jeudi 11 novembre 2021

Né le 31 janvier 1920 : Robert Hersant

Robert Hersant (1920-1996) a été le plus puissant des patrons de presse jusqu'à ce que son empire soit ébranlé par le fiasco de La Cinq. Lâché par ses banquiers, il meurt à 76 ans en 1996. Son groupe, très endetté, sera repris en 2004 par Serge Dassault. Vingt-cinq ans après sa mort, Vincent Bolloré et Xavier Niel font figures de "disciples" inspirés par son parcours de "Papivore"


Robert Hersant est né le 31 janvier 1920, à Vertou près de Nantes, où son père était capitaine au long cours. Nommé pilote sur la Seine, la famille déménage à Rouen. 

Élève moyen du lycée Corneille, il milite à 15 ans aux Jeunesses socialistes.

En 1936, l'année du Front Populaire, ses parents l'envoient dans une pension au Havre. Au bout d'un an, retour à Rouen.

À 18 ans, il fait ses débuts journalistiques avec des chroniques dans l'hebdo local L'Éveil normandUn premier reportage consacré à l'Allemagne, sera publié dans le quotidien Normandie (Ndlr : ex-Le Journal de Rouende centre-droit, interdit à la Libération. Paris-Normandie lui succède en septembre 1944). 

Sa conclusion, après avoir assisté au congrès nazi de Nuremberg, est prémonitoire : « Hitler prépare la guerre, si les Français ne se préparent pas, ils perdront cette guerre »

Avec quelques copains des Jeunesses socialistes il lance en juin 1938 son propre journal : Rouen-Cocktail, une revue mensuelle humoristique où il signe Robert de Nantes.

Début 1939, il fonde le Publi-Comptoir Normand, qui édite revues et catalogues publicitaires, puis il ouvre une auto-école.


« J'avais vingt ans... »


Mobilisé le 8 juin 1940, la débâcle le pousse avec son frère Patrick jusqu’à Paris où le 21 juillet il s’enrôle dans les rangs des Gardes françaises, un mouvement ultra nationaliste. 

Fondateur de « Jeune Front », il distribue le journal antisémite et antimaçonnique Au Pilori, et participe à quelques actions. 

Interviewé en 1982 par Michel Polac, dans son émission Droit de réponse sur TF1, Robert Hersant se justifiera : « J'avais vingt ans, est-ce qu'on sait ce qu'on fait à cet âge là  »...

Au bout de quelques semaines, entré en conflit avec Pierre Clémenti (proche de Doriot, fondateur du journal collaborationniste Le Pays Librefutur engagé volontaire de la LVF, la Légion des Volontaires Français), il préfère prendre ses distances et rentre à Rouen pour se marier. De cette union naîtront deux enfants, Jacques et Michel. 

En 1941, il intègre les chantiers de jeunesse de la Révolution nationale de Pétain, en tant que directeur du camp de Brévannes, avec ses amis André Boussemart et Jean-Marie Balestre. (1)

En mai 1942, la censure allemande les autorise à publier le mensuel Jeunes Forces - sous titré Organe des Jeunes du Maréchal - qui méprise la finance et le capitalisme. 

Robert Hersant y signe un éditorial évoquant « l'héroïque sacrifice des cadets de Saumur face à l'armée allemande ». Il se voulait une réponse à la propagande du moment qui vantait « l'héroïque sacrifice de la jeunesse allemande en Russie »

Jugé trop critique, la publication sera saisie au lendemain de sa parution et son auteur limogé de Brévannes. 

Pour échapper au STO, Robert Hersant se cache en usant de faux papiers. L'été 1943, il passe un mois en prison après une plainte pour escroquerie, finalement classée sans suite.

Condamné en 1947 à dix ans d’indignité nationale, il sera interdit de registre de commerce.


15 janvier 1950 : n°1 de L'Auto-Journal sous titré Combat pour l'automobile
Bénéficiant de l’amnistie générale de 1952, il peut prendre la direction de L’Auto Journal bi-mensuel fondé en janvier 1950 avec son frère et l'ami Balestre. 
Objectif affiché : la défense des droits du consommateur contre l’industrie automobile avec des bancs d’essais impitoyables. Le sous-titre est sans ambiguïté : Combat pour l'automobile.

La réussite sera rapide : plus de 330.000 exemplaires en juin 1952.

Devenu patron de presse, Robert Hersant créé la Socpresse, à partir de son magazine automobile et du quotidien L’Oise-Matin lancé en 1953, après le rachat de La Semaine de l’Oise.

Toujours en 1953, il adhère au Club des Jacobins, pro Mendès-France, fondé par Charles Hernu (futur ministre de la Défense de 1981 à 1985), et se lance en politique. 


Député de l'Oise, six fois réélu


La même année, il est élu maire de Ravenel, un village de moins de mille habitants où il louait une partie du château, puis conseiller général de Saint-Just-en-Chaussée, avec le soutien de son journal, et le renfort de l'actrice Martine Carol et du chanteur Luis Mariano, venus sur place. 

Ces mandats lui serviront de rampe de lancement pour les législatives de janvier 1956. 

