mercredi 15 février 2023

STREAMING

SALTO : ON DÉBRANCHE !

Mi-février : lancée en octobre 2020, la plateforme de streaming Salto - qui voulait devenir le « Nexflix à la française » - annonce qu’elle ne prenait plus de nouveaux abonnés (copie d'écran ci-contre).
Un signal « imminent » de fermeture… 

Détenue à parts égales par le groupe public France Télévisions, TF1 et M6avec une perte annuelle de 72,3 M€, la recherche de nouveaux actionnaires devenait compliquée, surtout après l’échec du projet de fusion des deux groupes privés.

Face à ce fiasco, Nicolas de Tavernost, président du directoire, à l’occasion de la présentation des résultats 2022 du Groupe M6 le 13 février, a confirmé la provision de sa quote-part (22 M€) des charges d’une prochaine liquidation estimée à 66 M€ pour les trois associés. 

Un mandataire judiciaire va être nommé et « l’écran noir » devrait intervenir entre fin février et début mars. 

Avec seulement moins d’un million d’abonnés, 6 M€ de pertes mensuelles, et seulement 135 M€ d’investissements, l’avenir de la plateforme paraissait très incertain face à la redoutable concurrence des milliards des géants américains Netflix, Disney+, Amazon Prime Video, AppleTV.

TF1 et M6 se faisaient également concurrence avec leurs propres services de streaming à 2,99 € par mois la première année puis 3,99 €. Des tarifs moins chers que ceux de Salto ! 

Pour Nicolas de Tavernost, l'expérience Salto a tourné court en raison des critères drastiques imposés par l'Autorité de la concurrence, empêchant les groupes de bâtir une véritable entreprise commune. Le refus par la même instance du mariage entre les deux groupes privés à l'automne, après des mois de discussions, a anéanti les espoirs de voir la plateforme changer de gouvernance.

À l'avenir, les deux groupes vont s'orienter vers le streaming gratuit en monétisant davantage la publicité numérique. Celle-ci est vendue au moins trois fois plus cher sur les plateformes numériques qu'à la télévision.

SALTO PLOMBE LES BÉNÉFICES DE M6 ET TF1 


Groupe
M6 : son bénéfice net 2022 a fondu de - 42,5 % à 165,9 M€ (contre 280,8 M€ en 2021), plombé par la disparition prochaine de la plateforme Salto et par le recul des recettes publicitaires (- 4,7 %) en partie compensé par la hausse des revenus non-publicitaires (+ 8 %).

La plateforme aura coûté l’an dernier plus de 46 M€ au groupe (dont 22 M€ au titre des provisions de charges de liquidation). Aussi, le groupe va réorienter ses investissements vers sa propre offre de streaming, financée par la publicité.


Chiffre d’affaires 2022 : en baisse de 2,4 % à 1,35 milliards d’euros avec des recettes publicitaires en repli de 4,7 % à 1,08 milliard.

Résultat opérationnel consolidé : 336,2 M€ (346,7 M€ en 2021 avec 20 M€ d’aides publiques pour seulement 1,8 M€ en 2022) en incluant 5,4 M€ dus à l’échec du projet de fusion avec TF1

Marge opérationnelle : 24,6 % (hors aides publiques) progresse néanmoins de + 1,1 point. Cette progression, malgré une baisse du chiffre d’affaire, reflète la flexibilité dans la gestion des coûts, les synergies développées entre l’ensemble des antennes et la contribution de Stéphane Plaza Immobilier où le groupe M6 a pris une participation majoritaire.

 

Groupe TF1 : le bénéfice net 2022 a reculé de près de 22 % à 176,1 M€, en baisse de 49,2 M€ en incluant 46 M€ de pertes liées à l’arrêt de Salto.

Après ces annonces faites le 14 février, le titre TF1 a perdu près de 5 % à la Bourse.


Chiffre d'affaires 2022: en augmentation de 3,3 % à 2,51 milliards d'euros,  porté par les studios de production Newen (428 M€) et la Coupe du monde de football (24,1 millions de téléspectateurs devant la finale, meilleure audience télévisée historique, tous programmes et toutes chaînes confondues). Le chiffre d'affaires publicitaireen baisse de 25,2 M€ (repli de 1,5 %) atteint 1,67 milliard. 

Un résultat qui tient compte de  la cession du pôle de médias en ligne Unify, Livingly Media et Gofeminin.

Résultat opérationnel consolidé : 316,2 M€ incluant une charge exceptionnelle de 15 M€ relative à l'échec du projet de fusion avec M6

Marge opérationnelle : 12,6 % en retrait de 1,5 point.



mercredi 18 janvier 2023

LIBÉRATION

SERGE JULY REVIENT À LIBÉRATION 

COMME SIMPLE CHRONIQUEUR


Serge July, ex-patron de Libé, devient simple billettiste
(capture d'écran France 3)
23 janvier 2023 : Serge July, 80 ans, cofondateur de Libération en 1973, revient par la petite porte. 

