jeudi 21 mai 2020

MISE A JOUR DU 5.2.2021 Coronavirus et nouveau modèle économique des médias

La crise sanitaire accélère la rénovation du modèle économique des médias français. Les cartes se redistribuent dans la douleur : réduction de 500 emplois dans les imprimeries de la presse régionale, plan de licenciements à L'Equipe, liquidation de La Marseillaise, reprise du groupe Paris-Turf par Xavier Niel,  restructuration de BFM, arrêt de RMC Sport, Libération et Le Monde optent pour un fond de dotation, plan social au Figaro, Paris Normandie dans l'escarcelle du belge Rossel, Le Parisien supprime ses cahiers départementaux, PSE à GraziaPresstalis transformé en France Messagerie, etc...


PRESSE QUOTIDIENNE REGIONALE : 500 SUPRESSIONS D'EMPLOIS DANS LES IMPRIMERIES

Le plan prévoit la mutualisation des moyens d'impression
 et l'émergence d'un parc d'impression numérique (dr) 
L'Alliance de la presse d'information générale (Apig) a acté fin octobre 2020 le plan filière des imprimeries de presse qui prévoit une réduction drastique des capacités d'impression de la presse quotidienne régionale. L'objectif est d'adapter l'outil industriel à la baisse structurelle qui, d'ici 2030, devrait se réduire de 25 à 30 % du fait de la baisse des tirages.
Ce plan, qui devait être aidé par l'Etat à hauteur de 70 M€ sur cinq ans, sera réduit à 36 M€ sur deux ans. 
Dans l'espoir d'une aide complémentaire, l'Apig espère une nouvelle enveloppe moyennant des négociations d'ici l'été 2021.
L'Apig est présidée depuis octobre 2020 par Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, qui a succédé à Jean-Michel Baylet, PDG du groupe La Dépêche du Midi.
Dès juillet 2020, le syndicat Filpac-CGT dénonçait ce plan "de licenciements massifs dans la presse" en rappelant que "sur les 30 imprimeries inscrites dans ce projet 20 seulement survivraient à ce tsunami industriel, avec 50 % du parc machine qui se verrait supprimé." 


Lire le détail du plan de filière de la presse IPG 2020-2024 

Ce plan rappelle que le support papier représente encore 80 % du chiffre d'affaires des entreprises et 45 % des coûts. Aussi, il préconise une "politique rigoureuse de mutualisation des moyens de production et de distribution" avec la mise en place d'un fonds spécifique de transformation du réseau d'imprimeries, avec une enveloppe annuelle de 14 M€ sur 5 ans pour aider les éditeurs à automatiser leurs rotatives, financer le coût social des restructurations et favoriser l'émergence d'un parc d'impression numérique.



DROITS VOISINS : L'ALLIANCE DE LA PRESSE TROUVE UN ACCORD AVEC GOOGLE

L'Alliance de la presse d'information générale (Apig) a signé un accord avec Google pour mettre en place la rémunération des éditeurs. Il met fin à une longue procédure suite au droit voisin établi par une directive européenne de 2018, entrée dans le droit français en 2019. Le bras de fer est allé jusque devant la Cour d'appel de Paris qui a donné raison aux éditeurs en octobre 2019. La prochaine étape vise à obtenir un accord avec Facebook.

L'Apig représente les éditeurs de la PQR-PQD et de la PHR. Google, qui avait déjà négocié avec Le Figaro, Le Monde et Libération va devoir négocier un droit voisin avec les agences de presse

PARTENARIATS AVEC LES MÉDIAS : FACEBOOK SE DÉSENGAGE

En 2019, le réseau social Facebook avait conclu des partenariats pour la production de vidéos avec Le Monde, Le Parisien et Brut. Au printemps 2021, ces partenariats n'ont pas été renouvelés.
L'EQUIPE : UNE GREVE DE 14 JOURS


La partie de bras de fer engagée entre les salariés du quotidien sportif et sa direction s'est terminée le 22 janvier après 14 jours de grève et de non-parution.
Un accord a été trouvé après l'annonce des garanties d'éviter tout départ contraint pour 11 postes menacés dans trois catégories (maquettistes, iconographes et photographes).
L'intersyndicale estime que "ces avancées viennent s'ajouter à celles obtenues au long du mouvement : passage de 0,5 à 0,9 mois de salaire par année d’ancienneté au-delà de 15 ans pour les journalistes ; passage de 12 à 15 mois de salaire pour le plafond des départs à la retraite ; allongement du congé de reclassement pour certaines catégories ; fusion de catégories entre elles pour éviter des licenciements subis. 
Autant d’avancées qui devraient favoriser un peu plus les départs volontaires et permettre d’espérer atteindre la revendication majeure : éviter tout départ contraint dans ces PSE qui prévoient une cinquantaine de suppressions de postes. "
Le DG Jean-Louis Pelé a refusé de s'engager sur ce dernier point. L'intersyndicale indique qu' " à l’issue de la période de volontariat, si le nombre de candidats au départ n’est pas suffisant dans les autres catégories, M. Pelé s’engage à tout faire pour trouver une solution adaptée. La rédaction trouverait inadmissible de devoir se séparer de jeunes salariés, lesquels seraient les premiers visés par des départs contraints."
Pour la direction de L'Equipe, son plan visait à "réadapter les coûts" à la situation (20.000 exemplaires de ventes au numéro perdus par jour) pour éviter 6 M€ de pertes en 2021.
Fin octobre, le groupe Amaury annonçait la nécessité d'arriver à 5 M€ d'économies  associées à un plan de relance basé sur 110 licenciements pour motif économique et une réorganisation liée à un PDV (plan de départs volontaires). 
Ce plan faisait suite à l'échec des négociations de l'été. « Un marché de dupes » dénoncé par les syndicats, qui prévoyait alors un accord de performance collective moyennant une baisse des salaires et du nombre de jours de RTT.