Élu député radical de l’Oise sous l'étiquette du Front républicain après une campagne à l'américaine, son opposant, le maire gaulliste de Compiègne Jean Legendre, demande son invalidation lors d'une séance mémorable de l'Assemblée le 18 avril 1956. (2)

Sur seulement 136 votants, l'invalidation sera obtenue par 125 voix, essentiellement poujadistes, et 11 contre. Parmi les abstentions, un certain Jean-Marie Le Pen mais aussi François Mitterrand, Mendès-France, Guy Mollet et les communistes de Maurice Thorez.

Robert Hersant est lâché par ses amis mais les électeurs le rééliront triomphalement au second tour de la législative partielle du 17 juin 1956 ! Dés le premier tour, il améliorait ses positions de janvier avec plus de 5.500 suffrages supplémentaires.  

Jusqu'en 1978 il effectuera six mandats successifs, passant de l'étiquette radical-indépendant en 1958, au Rassemblement démocratique en 1962, à la FGDS de Mitterrand en 1967 (avec des désistements communistes), puis aux gaullistes de l'UDR en 1968, à l'Union centriste en 1973 et finalement à l'UDF de 1986 à 1988.


Une cinquantaine de titres


Surnommé « Le Papivore » en raison de son appétit pour le rachat de journaux, il ira jusqu’à totaliser 20 % du tirage de la presse quotidienne. 

Une infraction caractérisée à l’ordonnance du 26 août 1944 sur la liberté de la presse, instaurée à la Libération, visant à garantir le pluralisme en interdisant à un même propriétaire de posséder plusieurs quotidiens. Une législation et des idéaux vite oubliés par une presse en pleine renaissance après la période sombre de la collaboration pour nombre de publications.

Avec plus de deux millions d’exemplaires diffusés auxquels il s'ajoutent trois millions d’hebdos, bi-hebdos locaux, magazines mensuels… Hersant contrôlera très vite une cinquantaine de titres. 

(Lire plus bas : La montée en puissance du groupe de 1955 à 1994)


La loi anti-Hersant de 1984


François Mitterrand élu Président de la République en 1981, sa majorité de gauche imagina une loi visant directement le groupe Hersant : un système de quotas à ne pas dépasser pour lutter contre les concentrations. Interdiction de détenir plus de 15 % du marché des quotidiens nationaux ou régionaux, ou plus de 10 % de chacune de ces deux catégories ce qui était le cas pour Hersant. 

Cette loi du 23 octobre 1984, dite loi Fillioud-Mauroy, souvent appelée « loi anti Hersant », ne sera jamais appliquée. 

Poursuivi par cinq syndicats de journalistes, « le Papivore » échappera aux poursuites grâce à l'immunité acquise par son élection, la même année, au Parlement européen (Robert Hersant était en 23e position sur la liste centriste de Simone Veil).

En 1985, Robert Hersant contournera la loi en réalisant une donation-partage et en scindant son groupe en deux entités juridiques distinctes : Socpresse et France Antilles.

À L’Éclair de Nantes, il transfère la totalité des parts du journal à Rolande, sa troisième épouse. Pour Paris-Normandie, Jacques et Olivier Fournier, les fils de Marcel Fournier, fondateur de Carrefour, rachètent un paquet d’actions qui ramènent Hersant à une position minoritaire dans le capital (49,5 %).

À Bourges, Le Berry républicain est vendu à La Montagne. En 1982, La Nouvelle République de Tarbes sera cédée à La Dépêche de Toulouse


Et pourquoi pas une télé ?


Journaux, magazines, imprimeries, régie publicitaire Publiprint, radios… cela ne suffit pas à celui qui règne en maître sur son empire. Et pourquoi pas une télé ?

François Mitterrand, à un an de législatives difficiles pour la gauche, veut justement un « espace de liberté supplémentaire » avec des nouvelles chaînes privées sur les 5e et 6e réseaux hertzien (entretien télévisé du 16 janvier 1985).

Fin 1985, Silvio Berlusconi, à la tête de sa holding Fininvest, et Jérôme Seydoux, milliardaire du groupe Chargeurs réunis, répondent à l’appel à candidatures lancé pour une télévision commerciale.

Le 20 novembre 1985, le gouvernement donne son feu vert et La Cinq démarre le 20 février 1986.

Mais la politique s’en mêle : la droite remporte les législatives de mars et Jacques Chirac, Premier ministre du gouvernement de cohabitation, décide de réformer l’audiovisuel en privatisant TF1 et en annulant les concessions accordées à La Cinq et à TV6, chaîne musicale portée par Publicis et les majors de l’édition musicale. Des concessions données sans véritables appels d’offres sur pression de l’Élysée.

Les cartes sont rebattues et la Socpresse sera le premier candidat du nouvel appel à candidature. 

Ses concurrents sont le groupe Occidental media TV de Jimmy Goldsmith et la CLT (RTL Group) qui renoncera après avoir eu l’assurance de récupérer le 6e réseau. M6 succèdera à TV6 en mars 1987, avec le soutien de la Lyonnaise des Eaux, son PDG Jérôme Monod étant un grand ami de Chirac... 

