vendredi 6 janvier 2023

MEDIAPART

AFFAIRE PERDRIAU : LA JUSTICE AUTORISE LA PUBLICATION


30 novembre 2022 : le tribunal judiciaire de Paris a levé l’interdiction de publication d’un article de Mediapart sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, ce dernier invoquant « une atteinte à la vie privée ». 

L’article a été aussitôt publié (capture d’écran ci-dessous). 

La liberté d’informer l’a emporté. 


Le 25 novembre, des recours juridiques ont permis la tenue de cette audience publique cette fois, pour faire annuler l’interdiction de publier signifiée par huissier le 18 novembre,. Une astreinte de 10.000 € était à payer en cas de non respect. 


Ces mesures ont entraîné une vague de protestation : le 22 novembre, 36 sociétés de journalistes, et 17 associations et collectifs dénonçaient cette décision, rappelant que jamais une telle procédure avait été utilisée pour censurer préalablement un média.

Une attaque sans précédent contre la liberté de la presse, une véritable censure préalable, décidée sans audience publique par le président du tribunal judiciaire de Paris, sans débat contradictoire (en vertu des articles 493 et 875 du Code de procédure civile), Mediapart n’ayant même pas été informé de cette procédure.

Fin août, le site d’investigation avait déjà révélé l’existence d’un chantage présumé à la sextape contre le premier adjoint au maire, et le parquet de Lyon avait ouvert une information judiciaire dont les investigations sont toujours en cours. 

La sénatrice centriste, Nathalie Goulet, a pour sa part déposé une proposition de loi stipulant qu’une publication ne peut être interdite qu’en application d’une décision judiciaire rendue contradictoirement. 


Edwy Plenel, directeur de publication de Mediapart, dans un long plaidoyer publié le 21 novembre, souligne l’intérêt public des informations qui n’ont pu être publiées. Pour lui, c’est « du jamais vu dans notre histoire républicaine depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a enfin instauré en France, et régit encore, le droit d’information et la liberté d’expression » (…) 

« le président du tribunal judiciaire de Paris a donc décidé, dans la solitude de son cabinet, de restaurer une arme d’Ancien Régime contre la liberté de la presse : la censure préalable ». 

Il souligne que la procédure « expéditive » utilisée s’appuie sur deux où la décision peut être rendue non contradictoirement. 

Une première « d’autant plus alarmante qu’elle survient après une décision similaire rendue le 6 octobre, par le tribunal de commerce de Nanterre au nom du secret des affaires » (le groupe Altice et son président Patrick Drahi ayant obtenu que le site reflets.info ne puisse publier de nouvelles informations le concernant).



Juillet 2022 : l’État a été condamné après la tentative de perquisition de Mediapart dans l’affaire Macron-Benalla pour avoir tenté de porter atteinte au secret des sources.



Président de la Société éditrice de Mediapart : Edwy Plenel


DG : Marie-Hélène Smiejan-Wanneroy, 54 ans.

(ESSEC, INALCO licence de chinois), ex-ingénieure commerciale chez IBM, puis création de sa société de financement informatique. 

Direction de Econocom France en 1997. En 2003, elle quitte l’informatique pour le conseil à l’implantation en Chine.


Direction éditoriale : depuis mars 2018 Stéphane Alliès (DEA Sciences Politiques, ESJ Lille) auteur en 2012 d’une bio de Jean-Luc Mélanchon (Le Plébéien, Laffont)

et Carine Fouteau (débute aux Échos en 1999)



> Audience 2021 : 213.533 abonnés payants



REPÈRES


16 mars 2008 : journal d’information en ligne, payant, Mediapart a été lancé par Edwy Plenel.

avec François Bonnet directeur éditorial, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Marie-Hélène Smiejan-Wanneroy et Godefroy Beauvallet.

Né à Nantes en 1952 (70 ans) (IEP Paris, université Alger), Plenel a été un militant trotskiste à la Ligue Communiste Révolutionnaire dans les années 70, il débute dans le journalisme à Rouge, l’hebdo militant de la LCR. Prenant ses distances, il entre au journal Le Matin de Paris lancé par Claude Perdriel en 1977 (il cessera de paraître en 1988), puis au Monde en 1980. 

D’abord spécialiste éducation, il développe des enquêtes d’investigation tout au long de la présidence de François Mitterrand. (il sera victime d’écoutes téléphoniques de l’Elysée suite à la révélation de l’affaire du Rainbow Warrior).

Directeur de la rédaction du Monde de 1996 à 2004, il démissionnera de la direction de la rédaction puis négocie son licenciement en 2005 et quitte le journal avec 450.000 € d’indemnités.

Devenu en 2009 le premier secrétaire général du SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne) il obtient des avantages fiscaux pour la presse en ligne (mais Mediapart devra s’acquitter d’un redressement fiscal de plusieurs millions en raison d’impayés de TVA).

E. Plenel est l’auteur d’une vingtaine de livres  (L’Effet Le Pen, La République inachevée, La Part d’ombre, Secrets de jeunesse (Prix Médicis essai 2001), Le Président de trop, Dire non, La valeur de l’information, Pour les musulmans). 

Ses prises de position sur l’islam, Charlie Hebdo et l’affaire Tariq Ramadan, déclencheront de nombreuses polémiques. 



Chiffres clés


CA 2021 Mediapart : 21,313 M€ ( + 2,36 % / 2020)  


Résultat : 4,007 M€ (4,006 M€ en 2020)


Comme chaque année à la date anniversaire de sa création, le 16 mars 2008, Mediapart rend publics tous ses chiffres, comptes et résultats. 

Edwy Plenel  souligne que ces résultats « confirment la solidité de son modèle économique ne reposant que sur le soutien et la fidélité de ses lectrices et lecteurs, 98% de nos recettes provenant de l’abonnement » (…) « la rentabilité de Mediapart est donc obtenue sans aucun des artifices, expédients et faux semblants qui ont cours dans un paysage médiatique dominé par une poignée de milliardaires qui y défendent leurs intérêts privés, cherchant de l’influence et de la protection, au détriment de ce qui devrait être la mission du journalisme : servir l’intérêt public. Elle est la meilleure protection de son indépendance ».


Depuis 2019, un fonds de dotation à but non lucratif a été instauré par les cofondateurs qui ne sont plus actionnaires afin de garantir l’indépendance journalistique. La valorisation de l’entreprise est de 16,3 M€. Outre 4,4 M€ de réserves, le rachat de l’ensemble des actionnaires de Mediapart (ses cofondateurs, sa société des amis, sa société des salariés, les sociétés Doxa et Ecofinance) est financé par un emprunt de 5,5 M€ auprès du Crédit Coopératif, sur 8,5 ans а un taux de 1,18 %.  



Siège social

   

Mediapart 127 avenue Ledru-Rollin 75011 Paris  




www.mediapart.fr


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