samedi 6 août 2022

LE CANARD ENCHAÎNÉ

Affaire Escaro-Nobili : 

renvoi du procès en juillet 


Le procès de deux ex-dirigeants du Canard Enchaîné (Michel Gaillard, président de 1992 à 2003, et Nicolas Brimo, son successeur) et de l’ancien dessinateur André Escaro et sa compagne Edith Vandendaele, a été renvoyé du 8 au 11 juillet 2025.


Le tribunal correctionnel de Paris a pris cette décision le 8 octobre, au début de l’audience, à la demande des avocats de la défense, en raison de l’état de santé d’André Escaro, 96 ans. Une expertise est ordonnée pour estimer la capacité du couple à comparaître. Les conclusions seront rendues avant le 20 juin prochain. Les prévenus sont soupçonnés d’abus de biens sociaux ou recel de ce délit, au préjudice de l’hebdomadaire satirique, et de déclaration frauduleuse à l’URSSAF.


Ces soupçons ont été révélés de l’intérieur lorsque Christophe Nobili - journaliste à l’origine des révélations sur les emplois fictifs de Pénélope Fillon pendant la campagne présidentielle 2017 - porta plainte contre X. Il dénonçait le fait que la compagne d’André Escaro, dessinateur et ex-administrateur du journal, aurait bénéficié pendant 26 ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé réellement.

Devant la brigade financière, il a déclaré avoir envoyé chaque semaine des dessins après être parti en retraite en 1996 moyennant un accord avec la direction pour que sa compagne, lui apporte « une contribution morale et technique à la préparation des caricatures », avec rémunération. 

Pour la direction, elle l’assistait en lisant la presse pour lui ou en réalisant des revues de presse susceptibles de l’inspirer. De 2010 et 2022 (les faits commis avant 2010 étant prescrits) le préjudice est estimé à près de 1,5 M€.

Christophe Nobili, par ailleurs délégué syndical SNJ-CGT, a vu par deux fois son licenciement refusé par l’inspection du travail, en mai et août 2023.

La direction du Canard enchaîné reprochait notamment à son journaliste de ne pas l’avoir informé de l’écriture de son livre « Cher Canard », où il révélait l’affaire, et de s’être exprimé à son sujet dans des médias. 

En juin dernier, Christophe Nobili a intenté devant le conseil des prud’hommes de Paris, une procédure pour harcèlement contre Nicolas Brimo et son prédécesseur, Michel Gaillard, avec le soutien des syndicats de journalistes SNJ-CGT et SNJ. 


LE CANARD ENCHAÎNÉ : NICOLAS BRIMO PDG


Nicolas Brimo, 72 ans (photo ci-contre) jusqu’alors DG de l’hebdo satirique devient PDG et succède à Michel Gaillard, 79 ans. Il est l’un des premiers journalistes français à avoir révélé « l’affaire Papon » par un article du 6 mai 1981, en accusant celui qui était encore ministre du Budget d’avoir aidé l’occupant nazi à déporter depuis Bordeaux 1690 Juifs français ou réfugiés.

Jean-François Juilliard (CFJ 1985), co-rédacteur en chef depuis 2017, devient DG. 

Ces changements, prévus de longue date pour des motifs d’âge, n’ont rien à voir, assure la direction du « palmipède » avec la crise ouverte par le journaliste Christophe Nobili qui révéla l’emploi fictif de la compagne de l’ancien dessinateur et administrateur André Escaro. En mars 2023, la sortie de son livre « Cher Canard » entraîna une procédure de licenciement, rejetée mi-mai par l’inspection du travail. Une nouvelle demande de licenciement est intervenue depuis.

C. Nobili, soutenu par les syndicats SNJ-CGT et SNJ, a porté plainte pour harcèlement contre MM. Gaillard et Brimo et une audience est prévue le 13 mars 2024 au conseil des Prud’hommes de Paris.

En 2022, Le Canard Enchaîné a déclaré un bilan négatif avec plus de 355.000 € de pertes (contre un bénéficie de 1,9 M€ en 2021).



LE CANARD ENCHAÎNÉ : LICENCIEMENT REFUSÉ 


15 mai : l’inspection du travail a refusé le licenciement de Christophe Nobili par Le Canard Enchaîné. Ce journaliste, délégué syndical, avait révélé l’emploi fictif pendant 25 ans, de la compagne d’André Escaro, ancien dessinateur et administrateur de l’hebdo satirique. En mai 2022, il avait déposé plainte contre X et une enquête pour abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux avait été ouverte. Le 8 mars, Nobili avait publié le livre « Cher Canard » (JC Lattès) consacré à cette affaire qui révéla des fractures au sein de la rédaction. Le conseil d’administration du journal avait décidé le mettre à pied et d’enclencher une procédure de licenciement. 

Un recours peut être déposé par le journal dans un délai de deux mois. 


EMPLOI FICTIF AU CANARD

CHRISTOPHE NOBILI RISQUE LE LICENCIEMENT


7 avril : le journaliste Christophe Nobili, qui accuse la direction du Canard enchaîné d'avoir financé un emploi fictif pendant 26 ans, a été mis à pied avec privation de salaire par la direction de l’hebdomadaire satirique. Il risque le licenciement. Une décision prise à l’unanimité par le conseil d’administration sur fond de division de la rédaction où 27 journalistes ont signé une lettre se déclarant solidaires de leur collègue, considérant la sanction « totalement disproportionnée ».

Le journaliste, par ailleurs délégué du syndicat SNJ-CGT depuis ce printemps, avait déposé plainte contre X, en mai 2022, pour abus de biens sociaux et recel contre son employeur. Avec deux autres enquêteurs, il avait découvert que Edith Vandendaele, la compagne du dessinateur André Escaro, 95 ans, avait été rémunérée pendant vingt-six ans, sans travail effectif. Pilier du Canard il a illustré durant des décennies la Mare aux Canards par ses fameux ‘’cabochons ». Il était administrateur du journal depuis les années 80, jusqu’en juin 2022.

