Info ou intox, info vraie et vérifiée ou fausse nouvelle ("fake news") ?
Pas simple de déterminer la fiabilité d'un article en ligne...
https://larevuedesmedias.ina.fr/laurent-bigot-le-fact-checking-une-longue-histoire
"Fake news"... Les fausses nouvelles en français, sont faites pour répandre la désinformation, pour déformer la réalité, manipuler l'opinion, afin d'en tirer des avantages, souvent politiques ou idéologiques.
"Fake news"... Les fausses nouvelles en français, sont faites pour répandre la désinformation, pour déformer la réalité, manipuler l'opinion, afin d'en tirer des avantages, souvent politiques ou idéologiques.
Le phénomène, devenu planétaire via les partages sur les réseaux sociaux, se répand sans limite. Une propagation d'autant plus facile que l'anonymat des auteurs rend les poursuites quasi impossibles à moins de remonter jusqu'à l'adresse IP des matériels informatiques utilisés.
Une fausse "fake news" montée par le Front National : décryptage par le Huffpost |
Le développement des "fake news" correspond aussi à une période de fragilité des médias classiques qui connaissent une crise profonde de confiance, et qui sont à la recherche de nouveaux modèles économiques, depuis la crise financière de 2008.
C'est dans ce contexte que des sites puissants comme Russia Today (RT), l'agence de presse Sputnik ou Amaq, l'agence de Daesh, ont pu développer leur influence.
Fin 2018, le mouvement des "Gilets Jaunes", marqué par une profonde révolte sociale, a été l'objet de nombreuses "fake news" relevées par les observateurs de France 24 : ils ont démontré l'utilisation abusive de photos prises à d'autres occasions et réutilisées pour dramatiser des situations. Le site rappelle comment rechercher l'origine d'images publiées avec des outils comme Google images, TinEye ou Yandex.
Sur Facebook, en 2017, les "fake news" ont été plus partagées que les vraies infos, révélait le site américain Buzzfeed... La partie de bras de fer s'est engagée entre les médias et Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, qui entendait faire appel aux utilisateurs du réseau social pour évaluer les médias traditionnels... Des médias appelés à moins apparaître sur le réseau, moyennant un nouvel algorithme...
Sur Facebook, en 2017, les "fake news" ont été plus partagées que les vraies infos, révélait le site américain Buzzfeed... La partie de bras de fer s'est engagée entre les médias et Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, qui entendait faire appel aux utilisateurs du réseau social pour évaluer les médias traditionnels... Des médias appelés à moins apparaître sur le réseau, moyennant un nouvel algorithme...
Sur les réseaux sociaux, les publications se font sans aucune modération, à la différence de la production journalistique qui évolue au sein d'un processus contrôlé de fabrication (déontologie professionnelle appliquée au sein des rédactions, relecture par les services d'editing appelés aussi secrétariat de rédaction).
Si chacun a le droit de s'exprimer sur les réseaux sociaux, la confusion s'est installée entre la liberté d'expression du citoyen et journalisme, un métier doté de règles qui, lorsqu'elles sont appliquées, assurent la qualité et la véracité des informations.
La vérification de l'info fait partie des règles de base du journaliste qui a pour ardente obligation de recouper ses sources.
Son obsession permanente devrait toujours être la crainte d'avoir été manipulé, trompé.
La liberté de la presse a ses limites
Son cadre légal a été défini par la loi de 1881 qui sanctionne les délits de diffamation, le racisme. D'autres textes, plus récents, comme la loi Gayssot, sanctionnent l'antisémitisme, le négationnisme, l'homophobie.
Chacun commente l'actualité, fait l'actualité, à la recherche du buzz.
Un lieu idéal pour propager des discours radicalisés, complotistes, mensongers...
La loi contre les "fake news"
Le président de la République française, Emmanuel Macron, a voulu une loi pour lutter contre les fausses informations.
Elle a été publiée au Journal Officiel le 23 décembre 2018 après six mois de discussions parlementaires.
Une très large majorité de Français (79 %) s'était prononcée en faveur d'une législation (selon le 31e baromètre de confiance dans les médias Kantar/Sofres pour La Croix 23.01.2018)
Dans une tribune au "Monde" (10.01.2018), un professeur de droit européen estimait qu'il ne sert à rien de légiférer et que l'initiative doit venir des géants du Web sous la pression de l'opinion.
L'économiste français Philippe Askenazy relativisait l'impact des "fake news" sur l'opinion et rappelait qu'elles constituent un véritable marché, du fait de leur flux sur Internet, par les clics générés par un public populiste.