Le plan prévoyait la suppression de 55 postes (47 journalistes, 8 administratifs) sur 350 et la création de 12 postes liés au développement numérique. 
Les magazines France Football (qui devient mensuel), Vélo Magazine et Le Magazine L'Equipe sont également concernés par les économies et Sport & Style devrait disparaître.

Dans un communiqué du 30 octobre 2020, titré "Le groupe Amaury au comble du cynisme", l'intersyndicale SNJ et SnjCGT rappelait qu'en 2019 l'ensemble des sociétés contrôlées par la famille Amaury a vu son résultat d'exploitation (78 M€) progresser pour la 6e année consécutive alors que son résultat net atteignait 57 M€, et ce, avant la vente des terrains de Saint-Ouen du Parisien,  les actionnaires se distribuant plus de 11 M€ de dividendes tout en renforçant la trésorerie du groupe (+ 10 %) qui se rapproche du demi milliard d'euros.
De son côté, la direction invoquait alors une « urgence de la transformation numérique. Si nous ne changeons rien, les prévisions pour les quatre années à venir nous amènent vers un déficit structurel et croissant de la SAS L'Équipe : de 6 millions d'euros de pertes pour 2021 à 10 millions en 2024. » 
Pour 2020, le déficit est estimé à 16 M€, et les prévisions pour 2021 sont de 6 M€ de pertes, et 10 M€ en 2024.
Depuis mars dernier, le journal a vu ses ventes reculer : à 198 000 exemplaires en mars, 168 000 en avril, 183 000 en mai, 161 000 en juin avant un rebond à 200 000 en juillet et 225 000 en août, porté par la reprise de la Ligue des champions, la Ligue 1 et le départ du Tour de France. En septembre, la vente au numéro a baissé de 20 % par rapport à 2019.

Lire aussi : L'Equipe suspend sa grève après 14 jours d'absence dans les kiosques (OZAP 22/01/2021)


LA MARSEILLAISE REPRISE PAR MARITIMA


Les éditions des Fédérés qui publient
La Marseillaise est en liquidation judiciaire
(capture d'écran de La Provence, photo Valérie Vers)
La Marseillaise, dernier vestige du pluralisme en PACA, avait été placée en liquidation judiciaire le 13 juillet 2020.
Début 2018 le quotidien annonçait un plan amputant la moitié de ses effectifs (44 emplois sur 85).
Après 18 mois de redressement judiciaire, la moitié de sa dette (7 M€) avait été épongée avec de nouveaux actionnaires. Médias & Publicité apportait 1 M€ et le promoteur Quartus (filiale de Natixis - groupe Banque Populaire Caisse d'Epargne) mettait 300.000 € sur la table pour 33 % du capital. Un deal qui en fera le propriétaire du siège du journal en 2024 en payant le crédit-bail de 2,5 M€ octroyé par la Caisse d'Epargne en 2012.
Objectif : transformer un super emplacement de 3.500 m2 dans le quartier du Vieux-Port pour y installer des bureaux...
Avec un tirage tombé à 15.000 exemplaires, La Marseillaise avait dû supprimer cinq éditions pour alléger ses charges... Cela n'a pas suffit !

En août 2020, la CGT a bataillé contre "l'offre de reprise hostile" lancée par La Provence et Xavier Niel. Finalement, le quotidien et le nouveau papivore, fondateur de Free, ont préféré jeter l'éponge, laissant le champ libre à l'offre de Maritima qui propose la création d'une SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif). Ce groupe régional, fondé en 2010, dispose d'une chaine de télé locale, d'une radio et d'un site internet, contrôlés par la mairie de Martigues, à majorité communiste. Le tribunal de commerce, qui a étudié l'offre le 22 septembre, a rendu son jugement en sa faveur le 7 octobre.

Lire : La Provence (17.07.2020)


NICE MATIN : NOUVELLE FORMULE MI-FEVRIER

La nouvelle formule pour les trois quotidiens du groupe (Nice Matin, Var Matin et Monaco Matin) qui sera lancée mi-février confirme la transformation engagée depuis l'arrivée, il y a un an, de Xavier Niel et sa holding NJJ (actionnaire à 100 %).
Le plan de départs volontaires concerne 40 salariés, hors journalistes.
Denis Carreaux, directeur des rédactions, annonce dans une interview à la revue INfluencia, une accélération du digital à tous les niveaux, avec une rédaction totalement bimédia en 2021, avec le développement de l'abonnement numérique.
Pour le blog Upgrademedia, il détaille sa nouvelle stratégie basée sur un renforcement de la qualité des contenus.
De son côté, le SNJ s'inquiète des fermetures d'agences envisagées.
Dans un communiqué publié en juin, le syndicat dénonçait le projet visant à fermer les bureaux de Cagnes-sur-Mer, Hyères et Grasse. Il était aussi à nouveau question de la vente du siège historique du quotidien.
Pour rationaliser les coûts, la direction de Nice-Matin envisage une mutualisation 
avec La Provence, et une imprimerie commune basée dans le Var. 