Après avoir quitté le quotidien il y a 17 ans, en juin 2006 - Édouard de Rothschild, l’actionnaire de référence de l’époque, lui reprochait d’avoir tardé à une relance du journal tombé à moins de 135.000 exemplaires - il devient simple chroniqueur pour des billets publiés à partir du lundi 23 janvier dans la page Éditos.  

Depuis 2006, il n’avait pas pour autant quitté le devant de la scène médiatique : tour à tour éditorialiste sur RTL, Europe 1, LCI et chroniqueur aux Inrocks, il a également co-réalisé une dizaine de documentaires pour Folamour, une société de production fondée en 2001 par Marie Génin, sa seconde épouse depuis 2002, et Antoine de Gaudemar, autre « pionnier » du Libé de Jean-Paul Sartre et Maurice Clavel.


Vice-président de l’UNEF en 1965, dans la mouvance communiste, Serge July rejoint en 1968 à Nanterre le Mouvement du 22 mars aux côtés de Daniel Cohn-Bendit,. 

En 1969, il participe à la fondation de la Gauche prolétarienne, jusqu’à l’auto-dissolution de l’organisation maoïste en 1973. 

Auteur de plusieurs ouvrages politiques, il a notamment publié un « Dictionnaire amoureux du journalisme » (Plon, 2015), aux antipodes de son premier livre d’inspiration révolutionnaire intitulé « Vers la guerre civile » (Lattès, 1969), co-écrit avec Alain Geismar, figure de Mai 68.

D’autres arrivées sont annoncées dans les colonnes du journal : l'écrivaine féministe Lola Lafon et la géographe Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat (HCC) diplômée de Normale Sup, qui publieront dans la rubrique Idées.


> Lire ce portrait du Monde publié en 2006 au moment de son départ de Libé.




LIBÉRATION RENFLOUÉ PAR DANIEL KRETINSKY

 


20 septembre 2022 : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, à la tête du groupe CMI (Czech Media Invest), renfloue le quotidien Libération en prêtant 14 M€ au Fonds de dotation pour une presse indépendante (FDPI).

Ce fonds, devient l’actionnaire majoritaire, et permet un financement pendant quatre ans. 

Le prêt, versé sous forme d’obligations, couvre les pertes du titre, toujours déficitaire malgré la croissance des ventes.

Parallèlement, D. Kretinsky fait une donation de 1 M€ au fonds de dotation, auquel le groupe Altice avait cédé le quotidien il y a deux ans. 

Du fait de la protection de l’indépendance éditoriale prévue par le FDPI, Kretinsky ne devient pas actionnaire du journal. Dans un communiqué, il se déclare « heureux de participer à la pérennisation d’un journal indépendant et indispensable au débat démocratique ».

Mediapart (25/9/2022) révèle qu'il s'agit d'un prêt sous condition, assorti d'un taux de 4 % à compter de 2026. Dans un premier temps, 3,5 M€ seront débloqués et l'argent sera versé par tranches après vérification de la bonne exécution du redressement. En 2026, si dans les six mois Libération n'a pas commencé à rembourser, le taux du prêt passera à 10 %. En cas de prolongement du non paiement, des pénalités de retard de 2 M€ seront imposées.


Denis Olivennes, ex-cogérant du journal et président du holding Presse indépendante SAS (fonction transmise à Amandine Bascoul-Romeu directrice des opérations numériques), est nommé par Daniel Kretinsky à la présidence du conseil de surveillance de CMI France. En juillet dernier, il avait annoncé la nécessité de trouver 15 M€ pour assurer l’avenir. Fin 2020, Patrick Drahi apporte 17,3 M€ à Libération lors de sa sortie du groupe Altice, à la faveur de la création du Fonds de dotation pour une presse indépendante. 


> Libération, diffusion France payée 2021-2022 : 93.147 ex. + 11,14 % / 2020


Chiffres clés


CA 2021 Libération : 31,5 M€ (24,88 en 2020). 

Pertes réduites entre 2020 et 2021 de 16,78 à 7,9 M€. 


L’équilibre financier a été repoussé de 2023 à 2026. 

En cause, un redémarrage plus lent que prévu de la publicité, un niveau de départs en clause de cession plus important et le financement d’une plate-forme logicielle de gestion des abonnements.

Le renforcement de l’offre éditoriale, concrétisée par l’embauche d’une vingtaine de journalistes supplémentaires, semble porter ses fruits du côté des abonnements numériques : 51.000 fin 2021 contre 42.000 fin 2020. 


Directeur de la publication et de la rédaction : 

Dov Alfon (depuis septembre 2020), né en 1961, franco-israélien, ancien rédacteur en chef du quotidien Haaretz où il développa un journalisme d’investigation.

Directrice adjointe en charge du numérique : Lauren Provost (CFJ) ex-directrice des rédactions du Huffington Post.


Siège social 


Libération 2, rue du Général Alain de Boissieu 75015 Paris


www.liberation.fr




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Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...