En janvier 1987, le nouveau capital de La Cinq est bouclé : Hersant 25 % devient PDG, Berlusconi 25 %, Groupama 15 %, Seydoux 10 %, les petits actionnaires 25 % dont 5 % à l’homme d’affaires-banquier Jean-Marc Vernes, autre ami de Chirac et d’Hersant. 

La « nouvelle formule » est lancée en septembre 1987.


Voir la vidéo de l'INA du 16/2/1987 : ICI


Au bout de deux ans, un gouffre de 2 milliards de francs de déficit s'est creusé. Il faut honorer des contrats très coûteux signés avec des animateurs-vedettes devenus producteurs (Drucker, Sabatier, Bouvard, Collaro, Patrick Sébastien, Bernard Pivot, Anne Sinclair, débauchés de TF1 ou Antenne 2).

La chaîne ne couvrant que 10 % du territoire, l’audience en berne freine la publicité tandis que TF1 profite de cette déroute.

Hersant se fâche avec Berlusconi et Seydoux et revend la plupart de ses parts au groupe Hachette de Jean-Luc Lagardère (25 %), candidat malheureux au rachat de TF1, Vernes passe à 22 %. 

Les pertes s’accumulent et les 576 salariés seront licenciés quelques jours avant le dépôt de bilan le 31 décembre 1991. La liquidation judiciaire sera prononcée le 3 avril 1992.


La Socpresse résiste 


Le rêve devenu cauchemar, Hersant plie mais ne rompt pas. 

Il reste fidèle à ses premières amours : la presse écrite.

La loi Léotard du 1er août 1986 a remonté les plafonds des concentrations à 30 % de la diffusion des publications quotidiennes imprimées de même nature.

Par le jeu des prête-noms et des filiales, la Socpresse peut poursuivre son expansion avec des prises de participation limitées comme au Midi Libre ou à L’Est républicain

Elles se feront aussi à l’étranger : en 1987, acquisition de 40 % du Soir à Bruxelles, propriété du groupe belge Rossel ; en 1992 passage de 9,7 à 70 % du capital du Diario 16, quotidien de Madrid qui disparaîtra en 2001 ; achat de huit quotidiens en Pologne, deux en Tchécoslovaquie, un en Hongrie. 

Les restructurations favorisant les économies d’échelle, des fusions seront accélérées (en mars 1991, Le Bien public avec Les Dépêches de Dijon puis L’Ardennais avec L’Union de Reims).

Malgré ce sursaut, le vide s'installe autour de Robert Hersant qui a vu disparaître des amis fidèles : en 1986, André Audinot meurt subitement à 52 ans. 

Dans le groupe depuis les années soixante (comme directeur de la promotion), au conseil de surveillance de Nord-ÉclairDG du Figaro en 1976, président du Syndicat de la presse parisienne, président de la société de gestion en 1979, il était député non inscrit de la Somme depuis 1973. 

Michel d’Ornano, ancien ministre de Giscard, ancien maire de Deauville, meurt renversé le 8 mars 1991 alors qu’il traverse la rue, en sortant d’une réunion avec le patron de la Socpresse.


La Guerre du Golfe (août 1990-février 1991) a lourdement fragilisé les économies occidentales, la publicité souffre et l’endettement du groupe Hersant dépasse alors les 4 milliards…

Hersant n’est pas du genre à renoncer ! Il revend Fun-Radio acheté en 1987, à la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion (CLT), filiale d’Havas.

En mars 1992, après avoir pris le contrôle de L’Ardennaisil rachète au groupe Amaury les quotidiens Le Maine Libre et Le Courrier de l’Ouest pour attirer davantage de publicité et tenter d'enrayer les lourdes pertes de Presse-Océan. Dans le même temps, il serait question qu'Amaury reprenne France-Soir, concurrent direct du Parisien.

À l’automne, Hersant achète l’hebdo de Rouen Liberté-Dimanche pour 18 MF qu’il modernisera et développera avec une édition au Havre (le titre sera repris en 2020 avec Paris Normandie par le groupe Rossel).


Derniers bouclages…


L’épreuve la plus douloureuse arrive à Noël 1992 : son fils aîné Jacques Hersant meurt à 50 ans le 23 décembre d’un malaise cardiaque survenu dans l'avion alors qu'il venait passer les fêtes en famille à la Martinique. Député CNIP du Pas-de-Calais de 1986 à 1988, il a été PDG de France-Soir de 1982 à 1988.


Philippe Bouvard, directeur de la rédaction et DG adjoint de 1986 à 1988, écrit à son propos dans son livre Je crois me souvenir... 60 ans de journalisme : « Un grand garçon intelligent, sympathique, dégingandé et maigre comme un coucou depuis que, pour supporter l'image écrasante du père, il a remplacé la nourriture par la boisson ».


Philippe Hersant, le fils cadet, alors âgé de 35 ans, devient le "dauphin". (3)
Il a déjà fait ses classes dans plusieurs journaux : Les Nouvelles de Falaise, Nord-Éclair, Havre Libre, la direction de Centre-Presse et de 1978 à 1987 il a été PDG de France-Soir. Envoyé aux Antilles, il devient PDG de la société France-Antilles en 1985.

