jeudi 27 juin 2024

ÉLECTIONS

 > Pour comprendre la montée de l’extrême droite

Alexis Lévrier, historien de la presse, chercheur associé au GRIPIC (Sorbonne Université) a publié sur le site theconversation.com son analyse de la crise politique actuelle. Il s’intéresse à la place de l’idéologie d’extrême droite dans l’espace public et le rôle actif joué par Vincent Bolloré et ses médias. Il revient sur la cession de Paris Match, le prochain lancement du JDNews où Louis de Raguenel (Europe 1, ex-Valeurs Actuelles) devrait être rédacteur en chef, et la responsabilité d’une bonne partie du monde politique dans la « bollorisation » etc.


 > Dis moi comment tu t’informes…

Marianne a fait réaliser par l’Ifop un sondage à partir des votes aux Européennes pour cerner les pratiques média des auditeurs. Dis-moi quelle est ta radio et je te dirais pour qui tu votes… 

38 % des électeurs de R. Glucksmann écoutent France Inter et 43 % des électeurs de J. Bardella préfèrent RMC et ils sont 36 % à écouter Europe 1… Les électeurs du RN seraient les plus nombreux à préférer NRJ.


> Blast : une journaliste en GAV

Le conflit israélo-palestinien constitue une ligne de fracture dans le débat électoral. Aussi, l’interpellation et la garde à vue d’une journaliste de Blast le 18 juin lors d’une action militante contre les ventes d’armes à Israël par la société Exxxelia a été condamnée par Reporters sans frontières. La GAV avait été prolongée de nuit suite au refus de la journaliste de communiquer les codes de son téléphone, saisi par la police. RSF dénonce « un risque d’atteinte au secret des sources » et Blast « une atteinte grave et injustifiable à la liberté d’informer ».


> Plus de 100 médias pour un « front commun »

« Sans presse libre, pas de démocratie ». Dans une tribune publiée le 19 juin, plus de 100 médias français et syndicats de rédactions ont signé un texte commun contre «  l’extrême droite » qui selon eux « menace la liberté de la presse en France ». 

« Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, l’extrême droite a fait des médias un terrain privilégié au service de son projet. Elle impose dans le débat public ses fausses nouvelles et ses obsessions contraires aux droits fondamentaux » (…) « La liberté de la presse est dans la ligne de mire du Rassemblement national (RN). L’enjeu est de préserver la possibilité même d’une presse indépendante du pouvoir politique, pluraliste, avec des journalistes exerçant leur métier en toute liberté ». 

Pour préserver une presse libre, indépendante et pluraliste, ce texte a été signé entre autres par Mediapart, l'Humanité, StreetPress, Reporterre, Bondy Blog, Politis, Disclose, Les Jours, Reflets.info, Acrimed, Arrêt sur images, Podcastine, etc.

Cinq journalistes de France TV, signataires du texte, ont été ‘’mis en retrait’’ pour ne pas s’être conformés au guide des pratiques professionnelles prônant la neutralité politique.


> Philippe Val : « la gauche est retombée dans la poubelle de la Nupes »


L’ancien directeur de Charlie Hebdo, dans une interview au Figaro (17.6) estime que « ce Front populaire est évidemment la continuité du même mouvement initié par la Nupes depuis la disparition d’un PS crédible (…) « rien ne devrait justifier une union de la gauche avec des partis complaisants à l’égard de l’antisémitisme » et il fustige « la bannière du Front Populaire » estimant que « l’union ne devrait rien justifier. Il y a toujours eu une tendance antisémite à gauche (…) La gauche est une idéologie fatiguée de laquelle la lèpre antisémite est ressortie. »

       

> Médias et ruralité


Champ Libre, collectif de pigistes indépendants basés dans les territoires ruraux d’Occitanie et de Nouvelle Aquitaine, constate que « c’est dans les déserts éditoriaux que l’extrême droite se fraie un chemin ». 

Un appel est lancé pour une meilleure représentation des campagnes dans la presse.                            


> La Voix du Nord 

Stéphanie Zorn, rédactrice en chef, dans son édito du 15 juin, annonce que tous les contenus sur les législatives seront offerts aux lecteurs.  Un libre accès, non payant, pour permettre au plus grand nombre de «  saisir les tenants et les aboutissants de ces élections législatives (…) Notre contribution au débat démocratique ».