VAR-MATIN : RECRUTEMENT D'UN PROFIL "DIGITAL"

Fin juillet 2020, Olivier Marino a pris la direction de Var-Matin où il succède à Philippe Courtois qui a fait jouer la clause de cession suite au rachat du groupe Nice-Matin par Xavier Niel. 
Originaire de Cannes, où il donne des cours à l'école de journalisme, Olivier Marino, 38 ans, est un transfuge du groupe EBRA où il est resté près de cinq ans.
A Paris, il avait la responsabilité des contenus France, monde et sports et  était membre du comité "Digital First", chargé de la mise en place de la nouvelle stratégie du groupe. 
Jusqu'à fin 2015 il avait été pendant plus d'un an responsable de la rédaction web de Nice-Matin où il avait exercé pendant près de neuf ans. Ancien localier dans le Var (2007-2010), ce diplômé de l'école de journalisme de Nice (promo J.F. Kahn 2006), a débuté à 20 Minutes
En 2019 il a obtenu un executive master en management des médias et du numérique à Sciences Po où il a notamment  étudié la mutation numérique du groupe norvégien Schibsted.

GROUPE LA PROVENCE : LOURDES PERTES

Le groupe La Provence avec ses quotidiens La Provence et Corse Matin, propriété de Bernard Tapie (89 % et Xavier Niel à 11 % depuis la reprise des parts du belge Nethys) se trouve en difficultés financières (3 M€ de pertes en 2019, plus de 4 M€ prévisibles pour 2020). Fin 2020, le PDG Jean-Christophe Serfati a annoncé un projet de licenciements qui vise notamment le management (deux directeurs de rédaction et départ du directeur éditorial Franz-Olivier Giesbert depuis juin 2017). Diffusion France payée 2019-2020 : 87.080 (- 6,08 % - source ACPM)


RACHAT DU SIEGE DE LA PROVENCE POUR 35 M€ ET PROJET D'IMPRESSION COMMUNE AVEC NICE MATIN

Le projet de cession du Centre Méditerranéen de presse a fait l'objet d'un compromis de vente, officialisé le 28 janvier 2020 devant le comité social et économique. Le site qui abrite depuis 1974 les locaux de La Provence, son imprimerie et ses locaux de stockage, va être cédé au groupe Constructa pour 35 M€. Une partie de cette somme sera réinjectée dans la construction d'une nouvelle imprimerie en commun avec Nice Matin, propriété à 100 % de la holding NJJ de Xavier Niel.

BFM VA RACHETER LES TELES LOCALES AZUR TV, VAR AZUR ET PROVENCE AZUR

BFM, la chaîne, propriété d'Altice, poursuit son développement dans les régions : elle va s'implanter à Nice, Marseille et Toulon avec le rachat d'Azur TV, Var Azur et Provence Azur lancée en 2012.
L'opération passe par le rachat des parts du fondateur et des 39 % du capital détenu depuis 2019 par Iskandar Safa, propriétaires de Valeurs Actuelles, qui avait tenté de racheter Nice Matin.
L'objectif affiché est, via une régie publicitaire commune, de compléter son audience sur le territoire national, de contrer les ambitions de réseau de télés locales de la PQR, et de contrer la concurrence de France 3.
Altice décide donc de faire cavalier seul après avoir rompu en décembre 2020 ses négociations de reprise du réseau Vià (pour 50 % de ViàOccitanie et ViàTV Martinique) en difficultés financières.
BFM dispose déjà de plusieurs "locales" : BFM Paris, BFM Lyon, BFM Lille, et BFM Grand Littoral, et le lancement en mars 2021 de BFM DICI Haute-Provence et Alpes du sud.


GROUPE LA DEPÊCHE : 100 % DE MIDI LIBRE


Fin novembre, le groupe La Dépêche du Midi a pris le contrôle des parts minoritaires (6,3 %) du quotidien Midi Libre, jusqu'alors détenues par le groupe Centre France-La Montagne.
En 2015, les Journaux du Midi (L'Indépendant, Midi Libre, Centre Presse Aveyron) avaient été absorbés par le groupe La Dépêche pour 15 M€ avec 300 suppressions de postes entre les deux groupes. En 2007, le groupe Sud Ouest les avaient achetés pour 90 M€. En 2001, Midi Libre avait été racheté par le groupe Le Monde.
En mai 2019, une grève visait à protester contre des mutations "contraintes".


OUEST-FRANCE : BUREAUX A VENDRE

Le groupe SIPA/Ouest-France veut faire des économies : via Sofiouest (le family office du groupe) ses agences de Caen, Lorient et Trouville sont à vendre depuis l'été 2020.
Le pôle mer de l'éditeur breton (Infomer) doit aussi faire l'objet d'un plan de relance d'ici la fin 2020. Une étude a été confiée à Jean-François Hattier, ex-DG du Point.


CENTRE FRANCE : UNE CENTAINE DE POSTES DANS LE COLLIMATEUR

La suppression d'une centaine de postes est envisagée par le groupe Centre France (huit quotidiens) basé à Clermont-Ferrand. Objectif : rationaliser les coûts et les accords d'entreprise ont été dénoncés par la nouvelle directrice générale, Soizic Bouju, fin 2020.
Déjà, au printemps 2019, un plan de départs avait été lancé à La Montagne, pour "rajeunir les effectifs". De nouvelles économies sont envisagées au sein de la petite dizaine d'hebdos régionaux après la cession en octobre 2019 du Réveil du Vivarais au groupe HCR, et la fermeture de La Gazette de la Haute-Loire en avril 2018.