L'Express du 20 octobre 1994
En octobre 1994, L'Express titre : « Les derniers bouclages de Robert Hersant » (20 octobre 1994) avec une photo de celui qu’on appelle RH, conduisant un motoculteur dans sa propriété d’Ivy-la-Bataille, aux confins de l’Eure et de l’Eure-et-Loir. 

Il y a installé un golf de 18 trous sur une centaine d’hectares (la propriété sera revendue 3,5 M€ en 2012 à un petit neveu Éric Hersant). 

De lourdes échéances l’attendent. Il doit trouver 1 milliard de francs d’ici la fin de l’année.

La mort dans l’âme, il se sépare de L’Auto-Journalsa première création, vendue au britannique EMAP (la filiale France sera reprise en 2006 par Mondadori France, rachetée à son tour en 2019 par Reworld Media).


La filiale Gerpresse qui gère les magazines, brade aussi 30 millions d'amis, L'Ami des jardins et de la maison, Bonne cuisine, La Pêche et les poissons, Revue Chiens 2000, La Revue nationale de la chasse, Bateaux, Votre Tricot, Sport auto.


Quelques mois plus tôt, en août 1994, Hersant remporta son ultime bataille, comme un baroud d'honneur : à la barre du tribunal de commerce, la branche France-Antilles achète La Dépêche d'Evreux pour plus de 8 MF

Ce petit hebdo local de 23.000 exemplaires, avec son imprimerie et le gratuit Phare Ouest, avaient été placés en redressement judiciaire. 

Certes, cette acquisition consolide la branche normande du groupe dans l'Eure mais elle est surtout un sacré pied de nez : Philippe Hersant l'a emporté sur le groupe des frères Meaulle, ses rivaux normands,  imprimeurs à Bernay, qui possèdent déjà une dizaine d'hebdos locaux concurrents, et sur le radical de gauche Jean-Michel Baylet, propriétaire de La Dépêche du Midi qui tentait de voler au secours de la famille Nespoulous, socialiste, propriétaire du titre depuis 1927. 


Hersant sait aussi faire le ménage dans ses rangs : à l’été 1994 il se sépare de Philippe Villin qui se voyait déjà patron du groupe. (4)

Cet énarque, vice-président du Figaro, avait aggravé la situation financière en croyant à la renaissance de France-SoirLes éditions gratuites lancées à l’échelle du Grand Paris coûteront une fortune. 

P. Villin était également à l’origine de l’imprimerie ultra-moderne Roissy-Print (900 MF). Conçue pour un journal de 64 pages dont 16 en quadrichromie, elle tourne à petit régime alors que la publicité est devenue rare mais ce choix s'imposait car il fallait en finir avec la technique des fac-similés utilisée sur 11 sites d'impression à Caen, Lyon, Nantes, Poitiers, Roubaix, Toulouse, Vitrolles etc. 

Le Canard Enchaîné révèle (29 juin 1994) que le fonds de commerce de la Socpresse est nanti pour 467 MF et Le Figaro hypothéqué à hauteur de 1,1 milliard de francs…

Pendant l’été 1993, l’ami Jean-Marc Vernes aidera une dernière fois le « Papivore » en participant à 50 % du rachat des Dernières Nouvelles d’Alsace vendues 335 MF par le groupe Hachette. Une vente majorée à 650 MF pour racheter les parts des actionnaires minoritaires. (Le Monde selon Hersant, Ramsay 1997, p. 461)


En septembre 1995, une partie de bras de fer opposera le groupe Hersant et le Syndicat du Livre CGT avec des grèves qui entraîneront la non-parution du Figaro, France-Soir et Paris-Turf. France-Soir perdait environ 100 MF par an.

Yves de Chaisemartin, DG de la Socpresse depuis 1988, jouera les pompiers. 

Cet avocat, né en 1948, propulsé n°2 du groupe à la mort d'Audinot, tire la sonnette d’alarme : « Le groupe n’a plus de banquiers » reconnaît-il au cours d’une réunion avec le personnel (Le Monde du 29/9/1995).

Les banquiers ne veulent plus prêter ! 

La dette du groupe au Crédit Lyonnais a doublé en 1993 (887 MF) et un nouveau prêt de 34 MF en faveur du Progrès sera refusé…  La banque se paiera en prenant 40 % des parts de Paris-Turf.

Dans l’Ouest, la situation s’aggrave : la survie de Presse-Océan (PO) est en jeu. 

Le quotidien nantais, sans réelle stratégie éditoriale, voit son lectorat s'éroder, grignoté par Ouest-France  qui a planifié son développement avec l'ouverture le 14 janvier 1993 de sa 7e rotative à La Chevrolière, à 20 km au sud de Nantes.

En 1994, PO a perdu 18,9 MF qui s’ajoutent aux 6 MF de l’année précédente suite à la rupture de l’accord de régie publicitaire commune Havas avec Ouest-France

De 1993 à 1998, les pertes cumulées atteindront 138 MF, soit presque une année de chiffre d’affaires… L'OJD qui était encore de 78.110 exemplaires en 1993 à chuté de plus de 5 % en 1994 avec 73.981 exemplaires, alors que Ouest-France, sur la Loire-Atlantique et la Vendée, a augmenté ses ventes de 1,8 %.

