samedi 2 avril 2022

JUSTICE

 JEAN-JACQUES BOURDIN : PLAINTES CLASSÉES SANS SUITE

 7 avril 2022 : les enquêtes pour agression sexuelle qui visaient le journaliste Jean-Jacques Bourdin, suite à deux plaintes, ont été classées sans suite pour prescription de l'action publique.

« J'ai toujours fermement contesté les faits qui m'étaient reprochés », rappelle le journaliste de BFMTV, écarté des plateaux depuis les accusations lancées contre lui. 

En janvier dernier, le parquet de Paris avait ouvert une première enquête suite à la plainte déposée par Fanny Agostini journaliste à RMC et BFM TV. La plaignante, aujourd’hui âgée de 33 ans, affirmait que lors d'un déplacement professionnel à Calvi (Corse) en 2013, à l’Open de pétanque, J.J. Bourdin « l'a saisie par le cou et tenta à plusieurs reprises de l’embrasser » dans une piscine d’un hôtel.   

Le journaliste incriminé niait les faits : « Je reconnais m’être baigné avec elle dans la piscine de cet hôtel. Mais je n’ai jamais tenté de l’embrasser de force, ni elle, ni jamais personne d’autre », indique-t-il.

À 72 ans, J.J. Bourdin entame cette année sa dernière saison (son contrat se termine en juin) en ne présentant que l'interview politique de 8 h 30 pour la radio et la chaîne d'info en continu du groupe Altice.

Le journaliste avait été « temporairement privé d’antenne » pour ne pas porter préjudice au fonctionnement quotidien de BFM TV et RMC


Mi-février, une seconde plainte déposée par une femme de 60 ans concernait des faits qui auraient été commis en 1988. À l'époque,  alors âgée de 26 ans, cette standardiste dans une société de communication accepta d'aller visiter les locaux de RTL avec J.J. Bourdin. Le journaliste aurait sorti son sexe et empoigné la main de la jeune femme et lui aurait proposé de la payer 2000 F en échange. Il aurait aussi tenté de l'embrasser brutalement. Elle aurait réussi à se libérer et J.J. Bourdin aurait crié : « Tu m'as bien excité petite pute ! ». Elle l'accuse aussi de s'être masturbé devant elle à plusieurs reprises.


CANAL + : ENQUÊTE PRÉLIMINAIRE CONTRE PIERRE MÉNÈS


Janvier : une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre pour des faits présumés de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle commis par l’ancien chroniqueur  Pierre Ménès. La journaliste Marie Portolano avait dénoncé ses agissements dans un documentaire diffusé par Canal + en mars 2021.

Une enquête interne à Canal + avait permis à sept personnes de dénoncer des faits de harcèlement sexuel et l’inspection du travail avait transmis un signalement en décembre.

Pierre Ménès dit « regretter sans aucune ambiguïté tous ses gestes du passé qui ne se justifiaient aucunement ». Cible du hashtag #PierreMenesOut, le chroniqueur avait estimé que « depuis #MeToo, on ne peut plus rien dire ».


JEAN-MARC MORANDINI RENVOYÉ DEVANT LA JUSTICE


Janvier : Soupçonné d’avoir poussé de jeunes acteurs à s’exhiber nus et à tourner des scènes de masturbation, l’animateur Jean-Marc Morandini (CNews, NRJ12) est renvoyé devant la justice pour harcèlement sexuel sur un acteur, et sa société de production (personne morale) pour travail dissimulé de cinq comédiens. Les faits incriminés remontent à 2015 pour la websérie Les Faucons. En 2017 le parquet de Paris avait classé l’affaire sans suite. 

Une plainte avec constitution de partie civile a relancé l’enquête pour aboutir à l’ouverture d’une instruction en 2018.

J.M. Morandini est également mis en examen pour corruption de mineurs suite à des accusations de propositions sexuelles en 2009 et 2013. Pour ces faits une demande de renvoi devant le tribunal correctionnel a été lancée.



PPDA ACCUSÉ DE VIOL, DES FEMMES LANCENT #MeTooMedias


Patrick Poivre d’Arvor (PPDA), 73 ans, ex-présentateur vedette de TF1, fait l’objet de graves accusations.

Le 15 décembre, un juge d’instruction a lancé une deuxième enquête préliminaire, bien que les faits soient prescrits, suite à une plainte déposée par une femme qui l’accuse de l’avoir violée lors du festival de Cannes 1985, lorsqu’elle avait 23 ans.

Fin juin, la justice avait classé sans suite une enquête suite à l’accusation de viol de l’écrivaine Florence Porcel, 38 ans, pour prescription et insuffisance de preuves, les faits remontant à 2009. L’affaire était revenue au devant de la scène médiatique avec la publication par Libération (le 9 novembre) de nouveaux témoignages de huit femmes, dont sept ont accepté de parler à visage découvert. Parmi elles, l'ancienne présentatrice de JT, Hélène Devynck, Cécile Thimoreau, ancienne journaliste à TF1 et Muriel Reus, ancienne cadre de TF1. Avec la chroniqueuse de RMC Emmanuelle Dancourt, elles ont lancé #MeTooMedias, association ouverte à tous, pas uniquement aux femmes" pour dénoncer l’omerta qui règne dans « les médias de manière large ». Par ailleurs, l'écrivaine Florence Porcel, entendait déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, pour des faits non prescrits.

