mardi 28 novembre 2023

EN BREF

ZINEB EL RHAZOUI PERD SON PRIX SIMONE-VEIL


Zineb El Rhazoui, ex-journaliste franco-marocaine de Charlie Hebdo, s’est vue retirer le prix Simone Veil par Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France, à la suite d’un tweet où elle faisait la comparaison entre le génocide des Juifs à Auschwitz et l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza suite aux massacres du Hamas le 7 octobre. Ce prix, attribué en 2019, récompensait son engagement contre l’islamisme.


MENACES ANTISÉMITES CONTRE DES JOURNALISTES DE LIBÉRATION


Plusieurs journalistes et le directeur de la rédaction du quotidien Libération, le franco-israélien Dov Alfon, font l’objet d’une recrudescence de messages de haine antisémites et d’insultes. La Société des journalistes et du personnel dénonce ce climat d’hostilité qui s’est intensifié ces deux derniers mois. Dov Alfon a été rédacteur en chef du quotidien israélien de gauche Haaretz (2008-2011).


PPDA MIS EN EXAMEN


Patrick Poivre d’Arvor, 76 ans, a été mis en examen pour viol le 18 décembre, après une plainte déposée en 2021 par la journaliste Florence Porcel. Elle accuse l’ancien présentateur du 20 h de TF1 de lui avoir imposé une fellation. PPDA a aussi été placé sous le statut de témoin assisté pour un autre fait de viol survenu en 2004 dont la même personne l’accuse. La première plainte a été classée sans suite en juin 2021, par insuffisance de preuves, d’où la nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour obtenir l’ouverture d’une nouvelle enquête. Cette première mise en examen du journaliste fait suite aux accusations d’une vingtaine de femmes pour viols et agressions sexuelles.


GIBRALTAR SUSPEND SA PARUTION


20 décembre : après 12 numéros depuis 2012, la revue annuelle Gibraltar, Un pont entre deux Mondes suspend volontairement sa publication à partir de ce mois de décembre 2023. « Besoin de réfléchir, d’écrire, de publier autrement, de voyager, de souffler aussi » annonce la rédaction indépendante des pouvoirs politiques et économiques, dirigée par Santiago Mendieta.

Regard décalé pour voyager des deux côtés de la Méditerranée, Gibraltar se situe à mi-chemin entre le magazine et le livre. Numéro collector, cette dernière parution propose un dossier sur le cinéma.

www.gibraltar-revue.com



NOUVEAU : 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS JUNIOR 


7 décembre : l’Institut national de la consommation (INC) lance le trimestriel 60 millions de consommateurs junior, tiré à 45.000 exemplaires. 

Objectif : toucher un nouveau public de 8 et 12 ans et développer leur esprit critique.

Vendu 5,90 €, ce premier numéro propose une couverture sur l'alimentation et l'environnement, avec le titre "Avec mon assiette... J'agis pour la planète". 

Il contient ainsi un comparatif de céréales de petit-déjeuner, un décryptage des étiquettes de vêtements, ou encore un reportage dans un centre de tri des déchets. 

La publication a été adaptée aux enfants avec une large place consacrée aux illustrations, des jeux, un quiz et la création d'une mascotte, le personnage de Konso, présent dans ses pages.  60 millions de consommateurs poursuit ainsi sa stratégie de diversification après un premier cahier de vacances  publié en juin et un agenda. 

Rédaction en chef : Sylvie Metzelard



LIBERTÉ DES MÉDIAS : UNE LOI EUROPÉENNE


15 décembre : les 27 États membres de l’Union européenne, après de longues controverses, a scellé un accord sur une loi destinée à mieux protéger l'indépendance et le pluralisme des médias. Une première en Europe ! Proposé en 2022, ce texte cible d'abord des pays comme la Hongrie ou la Pologne, où la situation de la presse est catastrophique. Reporters sans frontières (RSF) s’est félicité d’avoir « remporté une victoire », la France n'ayant pas obtenu l'introduction d'une exception de sécurité nationale afin de pouvoir surveiller des journalistes. Le texte porte notamment sur le respect du secret des sources journalistiques et sur l’interdiction de déployer ces logiciels espions dans des appareils utilisés par des journalistes.  


SPOTIFY SUPPRIME 1.500 EMPLOIS


4 décembre : le géant mondial des plateformes audio a annoncé la réduction d’environ 17 % de ses effectifs, soit quelque 1.500 personnes. C’est la troisième vague de réduction d’effectifs du groupe suédois après celle de janvier (600 suppressions) et de juin (200) dans sa division podcasts. Les motifs : un contexte de ralentissement de la croissance économique et la réduction des coûts, ce qui peut paraître surprenant alors que l’entreprise a été valorisée à hauteur de plus de 31 milliards en novembre.

Le DG, Daniel Ek, dans une lettre aux salariés, explique que ces licenciements doivent permettre « d’aligner Spotify sur nos objectifs futurs et de s’assurer que nous sommes bien dimensionnés pour les défis à venir ». Spotify comptait 3000 employés en 2017 pour atteindre 9.800 fin 2022. Malgré son succès, la plateforme n’a jamais affiché de bénéficie net sur l’ensemble de l’année, depuis sa création en 2006.



ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’INFORMATION : RÉACTIONS


22 novembre : Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, estime que les États généraux de l’information permettront « de voir s’il y a des renforcements législatifs à mettre en oeuvre. Ce sera des modernisations de lois qui n’ont pas pris en compte toutes les évolutions numériques ». Elle cite notamment la loi de 1986 sur la concentration des médias et la loi Bloche de 2016. Sur une réforme des aides à la presse, elle interroge : « Est-ce que l’on doit les plafonner, est-ce que l’on doit les conditionner ? ».

La ministre souligne que la France n’est pas favorable à une régulation européenne de la presse, comme l’a proposé la Commission européenne en 2022.


Le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil) profite des états généraux de l’information pour mettre en garde contre la recrudescence des procédures baillons, la censure et les gardes à vue de journalistes.  

Il propose d’instaurer une politique volontariste pour contribuer à l’essor économique de la filière presse, de renforcer les attributions de l’Institut pour le financement des industries culturelles et du cinéma (IFCIC), et de simplifier les aides publiques au travers d’un crédit d’impôt à la production journalistique et à la diffusion de l’information. 

Il préconise également la création d’un Centre national de la presse dont la gouvernance pourrait être assurée par un conseil d’administration réunissant des représentants des syndicats d’éditeurs, de journalistes et de membres de l’administration. 


Le Fonds pour une presse libre (FPL) organise des États généraux de la presse indépendante le 30 novembre à Paris, en guise de réponse aux États généraux de l’information organisés par le gouvernement qui sont, estime-t-il, « une initiative qui pourrait n’être qu’un énième exercice de communication d’un pouvoir privé de majorité parlementaire, et donc de la capacité de réformes législatives ambitieuses ».


Le site officiel des États Généraux de l'Information



L’AFP ET L’EMPLOI DU MOT « TERRORISTE »


L’Agence France Presse, sous le feu des critiques, a justifié sa décision de ne pas utiliser dans ses dépêches l’adjectif « terroriste » pour qualifier le Hamas depuis ses attaques meurtrières du 7 octobre en Israël. 


Dans une mise au point publiée le 28 octobre, l’agence explique : « Conformément à sa mission de rapporter les faits sans porter de jugement, l’AFP ne qualifie pas des mouvements, groupes ou individus de terroristes sans attribuer directement l’utilisation de ce mot ou sans utiliser des guillemets ». Les médias abonnés restent ainsi libres d’éditorialiser à leur guise. L’AFP souligne que cette règle rédactionnelle, conforme aux politiques rédactionnelles des autres agences internationales, a déjà prévalu dans le passé pour de nombreux événements (attentats de l’IRA, 11 septembre, attentats en France en 2015). Elle demeure « fermement appliquée, même quand nos propres collègues ont été brutalement tués dans de telles circonstances. »


Dans le conflit israélo-palestinien, l’AFP mobilise sur le terrain plus de 40 reporters dont 14 envoyés spéciaux (deux de ses journalistes ont été blessés, et un de Reuters tué, en octobre dans le sud Liban, lors d’une attaque à la frontière avec Israël).

Depuis le 7 octobre, 53 journalistes et employés de médias ont été tués (46 palestiniens, 4 israéliens, 3 libanais) d’après le décompte du Comité pour la protection des journalistes. 


JEUNES JOURNALISTES : L’ALERTE DE JEAN-MARIE CHARON


« Jeunes journalistes : l’heure du doute » : le titre de la dernière enquête publiée par le sociologue des médias Jean-Marie Charon, fait un constat inquiétant. 

Pas moins de 40 % des détenteurs d’une première carte de presse quittent la profession au bout de sept ans. Son étude a été réalisée auprès d’une centaine de jeunes journalistes, âgés de 23 à 33 ans. Les raisons de ces abandons sont bien connues : concentration des médias, chômage, précarité, désillusion entre le métier rêvé et le métier  pratiqué, poids des hiérarchies, isolement des pigistes, burn out, etc. 

Les jeunes professionnels ont de plus en plus de mal à se projeter dans l’avenir et préfèrent se réorienter vers des métiers plus stables pour mener parallèlement une vie personnelle épanouie (enseignement, numérique, communication).

Un phénomène qui dépasse nos frontières : en 15 ans, la France a perdu 10 % de journalistes, 30 % aux États-Unis et en Espagne. Malgré ce diagnostic, JM Charon se veut optimiste et il propose des solutions d’adaptation, notamment la création de collectifs de pigistes, l’incitation à la diversité sociale et à l’alternance pour faciliter l’intégration à la profession. Jean-Marie Charon a présenté son enquête devant le Club de la presse de Bordeaux le 26 octobre dernier.  Voir la vidéo ci-dessus.


> Le replay de la rencontre avec JM Charon au Club de la presse de Bordeaux (26/10/2022)


Cette enquête rejoint les conclusions de « The journalist’s predicament - Difficult choices in a declining profession », de Sandra Vera-Zambrano, chercheure à l’université ibéro-américaine de Mexico, et Matthew Powers, de l’université de Washington. Ce livre, en anglais, est publié par Colombia University Press. Une centaine de journalistes à Seattle et Toulouse ont été interrogés.



