Le Parisien : 34 M€ de pertes en 2024
Des mesures d’économies sont annoncées pour 2025 afin de faire face au déficit structurel du quotidien sous perfusion depuis son rachat en 2015 au groupe Amaury. Lors du CSE de fin novembre, Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos - Le Parisien, et Sophie Gourmelen, DG, ont officialisé les mauvais résultats de 2024 : 34 M€ de pertes. Le Parisien continue d’afficher des déficits en dépit de ses progrès en matière de diffusion numérique. Déjà, en 2022, LVMH avait injecté 65 M€ pour maintenir à flots le quotidien.
> Le Parisien Dimanche adopte Version Femina
Le n°2 de la presse féminine Version Femina, hebdo du groupe CMI France distribué le week-end avec 38 quotidiens de PQR, sera distribué avec Le Parisien Dimanche à compter du 5 janvier dans tous les points de vente d’Île-de-France. Ce supplément sera vendu 2,80 €. Sa diffusion nationale est de 1.912.313 exemplaires (DFP 2023-2024) avec une audience de 3,47 M. de lecteurs (15 ans et +). L’objectif est de « renforcer la lecture plaisir du dimanche » indique Sophie Gourmelen, DG du Parisien. Le quotidien fournit déjà à ses lecteurs, chaque vendredi, Le Parisien TV Magazine, diffusé à 191.843 exemplaires. Il est co-édité avec le groupe Figaro.
Nicolas Barré : des Échos à Politico
2 décembre : évincé de la direction de la rédaction des Échos en mars 2023 en raison de désaccords éditoriaux avec l’actionnaire LVMH, Nicolas Barré (IEP et CFJ 1988) a quitté le groupe pour rejoindre en janvier prochain la direction de la rédaction française de Politico.
> Relance du magazine Pour l’Éco
Acquis auprès du groupe Humensis au printemps dernier par le groupe Les Échos-Le Parisien, le mensuel d'économie pédagogique Pour l’Éco est relancé sous la forme d’un supplément de 64 pages du quotidien Les Échos. Fondé en 2018 par Denis Kessler dans le giron du réassureur Scor, ce magazine pédagogique se voulait le concurrent libéral du mensuel et du site internet Alternatives économiques. Depuis plusieurs mois, le rédacteur en chef Stéphane Marchand travaillait à cette nouvelle formule. Délégué général de l’ICR (Institut du Capitalisme Responsable) qui compte notamment dans ses rangs Delphine Ernotte (PDG de France Télévisions), il s’est entouré d’une vingtaine de contributeurs journalistes, économistes, enseignants, et d’un comité éditorial de 10 experts. Le premier numéro « nouvelle formule » du 18 novembre propose un dossier sur le bitcoin « la monnaie des punks devenue star des marchés financiers. Eldorado ou fiasco ? Faut-il se lancer ? Les économistes ne sont pas d’accord… »
> La famille Arnault rachète le Paris FC
Antoine Arnault, fils aîné de Bernard Arnault, a officialisé le 20 novembre le rachat par LVMH du club de football francilien Paris FC. Michel Denisot siégera au conseil d’administration. La famille Arnault détiendra 52 % du club, aux côtés d’Alter Paris (30 %) - la structure du président du club Pierre Ferracci -, le groupe autrichien Red Bull 11 % et l’anglo-sri-lankais BRI Sports Holdings 7 %. L’équipe masculine occupe actuellement la tête du championnat de Ligue 2 et espère accéder à l’élite de la Ligue 1 en 2025.
> LVMH rachète des vignes en Côte-d’Or…
1,3 Ha de vignes ont été rachetés en septembre pour 15 M€ à Aloxe-Corton, l’une des plus belles appellations de Côte de Beaune. Une vente quasi forcée pour la famille Poisot qui se trouvait dans l’incapacité de payer ses frais de succession au décès d’une tante…
Rachat de Paris-Match :
Jérôme Béglé conforté à la rédaction
Novembre 2024 : vendu 120 M€ par Lagardère à LVMH, le nouvel actionnaire de l’hebdomadaire a installé une nouvelle direction générale.
Paris-Match devient une marque à part entière, indépendante du groupe Les Échos-Le Parisien, également propriété du géant du luxe. Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH, préside la nouvelle société avec pour DG, Pierre-Emmanuel Ferrand, jusqu’alors DG de Lagardère News, chargé de la presse et du digital.
