Après la scission, place aux Bourses
Présenté le 9 décembre aux actionnaires de Vivendi, le projet de scission en quatre entités a été approuvé à plus de 97,5%. Depuis le 16 décembre, Canal +, Havas et Louis Hachette Group se retrouvent cotés en Bourse séparément. Ces « pépites » jusqu’alors coincées dans la holding, vont pouvoir « libérer pleinement leur potentiel de développement » assure Vivendi : « Nous sommes persuadés que le nouveau chapitre qui s’ouvre pour Canal+, Havas et Louis Hachette Group sera très prometteur » a déclaré Yannick Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi (il a succédé à son père en 2018) et PDG d’Havas.
Désormais les nouvelles sociétés autonomes sont cotées dans des places différentes : Canal + à Londres, Havas à Amsterdam, Louis Hachette Group à Paris sur Euronext Growth. Le reste de Vivendi est coté à Paris et a retrouvé le CAC 40 le 18 décembre, six mois après en être sorti. La holding continuera de développer Gameloft (jeux vidéo) et de gérer des participations minoritaires (Universal Music Group, Banijay, TIM, Prisa…). Pour les actionnaires minoritaires, cette opération accentue la « mainmise de Bolloré », actionnaire à 29,9 % (juste sous le seuil réglementaire de 30 % qui l’aurait contraint à lancer une offre publique). Pour le fonds CIAM Luxembourg (0,025 % du capital) les bourses de Londres, Amsterdam et Paris sur le marché non réglementé sont « moins respectueuses du droit des actionnaires minoritaires que le marché réglementé français ». Ces places « permettront à Bolloré d'augmenter à l'avenir ses participations sans avoir à respecter les règles d'offre publique d’achat », estime CIAM qui a vu sa demande d’ajournement de l’AG du 9 décembre rejetée par le tribunal de Commerce de Paris.
> Louis Hachette Group va détenir 66,53 % de Lagardère SA (l’édition avec Hachette Livre, la distribution Travel Retail avec Relay, les médias Europe 1, Europe 2, RFM, le JDD, la licence Elle). 100 % de Prisma Media et Lagardère Live Entertainment (Casino de Paris, Arkéa Arena, Arena du pays d’Aix, Folies Bergère et le Paris Racing.
> Jean-Christophe Thiéry est le DG délégué de Hachette Livre. Énarque de 55 ans, fidèle lieutenant de Bolloré, il dirigea le pôle média du groupe avant de présider le Directoire du Groupe Canal + en 2015 et le conseil de surveillance dès 2018.
> LIRE dans Challenges : les actionnaires minoritaires hostiles au projet de scission du groupe n’ont pas réussi à faire reculer Yannick Bolloré. Le fils du PDG historique a fait valider son projet à plus de 97 % des voix.
https://www.challenges.fr/entreprise/media/a-l-ag-de-vivendi-la-faible-contestation-a-la-scission-n-a-pas-desarme-un-bollore-implacable_914086
Jean-Christophe Thiery
prend la tête d’Hachette Livre
Jean-Christophe Thiery – ajoutez « de Bercegol du Moulin » pour avoir son nom complet – proche de Vincent Bolloré, a été nommé le 10 octobre directeur général délégué de Hachette Livre.
À 57 ans, énarque, il préside Bolloré Média depuis 2008. En septembre 2014, il avait été nommé président du directoire de Canal +, lors de la prise de contrôle par Vivendi-Bolloré, et PDG de l’institut de sondage CSA. Dès 2001, il développa le pôle média du groupe Bolloré, et participa à la création de la chaîne Direct 8 (devenue C8), préparant notamment la candidature à la TNT. En 2007, il pilota le lancement du quotidien gratuit Direct Matin. Devenu CNews en 2017, il cessa de paraître fin novembre 2021.
Au printemps, Jean-Christophe Thiery avait assuré l’intérim d’Arnaud Lagardère, empêché temporairement dans sa fonction de PDG par décision de justice. « Sa nomination s'inscrit dans la continuité de notre ambition : installer Hachette Livre au sommet de la compétition mondiale » lit-on dans un communiqué. JC Thiery remplace Stéphanie Ferran, restée sept ans dans le groupe et près d’un an au poste de DG déléguée. Hachette Livre, 3e éditeur mondial, regroupe en France des maisons aussi prestigieuses que Grasset, Stock, Calmann-Lévy et Larousse.