Le 8 mars, celui qui révéla « l’affaire Pénélope Fillon » en 2017 dans le « palmipède », a « volé dans les plumes du Canard » en publiant sa version de l’histoire avec « Cher Canard » (Éditions JC Lattès). 

La parution de ce livre a convaincu la direction de se séparer du journaliste, ainsi que les « multiples déclarations à la presse et dans les autres médias, en violation tant de la convention collective des journalistes que de la charte déontologique du Canard ». L’avocat du journaliste dénonce une « mesure tout à fait choquante, d’une violence inouïe et d’une brutalité sans nom ».

Le 6 avril, Claude Angeli, 92 ans, le doyen de l’hebdomadaire, a souhaité que la procédure de licenciement engagée à l’encontre de son collègue soit interrompue.

En raison de son mandat syndical, il s’agit d’un salarié protégé. Aussi, les élus du conseil économique et social (CSE) ont tenu une réunion extraordinaire, le 7 avril pour soumettre le projet de licenciement à leur consultation.


Septembre 2022 : Bruno Dive, éditorialiste à Sud-Ouest devient le responsable de la rubrique « la mare aux canards ».

Né en 1960 (ESJ Lille, IEP Paris), il entra à Sud Ouest en 1990 comme chef de la rubrique politique. Depuis juin 2018, il préside l’association de la presse ministérielle.



Mai 2022 :
le syndicat SNJ-CGT domine les élections des délégués du « palmipède », seulement quelques mois après la création d’une section syndicale qui compte plus d’une vingtaine d’adhérents, sur 22 journalistes en CDI et plusieurs dizaines de pigistes. 

La liste entière du SNJ-CGT chez les journalistes, le Bureau parisien de l’Ufict-CGT Livre et Communication et le SGLCE-CGT, chez les cadres et employés, a été élue dès le premier tour lors de l’élection du Comité social et économique (CSE), avec une forte participation de plus de 73 % (60 votants sur 82 inscrits).

Dans sa profession de foi, le syndicat précise que « ce CSE aura vocation à représenter toutes les forces vives de notre Volatile : les journalistes de tout poil, pigistes, dessinateurs, secrétaires de rédaction, réviseurs, secrétaires de rédaction, réviseurs, rédacteurs, personnel administratif et technique ».

« Nous sommes attachés aux valeurs du Canard, à son histoire, à son esprit satirique, frondeur, canaille », précise la section, qui souhaite « revigorer ce qui a besoin de l’être et mettre sur la table les questions suivantes : les nouvelles ambitions éditoriales du journal et son avenir ; la stratégie Internet ; les embauches indispensables pour remplumer la rédaction du Canard ; la politique salariale et les statuts des dessinateurs, des pigistes, des correctrices ».

En 2020, le Canard a connu un exercice déficitaire du fait du Covid avec 800.000 € de pertes.



> Le Canard Enchaîné, hebdo du mercredi. 


Diffusion : 281.747 ex. en 2021 (non contrôlée par l'Acpm)


Outre le format « papier », une formule numérique existe depuis peu. 

Le « Volatile » édite aussi des « dossiers » trimestriels sur des thème précis (6€). 


Direction de la rédaction : Nicolas Brimo


Rédaction en chef : Érik Emptaz, Jean-François Julliard (CFJ 1985)


Chiffres clés


CA 2021 : 21,36 M€ (+ 17,54 % / 2020). Pertes 2020 : 793.800 €.


Siège social 


Éditions Maréchal 173 rue Saint-Honoré 75001 Paris




www.lecanardenchaine.fr


Février 2022 : selon L’Obs (15/2/2022) le journaliste Jean Clémentin aurait espionné pour le compte de la StB (les services secrets tchécoslovaques), dans les années 60. Ces faits ont été exhumés d’archives historiques de la StB. 

Grande plume de l’hebdomadaire satirique, sous le pseudo de Jean Manan, chef du service politique, il a pris sa retraite en 1989 et est aujourd'hui âgé de 98 ans. 

Il serait allé jusqu’à publier de fausses informations et il aurait remis au moins 300 notes à un officier de liaison entre 1957 et 1969. Les faits sont prescrits. Nicolas Brimo, directeur du Canard a déclaré à l’AFP : « Nous ne sommes évidemment pas au courant, nous sommes sidérés ». 


HISTOIRE



« La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas » résume l’esprit de cet hebdomadaire satirique du mercredi, totalement indépendant. Un phénomène unique dans la presse écrite française qui a fêté ses 100 ans le 10 septembre 2015.
Cette année-là, en guise d’hommage à Cabu tué lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, la "Une" était consacré à un ultime message du dessinateur : “Allez les gars, ne vous laissez pas abattre !” » 
(Une ci-contre)
 

Indépendant de la publicité, et des pressions qui peuvent en découler, il tire ses ressources de la seule fidélité de ses lecteurs. Indépendant de la finance, il n’appartient qu’à ses salariés.

Chaque année les bénéfices sont mis en réserve et placées sur un compte non rémunéré.

En 2020 le « Canard » s’est retrouvé déficitaire pour la deuxième fois de son histoire, suite à la liquidation de la messagerie Presstalis et à la pandémie. 

Les rédacteurs s'engagent à ne pas jouer en bourse, à ne pas faire de piges ailleurs, ni d'accepter cadeau ou honneur, notamment les décorations.

Cette indépendance financière se double d’une indépendance politique. 


« Le Canard n’est ni de gauche, ni de droite, il est d’opposition », résumait un ancien directeur, qui le décrivait comme un journal irrévérencieux, d’humeur et de bonne humeur.

Fidèle au grand format, il est la propriété exclusive de sa rédaction et de ses fondateurs, au sein de la société Les éditions Maréchal-Le Canard Enchaîné (du nom de Maurice Maréchal (1882-1942), journaliste engagé à gauche, principal fondateur en 1915 avec sa femme Jeanne).