Récession publicitaire, endettement, les économies d’échelle réalisées depuis le rachat du Courrier de l’Ouest et du Maine Libre ne suffisent plus en dépit d’un emprunt de 40 MF obtenu par le quotidien d’Angers. 

En attendant, le titre le plus fragile sera sacrifié : La Liberté du Morbihan à Lorient-Vannes, qui perdait 7 MF par an pour 6.000 exemplaires, cesse de paraître le 28 octobre 1995.

En 1998, les titres Hersant de l'Ouest n'attirent plus que 30 % des lecteurs contre 70 % pour Ouest-France... 

En 1996, le quotidien Centre-Presse (Poitiers-Châtellerault) est cédé à La Nouvelle République du Centre-Ouest en situation majoritaire dans la Vienne. Les rédactions seront fusionnées dans des locaux communs par le nouveau propriétaire selon une méthode bien rodée chez Hersant...


21 avril 1996 : le coeur s'arrête...


La Une du Figaro du lundi 22 avril 1996
Yves de Chaisemartin rêvait d’un « seul grand journal de Nantes à Alençon, une seule entreprise, une seule direction, une seule imprimerie ». (Le Monde du 29/9/1995)

Le rêve ne se réalisera pas. 

Le 21 avril 1996, Robert Hersant meurt à 76 ans à son domicile de Saint-Cloud. Son coeur, très affaibli après un pontage coronarien en 1995, n’a pas résisté à l’usure et aux soucis. 


Quinze jours plus tôt il a enterré son ami banquier Jean-Marc Vernes, âgé de 74 ans, emporté par un cancer.

A la Une du Figaro, sous le titre « Un homme hors du commun », Yves de Chaisemartin rend hommage au « patron » : « Avec lui, disparaît un des derniers grands fondateurs de ce siècle, ceux dont l’imagination créatrice, l’audace, la passion d’entreprendre manquent si cruellement à la France d’aujourd’hui. »


Franz-Olivier Giesbert, débauché du Nouvel Obs en 1988 pour devenir directeur des rédactions du Figaro (il débuta à Paris-Normandie et à Liberté-Dimanche) écrit : « Il n’était pas celui que certains croyaient (…) Sa confiance, Robert Hersant ne la prêtait pas ; il la donnait pour toujours et laissait ses journalistes écrire ce qu’ils voulaient. » 


Après la disparition du capitaine, les nuages noirs s'amoncèlent au dessus du siège du groupe, 12 rue de Presbourg, face à l'Arc de Triomphe.

La plupart des journaux perdant de l’argent, combien de temps résisteront-ils aux appétits des créanciers ?

Les vautours rôdaient déjà depuis quelques temps : Pierre Dauzier, PDG de Havas, avait repéré Le Progrès-Dauphiné, et comme Bernard Arnault (LVMH), il convoitait Le Figaro. François Pinault, spécialiste de la reprise d’entreprises en difficulté, alors nouveau patron de la Fnac, est aussi sur les rangs (à défaut, en 1997, il rachètera Le Point à Havas).

Le lendemain du décès d'Hersant, un conseil d'administration désigne ses successeurs pour assurer la pérennité : 

Yves de Chaisemartin est nommé PDG de la Socpresse. Christian Grimaldi, né en 1935, le grand argentier du groupe, devient vice-président. 

Ils tenteront de réduire l’endettement en revendant la presse polonaise et les parts du Midi libre et de Centre-Presse Rodez. Ils négocieront l’ouverture du capital du Figaro qui représente près de la moitié des activités du groupe et 75 % de ses résultats, à l’américain Carlyle qui prendra 4,9 % de Figaro Holding. Des emprunts seront rééchelonnés, un moratoire sur les dettes fiscales et sociales (1 milliard de francs) sera obtenu. 


Le carré des fidèles grognards s'est rétréci : Jean Miot (1939-2017) a quitté le groupe quelques mois avant la mort de RH pour devenir président de l'AFP. Celui qui n'avait même pas 17 ans quand Hersant rachète L'Éclair du Berry, où il débuta, était devenu l'homme de confiance d'Hersant, directeur délégué du Figaro depuis 1980. Il était notamment chargé des délicates négociations avec le syndicat du Livre CGT.

Bertrand Cousin, député RPR de Bretagne, DG adjoint de la Socpresse depuis 1981, abandonne ses fonctions en février 1997. 

Des décisions lourdes de conséquences doivent être prises pour sauver les meubles : France-Soir, le quotidien de la rue Réaumur, prestigieux sous l’ère de Pierre Lazareff, sera vendu en 1999 pour le franc symbolique au franco-libanais Georges Ghosn (les ventes qui dépassaient les 420.000 exemplaires en 1979 ont été divisées par trois en moins de 20 ans). 

Nord-Éclair longtemps mis en difficulté par La Voix du Nord avec 3 M€ de pertes entre 1993 et 1997, trouvera un accord en 2001 avec le grand régional du groupe Rossel, dont la Socpresse est actionnaire. Des synergies industrielles seront mises en place (les éditions belges transférées sur le système éditorial de La Voix, impression des éditions françaises du quotidien de Roubaix sur les rotatives de La Voix et impression de Nord Littoral du groupe La Voix sur la rotative de Nord-Éclair).