> Chiffres d’affaires : Lagardère + 12 %, Vivendi + 2,3 %
Sur les neuf premiers mois de 2024, Lagardère a réalisé 6,6 Md€ de chiffre d’affaires, en hausse de près de 12 %. Un résultat obtenu grâce à son activité Travel Retail (boutiques dans les gares et aéroports) à
+ 16,8 % et 4,3 Md€ de CA. L’édition (Hachette, Lagardère Publishing) est à + 3 % et 2 Md€. Les autres activités, dont les médias (presse et radios), enregistrent un CA de 192 M€ à + 6,7 %. Ces chiffres à fin septembre ne tiennent pas compte de la cession de Paris-Match à LVMH, finalisée au 1er octobre, ni le lancement du JDNews, nouvel hebdo lié au JDD. La dette du groupe s’est réduite de 83 M€ par rapport au 30 juin, et s’élève à 2,172 Md€. Pour Vivendi, le CA s’élève à 4,75 Md€, + 2,3 % / au 3e trimestre 2023 et atteint 13,8 Md€, + 4,5 %, sur les neuf premiers mois de 2024, grâce aux performances de Lagardère.
> Scission des activités de Vivendi : AG le 9 décembre
L’assemblée générale des actionnaires aura lieu le 9 décembre aux Folies Bergère à Paris. Le projet de scission des activités du groupe est à l’ordre du jour. La scission permettra aux groupes Canal +, Havas et Louis Hachette Group (Lagardère et Prisma) de devenir indépendants de Vivendi. Ce projet, annoncé en 2023, vise à coter le groupe Canal à la Bourse de Londres, et Havas à Amsterdam, en raison des activités à l’international. Canal + restera domicilié et fiscalisé en France. Louis Hachette sera cotée à Paris, tout comme le reste de Vivendi, séparé de ces trois entités. Le projet de scission approuvé, la première cotation des actions des trois sociétés interviendra le 16 décembre.
EUROPE 1 : CYRIL HANOUNA
MIS EN DEMEURE PAR L'ARCOM
Juillet : l’émission de décryptage politique On marche sur la tête, sur Europe 1, suscite un malaise au sein de la station. Depuis le 17 juin, Cyril Hanouna a pris les commandes pour deux semaines, de 16 h à 18 h, accompagné par ses chroniqueurs de Face à Baba. Il a remplacé Sophie Davant qui animait Sophie et les copains depuis août 2023.
La convergence C8-Europe 1, n’est pas vraiment une surprise avec l’arrivée de l’animateur de TPMP puisque l’actionnaire majoritaire est le même : Vivendi-Bolloré, après l’absorption du groupe Lagardère en novembre dernier. La première émission réunissait Robert Ménard, Éric Zemmour, l’eurodéputé RN Matthieu Vallet et l’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls. Huit jours après un premier avertissement l’Arcom a adressé le 27 juin une mise en demeure à la station pour manque de « mesure » et d'« honnêteté », relevant les irrégularités dans le traitement de l’actualité électorale et sur la nécessité d’assurer une pluralité de points de vue en se conformant à l’exigence de pluralisme et d’honnêteté de l’information. Déjà, en février, le Conseil d’État avait sommé le régulateur de l’audiovisuel de faire respecter ces conditions. Hanouna connait bien Europe 1 qu’il avait quitté à la fin de la saison 2015-2016 après avoir animé Les pieds dans le plat.
La remontada du 70e anniversaire
10 juillet : Europe 1 célèbre cette saison son 70e anniversaire. En un an la station a gagné 396.000 auditeurs, pour atteindre 2.359.000 auditeurs quotidiens, selon les chiffres de la vague avril-juin de Médiamétrie. La radio a gagné 0,7 point en l’espace d’un an, passant de 3,5 % d’audience cumulée à 4,2 %. Avec plus de 100 millions de vues, le site europe1.fr a enregistré en juin son record de trafic et d’écoutes en streaming, confirmant sa croissance sur le numérique.
En juin, l’ACPM confirmait la 5e place de la radio avec plus de 16,13 millions d’écoutes actives en France, juste derrière RTL (16,36 millions d’écoutes actives) et devant NRJ (13,63 millions d’écoutes actives). La durée d’écoute de la station a, elle aussi, augmenté de six minutes, atteignant 105 minutes quotidiennes. Constance Benqué, DG de Lagardère Radio, citée par Le Monde (10.7.2024) justifie cette progression : « Notre ligne éditoriale populaire, qui va parfois à l’encontre du politiquement correct et qui se rapproche du Figaro, explique notre succès ».
