GRÈVE MASSIVE AU PROGRÈS
7 avril 2022 : une semaine après des mouvements de grève à L'Est Républicain, Vosges Matin et au Républicain Lorrain contre la pénurie de moyens humains, Le Progrès a connu une mobilisation qualifiée "d'exceptionnelle" par le syndicat SNJ avec 86,5 % de grévistes chez les journalistes.
Depuis la mise en oeuvre du plan "digital first" en 2018 au sein du groupe EBRA, une vingtaine de postes ont été supprimés, entrainant une dégradations des conditions de travail. "Ce plan était sous dimensionné et sans moyens humains et matériels" dénonce le SNJ qui demande des revalorisations salariales en mettant en exergue l'embauche de jeunes journalistes "soumis à des doubles journées pour 1800 € par mois".
Le Progrès : présentation du groupe
Repères :
EBRA premier groupe de presse régionale devant SIPA-Ouest France, compte neuf quotidiens régionaux. Tous affichent une diffusion en recul :
Le Dauphiné Libéré / Vaucluse Matin 165.817 ex. - 4,47 %
Le Dauphiné Libéré Dimanche 219.854 ex. - 5,22 %
Le Progrès 143.976 ex. - 5,78 %
Le Progrès Dimanche 186.211 ex. - 6,7 %
DNA 122.685 ex. - 3,11 %
L’Est Républicain 105.132 ex. - 2,64 %
Le Républicain Lorrain 83.994 ex. - 2,97 %
L’Alsace 56.833 ex. - 4,89 %
Le Journal de Saône-et-Loire 43.857 ex. - 2,59 %
Le Bien Public 32.828 ex. - 3,27 %
Vosges Matin 29.853 ex. - 3,01 %
La Liberté de l’Est a été intégrée en 2009 à Vosges Matin et Le Pays devenu une édition de L’Est Républicain en 2013.
1 tri-hebdo : Le Journal de la Haute-Marne (50 % du capital) : 15.583 ex. - 4,4 %.
Six hebdos régionaux :
La Tribune de Montélimar 10.294 ex. - 5,57 %
Le Journal de Tournon-Tain (Ardèche) 1.384 ex. - 9,42 %
La Presse de Gray 4.760 ex. - 6,52 %
La Presse de Vesoul 3.775 ex. - 5,71 %
L'Indépendant du Louhanais et du Jura 2.747 ex. - 7,3 %
La Maurienne 2.481 ex. - 0,36 %
1 hebdo national : Le Journal des Enfants (édité par L’Alsace), vendu par abonnement dans les écoles.
2 gratuits : Lyon Plus, Top Est
1 maison d’édition : Les Éditions du Quotidien (La Nuée Bleue, éditions Coprur, éditions Serpenoise)
EBRA s’est constitué en 2006 lorsque le Crédit Mutuel a fait l’acquisition de 49 % du capital des journaux du pôle Rhône-Alpes du groupe GHM (Groupe Hersant Média) lors de son démantèlement. En 2009, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale est devenu l’actionnaire unique.
Les différentes sociétés, jusqu’alors propriétés de la Banque fédérative du Crédit Mutuel ou par des holdings de la banque, déficitaires depuis plusieurs années, se sont regroupées dans une seule holding en 2016-2017 lorsque Nicolas Théry a pris la présidence du groupe bancaire mutualiste.
Outre les quotidiens diffusés dans 23 départements, et les hebdos régionaux, EBRA compte une maison d’éditions, et deux gratuits.
Les chaînes locales de télévision (Télé Lyon Métropole et Alsace20 ont été cédées en 2010 et 2012, M6 Nancy (50 %) fermée en 2008)
En 2018, EBRA enregistrait plus de 113 M€ de pertes et ouvre en juin 2019 un plan de sauvegarde de l’emploi pour 386 postes.
Les syndicats dénonçaient alors une volonté de « démembrer les titres ».
Déjà, en 2015, un plan social avait entraîné la suppression de 96 postes au Bien Public et au Journal de Saône-et-Loire, l'impression des deux titres bourguignons ayant été transférée à Chassieu (Rhône) dans l'imprimerie du Progrès.
La nouvelle structure, EBRA Services, basée sur la mutualisation des moyens, a vu la création de 284 postes en 2021 sur le site de L’Est Républicain dirigé par Christophe Mahieu en poste depuis 2014 (également DG du Républicain Lorrain et de Vosges Matin).
En 2018, un plan de départs volontaire a supprimé 160 postes au Dauphiné Libéré pour accélérer la transition numérique.