Jérôme Béglé (photo ci-contre) demeure à la tête de la rédaction et assure également la direction de la publication. Il a dirigé le JDD (2022-août 2023), après avoir été directeur adjoint de la rédaction du Point pendant dix ans (2012-2022), et du Figaro Magazine (2009-2010).
Florent Barraco, jusqu’alors adjoint à la direction de la rédaction du figaro.fr chargé des contenus gratuits, rejoint l’hebdo en tant que rédacteur en chef politique et de parismatch.com.
Stéphane Sellami, ex-BFM TV en charge de l’investigation et des grands dossiers criminels depuis mois d’un an, est nommé grand reporter Police/Justice (il avait quitté le JDD fin 2023).
Alexandre Maras, ex-rédacteur en chef de Gala (17 ans chez Prisma Media), a pour mission de relancer le numérique avec Virginie Sellier, venue aussi de Gala, nommée rédactrice en chef vidéo et réseaux sociaux.
Les sept médias interdits par Bernard Arnault
Septembre 2024 : chez LVMH, n°1 mondial du luxe, propriétaire ou actionnaire de plusieurs médias (Le Parisien, Les Échos, Paris-Match - au 1er octobre -, Radio Classique, Investir, Challenges, Historia, Sciences et Avenir) les membres du comité exécutif du groupe ont reçu un mail leur signifiant « l’interdiction absolue » de parler à sept médias : Mediapart, Le Canard Enchaîné, La Lettre, Glitz, Puck, Miss Tweed et L’Informé (site d’investigation économique lancé en 2022, financé par Xavier Niel, gendre de Bernard Arnault).
Ce mémo interne, a été révélé par La Lettre le 18 septembre.
PDG de LVMH, Bernard Arnault justifie cette directive au motif qu’ils « cherchent à attirer de manière racoleuse un nouveau lectorat ».
Il condamne « tout comportement consistant à entretenir des relations avec des journalistes peu scrupuleux et leur donner des informations ou des commentaires sur la vie du groupe ». Contrevenir à ces règles de confidentialité est considéré comme un « défaut de loyauté intolérable », et une « faute grave ».
À l’initiative de la Société des rédacteurs du Monde (23.9.2024) une tribune ralliant une cinquantaine de SDJ, exprime sa solidarité avec les journalistes des rédactions visées.
Elle rappelle fermement que « la mission de la presse n’est pas de relayer la communication officielle des entreprises et institutions, mais d’informer, et que cela constitue un des piliers de la démocratie » (…) « L’obligation de loyauté à laquelle les salariés sont tenus ne saurait permettre à leur employeur de les priver de leurs droits fondamentaux en leur interdisant tout contact avec les personnes de leur choix ».
Les Échos se réorganisent
Après l’arrivée il y a cinq mois de Christophe Jakubyszyn, directeur des rédactions, une nouvelle organisation s’est mise en place. Avec une quarantaine de mobilités internes, quatre pôles ont été créés.
Étienne Lefebvre au pôle Plateforme, hiérarchise l’information.
Célia Pénavaire dirige le pôle Audience et engagement qui dispatche les contenus vers les formats adaptés (newsletters, réseaux sociaux, applis).
Le pôle Journal, de David Barroux, est responsable de la fabrication numérique et print. Le pôle Visuel, dirigé par Fabien Laborde, regroupe vidéo, infographie et iconographie. L’offre vidéo est renforcée avec l’arrivée de Pierre Schneidermann (ex-directeur adjoint de la rédaction de Konbini où il débuta en 2017).
Le groupe Les Échos veut cibler de nouveaux lectorats : femmes et jeunes managers. De nouvelles newsletters sont prévues dans les prochains mois ainsi qu’un rendez-vous quotidien du 18-20 sur l’application. Les Echos Week-end fêteront leurs 10 ans en 2025, avec une maquette rénovée.
MATTHIEU GALLET PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SURVEILLANCE
17 janvier : Mathieu Gallet, ancien PDG de Radio France (2014-2018), a été nommé président du conseil de surveillance du groupe Les Échos. Il succède à André Levy-Lang, 86 ans, ancien patron de Paribas, qui ne se représentait pas après 16 mandats.
Cette nomination a été effective après sa désignation à l’unanimité comme membre indépendant par l’actionnaire LVMH, avec l’approbation de la Société des journalistes (SDJ).
Elle arrive après des mois de crise pour trouver un successeur au directeur de la rédaction Nicolas Barré, mis à l’écart en mars 2023, suite à des articles qui, d’après la SDJ, « auraient déplu à l’actionnaire ».