GROUPE PARIS-TURF : XAVIER NIEL CHEVAL GAGNANT


Une banderole en grève devant les locaux
de Paris-Turf à Aix fin juin (photo Serge Mercier)
Et de trois ! Après Nice Matin en février et France Antilles en mars, Xavier Niel récupère le groupe Paris Turf anéanti par la crise sanitaire, au prix de cession d’un million d’euros.
Le 30 juin, le tribunal de commerce de Bobigny a rendu sa décision suite à son audience du 22 juin à laquelle Xavier Niel s'était rendu en personne. 
Actionnaire depuis 2010 du groupe Le Monde, et de 11 % de La Provence (propriété de Bernard Tapie) et d’autres entreprises de presse, la holding personnelle de Niel, NJJ Presse (capital de 1,39 milliard d’euros) est à l’affût de tout ce qui bat de l’aile dans le petit monde médiatique.
Les salariés en grève à Paris et Aix-en-Provence, craignent l'arrivée du milliardaire, qui était en concurrence avec l'imprimeur Guillaume Riccobono, allié à Mayeul Caire, fondateur de Jour de Galop
Ces derniers avaient obtenu la préférence des personnels, en promettant de sauver 179 emplois  contre 151 pour l'offre Niel qui s'est aligné, obtenant le ralliement surprise des administrateurs et des créanciers... Au total, seulement 151 salariés sur 248 seront repris par Niel qui s'est engagé à investir de 3 à 4 M€ par an sur les trois prochaines années pour engager la transformation digitale moyennant l'arrêt des éditions papier de Bilto, Tiercé Magazine, et les mensuels Stato, Cheval Magazine et Cheval Pratique. 

En redressement judiciaire depuis mai, le groupe - en mauvaise posture par la gestion de son actionnaire Jacques-Henri Eyraud, président de l'OM - a subi de plein fouet la crise du Covid-19 avec l'arrêt des courses hippiques qui entraina la "mise en pause" des publications.
Le groupe qui publie aussi Paris Courses, Week-end, La Gazette des courses, Geny Courses, Spécial Dernière et Lotofoot Magazine
Au total, plus de 50 millions d'exemplaires en kiosque chaque année, 65,6 M€ de chiffre d'affaires pour 2,1 M€ de pertes en 2019...
L'actionnaire majoritaire était jusqu'alors Jacques-Henri Eyraud.
Jusqu'en 2005, Paris-Turf, Tiercé Magazine, Bilto et Week-end appartenaient à la Socpresse (Hersant). En 2017, ID Editions, filiale de Paris-Turf rachetait le mensuel Cheval Magazine.
Jusqu'en 2013, le groupe appartenait majoritairement au fonds Montagu Private Equity (ex HSBC Private Equity) société de capital-investissement européenne, dont le siège est à Londres. Montagu a alors vendu 66 % de sa participation à J.H. Eyraud, jusqu'alors PDG depuis 2009, et 34 % sont allés au propriétaire de chevaux Jean-Claude Seroul, fondateur des éditions En direct, avec Paris-Courses
Depuis 2010, le groupe est très investi dans les paris hippiques en ligne, via sa filiale Beturf et le site  leturf.fr
En 2014, Turf Editions a racheté au PMU le groupe Geny Infos avec son site Geny.com, le quotidien Geny Courses, et son service de paris en ligne Genybet.fr.

Xavier Niel envisage un partenariat avec la chaîne de télé Equidia.
Dans l'immédiat, la fermeture du site d'Aix-en-Provence entraine le licenciement des trois-quarts des salariés, et l'arrêt de l'imprimerie à Vitrolles, envisageant l'impression mutualiste de la presse hippique sur les rotatives de Nice-Matin et La Provence.
NJJ Presse s'est aussi engagé à renflouer le site de paris en ligne Genybet pour 800.000 € en envisageant des synergies commerciales avec Free. L'affaire sera jugée le 23 juillet.

Xavier Niel, fondateur de Free, est le gendre de Bernard Arnault (LVMH Les Echos-Le Parisien). Il a aussi plusieurs participations minoritaires dans Mediapart, Atlantico, Causeur, Polka, Le Nouveau Magazine Littéraire, Les Cahiers du cinéma et le nouvel immeuble de Libération. Il est également très présent dans la production audiovisuelle avec Mediawan, coté en bourse, aux côtés de Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton.
Sa fortune personnelle est estimée à 5,9 milliards d’euros en baisse de plus de 60 % en trois ans...
Niel a également investi dans quelque 750 start-up (dont Airbnb, Uber, Snapchat, Deezer, Kokoroe plateforme de partage de savoir, Tipeee pour la rémunération des vidéastes avec Laurent Ruquier) via son fonds d’investissement Kima Ventures, dans l’immobilier (hôtels, commerces, bureaux, logement) pour 1 Md€ et même dans un gisement de bauxite en Guinée.
Fondateur en 2014 de la Station F, incubateur de jeunes pousses où il a investi 250 M€, il avait déjà lancé en 2011 l'Ecole européenne des métiers de l'Internet (EEMI) et en 2013 de l'Ecole 42, formation gratuite pour les 18-30 ans, exportée jusque dans la Silicon Valley en 2016.
Géant des télécoms, son groupe Iliad a détenu, de 2011 à 2017, 30 % de l'opérateur israélien Golan Telecom. En 2014, sa holding NJJ Capital a racheté Orange Suisse (2,3 Md€) devenue Salt. En 2016, il est entré au capital de Telecom Comores, et en 2018 pour 32,9 % du capital de l'irlandais Eir. En 2019, il lance Free Senegal.

