PRIX ALBERT LONDRES

Les lauréats 2024

4 décembre : la cérémonie de remise du 86e prix Albert-Londres, qui devait se tenir à Beyrouth, pour le centenaire du quotidien L'Orient le jour, s’est déroulée à Paris au Centre Pompidou. Ce prix est la plus prestigieuse récompense du journalisme francophone. 

    De g. à d. Martin Untersinger, Lorraine de Foucher,
Antoine Védeilhé et Germain Baslé (photo Prix Albert Londres)

CATÉGORIE 

PRESSE ÉCRITE

Lorraine de Foucher, 38 ans (CFJ 2011 et Sciences Po Lille 2009), du journal Le Monde, pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et les victimes de l’industrie du porno. 

« Des sujets trop longtemps tus dans notre société : violences faites aux femmes, jeunes en déshérence, et les traite avec curiosité, style et respect, avec une écriture haute couture » a salué le jury présidé par Hervé Brusini, ancien reporter de France Télévisions.

Lorraine a débuté au Monde comme pigiste en 2014 avant d’intégrer le service Société en 2019. En 2020, elle a participé à une cellule d’investigation sur les féminicides qui a abouti à la réalisation d’un documentaire diffusé sur France 2.

Depuis 2017, elle enquête sur des faits de violences masculines faites aux femmes.

Dans son discours de remise du prix elle a remercié Le Monde de lui avoir permis de mettre en Une des mots aussi tabous à l’époque que “féminicide“, “inceste“, “porno“ ou “pédocriminalité“ .

Elle en a aussi profité pour raconter son propre vécu de femme : 

« Il y a quinze ans, j’étais une étudiante de 22 ans qui rêvait de grands reportages à l’autre bout de la planète. À la place, j’ai accouché le jour de mes 23 ans ». Et d'évoquer ses débuts dans « le monde hostile de la télévision en tant que mère célibataire et précaire ». « À chaque nouveau contrat, j’étais convoquée dans le bureau de mon supérieur qui m’expliquait qu’il ne voulait surtout pas entendre parler du fait que j’avais un enfant à gérer. Je pensais que ma vulnérabilité génèrerait de la générosité, c’était plutôt l’inverse qui se produisait (...) J’ai failli arrêter ce métier plusieurs fois car c’était souvent impossible de jongler entre les horaires baroques des piges, le manque d’argent, l’éducation d’un enfant et aussi, il faut l’appeler comme ça, le harcèlement sexuel et moral que l’on peut subir quand on est une jeune femme dans un milieu qui ne brillait pas par son féminisme. »  

(ci-dessus le discours complet de Lorraine de Foucher dans cette vidéo vers 2:00:00)

CATÉGORIE LIVRES

Martin Untersinger, 34 ans, est un autre journaliste du Monde depuis 2013. 

Diplômé de Sciences Po Paris, il est journaliste au service Pixels depuis un an après être passé six mois par le service des sports pour couvrir la Coupe du monde de rugby. Son prix récompense « Espionner, mentir, détruire », (éditions Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyber espace. Il montre comment la sécurité informatique est devenue un enjeu politique, stratégique et militaire. 

Il a débuté en 2011 à Rue89 où il s'intéressait déjà à la cybersécurité.

CATÉGORIE AUDIOVISUEL

Antoine Védeilhé, 34 ans (ESJ Lille), réalisateur et chef-opérateur free lance, et Germain Baslé, 27 ans (IPJ 2022) - ancien bénéficiaire de La Chance à Rennes en 2020 - pour leur film «  Philippines : les petits forçats de l’or », diffusé sur Arte. 

Ce reportage est consacré au travail des enfants exploités dangereusement. « Une narration à la manière d’Albert Londres » et « une maîtrise de l’image rare qui marque les mémoires, dramatiquement poétique, émouvant mais sans misérabilisme » souligne le jury.

Antoine commença sa carrière en 2014 par un stage à L’Express puis au service enquête et reportages de la rédaction nationale de France 3. Installé en Chine en 2016, à Shanghai, il devient correspondant pour France 24, Arte Journal et la RTS. En 2018, il crée sa société de productions – Keyi Productions.

Germain est passé par France Télévisions en tant que JRI, puis a embarqué pour l’Inde et New Delhi où il est toujours installé. 

Les lauréats du prix reçoivent chacun 5000 €.

Pour prétendre au prix, les candidats doivent être francophones et être âgés de moins de 41 ans. 

> LES REPORTAGES

> LA BIOGRAPHIE D’ALBERT LONDRES

Albert Londres (1884-1932) est le père du grand reportage moderne. La récompense portant son nom avait été décernée pour la première fois en 1933, à l’initiative de Florise Martinet-Londres, fille du célèbre reporter disparu au retour d’un reportage en Chine. 

Né à Vichy, l'association Maison Albert Londres a racheté sa maison natale en 2014, qu'elle restaure, et organise chaque année fin août les Rencontres Albert Londres autour d'un thème géopolitique. En même temps se tient le FILGRI, le forum international du livre de Grand Reportage et d'Investigation.