Alors que la guerre a déjà fait plus de 350.000 morts, Maréchal qui assure la rubrique météo du quotidien Le Matin, lance son « palmipède » avec la complicité du dessinateur Henri-Paul Gassier. 


Contrairement à la presse de l’époque (Le Matin, L’Écho de Paris, L’Action française, Le Petit Parisien) qui relaie la propagande officielle et l’esprit patriotique, ils entendent s’opposer grâce à l’humour. Ils devront composer avec la censure et Maréchal, dès son premier éditorial, prend l’engagement de donner « des nouvelles rigoureusement inexactes ».

Après seulement cinq numéros, faute de moyens, le Canard ferme son bec, pour mieux reprendre son envol neuf mois plus tard, le 5 juillet 1916.

Entre juin 1940 et la Libération, il ne paraît pas.


Journal d’investigation, le Canard a révélé de nombreux scandales : la feuille d’impôts de Chaban-Delmas (ci-contre Une du 3 novembre 1971), les diamants de Bokassa, les affaires Papon et Fillon.


Le Canard est réputé pour ses manchettes à  jeux de mots : en 1965, lorsque De Gaulle se retrouva en ballottage, le Canard titre : « De l’appel du 18 juin… à la pelle du 5 décembre ».



Lors de l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, le journal titre : « Au Japon, la réalité dépasse la fission ».


CHARLIE HEBDO


CARICATURES : REPRÉSAILLES DE L'IRAN 


Janvier 2023 : Charlie Hebdo s'est retrouvé au centre d'une crise diplomatique après la publication de caricatures de l'ayatollah Khamenei, jugées "insultantes" par les autorités de Téhéran. En guise de représailles, l'Institut français de recherche en Iran (Ifri), a été fermé. Cet organisme est affilié au ministère français des Affaires Étrangères.

En décembre, le journal avait lancé un concours international de caricatures pour "soutenir les iraniens qui se battent pour leur liberté". Depuis le début de la révolte contre le régime en septembre, 17 personnes ont été condamnées à mort et exécutéesSept Français ou binationaux franco-iraniens sont toujours détenus en Iran

Début janvier, le site internet de Charlie s'est retrouvé piraté presque jour pour jour, huit ans après les attentats qui ont décimé sa rédaction.


PHILIPPE DEBRUYNE NOMMÉ DIRECTEUR GÉNÉRAL


Rentrée 2022 : Philippe Debruyne, qui était secrétaire confédéral de la CFDT, spécialiste de la formation professionnelle, a pris la succession de Julien Sérignac, comme directeur général des Éditions de la Rotative, entreprise solidaire de presse, qui éditent Charlie Hebdo.

Riss (Laurent Sourisseau), directeur de la publication, préside la société dont il détient 70 % des actions (il a succédé à Charb, assassiné lors de l’attentat du 7 janvier 2015). Sérignac avait pris ses fonctions comme secrétaire général fin 2017. 

 

REPÈRES


7 janvier 2015 vers 11 h 30 : un commando islamiste décime la rédaction de l’hebdomadaire.

On dénombrera 12 tués et 11 blessés : les dessinateurs Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, Michel Renaud, invité de la rédaction, le correcteur Mustapha Ourrad ainsi que deux policiers, Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet — le premier assurait  la protection de Charb et le second patrouillait dans une rue proche du journal — et un agent de maintenance, Frédéric Boisseau.


Des manifestations contre cet attentat et celui du 9 janvier, antisémite, contre L’hyper Cacher de la porte de Vincennes (5 tués) ont lieu dans la France entière, réunissant plus de 4 millions de personnes.


Le 14 janvier, un numéro spécial dit « des survivants » est tiré à 8 millions d’exemplaires. « L’esprit Charlie » associe la liberté d’expression, l’humour décapant, la défense de la laïcité.

Huit ans plus tard, les principaux responsables sont toujours sous protection policière. 


Charlie est alors devenu le journal le plus riche de France avec plus de 250.000 ex. vendus dont 220.000 abonnés. Une trésorerie de 8 M€ d'exemplaires vendus, 14,5 M€ de bénéfices, 5 M€ de dons, 250.000 € d'aide du Fonds d'innovation numérique de la presse, 200.000 € de l'association Presse et Pluralisme. 

15 M€ seront placés dans une réserve qui ne peut pas servir à rémunérer les actionnaires. 

En juin 2015, Charlie opte pour le statut d'entreprise solidaire de presse nouvellement créé, pour consolider la presse indépendante. Il impose de réinjecter au moins 70 % des bénéfices. 100 % des bénéfices seront réinvestis.


2018 : Charlie sans publicité, avec le seul soutien de ses lecteurs, est redevenu déficitaire.


2019 : trois membres de la rédaction entrent symboliquement dans le capital avec 1 action chacun, cédée par Riss, qui détient 66,7 % du capital : Yann Diener (rubrique psychanalyse), Gilles Raveaud, journaliste économique, et le dessinateur Pierrick Juin.

Les ventes se sont stabilisées à 30.000 ex. en kiosque et 30.000 abonnés.

 

2020 : les finances sont grévées par les dépenses de sécurité. 

En septembre, création du site internet. 

Une bataille d’actionnaires oppose Riss à l’ancien directeur général Eric Portheault, démissionnaire en 2018, qui réclame le rachat de ses parts (33,3 % du capital).


23 novembre 1970 : lancement de Charlie Hebdo par François Cavanna et Georges Bernier, dit le professeur Choron, du nom de la rue où était installé le journal. Parution le mercredi.

Il remplace Hara Kiri Hebdo - journal bête et méchant, lancé en 1960, interdit à la suite du titre Bal tragique à Colombey - un mort, suite à la mort du Général de Gaulle et en référence à l’incendie d’une discothèque en Isère où 146 jeunes périront. Charlie fait référence au « grand Charles » disparu.

