Histoire de la presse et histoire de la vie politique française sont indissociables avec des noms incontournables à connaître.
Léon Blum figure du socialisme, a été dans sa jeunesse critique littéraire à la Revue Blanche où il collabore à partir de 1892.
Après la scission du congrès de Tours, où L'Humanité se rallie au parti communiste, il devient le directeur politique du quotidien Le Populaire, organe officiel de la SFIO, aux côtés de son fondateur Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx.
Une fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort. Le journal disparaît en février 1970.
Aristide Briand, stagiaire au barreau de Saint-Nazaire en 1886, s'engage en politique et collabore à la Démocratie de l'Ouest.
Elu conseiller municipal radical-socialiste en 1888, il devient directeur politique de L'Ouest Républicain, fondé en 1889, qui paraissait les mardi, jeudi et dimanche.
En 1900 il s'inscrit au barreau de Pontoise et publie des articles dans La Lanterne.
Devenu ministre de l'Instruction publique en 1906, il débute alors une longue carrière politique.
Briand obtiendra le Prix Nobel de la Paix en 1926.
Endetté, Clemenceau fait entrer dans le capital de son journal l'Américain Cornélius Herz, qui sera impliqué dans le scandale de Panama.
Clemenceau, accusé par Paul Déroulède, alors député boulangiste, d'être à la solde de l'étranger, la polémique gonfle avec Paul Deschanel qui renouvelle l'attaque depuis la tribune de l'Assemblée le 26 juillet 1894. Les deux hommes se départageront dans un duel à l'épée, relaté par le journal La Patrie. Blessé légèrement au visage Deschanel renonce à poursuivre le combat...
Clemenceau collabore aussi à L'Aurore et prend la défense de Dreyfus.
Sénateur du Var en 1902, il devient ministre de l'Intérieur en 1906 et président du Conseil jusqu'en 1909.
Retourné au Sénat, il fonde L'Homme libre, rebaptisé L'Homme enchaîné, suite à la censure au début de la guerre de 1914.
A nouveau président du Conseil en novembre 1917, le "Père la Victoire" négocie la Conférence de la paix de Paris.
Mis en minorité au sein du groupe républicain il renonce à se présenter à l'élection présidentielle de 1920 et quitte la vie politique.
Gaston Defferre (1910-1986)
Gaston Defferre député socialiste des Bouches-du-Rhône depuis 1945 sera réélu mairie de Marseille en 1953 en bénéficiant du soutien indéfectible du quotidien Le Provençal, jusqu'à sa mort en 1986.
À la libération de Marseille le 21 août 1944, trois hommes - un résistant, un truand du milieu local, et un militaire membre des FFI - s'emparent du journal Le Petit Provençal. Ce quotidien publié depuis 1880 avait soutenu le régime de Vichy.
L'opération commando est menée pour Defferre qui dirige un réseau de résistance. Avec son épouse, ils s'attribuent une majorité des parts de l'entreprise de presse.
Le journal est rebaptisé Le Provençal, nom conservé jusqu'en 1997, lorsqu'il fusionne avec Le Méridional (quotidien orienté à droite, racheté par Defferre en 1971) pour devenir La Provence.
Le groupe Hachette, alors présidé par Jean-Luc Lagardère avait racheté Le Provençal en 1987, à la mort de Gaston Defferre.
Avocat, ministre de la France d'Outre Mer sous la IVe République, il prépara la décolonisation de l'Afrique noire. Opposant à De Gaulle, il sera candidat à la présidentielle de 1969, en tandem avec Pierre Mendès-France. Ils n’obtiendront que 5 % des suffrages.
En 1981, après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, il devient ministre de l'Intérieur. On lui doit les lois de décentralisation.
Bernard Tapie deviendra en 1993 l’actionnaire majoritaire de La Provence, de Var Matin et de Corse Matin. Au parti radical, deux fois ministre de la Ville, député des Bouches-du-Rhône, ses ennuis judiciaires mettront un terme à sa carrière politique. Il meurt en octobre 2021, atteint par le cancer.
Dans ces colonnes il publie "Les preuves relatives à l'affaire Dreyfus".
Ses positions pacifistes lui valent d'être assassiné par le nationaliste Raoul Villain à la veille de la guerre, le 31 juillet 1914, alors qu'il se trouve au Café du Croissant, à l'angle du n° 22 de la rue du Croissant et du n°146 rue Montmartre. L'Humanité était imprimée au n°142.
Il participe à la création de l'agence de publicité, le Crédit commercial de la publicité et rachète d'autres quotidiens de province : La Sarthe, l'Echo républicain de l'Ouest, le Régional de l'Ouest, le Petit Var et le Petit Niçois.
En 1931, avec une plus-value de trois millions de francs, il revend tous ses journaux à Raymond Patenôtre tout en conservant leur contrôle politique.