A 53 ans, celui qui, encore lycéen en 1984, se lança dans le Minitel rose, les peep-shows et les sex-shops, est devenu incontournable dans le sauvetage de la presse française et dans le développement numérique.


PARIS NORMANDIE SAUVÉ PAR LE BELGE ROSSEL

Le tribunal de commerce de Rouen a accepté le 15 juin l'offre de reprise de Paris-Normandie qui se trouvait placé en liquidation judiciaire.
L'offre concurrente émanait d'un autre groupe belge, IPM, qui édite le quotidien La Libre Belgique (n° 1 de la presse francophone) associé à l'actionnaire sortant, Jean-Louis Louvel, avec sa holding Fininco (51 et 49 %) au sein de la société NP Holding.

L'offre de Rossel, via sa filiale française Rossel-La Voix est apparue "la plus sérieuse et la plus pérenne", indiquait un communiqué des élus des entreprises qui déplorent néanmoins la suppression annoncée de 60 postes sur 254 salariés, Rossel s'engageant à accompagner financièrement les licenciés.
La rotative implantée à Saint-Etienne-du-Rouvray sera conservée et Rossel gardera dix éditions alors qu'IPM-Louvel voulait en supprimer sept.
Paris-Normandie complète désormais la présence du groupe belge au nord, à l'est et à l'ouest de Paris. Le quotidien va aussi profiter de la plateforme digitale de La Voix.
Pour Bernard Marchant, C.E.O. du groupe Rossel « Notre ambition est de renforcer la position de Paris-Normandie comme premier média d’information en Haute-Normandie. L’entreprise va être rapidement remise sur pied pour être un partenaire et un moteur du développement dans sa région. Cette opération a également pour objectif de renforcer la cohérence et la puissance du secteur de la Presse Quotidienne Régionale, globalement le premier média d’information en France. »


Mis un genou à terre par le coronavirus, le quotidien régional normand avait été placé en liquidation judiciaire le 21 avril dernier, avec ses deux entités la Société normande d'information et de communication (SNIC) qui comptait 216 salariés et la Régie normande de publicité (RNP) 25 salariés.

2 M€ de pertes, 7 M€ de dettes, une chute de 90 % des recettes publicitaires en mars, ses éditions ramenées de 7 à 1... Un appel au secours avait même été lancé auprès des lecteurs pour qu'ils s'abonnent.
Pendant le confinement, la rédaction a poursuivi sa mission avec une édition quotidienne unique de 48 pages dont 20 consacrées à la crise sanitaire.

En 2019, les ventes accusaient une baisse de 6,8 % (41.283 exemplaires - source ACPM et 1.440 ex.  pour le Progrès de Fécamp). Une érosion constante depuis des années... Cette descente aux enfers du quotidien fondé en 1944, propriété du groupe Hersant des années 70 jusqu'en 2012, n'est pas nouvelle : en 1983, PN fermait l'édition du Calvados et en 2005 ses agences des Andelys, Pont-Audemer et Verneuil-sur-Avre.

En 2012 et 2016, PN a déjà connu un redressement judiciaire. 
En 2017, l'industriel normand Jean-Louis Louvel reprenait 90 % des parts du journal via sa holding Fininco Médias. 
Candidat aux municipales à Rouen, il souhaitait se mettre en retrait et envisageait à l'automne 2019 une cession pour 1 € symbolique au producteur Pierre-Antoine Capton (Mediawan, Troisième Oeil), proche de Xavier Niel. 
Finalement, l'opération ne s'est pas faite et Capton avait annoncé qu'il ne sera finalement pas candidat au rachat.
Les salariés de PN, réunis en assemblées générales les 5 et 6 juin, avaient émis leur préférence à 72 % pour le groupe Rossel-La Voix du Nord, plutôt qu'IPM.
La défiance vis-a-vis de l'actionnaire sortant Jean-Louis Louvel a joué contre l'offre d'IPM, qu'il envisageait d'accompagner. 
Louvel a "décidé de nous abandonner et de demander le placement de notre entreprise en cessation de paiement" souligne le communiqué des salariés.

Rossel : déjà sept quotidiens en France

Le groupe belge Rossel, déjà intéressé par une reprise en 2017, édite 70 titres dont 14 quotidiens (notamment Le Soir à Bruxelles), et 7 quotidiens en France : 
La Voix du Nord, Nord Eclair, Nord Littoral, L'Union L'Ardennais, Le Courrier Picard, L'Est Eclair, Libération Champagne.
Groupe diversifié, il est présent dans la radio, la télé régionale, l'évènementiel et a des participations dans le gratuit 20 Minutes, le magazine Psychologies et Digiteka.
Rossel édite aussi 14 hebdos (le quadri-hebdo L'Aisne Nouvelle, Le Messager, L'Essor Savoyard, Le Pays Gessien, La Savoie, La Tribune Républicaine de Bellegarde, L'Avenir de l'Artois, La Semaine dans le Boulonais, L'Indicateur des Flandres, L'Echo de la Lys, Le Journal de Montreuil, Le Phare Dunkerquois, Le Journal des Flandres, Les Echos du Touquet, Le Réveil de Berk).
Rossel (3.740 salariés), affiche un chiffre d'affaires consolidé de 505 M€ et dispose de 250 M€ de fonds propres. Il apporte 3 M€ en capital et va investir 2,8 M€ sur trois ans. NP Holding n'apportait que 2 M€ et comptait investir 1,5 M€ sur deux ans.