Dassault entre en scène


Serge Dassault, nouveau patron du Figaro (photo AFP)
La Socpresse acquiert en 2002 les groupes Express-Expansion et L’Étudiant auprès de Vivendi, ce qui complète un tableau dominé par Le Figaro et ses suppléments Figaro Magazine, Figaro Madame, TV MagazineParis-Turf et les quotidiens régionaux. 

En août, Serge Dassault  (1925-2018), sénateur de Corbeil-Essonnes, PDG du groupe spécialisé dans l'aéronautique et l'armement, fait une entrée remarquée au capital de la Socpresse à hauteur de 30 %. La transaction ne concerne pas la branche France-Antilles qui reste dans la famille. 

En 2004, les 13 héritiers de "RH" détiennent encore 87 % des actions mais ils acceptent de rompre le pacte d’actionnaires et Dassault prend alors le contrôle presque intégral de la Socpresse. 

Deux ans plus tard, il rachète les 13 % restants à Aude Jacques-Ruettard, petite-fille de Robert Hersant, qui dans un premier temps refusa de vendre

Serge Dassault sait aussi placer sa famille : son fils Olivier (né en 1951, il mourra en mars 2021 dans le crash de son hélicoptère), député LR de l'Oise, est devenu administrateur de la Socpresse tout en présidant jusqu'en 2006 le groupe Valmonde (Le Spectacle du Monde, Jour de chasse, Valeurs Actuelles) qui sera cédé à Sud Communication de Pierre Fabre puis, à son décès en 2015, au franco-libanais Iskandar Safa


Abandon de la presse quotidienne


Dassault démantèlera complètement le groupe en se désengageant de la presse quotidienne régionale. À l'automne 2004 il se sépare de Chaisemartin.

Le président du directoire du Figaro partira avec une belle valorisation de ses actions (2,5 % du capital à 27,5 M€) et une prime de départ équivalente à quatre années de salaire. 

À la présidence du syndicat de la presse quotidienne nationale lui succède le nouveau DG du Figaro Francis Morel (en 2011 il deviendra PDG des Échos suite à des désaccords avec Dassault). 

« Chaise » deviendra administrateur du groupe Rossel et présidera jusqu'en 2013 le conseil de surveillance du groupe de presse Le Moniteur. En 2006 il entre au capital de Marianne à hauteur de 25 %, puis sera DG de l’hebdo jusqu’à la cession au milliardaire tchèque Kretinsky en 2018.

Côté France Antilles, Philippe Hersant attendra 2006 pour passer à l'action.

En octobre, France Antilles devient officiellement Groupe Hersant Média (GHM). 

Le "dauphin" a entre ses mains l'avenir de 31 titres en métropole, sept antennes locales de télé, les gratuits d'annonces et les quotidiens d'outre-mer... 

L'héritage des dettes sera trop lourd à porter.

L'empire Hersant disparaîtra du paysage français. 

Philippe Hersant, installé en Suisse en toute discrétion, a construit son propre groupe de presse à partir de 2001. Vingt ans déjà...


Thierry Noël



Lire aussi : Philippe Hersant : ESH pour oublier GHM


CESSIONS EN SÉRIE...


Chez Dassault comme chez GHM les cessions suivront en série :


2005 : les trois quotidiens de l’Ouest sont repris par le groupe Ouest-France qui, en juin 2008, supprimera l'édition, devenue concurrente, Vendée Matin de Presse-Océan

Les négociations avaient été entamées dès 1998 entre François-Régis Hutin, PDG de Ouest-France et Yves de Chaisemartin. 

La vente « par appartements » continue : Paris-Turf est repris par le fond d'investissement anglais Montagu Private Equity, filiale de HSBC. (À l’été 2020, Xavier Niel reprendra le titre pour 1 M€ et conserve 151 salariés sur 248).


2006 : Dassault cède au belge Roularta le groupe Express-Expansion et L’Étudiant. 

L’Est Républicain rachète le groupe Progrès/Dauphiné Libéré, avant d'être lui-même racheté en 2009 par le groupe EBRA, une filiale du Crédit Mutuel.


2007 : les hebdos normands sont rachetés le 1er octobre par Publihebdos, filiale du groupe Ouest-France : La Renaissance - Le Bessin, Les Nouvelles de Falaise, Le Pays d'Auge, L'Orne combattante, La Voix - Le Bocage, Le Courrier de l'Eure, Le Journal d'Elbeuf, L'Action Républicaine, La Dépêche d'Evreux, Le Publicateur libre.


2008 : La Vie financière en cessation de paiement depuis novembre (la Socpresse avait acheté l’hebdo patrimonial à Vivendi en 2002) est cédée à l’américain MoneyWeek (la filiale française sera liquidée en 2011). 


2009 : reprise du Journal de l’Île de la Réunion (JIR) acheté par Hersant en 1991, par Abdoul Gadgee, concessionnaire automobile (GHM devient minoritaire avec 40 % du capital).


2011 : la Socpresse devient officiellement Dassault media.

La Comareg, acquise en 2003, qui édite 280 journaux gratuits d’annonces (achetée 135 M€ par le groupe Hersant à Vivendi) est liquidée par le tribunal de commerce de Lyon le 3 novembre. 