Alexandre Millerand, brillant avocat et député de Paris à l'âge de 26 ans en 1885, il collabore à La Justice, le journal de Clemenceau.
En 1899, il entre au gouvernement comme ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes.
Détesté par les ultras de la Collaboration, Sarraut, arrêté par la Gestapo en janvier 1943, sera libéré grâce à son ami René Bousquet mais sera assassiné par la Milice le 2 décembre 1943. (Bousquet, secrétaire général de la police et organisateur de la rafle du Vel d'Hiv, acquitté par la Haute Cour de Justice en 1959, siègera jusqu'en 1971 au conseil d'administration de La Dépêche du Midi. Il sera assassiné chez lui en 1993).
Elle passera le flambeau à son fils Jean-Michel Baylet, à la mairie et au journal. Président du Parti radical de gauche de 1996 à 2016 et ministre en 2016-2017, il est aujourd'hui à la tête du groupe La Dépêche-Midi Libre.
La Fondation Alexandre et Marguerite Varenne, reconnue d'utilité publique depuis 1988, oeuvre à la promotion et à la valorisation des métiers du journalisme. Elle organise annuellement des prix et attribue des bourses d'études. La Fondation est aussi l'actionnaire de référence du quotidien régional La Montagne, du groupe Centre-France.
En 1919 il est battu par un "poilu" et profite des difficultés financières du journal Le Progrès d'Eure-et-Loir pour le racheter et l'arracher aux radicaux passés à droite. Il le rebaptise L'Indépendant.
Viollette se mettra à dos tous les directeurs de journaux au nom de la liberté de la presse. Le Petit Journal estimait qu'il préparait "une nouvelle censure à la Charles X". Le projet de loi sera enterré...
En 1940, Viollette saborde ses journaux. Révoqué par Vichy, il est placé en résidence surveillée.
Reprise par le groupe Publihebdos en 2007, l'édition de Dreux disparait début 2010. Seule, subsiste l'édition de Nogent-le-Rotrou.
François Arago, brillant polytechnicien, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, se lance dans la politique après la mort de sa femme en 1829. En 1830, il est élu député des Pyrénées-Orientales.
Depuis 1815, il n'existe dans ce département qu'un seul journal, le Mémorial administratif des Pyrénées-Orientales. Cette publication préfectorale est l'émanation de la politique gouvernementale.
Les opposants à la Monarchie de Juillet fondent le 1er janvier 1846 L'Indépendant des Pyrénées-Orientales pour soutenir la candidature de Arago aux élections législatives.
Un soutien efficace car il sera élu avec un score de 98,9%.
Pour avoir continué de paraître sous le régime de Vichy et l'Occupation allemande, le journal est interdit à la Libération mais bénificiera d'un non-lieu.
Paul de Cassagnac (1842-1904)
Député bonapartiste, inventeur du surnom de La Gueuse, pour désigner la République, il fonde en 1862 L'Indépendance parisienne.
Rédacteur en chef du Diogène, puis du Pays, dirigé par son père, il s'engage pendant la guerre de 1870. Elu député en 1876, à Condom (Gers), il soutiendra le gouvernement de Mac Mahon.
En 1886 il fonde le quotidien L'Autorité dont la devise est "Pour Dieu, pour la France ! ".
Licencié en droit, il quitte son Dinan natal pour Paris en 1864 et devient secrétaire de rédaction de L'Aéronaute, revue fondée par Nadar. Proche de Gambetta, il accepte la direction de L'Indépendant du Midi à Nîmes en 1868. Opposé au Second Empire, il est condamné plusieurs fois et devra quitter le journal en 1869. Il collabore au journal Les Droits de l'homme à Montpellier et tente de lancer un journal de la "démocratie radicale" dans le Gard. De retour à Paris, il poursuit sa carrière de journaliste dans les milieux républicains ce qui lui vaut d'être emprisonné en août 1870. Il collabore au Rappel, interdit en mai 1871, et fonde en septembre La Municipalité, organe des républicains radicaux du conseil municipal de Paris. Il écrit aussi pour Le Radical et La Lanterne.
En 1876, le député Menier (l'industriel chocolatier) financera le quotidien Le Bien Public, dont il devient rédacteur en chef. Zola y sera critique dramatique.
Elu député (Gauche radicale) de Paris en 1885, ministre des Travaux publics de 1889 à 1892, il devient directeur politique du quotidien Le Siècle. Originalité, il déplace l'éditorial en 3e page, partisan "des faits d'abord, des opinions ensuite ". De 1893 à 1895 il collabore au quotidien Le Matin où il défend ses convictions antisocialistes. De 1896 à 1898 il dirige la rubrique économique au Journal des Débats.
Fin 1909 il dirige le Journal des Economistes et en 1911 il devient directeur de l'Agence économique et financière (future Agefi).