D'autres repreneurs potentiels n'ont finalement pas donné suite :
1healthmediagroupe d'édition médical, fondé par Julien Kouchner (fils de Bernard Kouchner) ce groupe est spécialisé dans la formation, le e-learning et la santé. En février dernier il rachetait le magazine gratuit Bien Etre & Santé, distribué à 400.000 ex. dans les pharmacies. 

Ouest-France n'a pas voulu se porter acquéreur des décombres dégagées du passif, pour compléter sa zone de diffusion normande (Orne, Sarthe, Manche, Calvados). PN subit déjà de plein fouet la concurrence des hebdos locaux du groupe Publihebdos, filiale du groupe SIPA-Ouest-France.

Avaient été évoqués mais sans suite : Le Parisien (groupe LVMH) et le groupe de l'hebdo normand La Manche Libre qui, en 2017, a racheté l'hebdo Le Courrier Cauchois, édité à Yvetot. 


LE PARISIEN : NOUVELLE ORGANISATION ET CAHIER LOCAL UNIQUE

La crise sanitaire a conduit le Parisien à fusionner ses neuf cahiers départementaux pour l'Ile-de-France et l'Oise en un seul de 12 pages (au lieu de 36 pages au total). La chute des ventes ayant entrainé une perte de chiffre d'affaires de 36 M€ en mars-avril, la direction a annoncé la suppression des cahiers départementaux et l'abandon de son organisation départementale au profit d'une formule plus régionale et thématique.
Le 16 juin, le PDG Pierre Louette a présenté aux syndicats un " projet ambitieux de refondation" pour accélérer la transition numérique et réduire les pertes.
Le maillage départemental reposait sur la mobilisation de 130 journalistes répartis dans huit départements. Les rédactions sont conservées mais les effectifs vont être réduits de moitié (passant entre 9 à 14 journalistes aujourd'hui à seulement 7-8).
Le nouveau cahier unifié, baptisé Le Grand Parisien sera édité avec neuf "Unes" différentes.
Le quotidien, qui appartient au groupe LVMH, va supprimer 30 postes (par un plan de départs non contraints) et vise 200.000 abonnés numériques d'ici cinq ans alors qu'il a perdu 100.000 lecteurs ces cinq dernières années...
Jean-Baptiste Isaac, directeur adjoint de la rédaction, a pris en charge les éditions départementales et le lancement du ‘’Grand Parisien’’ prévu début 2021. 
Ce nouveau cahier du Parisien est dédié à l’information locale pour Paris, l’Ile-de-France et l’Oise.
 
Lire aussi : "Le Parisien" engage une réorganisation pour accélérer dans le numérique (Les Echos 16.06.2020)


LE FIGARO : 60 POSTES A SUPPRIMER

En septembre, avec un déficit d'exploitation estimé à 23 M€ pour 2020, le DG du groupe, Marc Feuillée, envisageait la réalisation de 4 à 6 M€ d'économies, par la suppression d'une soixantaine de postes.
Au lieu de licenciements, les syndicats ont obtenu un plan de départs volontaires.
Fin octobre, des négociations sont lancées à propos du TV Magazine qui pourrait changer de périodicité. 
En mars, une centaine de salariés du quotidien avaient pu bénéficier des mesures de chômage partiel.


LE MONDE : 30 M€ DE PERTES ET UN FOND DE DOTATION

Le groupe Le Monde voit son résultat réduit de 30 M€ en raison de la crise sanitaire, le chiffre d'affaires reculant de 18 M€, situation aggravée par la crise de Presstalis.
La régie M Publicité a aussi dû faire face à une baisse de 50 % de ses recettes. 
L'exercice 2019 affiche un résultat net positif (+ 2,6 M€) pour la troisième année consécutive, avec un chiffre d'affaires de 302,7 M€ (- 0,8 % / 2018) marqué par la progression du portefeuille d'abonnés numériques (Le Monde : 220.000 fin 2019, + 29 %. Courrier International : 55.000)
Pour assurer son refinancement, le groupe a signé le 19 juin 2020 un Prêt garanti par l'Etat (PGE) de 17 M€, un prêt bancaire de 5 M€ et cinq autres millions apportés par les actionnaires.
Le Monde poursuit sa mutation numérique avec un certain succès : ses abonnements numériques représentent 16 % de ses revenus. Une progression due notamment à la fonctionnalité "Subscribe with Google". L'historique "quotidien du soir" a franchi le seuil historique des 400.000 exemplaires/jour en juillet 2020 (+ 25,24 % / juillet 2019).
Pour protéger son indépendance, le groupe est en train de s'engager dans un fond de dotation qui verra le jour au premier trimestre 2021. Xavier Niel a décidé de transférer sa participation au capital, ce qui la rendra incessible, permettant un premier pas vers l'indépendance capitalistique du groupe.