Lourdement endetté, la parution est suspendue début 1982 jusqu’en 1992. Le journal redémarre avec Philippe Val, et les dessinateurs Cabu et Wolinsky. Des collaborateurs du Charlie historique les rejoignent : Cavanna, Delfeil de Ton, Siné, Gébé, Willem. Ils seront rejoints par Charb, Bernard Maris, le chanteur Renaud, Luz, et Tignous.


2006 : suite à la reprise des caricatures de Mahomet publiée par un journal danois, des associations musulmanes feront un procès pour « injures publiques à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur religion ». Il sera gagné par la rédaction. En novembre le siège du journal est endommagé par un incendie criminel.


2009 : Philippe Val quitte son poste de directeur pour devenir DG de France Inter (jusqu’en 2014).

Charb le remplace et Riss dirige la rédaction.

Charlie 3 fait davantage de place à l’investigation.


2012 : publication de nouvelles caricatures de Mahomet.


2014 : un appel aux dons rapporte 200.000 € mais les dettes atteignent près de 100.000 €. Le journal est au bord du gouffre…



Chiffres clés


CA 2021 : 11,368 M€ (- 15 % / 2020). Résultat net : 1,813 M€ (2,37 M€ en 2020)


Siège social


Les Éditions Rotative : Paris 6e (adresse non précisée par mesure de sécurité)


www.charliehebdo.fr



SINÉ MENSUEL 


UN SOS POUR SURVIVRE



Novembre 2022 : Siné Mensuel lance un SOS à ses lecteurs : «  Jusque là on s’en sortait. Mais aujourd’hui, pour notre journal indépendant et libre, la facture est salée. Le prix du papier s’envole, et pas que. Comme les emmerdes volent en escadrille, ajoutons à cet envol inflationniste le coût de la poste, du routage, les frais de fonctionnement… La facture est salée ».


La directrice de la rédaction, Catherine Weil-Sinet estime que « c’est toujours un peu déshonorant de faire la manche, malgré tout nous avons décidé de vous casser le morceau ! Sans pub, sans mécènes, sans trésor de guerre mais sans dettes, on est fait comme des rats, mais on n’a aucune envie de quitter le navire ».

Des vidéos de soutien seront publiés pendant deux mois sur le site du journal et les  réseaux sociaux.

La veuve du fondateur espère un sursaut pour éviter de disparaître.


Chiffres clés


CA 2020 : 965.300 €. 

Bénéfice : 1000 €



REPÈRES


Maurice Sinet, dit Siné (1928-2016), dessinateur, ancien de l'équipe de Charlie de 1981 à 2008, avait été évincé suite à des propos tenus dans une chronique qui lui vaudront un procès de la Licra pour incitation à la haine raciale. Relaxé au nom du droit à la satire, sans diffamation, il percevra 90.000 € de dommages-intérêts pour rupture abusive de contrat.


10 septembre 2008 : lancement de Siné Hebdo (actionnaires : Guy Bedos, Michel Onfray, Bruno Langlois, Siné et Catherine Sinet). Il cesse de paraître le 28 avril 2010.


Septembre 2011 : parution de Siné Mensuel. Sa devise est  « Le journal qui fait mal et ça fait du bien. » Diffusion 15.000 ex. en 2014.


Fin 2019 : disparition de Siné Madame après six numéros.


Mai 2020 : le journal reçoit des lettres de menaces de mort d’une organisation d’extrême droite.


Siège social


Éditions du Crayon 95 rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris 11e


www.sinemensuel.com




SITES PARODIQUES 


Secretnews


Il faut lire les petites lignes des conditions générales du site, au paragraphe Responsabilité de l'éditeur, pour voir mentionné que les infos accessibles sont satiriques et/ou parodiques : " Les opinions ou idées développées sont fausses et ne peuvent être tenues comme authentiques. "

Rien d'illégal donc mais la viralité peut entrainer la confusion.

Lancé en 2016, le site a la particularité de publier des infos plausibles qui obligent à publier des démentis. Parmi les « blagues » les plus médiatisées : la mention de la religion rendue obligatoire sur la carte d'identité et les mosquées gonflables sur les plages algériennes. Publiées en 2017, elles ont incité au développement dans les rédactions de rubriques « checknews ».


secretnews.fr


Le Gorafi 


Le site mentionne que « tous les articles relatés ici sont faux (jusqu’à preuve du contraire) et rédigés dans un but humoristique. L’utilisation de noms de personnalités  ou d’entreprises est ici à but purement satirique ».


legorafi.fr


REPÈRES


Le site parodique et satirique Le Gorafi, pastiche et anagramme du Figaro, a été racheté fin 2020 par Geoffrey La Rocca, PDG de Digital Century Company.


Né en 1987, fondateur en 2013 de l'association Le Siècle Numérique avec Alexandre Malsh (Melty), il débute en 2006 comme journaliste pour RMC-BFM puis dirige les activités numériques du groupe NextRadioTV entre 2010 et 2012.

En 2015, G. La Rocca devient DGa puis DG en 2017 de la plateforme de publicité online Teads rachetée par Altice. Il était précédemment au groupe Challenges après avoir été directeur marketing de Fauchon et cofondateur de l'épicerie fine en ligne MadeleineMarket .


Une structure Gorafi Mediaplan Optimizing Ads Solution a été créée pour mieux accompagner les marques dans leur conquête de nouvelles audiences.

Le Gorafi a été co-fondé en 2012 et diffusé sur Twitter, par Sébastien Liebus (licence Art visuel et art du spectacle, Bordeaux, 2000) et Pablo Mira (humoriste, débuts à Canal + dans Le Grand Journal en 2014-2015, animateur d’un talk sur la chaîne Ubisoft g TV depuis 2020) qui devient consultant de DC Company. 

En mai 2021, DC Company est entré au capital de Têtu Ventures, éditeur du magazine Têtu et de son site tetu.com, devenu I/O Media qui a racheté au groupe Centre France le titre Opéra Magazine.