A 19 ans il entre au quotidien catholique L'Observateur français.
En 1894 il collabore au journal La Cocarde de Maurice Barrès. En 1896, La Gazette de France l'envoie couvrir les premiers jeux olympiques modernes à Athènes. Antidreyfusard, il rejoint l''Action française en 1899.
Directeur du quotidien L'Action française, organe du nationalisme intégral, fondée le 21 mars 1908, il prône une monarchie héréditaire, antiparlementaire et un antisémitisme d'Etat. Après le 6 février 1934, le journal gagne dix mille abonnés de plus. En 1936, il purge huit mois de prison pour avoir écrit à propos de Léon Blum : " C'est un monstre de la République démocratique. (...) C'est un homme à fusiller, mais dans le dos ". Elu à l'Académie française en 1938, le président de la république Albert Lebrun refuse de le recevoir comme le voulait l'usage.
Avocat à Paris sous le Second Empire, il participe en 1861 à la fondation de l'hebdomadaire Le Travail avec Clemenceau. Député des Vosges de 1872 à 1903, il devient président de la Chambre des députés en 1888-1889. Président du Conseil de 1896 à 1898, défenseur du monde agricole, il met en place des mesures protectionnistes, en 1892. On lui doit la création de l'Ordre du Mérite Agricole.
Maurice Rouvier (1842-1911)
Banquier à Marseille, il créé avec Gaston Crémieux la Ligue de l'Enseignement et collabore aux journaux qui soutiennent Gambetta, Le Peuple, puis Le Rappel de la Provence, et L'Egalité. A la chute de l'Empire, il est élu député de l'Union républicaine en 1871. En 1881, il devient ministre des Colonies dans le ministère Gambetta, puis en 1884-1885 ministre du Commerce de Jules Ferry. En 1887 il est nommé président du Conseil, et ministre des Finances, des Postes et du Télégraphe. Il sera impliqué dans le scandale des décorations et démissionne. Il redevient ministre des Finances en 1889. En 1892-93 il sera mis en cause dans le scandale de Panama. Il est considéré comme l'un des républicains les plus corrompus de son époque.
Avocat, élu député républicain modéré de Boulogne (Pas-de-Calais) en 1878, il sera le rédacteur en chef du journal centre gauche Le Parlement fondé par Jules Dufaure (président du Conseil et ministre de la Justice 1877-1879, et Georges Picot). Principal adversaire du Parti radical, il refusa de voter les crédits réclamés par le cabinet Ferry pour l'expédition du Tonkin et aida Clemenceau à renverser ce ministère en 1885. Il redeviendra président du Conseil en 1892-1893, puis en 1895, 1914 et 1917.
Emile Zola publie son fameux "J'accuse" le 13 janvier 1898 en première page du quotidien parisien L’Aurore.
Publié sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République, Félix Faure, le texte accuse le gouvernement de l’époque d’antisémitisme dans l’affaire Dreyfus.
Combat, organe du Mouvement de libération française est lancé en décembre 1941. Georges Bidault en sera le rédacteur en chef. Albert Camus sera dans l'équipe de rédaction de 1943 à 1947. Quotidien, il disparait en 1974.
Défense de la France, fondé le 15 août 1941, devient France Soir après la Libération, avec Pierre Lazareff. Le quotidien cesse de paraître en 2011.
Le Franc-Tireur, lancé en décembre 1941, animé par des radicaux-socialistes, il paraît jusqu'en 1957. Racheté par l'italien Cino Del Duca, à la tête des Editions mondiales et producteur de cinéma, il devient Paris-Journal puis Paris Jour en 1959, premier quotidien au format tabloïd. Il cessera de paraître en 1972.
L'Humanité, journal fondé par Jaurès, interdit en août 1939 par le gouvernement Daladier suite au Pacte germano-soviétique, reparaît au grand jour le 21 août 1944 et reste l'organe officiel du Parti communiste.
Libération, édité par le mouvement de résistance Libération Sud, est lancé en juillet 1941 par Raymond Aubrac et Emmanuel d'Astier de La Vigerie. Il sera publié jusqu'en 1964. Le titre sera repris en 1973 par Jean-Paul Sartre et Serge July.
Le Canard Enchainé a eu 100 ans en 2015. Fondé le 10 septembre 1915 par Maurice Maréchal, journaliste au Matin, et le dessinateur Henri-Paul Gassier, qui ont échappé aux tranchées, il "ferme son bec" faute de moyens, après cinq numéros. Alors que la censure régnait, refusant le moindre centime de publicité pour rester indépendant, le palmipède renait le mercredi 5 juillet 1916.
La Presse régionale : des Affiches aux grands quotidiens. Marc Martin (Fayard, 2002)
Histoire de la presse en France XX-XXIe siècle. Christian Delporte, Claire Blondin, François Robinet (Armand Colin, 2016)