REWORLD MEDIA : PLAN SOCIAL A GRAZIA

Le magazine hebdomadaire féminin Grazia, édité par le groupe Reworld Media, avait stoppé sa publication pendant le confinement. Le plan social entraîne la suppression de 31 postes avec une réorientation vers le numérique, la publication "papier" étant limitée à trois ou quatre fois par an, externalisée. Le développement des podcasts est prévu.
Germain Périnet, directeur des activités presse chez Reworld Media, souligne que " Grazia, très dépendant du marché publicitaire, a subi les conséquences de la crise sanitaire ". Parallèlement, le site a enregistré des records d'audience, piloté par seulement trois personnes, le reste de l'équipe se trouvant en chômage partiel.
Nouveau numéro 1 de la presse magazine avec 42 marques média, Reworld Media, groupe français en pleine croissance, a repris l'été 2019 les 25 publications de l'italien Mondadori pour 70 M€, ce qui entraîna 190 clauses de cession. Nombre de ses collaborateurs n'ont pas de cartes de presse. 
En 2014, avec Rossel, il avait acquis des titres cédés par Lagardère (Psychologies, Be, Première, Périscope,  Maison & Travaux, Le Journal de la Maison, Campagne Décoration, Mon Jardin & Ma Maison, Auto Moto, et Union.)En 2013, il rachetait Publications Grand Public (PGP) d'Axel Springer en France, avec Télé Magazine et Vie Pratique.
Le PDG de Reworld, Pascal Chevalier détient 18,9 % des actions, la société européenne de capital-investissement IDinvest Partners 22 %, Rothschild Asset Management 14,4 %, le fonds singapourien Hera Capital 4,6 %. 
En 2019, le CA de Reworld frôle les 300 M€, en croissance de 66 % par rapport à 2018 où le digital représentait alors 22 M€ pour 43 M€ dans le print. Un an après, le CA print a été multiplié par 3,3 et le digital par 6.
A la lecture du rapport financier 2019 du groupe qui tire 47 % de son revenu dans le digital, on comprend mieux la stratégie de Reworld pour Grazia.


SCIENCES & VIE : VAGUE DE DEPARTS

Racheté en 2019 par Reworld Media à Mondadori, dix des 29 journalistes du mensuel ont déjà quitté l'entreprise via la clause de cession. Après une grève illimitée fin septembre 2020, et une motion de défiance vis-à-vis de la nouvelle rédactrice en chef, le reste de la rédaction envisage de quitter le magazine de vulgarisation scientifique né en 1913.
Le cas de Sciences & Vie aurait pesé, explique Libération, dans la décision du ministère de la Culture de lancer une mission destinée à réformer les conditions d'accès aux aides à la presse. Ses conclusions sont attendues mi-mars. L'objectif serait de conditionner les aides à la présence de journalistes dans les rédactions. La méthode Reworld est clairement visée ainsi que les titres qui rémunèrent leurs journalistes sur facture et non à la pige comme l'exige le Code du travail.


ALTICE SE SÉPARE DU QUOTIDIEN LIBÉRATION


Le 14 mai 2020, à la surprise générale, le groupe de Patrick Drahi, Altice France (BFM, RMC, i24news, SFR), annonçait qu'il se séparait du quotidien Libération. Le quotidien va devenir une société à but non lucratif, sur le modèle de Mediapart. 
Cette formule permet d'éponger les dettes du journal (45 à 50 M€) et de garantir l'indépendance du titre.
Une clause de cession va s'ouvrir mais Altice lance un Fonds de dotation pour une presse indépendante qui, via sa filiale Presse Indépendante SAS détiendra le journal, sa régie publicitaire et sa société de développement technologique. La nouvelle structure sera non cessible et non capitaliste. Le Fonds, est-il annoncé, sera doté "substantiellement" et redistribuera ses profits à des fondations caritatives (Reporters sans frontières, Hôpitaux de Paris et de France, Fondation SFR pour l'accès des publics fragiles au numérique). Des mécènes pourront abonder le Fonds, sans contrepartie, et après accord du conseil d'administration.
En septembre 2020, les salariés du journal ont déploré la faiblesse des engagements financiers de leur actionnaire. Avec seulement 15 M€ de dotation, le quotidien doit réussir sa mutation digitale pour se maintenir à flots.
Le 11 juin 2020, Denis Olivennes a été nommé DG et cogérant mais il reste membre du conseil de surveillance de CMI France, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire du Monde, qui a racheté Marianne et les magazines de Lagardère).

Libération a connu de nombreuses crises financières depuis sa fondation en 1973 par une poignée de militants d'extrême-gauche, autour de Jean-Paul Sartre et Maurice Clavel.
En 2005,  Edouard de Rothschild devient l'actionnaire majoritaire mais en 2006 le quotidien se trouve en cessation de paiement avec dépôt de bilan. 
Une gestion paritaire sera acceptée avec la SCPL (Société civile des personnels de Libération qui détient 18,45 % du capital). 
Début 2012, la holding BLHM (Bruno Ledoux Holding Media) devient actionnaire à parité (26,64 % du capital) avec E. de Rothschild mais, en raison d'une crise interne et d'une érosion des ventes, une recapitalisation est annoncée par Bruno Ledoux, à la veille d'un nouveau dépôt de bilan, qui investit alors 18 M€ et prend le contrôle de 100 % des parts du journal. Une réforme en profondeur est engagée en 2014 avec l'arrivée de Patrick Drahi qui apporte 14 M€ et devient actionnaire à hauteur de 50 %. 
A partir de 2015, la formule Web First sera engagée.
En 2019, Libé diffusait 71.466 exemplaires (+ 6,29 %), dont 34,93 % d'abonnements numériques.