Octobre 2021 : Philippe Carli annonce le retour à l’équilibre des comptes du groupe : « Sur 2020 nous avons réalisé 495 M€ de chiffre d’affaires avec un résultat d’exploitation toujours négatif, mais en amélioration par rapport à 2019. En 2021 nous avons prévu de réaliser un CA de 550 M€ avec un résultat positif, nous serons à l’équilibre, pour la première fois depuis plusieurs années. À la fin du premier trimestre 2021, le groupe EBRA est redevenu profitable ».
Juin : La nouvelle rotative KBA 100 % couleur est installée à Houdemont, près de Nancy. Elle imprime L'Est Républicain, le Républicain Lorrain et Vosges Matin. Un investissement de 15 M€. Les travaux avaient commencé en 2019.
> Voir le Timelapse du chantier (L'Est Républicain 23/6/2021)
En 2018, la rotative de L’Alsace a été stoppée et l’impression transférée à Strasbourg. Idem pour les rotatives du Républicain Lorrain stoppées en mars 2018 à Woippy et l’impression transférée à Houdemont.
Chiffres clés :
Aides à la presse : en 2019, 5,2 M€ ont été versés au groupe EBRA.
Le Dauphiné Libéré CA 2020 : 100,722 M€. Résultat net : 1,66 M€ (2,59 M€ en 2019)
Groupe EBRA CA 2018 : 12 M€. Résultat net 2019 : 3,293 M€ (Pertes 2018 113,39 M€)
EBRA Services CA 2020 : 55.000 €. Résultat 3.100 €
Siège social :
Groupe EBRA : rue Théophraste-Renaudot, 54180 Houdemont.
Le Dauphiné Libéré : 650 Route de Valence 38913 Veurey-Voroize
EBRA ACHÈTE LES ÉDITIONS HUMANOID
18 mars 2022 : EBRA premier groupe de PQR qui regroupe neuf quotidiens régionaux (*), propriété du Crédit Mutuel, a fait l’acquisition de la société Humanoid, qui édite les médias Frandroid, Numerama, Madmoizelle, et possède l’agence de création Humanoid xp. Humanoid apporte des compétences qui s’étendent de l’éditorial à la vidéo en passant par le brand content, le live ou les mécaniques d’affiliation. EBRA va permettre à Humanoid de construire de nouvelles offres, de disposer de l’expertise de la filiale événementielle EBRA Events ainsi que de la mise en place des nouvelles formes de monétisation publicitaires. (*) L’Est républicain, le Républicain Lorrain, Le Bien Public, Vosges Matin, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, Le Dauphiné Libéré, les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Alsace.
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
Philippe Carli, PDG du groupe EBRA depuis 2017 (ex PDG Siemens, Ingénieur Sup Elec) a choisi celui qui a été DG du groupe Les Échos - Le Parisien.
Les deux hommes se connaissent bien puisque Carli a dirigé ce groupe de 2010 à 2015, alors propriété d’Amaury.
Christophe Victor est un spécialiste des nouvelles technologies. Co-fondateur de Viva Technology avec Publicis, il a fondé en 2018 le cabinet conseil Alia Futura (finance, marketing, digital, stratégies de transformation) et il préside depuis 2020 L’École des Entreprises, société d’ingénierie. DG des Échos de 2011 à 2018, il a conduit sa transformation digitale en multipliant par quatre son audience numérique et en lançant en 2012 la nouvelle formule du quotidien économique, de son site et appli.
De 2005 à 2011, il était DGa du groupe Figaro, membre du comité exécutif. Il a à son actif l’acquisition de Evene, Ticketac, Meteoconsult, la création de AdenClassified, l’organisation des équipes numériques, le rapprochement des rédactions web et print.
Au début de sa carrière, de 1988 à 2002, il a été dans la gestion financière à Axa, LVMH, DI Group (La Tribune, Investir), Kenzo Mode.
Il a publié un roman-fiction en 2020 : « 2034 » et deux essais, « Révolution digitale : transformer la menace en opportunités » en 2017 (éditions Eyrolles) et « Le Monde qui vient » (Plon) en 2019.
C. Victor remplace Christophe Tostain, 50 ans (IEP Paris, ESLSCA) condamné le 16 décembre à une amende de 1000 € pour des faits de violences à l’encontre d’une femme.
PDG depuis 2013, il s’était mis en retrait de ses fonctions en mars lorsque les faits ont été révélés. Récidiviste, il avait déjà été condamné en 2019 à six mois avec sursis pour des faits similaires.