2300 salariés de ParuVendu sont licenciés : ce sera le plus grand plan social de l'année en France... Les responsables de cette catastrophe industrielle sont à la fois l'effondrement du marché publicitaire, l'endettement et l'insuffisance de la mutation des petites annonces vers Internet qui supposait une lourde réorganisation et davantage d'investissements.

Le 7 décembre, une offre de 50 M€ est déposée par le groupe Rossel pour le rachat des journaux de GHM, en particulier des journaux du pôle sud (Nice-Matin, La Provence et Corse-Matin). Bernard Tapie retire son offre d’un montant équivalent mais le 10 décembre GHM demande à Tapie de revenir sur sa décision.


2012 : les banques veulent obliger Groupe Hersant Média à céder L’Union de Reims, L’Ardennais, L’Est-Éclair, Libération Champagne, Paris-Normandie et L’Aisne Nouvelle.

Paris-Normandie sera racheté par les journalistes Xavier Ellie et Denis Huertas qui créent la SNIC (Société Normande d’Information et de Communication). 

En 2017, Ellie cède ses parts à l’industriel normand Jean-Louis Level (en juin 2020, le tribunal de commerce de Rouen actera la reprise par le groupe Rossel).

La Dépêche de Tahiti, achetée par Hersant en 1988, est cédée à Dominique Auroy, homme d'affaires (production électrique, hôtellerie, vignobles).


2013 : Rossel reprend les médias du pôle Champagne-Ardennes-Picardie avec  L'Aisne Nouvelle (devenue une filiale du Courrier Picard), L'Union, l'Ardennais, L'Est Eclair et Libération Champagne. Champagne FM devient une filiale de la radio Contact FM.

Les Nouvelles Calédoniennes sont cédées avec les radios contrôlées par le groupe. Jacques Jeandot, concessionnaire auto et banquier devient l’actionnaire majoritaire (59 %) avec la famille Montagnat, propriétaires de mines (21 %) et Charles Lavoix, ancien propriétaire d'enseignes Casino, Géant et Leader Price (20 %). 


2014 : Trace FM en Guadeloupe, Martinique et Guyane, est cédé par GHM à l’Alliance Trace Media (détenu à 75 % par le suédois Modern Times Group) avec qui un accord de licence remonte à 2005.


2017 : la société AJR Participations est choisie par le tribunal de commerce de Fort-de-France pour reprendre le groupe de presse Antilles Guyane Médias qui édite les quotidiens France Antilles. Aude Jacques-Ruettard, petite-fille de Robert Hersant, rachète pour 300.000 € ce qui fut le coeur de l’empire Hersant à partir de 1973. 


2020 : France-Antilles en liquidation judiciaire, les trois quotidiens édités en Guadeloupe, Martinique et Guyane cessent de paraître le 20 janvier. AJR Participations, n’ayant pu boucler son plan de financement, celui de Xavier Niel, via NJJ Holding, sera validé le 17 mars par le tribunal de commerce de Fort-de-France, avec le soutien de l’Etat dans le cadre de la restructuration industrielle (3,5 M€). 126 salariés sur 235 sont repris. Le numérique sera développé et les éditions papiers de nouveau imprimées et distribuées à partir du 17 juin.


LA MONTÉE EN PUISSANCE DU GROUPE 


1955 : André Morice, sénateur-maire de Nantes, fait appel à Hersant pour sauver son journal Le Populaire de l’Ouest qui deviendra L’Éclair de Nantes.

1957 : rachat du Libre Poitou à Poitiers, Le Courrier du Centre-Ouest à Limoges, Brive Information à Brive, L’Éclair du Berry à Châteauroux, Le Cantal indépendant à Aurillac, Le Rouergue républicain à Rodez. Pas moins de 11 titres sont rassemblés sous l’égide de Centre-Presse, avec pages communes et rotative unique.

1959 : rachat de L’Action républicaine à la mort de son fondateur Maurice Viollette, ancien ministre de Blum, député-maire de Dreux. 

1960 : fusion de L’Éclair de Nantes avec Presse-Océan. 

1963 : rachat du quotidien La Liberté du Morbihan trois ans après la mort de son principal fondateur à la Libération, Paul Chenailler, chef de la Résistance départementale.

1965 : lancement de France Antilles avec le soutien de fonds publics du gouvernement gaulliste.

Rachat de Seine-et-Marne-Matin avec le soutien d’Alain Peyrefitte, maire de Provins et ministre de l’Information.

Vente de L’Oise-Matin et de Seine-et-Marne-Matin à Amaury, propriétaire du Parisien Libéré.

1967 : Augustin Laurent, député-maire socialiste de Lille, et Guy Mollet font appel à Hersant pour sauver Nord-Matin propriété de la Fédération socialiste du Nord-Pas-de-Calais (en 1993, le quotidien du bassin minier est absorbé par Nord-Éclair).

1969 : rachat de Havre-Presse.

1972 : prise de contrôle de Paris Normandie.

1973 : R. Hersant vire casaque aux législatives, refusant le Programme commun, et prend l’étiquette centriste. Acquisition de France-Antilles.

1975 : prise de contrôle de Nord-Éclair à Roubaix.