Siège social : 10, rue Claude Monnet 92100 Boulogne-Billancourt


BOUYGUES

Julien Arnaud part animer Télématin


Julien Arnaud (IFP 1997), 50 ans, joker de Gilles Bouleau (CFJ 1986) au 20 h de TF1, rejoint France 2 pour co-animer Télématin à partir du 16 septembre, succédant à Thomas Sotto (IFP 1995) parti à RTL. Il fera tandem avec l’animatrice Flavie Flament qui remplace Marie Portolano. Considéré comme « compatible avec le service public », il a effectué l’essentiel de sa carrière depuis 1997 dans le groupe TF1 en débutant comme rédacteur à LCI. De 2006 à 2012, chaque été, il avait été le joker de Claire Chazal pour le JT du week-end.

À Télématin il succède à Thomas Sotto parti à la matinale de RTL. L’émission phare de France 2, entre 6 h 30 et 9 h 30, rassemble 700.000 téléspectateurs en moyenne. Depuis janvier dernier, elle est concurrencée par Bonjour ! la matinale d’actualité de TF1 animée par Bruce Toussaint. Télématin avait été créée il y a 39 ans, en janvier 1985, William Leymergie l’anima de 1985 à 2017, avec une interruption de 1986 à 1989 (il rejoindra C8 après 29 ans de présence). Laurent Bignolas (IUT Tours) le remplaça jusqu’à l’arrivée de Thomas Sotto en août 2023.


TF1 POURSUIT FRANCE TÉLÉVISIONS ET L’ÉTAT


TF1 a déposé plainte en novembre auprès de la Commission européenne contre France Télévisions et l'État français, pour « aide d'État illégale », estimant que son financement au groupe public n'est pas assorti d'obligations précises ni de contrôles suffisants, ce qui fausse la concurrence.

Suite à la suppression de la redevance, le législateur a permis un nouveau mode de financement, par une part de la TVA, qui oblige depuis 2022 France Télévisions à s'acquitter d'une taxe sur la masse salariale. Or, les avocats du groupe TF1 estiment que l'État compenserait cette taxe « de manière illégale au regard du droit européen, en augmentant la dotation budgétaire allouée au service public ». 

Ils dénoncent également un régime de TVA très réduit (2,1 % au lieu de 20 %) accordé à la télévision publique, qui lui a permis « d'échapper à la taxe sur les salaires à laquelle il aurait dû être assujetti ». (Ndlr : pour 2024, cette taxe représente 50 M€ )

À l'équilibre à 3 milliards d'euros, le budget 2024 de France Télévisions intègre une hausse du financement par l'État de 138 millions d'euros par rapport à 2023, dont la moitié doit compenser les effets de l'inflation. La nouvelle dotation publique s'élève à 2,57 milliards d'euros au total. L’État dispose de 4 semaines pour répondre à la Commission. 


Ces poursuites interviennent alors que France Télévisions engage un vaste plan d’économies et de redéploiements évalué à 60 millions d’euros. La direction estime que les gains de productivité attendus permettront de redéployer des moyens vers le numérique (+ 20 % d'augmentation du budget dédié) tout en poursuivant la priorité donnée à l'information, avec par exemple les nouvelles éditions locales "ICI 12/13" et "ICI 19/20" sur France 3. 


TF1+ NOUVEAU STREAMING GRATUIT 


8 janvier : « TF1+ marque l’accélération de l’évolution du modèle du groupe TF1 avec un véritable tournant dans l’innovation digitale » explique Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1

Arrivé en février 2023, après l’échec de la fusion entre TF1 et M6, il mise sur le numérique pour développer les audiences (une centaine de postes sont créés à cet effet en 2024) dans un contexte financier serré.


Première plateforme française de streaming gratuit, TF1+ dispose de 15.000 heures de contenus accessibles, disponibles au minimum 30 jours. Ils sont visibles sur tous les écrans : depuis le web, mais aussi sur les box et la grande majorité des télévisions connectées. Une offre payante, TF1+ Premium, sans publicité, est également proposée pour 5,99 € par mois. 

Le catalogue comprend 200 séries et toutes les émissions phares de divertissement, documentaires et programmes jeunesse de la chaîne. 

Top Info décrypte tous les jours à 19 h cinq sujets d'actualité. 

Top Chrono permet d'obtenir un résumé sur-mesure selon le temps dont on dispose (5, 10 ou 15 minutes) après les grandes compétitions sportives comme cela avait été le cas au cours de la Coupe du monde de rugby. 

À partir de mars Synchro favorisera l’écoute conjointe. Ce moteur de recommandation de contenus permettra à chaque membre de la famille de définir son profil en fonction de son âge et de ses intérêts.

Premier bilan à J+10 : le nombre de vidéos vues a augmenté de 80 % par rapport à 2023. TF1 + a été lancé le même jour que la nouvelle matinale Bonjour ! animée par Bruce Toussaint. Un enjeu majeur sur un créneau très concurrentiel mais sous-développé en France (seuls 4 millions de Français allument leur téléviseur le matin).

Autre « tête de gondole » à signaler : la reprise du feuilleton Plus belle la vie plus d’un an après son arrêt sur France 3, à 13 h 40 et non plus 20 h 10, avec un nouveau titre « Plus belle la vie, encore plus belle ». Cette série est produite par Newen Studios, filiale du groupe TF1



CHIFFRES CLÉS

 


Au 3e trimestre 2023, le groupe TF1 a profité de la diffusion du Mondial de rugby, qui a porté ses audiences et ses recettes publicitaires, notamment numériques, compensant partiellement une baisse de sa production audiovisuelle. Le groupe avait mis fin au printemps à la plateforme Salto, lancée avec M6 et France Télévisions, et dont les pertes répétées pesaient sur les comptes.

Le chiffre d’affaires publicitaire du groupe affiche une hausse de 7 %, à 350,8 M€, et sa plateforme myTF1 a augmenté de 25 %, à 22,1 M€.

