne libre, La Nouvelle République du Centre-Ouest).
Une nouvelle formule était attendue pour le 11 novembre mais, comme un véritable suicide organisé, le journal a décidé de supprimer ses pages cantonales dans l’Indre et cinq postes seraient supprimés à Limoges, indique Le Populaire du Centre dans son édition du 31 octobre. 
Six correspondants locaux ont été remerciés en raison des difficultés financières. 
Dans un courrier, la direction leur explique : « L’Echo continue de perdre de l’argent (…) Pour que l’Echo espère un avenir, il lui faut donc encore réduire ses dépenses de façon importante ». 
Faut-il rappeler que les correspondants ne sont pas les coûts les plus importants dans un journal. N'étant pas salariés, ces travailleurs indépendants auto-entrepreneurs doivent payer eux-mêmes leurs charges sociales et n'ont pas droit à la carte de presse…
On voit mal comment L’Echo pourrait enrayer sa chute en privant ses lecteurs d’informations locales. Comment sortir du cercle vicieux en appauvrissant le contenu ? 
L'audience continuera de chuter et la publicité continuera de fondre…
Par ailleurs, L’Echo est resté sourd au virage numérique, son site internet L-echo.info offrant encore gratuitement un contenu qui reste identique à celui des éditions papier.
Publié dans la clandestinité en 1943 par des résistants, LEcho du Centre parait au grand jour le 25 octobre 1944. 
Proche du parti communiste qui épongeait au début ses difficultés financières, L’Echo du Centre s'en est éloigné à partir de 1956 pour devenir indépendant à la fin des années 1980. 
En octobre 1988, un incendie ayant ravagé l’imprimerie, le journal sera sauvé de la faillite grâce aux dons et à la solidarité du concurrent, le Populaire du Centre, qui assura son impression. 
Déjà en 1996, le bilan était déposé et le redressement judiciaire déboucha sur un nouvel actionnariat.
Depuis 1998, 62 % des actions de la société d'édition appartiennent à l'association "Pluralisme" qui réunit lecteurs et partisans de la liberté de la presse. Le reste est assuré par le quotidien Le Monde (11 %), les groupes concurrents Centre France (5,76 %) et Sud-Ouest (2,88 %) et des investisseurs régionaux.
Il y a 20 ans, le 18 novembre 1999, l'Echo du Centre rénovait sa formule et devenait L'Echo.
Ce montage n'a pas suffi à enrayer les difficultés de gestion. Un second redressement judiciaire est intervenu fin 2012.

En 2016 et 2017, le journal restait déficitaire avec d'importantes dettes à rembourser. 
L’été dernier, une souscription a permis de réunir 15.000 € alors qu’il en fallait 80.000.
Les salariés de l'Echo ont prévu de se rassembler mercredi prochain devant le tribunal de commerce de Limoges.

Thierry Noël-Guitelman

Lire aussi : sur le site de France Bleu Berry

mercredi 23 octobre 2019

Les Auvergnats savent compter !

Le groupe Centre France a finalisé la cession de l’hebdo local Le Réveil du Vivarais au groupe HCR
Un compromis de vente en date du 31 octobre 2019 prévoit la cession du fond de commerce au 1er janvier 2020.
Selon l’Acpm-OJD  le journal d’Annonay (Ardèche) accuse une baisse de sa diffusion de 7,18 % à 6.216 exemplaires. 
Les dix hebdomadaires locaux du groupe seraient aussi dans le collimateur…
De quoi rafraichir l’ambiance - déjà contrastée - après la venue d’Emmanuel Macron, à Clermont-Ferrand, le 4 octobre dernier pour célébrer les 100 ans de La Montagne… 
Engagé dans la mutation numérique depuis 2013, Centre France resserre les boulons. 
Déjà, en avril dernier, le groupe annonçait un plan de départs au quotidien La Montagne, « pour rajeunir les effectifs ». un doux euphémisme qui signifie en réalité, alléger la masse salariale...
Centre France, comme les autres groupes de presse régionale, avait racheté au fil du temps plusieurs petits hebdos locaux pour mieux contrôler le marché publicitaire sur sa zone de diffusion. Un marché aujourd'hui réduit. 
En 2013, Le Réveil du Vivarais avait été vendu à Centre France par le groupe Sud Communication (qui affichait près de 4 M€ de pertes en 2012, au décès de son fondateur Pierre Fabre, propriétaire des laboratoires pharmaceutiques Fabre). Ce groupe régional réunissait plusieurs hebdos (La Ruche de Brioude, L’Eveil Hebdo de la Haute-Loire et La Gazette de Thiers et d’Ambert) et le quotidien du soir L'Eveil de la Haute-Loire, également repris par Centre France.
Après le rachat du quotidien La République du Centre en 2010, Centre France s’est logiquement porté acquéreur de l’hebdo L’Eclaireur du Gâtinais (Montargis-Fontainebleau). 
Mais avec 1,55 M€ de pertes en 2017, la société Centre France Hebdos ne peut guère se permettre de creuser davantage ses déficits, les huit quotidiens du groupe affichant par ailleurs des diffusions en net repli.
Des décisions sont attendues pour ces hebdomadaires qui souffrent aussi de la désertification des territoires ruraux : le couplage Le Pays Roannais-Le Pays d’Entre Loire et Rhône régresse de 7,8 % à 19.471 exemplaires (en 2014, l’édition du Pays Forez Coeur de Loire naissait de la fusion de La Gazette de Loire et de la Liberté de Montbrison).
Diffusion en baisse également pour L’Eclaireur du Gâtinais (13.726 exemplaires - 4,08 %), Le Journal de Gien (11.906   - 4,42 %), La Ruche de Brioude (6.532   - 3,43 %). 
Racheté en 2011, Le Régional de Cosne (fusionné en 2017 avec L’écho du Charitois) est tombé à 4.968 exemplaires (- 4,64 %). Le Courrier du Loiret est passé sous la barre des 5000 exemplaires (4.913  - 3,06 %). 
Les plus petits hebdos de Centre France, qui ne peuvent survivre que grâce à un groupe de presse, sont La Voix du Sancerrois (3.699 - 5,08 %) et La Gazette de Thiers et d’Ambert (2.952 - 9,67 %).
Seul, L’Eveil Hebdo de la Haute-Loire affiche encore une diffusion positive (4.514 exemplaires + 8,48 %). Un résultat en trompe l’oeil depuis la fermeture, après 17 années d'existence, de La Gazette de la Haute-Loire en avril 2018, tombée à 2.500 exemplaires. Elle cessait sa parution au moment où le groupe annonçait une amélioration de son résultat à 11 M€ contre 8,2 un an plus tôt…

Thierry Noël-Guitelman

TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...