Rachat du Figaro à Jean Prouvost

Hersant, directeur politique, impose sa marque : Son fils Jacques est nommé co-directeur de la publication. Son deuxième fils Michel est membre du conseil de surveillance, présidé par André Audinot. 

Henri Morny devient directeur du développement et de l'international, plus spécialement chargé de la modernisation technique. Il débuta à L'Auto-Journal et à L'Oise Matin, dirigea L'Action républicaine de 1962 à 1974. Il dirigeait depuis 1982 l'hebdomadaire France-Amérique à New-York qui servait aussi de laboratoire d'essais des nouveaux matériels informatiques. (En 1997 à 68 ans, il meurt terrassé par une crise cardiaque)

Jean Griot, vice-président du directoire quitte le journal tout comme Denis Périer-Daville, président de la Société des rédacteurs. Jean d'Ormesson quitte ses fonctions de directeur général mais devient chroniqueur du Figaro Magazine lancé en 1978

1976 : rachat de France Soir à Hachette.

1978 : L’Aurore le journal de Clemenceau est vendu à Marcel Boussac qui le revend avec Paris-Turf à Marcel Fournier, PDG de Carrefour, lequel les cède à Hersant.

1982 : prise de contrôle du Havre libre, à la mort d'un de ses fondateurs Roger Mayer.

Rachat de l'hebdomadaire France Amérique (en 1953 le groupe Prouvost était actionnaire. En 1972 il sera vendu à un industriel new-yorkais M. Drogoul).

1983 : rachat du Dauphiné libéré. 

Arrêt de l'édition du Calvados de Paris-Normandie.

1984 : élu député européen (en 23e position sur la liste de Simone Veil).

1986 : acquisition du Progrès à Lyon.

1991-1992 : Le Courrier de Saône-et-Loire devient une édition du Progrès. Rachat du Bien Public à Dijon, L’Ardennais à Charleville.

Achat au groupe Amaury de Le Maine libre au Mans, Le Courrier de l’Ouest à Angers, Liberté-Dimanche à Rouen.

1994 : rachat de La Dépêche d'Evreux à la famille Nespoulous, socialiste, et Le Publicateur libre à Domfront.


(1) André Boussemart (1919-2013) a été directeur de la Sirlo, l'imprimerie du Figaro, et des imprimeries Richelieu de L'Aurore. En 1981, il entre au directoire de la société de gestion du quotidien, suite au décès de Jean Chauvet. Devenu président du conseil de surveillance, il siège jusqu'en 1993 où il sera remplacé par Jean Miot.


Jean-Marie Balestre (1921-2008) délégué à la propagande des jeunes du Maréchal, collabora à Devenir, le journal des SS français. Il sera arrêté en mai 1944 par la police allemande alors qu’il préparait un attentat contre l'Ersatzkommando des Waffen-SS, où il était employé. Il sera déporté à Dachau et libéré par les Américains en avril 1945. Après deux années passées à la prison de Fresnes il sera blanchi par la Cour de justice, il expliqua avoir agi comme agent infiltré de la Résistance. 

En 1950, il co-fonde avec R. Hersant L'Auto-Journal et deviendra le puissant président de la Fédération internationale de sport automobile entre 1978 et 1991.


(2) Journal Officiel du jeudi 19 avril 1956. La séance était présidée par le vice-président de l'Assemblée nationale Roger Garaudy (1913-2012) alors député communiste de la Seine après trois mandats dans le Tarn. Exclu du PCF en 1970 dont il fut membre du comité central, agrégé de philosophie, il sera condamné en 1998 pour négationnisme...

Voteront contre l'invalidation les députés Pascal Arrighi (radical), Lucien Bégouin (radical), Henri Caillavet (radical), Guy Cupfer (radical), Albert Davoust (Poujade), Jeannil Dumortier (SFIO), Léon Hovnanian (radical), André Hugues (radical), Émile Hugues (radical), Marcel Mérigonde (SFIO), Jacques Rolland (radical).


(3) Jacques Hersant est né le 12 août 1942 et Michel Hersant le 6 février 1943. Passé par France Antilles, les Cahiers du Yachting et L'Ami des Jardins et de la Maison, il s'est éloigné du giron familial en créant à Londres l'agence de publicité Mercury Publicity. Marié trois fois, Robert Hersant a eu huit enfants.


(4) Philippe Villain, né en 1954, après son départ du groupe Hersant, deviendra banquier d'affaires. En 2013, M, le magazine du Monde le désigne comme "l'éminence gay des grands patrons". Soutien de Sarkozy à la primaire des Républicains de 2016, il soutient Xavier Bertrand pour la présidentielle de 2022 en organisant des dîners de levée de fonds.




BIBLIOGRAPHIE


La presse en France Yves Guillauma (La Découverte, collection Repères, 1990)

Le monde selon Hersant Élizabeth Coquart - Philippe Huet (Ramsay, 1997)

Les dossiers du Canard, n°10, mars/avril 1984

Médias, les nouveaux empires Amaury de Rochegonde - Richard Sénéjoux (First, 2013) chapitre 3, Serge Dassault, le politique industriel.

Je crois me souvenir... 60 ans de journalisme Philippe Bouvard (Flammarion, 2013)

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