Mais au global, le chiffre d’affaires total du TF1 diminue de 8 %, à 509,4 M€, en raison de la forte baisse des recettes de la filiale de production Newen Studios

(- 54,1%). Pour le 4e trimestre, le groupe compte sur les phases finales du Mondial de rugby et le retour de la Star Academy.


RODOLPHE BELMER : DE CANAL + À TF1 


13 février : Rodolphe Belmer a pris officiellement ses fonctions de PDG à la tête du groupe TF1. Nommé DG fin octobre, il succède à Gilles Pélisson en poste depuis février 2016. Une volonté des actionnaires suite à la fusion avortée avec M6.


À bientôt 54 ans, la carrière de ce breton de Rennes, est marquée par son passage remarqué à Canal +

Fils de général, ancien élève du Prytanée militaire de La Flèche, maths sup à Strasbourg et HEC (1992), il débuta en 1998 dans le conseil médias chez McKinsey

Directeur de la stratégie et du développement de Canal+ Distribution et Canal Satellite en 2001, il prend en 2003 la responsabilité du marketing et de la stratégie de l’ensemble du groupe Canal +, en pleine période de restructuration de la chaîne cryptée. 

Dix mois plus tard, à 34 ans, il est propulsé directeur général délégué. 

DG du groupe et membre du directoire fin 2012, il sera brusquement éjecté en juillet 2015 par Vincent Bolloré. Le nouvel actionnaire de référence profita de mauvais résultats financiers de la filiale de Vivendi pour se séparer de celui qui aimait les Guignols et qui lança « Le bureau des légendes ». Il sera remplacé par Maxime Saada, passé lui aussi par le moule McKinsey.

Rendu disponible, Belmer sera recruté fin août par France Télévisions pour piloter un comité d’orientation stratégique chargé de conseiller la nouvelle présidente Delphine Ernotte sur les évolutions futures de l’audiovisuel. 

Un strapontin d’attente avant d’aller, en 2016, diriger Eutelsat, l’opérateur de satellites qui assure la diffusion de 8.000 chaînes de télévisions. 

Cinq ans plus tard, Patrick Drahi vient se mettre sur sa route en voulant racheter en bourse cet acteur essentiel de l’écosystème spatial européen. 

En janvier 2022, Rodolphe Belmer annonce son départ pour devenir DG du groupe informatique Atos, leader européen du cloud et de la cybersécurité.

À peine six mois plus tard, il quitte ses fonctions d’un groupe en difficulté après la restructuration des activités de gérance informatique.

Membre du conseil d’administration de Netflix et de Brut depuis 2018, au conseil de surveillance de Mediawan entre 2015 et 2019, Belmer a su cultiver ses réseaux médiatiques. 

Entre bretons, la solidarité joue ! Le 23 septembre 2022, Martin Bouygues annonce faire appel à l’ancien « patron » de Canal +. Un profil extérieur au groupe pour sortir du contexte de l’échec de la fusion avec M6.

Gilles Pélisson, 66 ans en mai prochain (ESSEC 1979, MBA Harvard 1983) qui présidait le conseil d’administration du groupe jusqu’au 13 février, devient directeur général adjoint du groupe Bouygues, en charge des médias et du développement.


Quelle stratégie d’avenir ?


Pour imposer sa marque à TF1, Rodolphe Belmer doit faire preuve d’un esprit visionnaire pour faire évoluer la chaîne gratuite dans le monde numérique des plateformes et répondre aux nouveaux modes de consommation de contenus. Cela passe par des programmes à haut niveau d’audience et le développement des productions vendables à l’international.

Fort de son passage par Netflix, Belmer veut transformer TF1 en leader du streaming gratuit avec publicité. La plateforme MyTF1 est un modèle à suivre. Il a rapporté 90,3 M€ en 2022 (+ 16,8 %)

Selon le communiqué publié pour détailler les résultats (en baisse) des neuf premiers mois de 2022, le groupe TF1 « continuera à faire preuve d’agilité dans sa gestion globale des coûts ». 

Autant dire que les actionnaires attendent Rodolphe Belmer au tournant !


                T.N


Pour mémoire 


Septembre 2022 : Canal + décide de suspendre la diffusion des chaînes gratuites TF1, TMC, TFX, TF1 Séries films et LCI refusant l’augmentation tarifaire des droits de distribution. Après deux mois de conflit et des audiences en berne pour le groupe TF1, un accord a été trouvé juste avant la Coupe du Monde de football.


Juin 2022 : TF1 cédait à Reworld Media ses médias numériques Unify pour environ 60 M€. La rentabilité de cette filiale n’étant plus au rendez-vous. Achetées 350 M€ en 2017-2018 les marques Marmiton, Doctissimo, AuFéminin, Les Numériques, les médias sociaux Fraîches, Minute Buzz, Juste Mieux ont été revendues trois fois moins.



NOMINATIONS À TF1


Janvier 2023 : Julie Burguburu a été nommée secrétaire générale de TF1.

Conseillère d’État, 47 ans, elle rejoindra son ex-patron d’Eutelsat, Rodolphe Belmer, DG de TF1 depuis octobre dernier, qui prendra ses fonctions de PDG au 1er février, succédant à Gilles Pélisson.


Depuis le 16 janvier, Claire Basini est DGa en charge des activités B2C (digital en direction du grand public) et de l’animation de la filière digitale pour l’ensemble du groupe. Elle intègre le comité exécutif de TF1. Cette nouvelle direction s’inscrit dans l’ambition du groupe audiovisuel de devenir un acteur de référence dans le digital comme il l’est dans l’univers du « broadcast ». 

Venue de Brut, où elle était DGa en charge des nouvelles activités, elle a dirigé Seasonly (marque digitale de cosmétiques). Précédemment, elle a été directrice de Canalsat en 2010 après avoir exercé pendant 8 ans au marketing dans le groupe L’Oréal.