Les accords d’entreprise prévoyant la garantie d’indépendance éditoriale, la rédaction avait exercé son droit de véto à une large majorité contre la nomination en septembre, de François Vidal, n°2 de la rédaction. En juin, la quasi totalité de la rédaction des Échos avait même observé une grève de 24 h.
Mathieu Gallet, 47 ans, rejoint les deux autres membres indépendants du conseil, la directrice de l’école de journalisme de Sciences Po, Alice Antheaume et le juriste Nicolas Molfessis.
Son passé professionnel est très contrasté. Après des débuts chez Erato Disques, Pathé et le groupe Canal+, il a été conseiller au ministère de l’Industrie (2006-2007) puis au ministère de la Culture où il sera promu directeur adjoint du cabinet du ministre (2007-2010, Christine Albanel puis Frédéric Mitterrand).
Président de l’INA (2010-2014), puis PDG de Radio France, il sera démis de ses fonctions par le CSA suite à sa condamnation à un an de prison avec sursis pour favoritisme dans des attributions de marchés à deux sociétés de conseil en dehors des règles en vigueur. Cette affaire remontait à sa présidence de l’INA. En 2021, la peine sera allégée en appel à 30.000 € d’amende. En novembre 2023, Mathieu Gallet a été élu président du conseil d’administration de Sciences Po Bordeaux pour un mandat de trois ans. Fondateur en 2018 de Majelan, plateforme spécialisée dans les podcasts, il préside depuis 2022 le conseil d’administration de l’agence de presse ETX Studio qui a racheté Majelan.
LVMH ACHÈTE LE 150, AVENUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Début décembre LVMH a fait l’acquisition du 150 avenue des Champs-Élysées à Paris. Pas moins de 18.000 m2 où devrait s’installer le siège social de Dior !
La transaction avoisinerait le milliard d’euros. Un achat d’opportunité pour contrer le concurrent le groupe Kering de François Pinault qui était sur le point de signer un bail de longue durée afin d’y installer Gucci.
Le 150 est une ancienne propriété de Groupama Immobilier qui prévoyait d’y établir un hôtel Sofitel 5 étoiles avec piscine sur le toit. Elle avait été cédé en septembre 2022 au géant canadien du capital-investissement Brookfield, un fonds géré par Mimco Asset Management. Il s’agissait alors de la plus grande transaction jamais réalisée sur les Champs Elysées.
Dans la plus belle avenue du monde, le siège de Louis Vuitton se trouve au 101, cinquante mètres plus haut. Au 103, Louis Vuitton est aussi en train de construire une macro-boutique et son premier hôtel.
Outre ses médias, le groupe LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy) est au beau fixe.
Sur les neuf premiers mois de 2023, le leader mondial du luxe a vu la croissance de ses ventes progresser de 14 % en un an, à l’exception des vins et spiritueux.
L’an dernier, avec 79,2 milliards de chiffre d’affaires, le résultat opérationnel courant était de 21 milliards € (+ 23 %).
Une année record malgré la situation géopolitique et économique.
> Les médias du groupe :
Les Échos - Le Parisien, Investir, Connaissance des Arts, Radio Classique, Historia (depuis l’été 2023), Mezzo (à 50 % avec le groupe Canal+ depuis 2019), la plateforme medici.tv (50 %) spécialisée dans les concerts et opéras.
HISTORIA : NOUVELLE FORMULE ET NOUVEAU SITE EN 2024
Le magazine Historia - racheté il y a quelques mois par LVMH jusqu’alors actionnaire à 40 % depuis 2021 - prépare pour janvier un nouveau site internet et une nouvelle formule sortira en mars 2024. Le mensuel, jusqu’alors propriété de Claude Perdriel, a connu des turbulences suite à la nomination de Franck Ferrand à la direction éditoriale. Le chroniqueur d’Europe1, CNews et Valeurs Actuelles a annoncé qu’il assumerait ses fonctions « de manière apolitique ».
N’y croyant pas, l’historien Olivier Coquard et le vidéaste Benjamin Brillaud ont préféré quitter le magazine.
Dans une tribune publiée par Libération le 17 octobre, Olivier Coquard, membre du comité éditorial depuis quinze ans, explique son départ : « Franck Ferrand souhaite retrouver l’Historia de son enfance, ce magazine conservateur et un peu rance dans lequel rares étaient les vrais chercheurs ».