Lire aussi : Médias : Altice (BFM, RMC...) ouvre le bal des plans sociaux (Libération 19.05.2020) 

Libération projette de déménager chez Patrick Drahi et Xavier Niel (Capital 11.06.2020)
Comment Patrick Drahi et Alain Weill se sont enrichis avec l'immeuble de SFR, BFM TV et Libération (Capital 8.06.2020)


ALTICE : PLAN DE RECONQUETE POST-COVID ET GREVE A BFM-RMC

Patrick Drahi arrête les frais pour la chaîne
sportive RMC Sport News (dr)
Après son annonce surprise concernant Libération, Altice France a lancé le 19 mai 2020 un vaste plan d'économies baptisé "plan de reconquête post-Covid" pour ses médias audiovisuels contrôlés par sa filiale NextRadioTV (groupe présent dans News Participation, détenu à 51 % par Alain Weill, et à 49 % par Altice).
Prétextant l'écroulement des recettes publicitaires de ces dernières années, aggravé par la crise sanitaire, le groupe entend se recentrer sur ses marques BFM et RMC en élaguant tout ce qui vient plomber ses résultats. 

Première décision : la fermeture au 2 juin de la chaîne RMC Sport News qui depuis deux mois se contentait de rediffusions. 
Le 24 juin, un appel à la grève de 24 h a été lancé pour la première fois à BFMTV et RMC, suite à une assemblée générale tenue la veille où circulait le hashtag #Drahison en référence à Patrick Drahi, à la tête du groupe Altice. 

En janvier, Laurent Eichinger, DG de la chaîne depuis un an seulement, quittait ses fonctions.
Lancée pour l'Euro 2016 sous la bannière BFM Sport, elle était devenue RMC Sport News en juillet 2018 dans l'euphorie de ses nouveaux droits de diffusion de la Ligue des Champions pour 2021-2024 (acquis pour près de 315 M€ par an, hors frais de productions). Mais la perte des droits de la Coupe d'Europe de football, au profit de Canal+ et BeIN Sports fin novembre 2019, avaient signé la fin du match.
Egalement annoncé l'abandon de la diffusion des compétitions d'athlétisme, d'équitation, de tennis.
La cure d'amaigrissement du pôle médias d'Altice (1600 salariés) prévoit de se séparer de 250 salariés en départs volontaires (380 CDI initialement) et jusqu'à 200 collaborateurs non salariés (intermittents, consultants, pigistes). Les licenciements contraints intervenant si le volontariat s'avérait insuffisant. Une mutualisation des moyens est également prévue entre NextRadioTV et Altice France pour les fonctions support (comptabilité, RH, régie pub).
NextRadioTV souligne vouloir revoir sa " politique d'acquisition et de production des chaines de divertissement dont les coûts ont été multipliés par trois ces dernières années ". Seraient concernées la chaîne My Cuisine (qui ne diffuse plus depuis fin avril), RMC Découverte, RMC Story, et Altice Studio (séries et cinéma).
En janvier dernier, Altice France avait nommé Arthur Dreyfuss, proche de Patrick Drahi, à la tête de la branche médias d'Altice France.

Parmi les nouveaux objectifs mis en oeuvre : le développement des télés locales avec l'acquisition de BFM Grand Lille et Grand Littoral, venues compléter BFM Lyon et BFM Paris. La chaîne Via Grand Paris qui devait se rapprocher de BFM a été placée en redressement judiciaire en décembre 2020. Cette télé locale, propriété de Bruno Ledoux (ex-actionnaire de Libération), présidée par Jacques Rosselin (fondateur de Courrier International) connaîtra son sort en janvier 2021.


Lire aussi : Altice chute en Bourse, le rachat par Patrick Drahi contrarié (Capital 30.11.2020) 
Les projets d'Alain Weill pour L'Express (Le Figaro 12.02.2019)


LE CANARD ENCHAINE EN NUMÉRIQUE... MAIS DES COMPTES EN ROUGE

Le premier confinement a fait baisser les ventes au numéro du palmipède de plus de 20 % au premier semestre alors que le Canard « a fait le choix de maintenir l'intégralité des salaires de son personnel », sans recourir au chômage partiel. Véritable révolution, depuis le 24 mars, le Canard Enchaîné, est disponible en version numérique 
sur lecanardenchaine.fr.  
Le confinement du printemps a finalement poussé l'hebdomadaire satirique à opter pour ce mode de diffusion, refusé jusqu'alors. Le journal a gagné 14 % d'abonnés supplémentaires au premier semestre 2020 et en compte désormais plus de 82.800.
En 2019, pour la première fois de son histoire centenaire, le Canard a été déficitaire à cause de la crise de Presstalis qui aura coûté au total à l'hebdo plus de 3,2 millions d'euros en deux ans. La situation ne devrait pas s'améliorer pour 2020. 
La structure particulière de l'hebdo, propriété exclusive de la rédaction et de ses fondateurs, et une solide trésorerie devraient permettre de passer ce cap délicat. En 2016, la réserve était estimée à une centaine de millions d'euros.



GROUPE EBRA - DNA - L'ALSACE : FREDERIC VEZARD SUCCEDE A DOMINIQUE JUNG

Septembre 2020 : les DNA et L'ALSACE ont un nouveau rédacteur en chef : Frédéric Vézard succède à Dominique Jung, retraité après 44 années aux DNA dont 15 comme rédacteur en chef. Frédéric Vézard est un transfuge du Parisienoù il était directeur adjoint des rédactions depuis 2015. Rédacteur en chef à L'Equipe (2011-2015) et à Metro (2007-2011), il a été grand reporter à M6 (2004-2006), au Parisien (1999-2004) et a été chef de service et reporter à VSD alors au groupe Prisma. Il est diplômé de l'IEP Paris.
La tâche du nouveau patron des rédactions ne sera pas facilité par la situation financière du groupe EBRA qui prévoit 35 M€ de pertes en 2020 en raison de la crise sanitaire.


Lire aussi :


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