Les détracteurs de la loi la considérait comme illusoire dans son application, car les lanceurs de fausses infos sont souvent implantés à l'étranger (voir Libération (16.04.2015) sur "l'usine à trolls" de Saint-Petersbourg).
Elle a été publiée au Journal Officiel le 23 décembre 2018 après six mois de discussions parlementaires.
Une très large majorité de Français (79 %) s'était prononcée en faveur d'une législation (selon le 31e baromètre de confiance dans les médias Kantar/Sofres pour La Croix 23.01.2018)
Dans une tribune au "Monde" (10.01.2018), un professeur de droit européen estimait qu'il ne sert à rien de légiférer et que l'initiative doit venir des géants du Web sous la pression de l'opinion.
L'économiste français Philippe Askenazy relativisait l'impact des "fake news" sur l'opinion et rappelait qu'elles constituent un véritable marché, du fait de leur flux sur Internet, par les clics générés par un public populiste.
Les détracteurs de la loi la considérait comme illusoire dans son application, car les lanceurs de fausses infos sont souvent implantés à l'étranger (voir Libération (16.04.2015) sur "l'usine à trolls" de Saint-Petersbourg).
Les médias s'organisent
> France Info a lancé en février 2016 sa propre agence de vérification de l'info, une équipe de 17 professionnels chargés de cribler les informations avant qu'elles soient diffusées sur l'antenne.
En complément de cette initiative, France Info et France Culture lancent fin avril 2018 un podcast hebdomadaire de 10 mn consacré à un sujet d'actualité scientifique passé au crible d'une certification experte. France Info va se doter d'un conseil scientifique qui pourra être saisi par la rédaction en chef, les auditeurs et internautes afin de lutter contre le "relativisme ambiant".
En complément de cette initiative, France Info et France Culture lancent fin avril 2018 un podcast hebdomadaire de 10 mn consacré à un sujet d'actualité scientifique passé au crible d'une certification experte. France Info va se doter d'un conseil scientifique qui pourra être saisi par la rédaction en chef, les auditeurs et internautes afin de lutter contre le "relativisme ambiant".
> Pendant la campagne présidentielle, plusieurs médias, avec Google News, ont lancé CrossCheck et Facebook a également mis au point un outil de signalement des fausses infos.
> Le Monde propose son Decodex pour vérifier les infos qui circulent sur Internet et dénicher rumeurs, exagérations ou déformations.
Pour comprendre comment les fausses infos circulent sur Facebook par l'équipe des Décodeurs.
> Libération propose son Désintox et Checknews.
> Le Point a réalisé en mars 2018 un dossier complet
Pour comprendre comment les fausses infos circulent sur Facebook par l'équipe des Décodeurs.
> Libération propose son Désintox et Checknews.
> Le Point a réalisé en mars 2018 un dossier complet
Et les sites parodiques ?
Exemple : la fausse histoire de la religion bientôt obligatoire sur les cartes d'identité sur le site Secretnews.
Il faut aller lire les petites lignes des conditions générales du site, au paragraphe Responsabilité de l'éditeur, pour voir mentionné que les infos accessibles sont satiriques et/ou parodiques : " Les opinions ou idées développées sont fausses et ne peuvent être tenues comme authentiques. "
Rien d'illégal donc mais la viralité peut entrainer la confusion.
Autre site parodique : le Gorafi
Aux yeux d'une grande partie de l'opinion, la presse est suspecte de connivence avec les pouvoirs. On l'accuse souvent de ne pas dire toute la vérité.
L'investigation est effectivement un exercice difficile, peu pratiqué par la presse française qui dispose de peu de moyens. L'info des agences de presse constitue une sorte de "pensée unique"...
Les risques de manipulation existent, la collusion avec les politiques a été longtemps une réalité, en dépit de la déontologie journalistique.
Un journaliste protège ses sources mais si besoin est, il doit pouvoir apporter la preuve de ce qu'il publie.
Les outils peuvent facilement permettre de manipuler l'information : les photos / vidéos truquées se multiplient.
> Pour décrypter l'info, développer l'esprit critique : regarder cette vidéo de France 24.
> L'analyse du CSA (4.01.2018)
Publicité ou info ?
Journalisme ou communication ?
La déontologie journalistique interdit à un journaliste professionnel de faire de la publicité.
Une interdiction rappelée par la charte de déontologie de Munich.
Son article 9 souligne : Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire ou du propagandiste.
N'accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
Loyauté...