COUPE DU MONDE DE RUGBY : TF1 VEND 28 MATCHES


Janvier 2023 : le groupe TF1, détenteur des droits de diffusion de la Coupe du monde de rugby 2023, organisée en France du 8 septembre au 28 octobre, a revendu 28 matches : 10 à France TV, et 18 à M6

TF1 diffusera 20 matches, dont trois de poule de l’équipe de France, les deux meilleurs quarts de finale, les deux demi-finales, le match pour la 3e place, et la finale.

Cet accord permettra de regarder gratuitement l’intégralité des rencontres.

La filiale du groupe Bouygues voit plus loin que la Coupe du monde, puisqu'elle a également mis la main sur les six test-matches d'automne prévus en 2024 et 2025. Ces rencontres, où les Bleus accueilleront des équipes de l'hémisphère Sud (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Argentine), étaient jusqu'ici diffusées par France Télévisions, à l'instar du Tournoi des six nations.  



TF1-M6 : LES CONSÉQUENCES DE L’ABANDON DU PROJET DE FUSION 


23 septembre 2022 : conséquence directe de l’échec de la fusion TF1-M6 les actionnaires de TF1 ont décidé de remplacer le PDG Gilles Pélisson (ESSEC), né en 1957, en poste depuis sept ans. 

Rodolphe Belmer (HEC 1992), né en 1969 à Rennes, ancien patron de Canal + lui succèdera au 1er février 2023. 

En attendant, il a été nommé DG fin octobre. (photo dr)

Administrateur de Netflix il a préféré abandonner cette fonction pour éviter tout risque de conflit d’intérêts.

De 2016 à 2021, il était DG du groupe Eutelsat, qui gère la transmission par satellites des radios et télévisions. Fin 2021 il devient DG du groupe informatique Atos.


M6 (filiale à 48,3 % de RTL Group) n'est finalement plus à vendre.

L’allemand Bertelsmann, la maison mère, a décidé de rester l'actionnaire majoritaire.

Début 2021, Bertelsmann souhaitait se désengager du marché français et à l’issue d’un premier test de marché avait fait le choix risqué d’une fusion avec TF1, premier concurrent de M6 en France. 


Plusieurs acheteurs potentiels s'étaient manifestés : Vivendi (Canal+), l'oligarque tchèque Daniel Kretinsky, Altice (Patrick Drahi) et NRJ se sont déclarés intéressés mais le 23 septembre le groupe italien de télévision MediaForEurope (ex-Mediaset, contrôlé par Silvio Berlusconi) et Xavier Niel s'associent pour faire une offre de rachat non contraignante de la participation de RTL Group dans M6

L'offre la plus conséquente viendra d'un consortium piloté par Stéphane Courbit (géant de l'audiovisuel) avec Rodolphe Saadé, PDG de CMA-CGM (qui va reprendre La Provence) et Marc Ladreit de Lacharrière (propriétaire de Webedia) avec une proposition de rachat de plus de 1,1 Md€


Le renouvellement de la fréquence de la Six doit intervenir le 5 mai 2023, ce qui interdit tout changement de propriétaire durant les cinq ans qui suivent. 


16 septembre 2022 : les groupes TF1 et M6 annoncent l’abandon de leur projet de fusion, lancé en mai 2021. Le « mariage du siècle » n’aura pas lieu ! 

L'objectif était de créer le « géant français de la télévision » avec plus de 30 % de part d’audience et captant les trois quarts du marché publicitaire, mais du fait des concessions réclamées par l’Autorité de la concurrence (ADLC) les parties sont arrivées à la conclusion que le projet « ne présentait plus aucune logique industrielle ». Le rapprochement souhaité n’aurait pu avoir lieu qu’en se séparant de TF1 ou de M6 ce qui pour les parties concernées était inconcevable. 

Dans un communiqué, les deux deux groupes « déplorent que l’Autorité de la concurrence n’ait pas pris en compte l’ampleur et la vitesse des mutations du secteur de l’audiovisuel français (…) la fusion aurait été une réponse appropriée aux défis découlant de la concurrence accélérée avec les plates-formes internationales ». 

Au cours de l’été, un premier rapport de l’ADLC avait émis un avis négatif, mettant en avant des problèmes de concurrence « significatifs », notamment dans le secteur publicitaire. En réponse, Nicolas de Tavernost, PDG de M6, considérait que le marché publicitaire devait être vu dans son ensemble, en incluant la publicité digitale. 

Autre conséquence de l’abandon du projet, Altice ne récupérera pas les chaînes TFX et 6ter. Leur rachat, autorisé en juillet par l’Autorité de la concurrence, était conditionné à la réussite du « mariage ». Quant à Paris Première, sa fréquence ne sera pas rendue. 


SORTIE DE TF1 ET M6 DE SALTO


À peine nommé à la tête de TF1, Rodolphe Belmer s’était positionné sur une sortie de la plateforme de streaming payant Salto, lancé en 2020 avec M6, misant sur un modèle gratuit d’audience. Une décision entérinée le 17 novembre par les deux groupes. D’après La Lettre A, France Télévisions s’apprête à sortir aussi et Salto pourrait être cédée à Canal +. Amazon et Molotov seraient aussi sur les rangs.



ACCORD TF1-CANAL + : RETOUR À LA NORMALE


4 novembre 2022 : les groupes TF1 et Canal + (filiale de Vivendi) ont trouvé un accord qui permet à nouveau la distribution de toutes les chaînes TNT et leurs services de rattrapage à compter du 7 novembre. 

Les abonnés et utilisateurs TNT SAT vont retrouver leurs programmes favoris sur Canal + des chaînes gratuites TF1, TMC, TFX, TF1 Séries films et LCI.

La perspective de la Coupe du monde de football au Qatar, qui débute le 20 novembre, rendait urgent cet accord après presque deux mois de conflit entre les deux groupes entraînant la suspension des diffusions, Canal + refusant l’augmentation tarifaire lié à la distribution des chaînes. 