BAROMÈTRE LA CROIX-KANTAR : TOUJOURS LA MÉFIANCE


22 novembre : le baromètre annuel La Croix-Kantar sur la confiance des Français dans les médias constate une augmentation de l’intérêt porté à l’actualité (62 %, + 10 points / 2022). La « fatigue informationnelle » demeure pour 51 % des réponses, qui s’explique par la répétition des sujets, le côté anxiogène de l’actualité mais aussi le manque de confiance. Les Français déclarent avoir davantage confiance dans l’information des journaux télévisés (67 %), de la radio (60 %) et de la presse quotidienne nationale (58 %). Près de 6 % des plus de 35 ans déclarent s’informer quotidiennement via les réseaux sociaux contre 24 % des moins de 35 ans, mais 53 % des sondés souhaitent plus de régulation et de contrôle de ces médias.


CARTES DE PRESSE À LA HAUSSE


La Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) constate une augmentation du nombre de demandeurs de carte. Au 31 octobre 2023, 35.455 demandes de carte ont été traitées, soit 496 demandes supplémentaires par rapport à 2022. Cette inversion de tendance est une première depuis 2012, avec notamment 2.449 premières demandes. « Ces nouveaux journalistes sont pour beaucoup en contrat d’apprentissage », précise la CCIJP.


CHÔMAGE : NOUVELLES RÈGLES D’ATTRIBUTION DE LA CARTE


La CCIJP a assoupli ses règles en matière d'attribution de la carte professionnelle aux journalistes privés d’emploi suite au durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs instauré par la réforme de l’assurance-chômage. 

Désormais, le journaliste qui se retrouve en fin de droits plus rapidement qu'autrefois pourra se voir délivrer une carte "demandeur d'emploi 2e année" à condition d'être toujours inscrit à Pôle emploi. Dans le même registre, le fait pour un journaliste de ne pas être encore indemnisé en raison du délai de carence ne sera pas un obstacle à l'obtention d'une carte "demandeur d'emploi". 


EMI : LA CHANCE OBTIENT L’AGRÉMENT NATIONAL


Fin septembre, La Chance a obtenu l’agrément national délivré aux associations éducatives complémentaires de l’Éducation nationale, d’une durée de 5 ans, pour développer l’éducation aux médias et à l’information (EMI). Il fait suite à la circulaire ministérielle de janvier 2022 qui permet la mise en place de projets pédagogiques et d’actions éducatives (ateliers de fact-checking, webradios dans les collèges, interventions de professionnels lors de la Semaine de la presse et des médias dans l'École). 

La Chance intervient dans les écoles, collèges, lycées, médiathèques, maisons de quartiers et cette année, plus de 430 interventions en EMI (900 heures) ont été réalisées à destination de 4.670 bénéficiaires.


Contact : Tristan Goldbronn   educationauxmedias@lachance.media




LIQUIDATION DU PETIT BULLETIN DE GRENOBLE


Le tribunal de commerce de Grenoble a prononcé le 31 octobre la liquidation judiciaire du Petit Bulletin de Grenoble (groupe Unagi) après 30 ans d’existence.

Ce gratuit avait accumulé des dettes et un projet de rachat a été abandonné. Le licenciement économique touche une quinzaine de personnes. 

Le Petit Bulletin Lyon a été repris par le groupe grenoblois Compra qui édite Les Affiches, La Vie nouvelle, Le Mémo et Beaux Quartiers

À Saint-Étienne une SCOP a pris la relève et a lancé 4Plumes, un magazine papier trimestriel, dont le premier numéro a été publié le 29 novembre.


LES LUNDIS DU « 1 » CHEZ FRANÇOIS PINAULT


Pinault Collection et l’hebdomadaire Le 1 s’associent autour d’un nouveau rendez-vous mensuel intitulé “Les Lundis du 1”. Il aura lieu à la Bourse de Commerce à Paris, qui héberge la collection d'art contemporain de François Pinault (groupe Artémis - Le Point). Une personnalité échangera une heure autour d’un mot, d’une idée ou d’un événement afin d’éclairer notre époque en profondeur. Chaque premier lundi, Éric Fottorino, co-fondateur du 1 hebdo animera la rencontre. Après l’historienne Mona Ozouf, première invitée, le prochain rendez-vous, le 4 décembre, reçoit Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’Ifop.


LE GAULT&MILLAU REVIENT


9 novembre : le magazine Gault&Millau, lancé en 1969, revient dans les kiosques après avoir disparu en 2017. Il propose enquêtes, portraits, rencontres, interviews, reportages, voyages, découvertes... Vendu 6,90 €, six numéros sortiront par an. Le premier numéro de 160 pages est diffusé à 50 000 exemplaires. 

Éditeur de guides gastronomiques fondés en 1972 par les critiques culinaires Henri Gault et Christian Millau, Gault&Millau est dirigé par Stéphanie Bréhier. Un moment propriété d’un entrepreneur russe, la marque appartient depuis 2022 au Suisse Patrick Hayoun.




TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...