> Européennes et dissolution : fréquentation record 

Les 9 et 10 juin, les sites et applications d’actualités et d’information généraliste ont enregistré des records de fréquentation : 195 millions de visites, recense l’ACPM. Par rapport aux européennes de 2019 la progression est de 48 %. Le pic a été atteint le lundi 10 juin, à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, avec 99 millions de visites (+ 34 % par rapport à un lundi moyen).

AUDIOVISUEL PUBLIC

FAUT-IL PRIVATISER ?

 

Engloutie par la dissolution de l’Assemblée, la réforme de l’audiovisuel public reste un sujet majeur de l’après-législatives. Privatiser : le RN prône l’étalement…


Le texte porté par la ministre de la Culture Rachida Dati devait être examiné le 24 juin. Ajourné une première fois le 23 mai pour cause d’embouteillage parlementaire, il prévoyait la mise en place d’une holding commune aux différentes sociétés au 1er janvier 2025, puis une fusion en 2026. 

Ce projet de réforme, largement contesté par les salariés de France Télévisions, Radio France, l'Ina et France Médias Monde, a été voté en première lecture par le Sénat. 

La prochaine Assemblée devra trancher…

En agitant le spectre de la privatisation, le RN a jeté un pavé dans la marre : le 10 juin, Sébastien Chenu, vice-président du RN, expliquait sur BFMTV et RMC que la privatisation était une priorité  : « La privatisation du service public de l'audiovisuel, c'est 3 milliards d’euros d’économies ». Trois jours plus tard, la réforme ne figurait pas dans les huit promesses de campagne de Jordan Bardella comme s’il ne s’agissait plus d’une priorité…  Et pour cause, l’intention de privatiser a aussitôt fait chuter les cotations de TF1 ( - 7 %) et M6 ( - 3,1 %) en Bourse. Ces incertitudes nées de la dissolution traduisent aussi les risques de forte déstabilisation des marchés publicitaires. 

Privatiser suppose de remplacer des fonds publics par des fonds privés, provenant essentiellement des recettes publicitaires. Or, avec un budget de 2,6 milliards d’euros, France Télévisions frise le niveau de l’ensemble de la pub télé en France, estimé à 3 Md€. La privatisation totale s’avère donc impossible à moins d’une lourde restructuration pour réduire la voilure, une source de conflit social qu’aucun gouvernement ne veut subir.

Le réalisme l’emportant, le RN a nuancé ses engagements par un étalement dans le temps plutôt que l’urgence. Sur France 3 le 16 juin, Jordan Bardella parle d’une « ambition » qui reste d’actualité, « celle à terme de privatiser l’audiovisuel public pour faire des économies (…) Evidemment, ça ne se fait pas en 24 h ».


Contre la privatisation, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, affirmait le 12 juin que « la radio allait se battre contre un éventuel projet de privatisation de l’audiovisuel public. Je demande à tous les politiques qui voudraient soit nous soutenir, soit nous nuire, juste de nous lâcher. Il faut arrêter. » 

La privatisation inquiète d’autant plus qu’elle serait contraire à la nouvelle législation européenne (Media Freedom Act) adoptée en mars dernier, qui protège largement les audiovisuels publics… 

Les milieux professionnels ont aussi pris position : dans une tribune, 41 organisations du secteur de la création ont qualifié de « dangereux » le projet de privatisation souhaité par le RN : «  Télé et radio publiques sont, entre autres, les premiers partenaires d'une filière qui compte plus de 300.000 salariés » soulignent les signataires où l’on retrouve l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA), l'association des producteurs d'animation AnimFrance, l'Union des réalisatrices et réalisateurs (U2R) et l'Union des producteurs de cinéma (UPC).


> Lire aussi : il y a 60 ans, la naissance de l'ORTF le 27 juin 1964 (Sud Ouest)


> Laurence Bloch quitte Radio France 


Laurence Bloch, 71 ans, directrice des antennes et de la stratégie éditoriale de Radio France, va quitter le groupe public au 1er juillet. Première femme à avoir dirigé France Inter de 2014 à 2022, elle avait succédé à Philippe Val, dont elle était l’adjointe, et a été remplacée par Adèle Van Reeth. Après Sciences Po, et un stage à France Inter en 1978, elle débuta à France Culture avant de devenir correspondante en Afrique australe pour RFI et La Croix. Nommée directrice adjointe de France Culture en 1989, elle a rejoint France Inter en 2010. Sous sa direction, elle a rajeuni et féminisé l’antenne devenue première radio de France.


 TOUTE L'ACTU DES MÉDIAS Évolution des modèles économiques, mutation numérique,  IA, concentrations, obligent à  suivre l'actualité ...