Les détails financiers de l’accord n’ont pas été divulgués.

La « hache de guerre » enterrée, les 28 plus belles affiches de la Coupe de la FIFA seront donc diffusées normalement tout comme Danse avec les stars, la Star Academy, ou le Late d’Alain Chabat.

Le feuilleton juridique qui opposait les deux groupes est clos : en octobre, la Cour d’appel de Paris confirmait que Canal + n’avait pas à rétablir la diffusion des chaînes du groupe TF1Un mois plus tôt, le tribunal de commerce de Paris, agissant en référé, déboutait TF1 qui réclamait le rétablissement de ses chaînes. Le  tribunal estimait  que  l’arrêt  de  la  diffusion  n’entraînait  ni  trouble  illicite  ni  dommage  imminent,  deux  conditions  justifiant  qu’un  référé  mette  fin  à  une  situation.  

Cet arrêt de la diffusion concernait trois millions d’abonnés de Canal +. La prolongation de leur absence risquait d’avoir des conséquences sur les recettes publicitaires. D’ailleurs, les audiences des chaînes de TF1 était tombées à 25,6 % contre 27,7 % un an plus tôt, selon Médiamétrie, Canal représentant  entre  12  et  15  %  de  l’audience  des  chaînes du groupe TF1



PROGRESSION DU RÉSULTAT OPÉRATIONNEL DE TF1


Fin juillet 2022 : TF1 a annoncé pour son premier semestre une croissance du chiffre d'affaires consolidé de 5,2 % à 1,19 milliard d’euros, ainsi qu'une forte augmentation du résultat opérationnel courant de 11,6 % à 188,7 millions d'euros..


Juin 2022 : TF1 cède au groupe Reworld son pôle de médias numériques Unify. 

Le groupe audiovisuel entend se recentrer sur son coeur d’activité, la rentabilité de cette filiale n’étant plus au rendez-vous.

Douze marques digitales sont concernées, dont Marmiton, Doctissimo, Auféminin, Les Numériques (25 millions de visiteurs uniques chaque mois pour un chiffre d’affaires de 60 M€). Unify dispose aussi d’un studio de création et de production, d’une régie publicitaire et d’une activité d’influence Studio Fy.


24 janvier 2022 : TF1 Info qui réunit les contenus de TF1 et de LCI, propose une nouvelle offre en continu en réaction à la concurrence de France Info et  de BFM.

Tous les contenus rédactionnels et audiovisuels des antennes de TF1-LCI sont regroupés. Site et appli permettent de se constituer un JT à la carte.



REPÈRES


TF1 débuta sa diffusion le 6 janvier 1975, suite au démantèlement des sociétés nationales de télévision de l’ORTF. 

1986-87 : TF1 est privatisée avec le groupe Bouygues pour 3 milliards de francs (au sein d’un consortium réunissant les groupes de Robert Maxwell, Bernard Tapie, les éditions Mondiales, le magazine Le Point, la GMF et plusieurs banques). 

Bouygues, fondé en 1952 par Francis Bouygues, spécialisé dans la construction immobilière, s’est diversifié dans les télécoms et les médias. 

CA 2021 : 37,6 Md€.


1991 : Eurosport intègre le groupe.


1992 : TF1 quitte son siège historique de la rue Cognacq-Jay pour la Tour TF1 à Boulogne-Billancourt.


1994 : Bouygues augmente sa participation dans le capital de TF1 de 25 % à 34 % et lance LCI, première chaîne d’info continue suivant le modèle américain de CNN.


1995 : Bouygues augmente sa participation de 35 % à 39 %


1996 : lancement du bouquet satellite TPS pour concurrencer Canal +, avec M6 et France Télévisions.


2000 : TF1 entre dans l’indice boursier du CAC 40.

Lancement de la chaîne bretonne TV Breiz (22 % du capital et 71 % en 2004)


2004 : acquisition de 100 % de la chaîne Histoire.


2005 : rachat de 40 % de TMC (Télé Monte Carlo) au groupe Pathé qui l’avait acquise en 2002. Lancement de la chaîne Ushuaïa.


2006 : lancement de la chaîne d'information internationale en continu France 24,  détenue à parité par le groupe TF1 et France Télévisions. (cession de 50 % en 2009)


2009 : rachat de 100 % de NT1 (devenue TFX en 2018) et des 40 % de TMC, chaînes détenues par AB Groupe, ce qui porte à 80 % la participation de TF1. 


2012 : le groupe TF1 cède à Discovery Communications 20 % du capital d’Eurosport pour 170 M€, et 20 % de ses chaînes payantes (TV Breizh, Histoire, Ushuaïa, Stylia) pour 14 M€.

Lancement de HD1 (cinéma, fiction, séries) devenue TF1 Séries Films en 2018.


2015 : réorganisation de l’offre numérique et regroupement sous la marque MYTF1 le service de rattrapage de toutes ses chaînes, le service de vidéo à la demande et son site d’information.


2017 : AB (TF1 actionnaire à 33,5 %) est vendu 270 M€ à Mediawan, groupe audiovisuel créé en 2015 par Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre-Antoine Capton.




Capital :
filiale du groupe Bouygues, propriétaire à 43,9 % du capital.

7,2 % sont détenus par les salariés, le reste du capital est flottant. Il se répartit entre des sociétés de gestion d’actifs français et étrangères telles que DNCA Finance (8,1 %), Newton Investment Management (4,6 %), BWM (1,9 %), Lazard (1,9 %), Schroders (1,4 %), Dimensional fund advisors (1,4 %) et Federated Global Investment Management Corp (1,3 %). 

La principauté de Monaco est également actionnaire à hauteur de 1,1 %.



Effectifs : 3.686 salariés en 2020



Siège social


1, quai Point du Jour 92100 Boulogne-Billancourt


www.tf1.fr




PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALE

  Extrait de PRESSE&MÉDIAS juin-juillet 2025