Au total, d’après un décompte de l’AFP, au moins 27 femmes ont témoigné contre PPDA, dont deux mineures au moment des faits reprochés.



LE SÉNAT ET LA CONCENTRATION DES MÉDIAS : 32 PROPOSITIONS POUR MODERNISER DES RÈGLES OBSOLÈTES

Après cinq mois de travaux et d'auditions, la commission d'enquête du Sénat sur la concentration des médias a rendu son rapport le 31 mars


Roselyne Bachelot, auditionnée le 23 février (photo Public Sénat)

Cette commission, créée à l'instigation du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain était présidée par le centriste Laurent Lafon, président de la commission, avec le socialiste David Assouline, comme rapporteur. 

Les travaux de la commission vont maintenant rentrer dans le vif d’un sujet placé littéralement au cœur de l’actualité avec le projet de fusion entre TF1 et M6, mais également l’accélération du rapprochement entre Vivendi et Lagardère. La diversité des personnes entendues doit permettre de poser les enjeux, d’identifier les risques et, au-delà, de se projeter dans des propositions d’évolution de la législation" annonçait Laurent Lafon en novembre 2021.

Cinq mois plus tard, dans un rapport de 381 pages, à l'issue de 48 auditions publiques, la commission appelle à moderniser des règles "obsolètes", "une nécessité absolue dans un monde menacé par la désinformation". 

Tous les grands acteurs du secteur ont prêté serment : les grands patrons industriels, propriétaires de médias comme Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Patrick Drahi, Xavier Niel, Arnaud Lagardère, Jean-Michel Baylet, Matthieu Pigasse, Nicolas Beytout. Les présidents de chaînes : Gilles Pélisson (TF1), Nicolas de Tavernost (M6), Maxime Saada (Canal +), Delphine Ernotte (France Télévisions). Les "grands" de la presse quotidienne :  Philippe Carli (EBRA), Louis Echelard (Ouest-France), Pierre Louette (L'APIG), ceux de la presse magazine et autres médias indépendants ; Roselyne Bachelotministre de la Culture, Bruno Lemaire, ministre de l'économie et des finances, sans oublier les syndicats.

Les sénateurs émettent 32 propositions pour mieux réguler le paysage médiatique. Ils réclament notamment le renforcement de l'indépendance et l'éthique au sein des médias par le biais d'un dispositif incluant un administrateur indépendant, l'Arcom (ex-CSA), régulateur de l'audiovisuel et du numérique, et des comités d'éthiques. 

Autre proposition : un grand débat cette année au Parlement où le gouvernement viendrait présenter ses conclusions pour réformer la loi relative à la liberté de communication de 1986, votée alors que les géants d'internet n'existaient pas. 

Les sénateurs proposent aussi de "réviser les conditions d'octroi des aides au pluralisme et à la modernisation en prenant en compte la situation financière des groupes auxquels les titres candidats sont rattachés". 

Le diagnostic de la commission constate que le phénomène de concentration des médias est présent dans de nombreux pays démocratiques, avec des législations en évolution. Des concentrations accélérées par les évolutions technologiques qualifiées de "bouleversements" depuis la progression fulgurante des réseaux sociaux. 

La fragilisation des sources traditionnelles d'information, les nouveaux modes de lecture (applications, sites, smartphones, streaming, plateformes) ont détourné les donneurs d'ordre publicitaires, mettant en danger les médias traditionnels.

> Lire aussi : l'essentiel du rapport (site du Sénat)

19 janvier 2022 : parmi les nombreux "propriétaires et actionnaires" de médias, la commission a auditionné Vincent Bolloré (photo ci-contre, Sénat)
Face à l’inquiétude suscitée par l’influence grandissante du groupe Vivendi (prise de contrôle des groupes Lagardère et Prisma, Canal+, Havas, Editis et potentiellement Hachette), il a expliqué que Vivendi, considéré comme un géant français des médias était en réalité « un petit nain face au danger que constituent les Gafam pour la culture française » dont il se veut un défenseur. 

Il a affirmé « ne jamais faire de politique » en rappelant qu’Éric Zemmour, très présent sur CNews, intervenait par le passé sur des chaînes concurrentes (notamment Paris Première du groupe M6). 

Ses détracteurs dénoncent notamment CNews qui serait devenue le porte-voix de ses opinions conservatrices.

D’ailleurs, un collectif baptisé « Stop Bolloré », composé de syndicats, associations, médias et personnalités de gauche, a lancé un appel pour dénoncer la constitution par le milliardaire d’un « empire médiatique tentaculaire » accusé de servir une « idéologie réactionnaire ».

Mi-décembre, Le Monde avait publié une tribune signée par 250 professionnels de la presse, de la télé et de la radio. Ils dénonçaient « la menace que représente le regroupement de nombreux médias entre les mains de quelques milliardaires ». Étaient cités Bolloré, Arnault, Drahi, Niel, Kretinsky. 


Six moments à retenir de l'audition de Vincent Bolloré (France Info 20/1/2022)


> Toutes les auditions sénatoriales en vidéos 

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