L'article 4 de la charte de déontologie indique :
Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents.
Loyauté...
L'article 4 de la charte de déontologie indique :
Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents.
L'usage de caméras cachées, d'enregistrements à l'insu des personnes, utilisés à des fins d'investigation montre les limites de la déontologie.
Contre la domination des réseaux sociaux
Aux Etats-Unis, 88 % des jeunes adultes (18-34 ans) s'informent régulièrement par le biais des réseaux sociaux en 2015.
Sur la totalité des sondés, 47% disent y trouver la plupart de leurs informations sur la politique nationale et 62% indiquaient qu'il s'agissait de leur principale source pour les questions de société. (Source Les Echos 22.11.2016)
Face à l'influence grandissante du réseau social, les critiques se multiplient. D'anciens cadres de Facebook font même leur mea culpa...
En réaction au phénomène d'humiliation publique, devenu fréquent sur Twitter, le journaliste gallois Jon Ronson, victime de cyberharcèlement, a publié "La Honte" (Sonatine, 2018), où il explique comment l'empathie peut se transformer en haine.
Lire Le Point 17.02.2018
En réaction au phénomène d'humiliation publique, devenu fréquent sur Twitter, le journaliste gallois Jon Ronson, victime de cyberharcèlement, a publié "La Honte" (Sonatine, 2018), où il explique comment l'empathie peut se transformer en haine.
Lire Le Point 17.02.2018
Lire aussi : Un prince saoudien devient le deuxième actionnaire de Twitter (Le Figaro 7.10.2015)
L'Allemagne exemplaire
L'Allemagne a approuvé au printemps 2017 un projet de loi pour infliger jusqu'à 50 millions d'euros d'amende aux réseaux sociaux rechignant à lutter contre les contenus haineux et les "fausses informations".
Lire La Tribune 5.04.2017
Lire La Tribune 5.04.2017
Hashtag...
En quelques clics, l'invisible armée des ombres peut se mettre en mouvement, avec ses excès ravageurs.
L'affaire Weinstein, révélée par la presse américaine, s'est déclinée en France sur le réseau Twitter via le hashtag #Balancetonporc
Des personnalités se sont exprimées contre les excès de cette campagne.
En quelques clics, l'invisible armée des ombres peut se mettre en mouvement, avec ses excès ravageurs.
L'affaire Weinstein, révélée par la presse américaine, s'est déclinée en France sur le réseau Twitter via le hashtag #Balancetonporc
Des personnalités se sont exprimées contre les excès de cette campagne.
L'actrice Catherine Deneuve, signataire d'une tribune dans Le Monde, précisait sa position dans Libération (14.01.2018) :
Elle évoque "Une époque où de simples dénonciations sur les réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique. (...) Je n'excuse rien. Je ne tranche pas sur la culpabilité de ces hommes car je ne suis pas qualifiée pour. Et peu le sont", poursuit-elle ajoutant qu'elle n'aime pas les "effets de meute".
Elle évoque "Une époque où de simples dénonciations sur les réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique. (...) Je n'excuse rien. Je ne tranche pas sur la culpabilité de ces hommes car je ne suis pas qualifiée pour. Et peu le sont", poursuit-elle ajoutant qu'elle n'aime pas les "effets de meute".
Mais en quoi ce hashtag (#Balancetonporc, ndlr) n'est-il pas une invitation à la délation ?", s'interroge-t-elle, s'inquiétant en outre du "danger des nettoyages dans les arts".
Contre la soumission de l'info au personnel politique
Cette décision déontologique va dans le sens de l'indépendance journalistique.
Combien de journaux français - qui survivent grâce aux aides de l'Etat - sont-ils prêts à suivre cet exemple ?...
Lire l'éditorial du rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz du 15.01.2018
Lire aussi Le Point (15.01.2018) et les réactions.
Analyse
Jean-Marie Charon, sociologue, fait le point sur le renouvellement des pratiques d'accès à l'information. (Le Figaro 19.02.2018)
Estimant inutile de légiférer contre les fausses nouvelles, il estime :
" Là où l'État a en revanche un rôle à jouer, c'est en amont, notamment en matière d'éducation aux médias. À l'école d'abord, mais aussi auprès des adultes, via l'accompagnement de démarches associatives par exemple sur le sujet. Il serait peut-être temps pour que dans ce domaine le ministère de l'Éducation Nationale passe véritablement de la parole aux actes, donnant à l'éducation aux médias une place dans les enseignements, et s'assurant que ceux qui les dispensent sont formés."