Le 27 juin, l’Arcom avait mis en demeure la radio dix jours après la mise à l’antenne de l’émission On marche sur la tête de Cyril Hanouna. Le programme annoncé comme de débat et de décryptage et « une analyse décalée et percutante de l’actualité » s’est avéré être favorable à l’union des droites aux législatives.
Qu’importe, une nouvelle saison a débuté le 26 août, du lundi au vendredi de 16 à 18 h dans la case occupée par Sophie Davant, reléguée le week-end avec ses Histoires d’amour extraordinaires. Autres temps forts de la rentrée : Europe 1 Matin avec 2 heures de direct orchestrées par Dimitri Pavlenko et Les années Top 50 avec Ombline Roche pour les 40 ans de l’émission mythique, du lundi au vendredi entre 22 h15 et 22 h 30.
> Un collectif de 60 journalistes…
Dans une tribune dans Libération (11.7.2024), 60 journalistes, anciens et actuels d’Europe 1, dénoncent les dérives de la radio devenue « organe de propagande ». Ils estiment que la nouvelle ligne éditoriale est très marquée par les opinions politiques du nouvel actionnaire Vincent Bolloré. Une proximité qui se traduit dans les sujets, la mise en avant des faits divers et des opinions et le non-respect du pluralisme politique des invités. Selon une enquête du Monde, sur 15 h de direct, le temps de parole des invités issus du NFP a été de 1.641 secondes contre 6.116 pour le camp présidentiel et 5.499 secondes pour le RN et ses alliés. La tribune a été signée par d’anciens grands noms de l’antenne (Patrick Cohen, Pascale Clark, Jean-François Rabilloud, Pierre-Louis Basse), 43 autres gardant l’anonymat en raison d’une clause de « non dénigrement » qu’ils ont signé dans leur contrat, et six autres, actuels salariés, « pour ne pas perdre leur travail ».
> Pascale de La Tour du Pin au 19-21 h d’Europe 1
Animatrice sur C8 de la nouvelle émission Pascale, Eric, Yann et les autres (qui remplace PAF, avec Yann Moix et Eric Naulleau, avant Hanouna pour Baba et les autres, puis TPMP), Pascale de La Tour du Pin prend les commandes de Europe 1 soir sur la case 19-21 h du vendredi au dimanche. La journaliste issue de BFM TV a fait ses premières armes sur France Bleu Périgord puis BFM. Elle est dans la continuité de Pierre de Vilno (ESJ) qui présente du lundi au jeudi une nouvelle formule d’Europe 1 Soir, joker de Pascal Praud.
> Hélène Zelany, délogée en avril du 19/20 h (256.000 auditeurs-auditrices), a décidé de quitter Europe 1 où elle exerçait depuis plus de 25 ans, annonce La Lettre (18.7.2024).
CNEWS-EUROPE 1 : PASCAL PRAUD GAGNE 30 MINUTES
Europe 1 et CNews poursuivent leur rapprochement :
la co-diffusion devient une tendance forte du groupe Lagardère, passé sous contrôle de Vivendi, et l’ombre de la famille Bolloré.
Depuis le 8 janvier, après la matinale de Dimitri Pavlenko sur Europe 1, la station co-diffuse à partir de 9 h, la première demi-heure de L’heure des pros présentée sur CNews par Pascal Praud.
Entre 11 et 13 h, il est physiquement dans les studios de la radio pour animer son émission Pascal Praud et vous lancée en septembre dernier (depuis 2018 il animait Les auditeurs ont la parole sur RTL).
Résultat de ce « bonus » proposé aux auditeurs, l’émission Culture médias de Thomas Isle est resserrée entre 9 h 30 et 10 h.
Depuis la rentrée de septembre, l’audience en baisse de cette émission consacrée à l’actualité des médias, explique ce « réajustement », Europe 1 comptant booster Culture médias par le rendez-vous d'information de Pascal Praud.
Avec un bilan moyen de 266.000 auditeurs (vague d’audience Médiamétrie de septembre-octobre), l’émission a perdu 24.000 fidèles sur un an, quand l’émission était animée depuis 2017 par Philippe Vandel.
Évincé en juin, le journaliste (ancien présentateur de Nulle Part Ailleurs sur Canal + en 2000) anime depuis la rentrée une tranche média quotidienne de 10 h à midi sur la chaîne télé Franceinfo où il a retrouvé Matthieu Belliard, également transfuge d’Europe 1.
Sonia Mabrouk, à la tête de l'interview matinale d'Europe 1 depuis 2019, a remplacé fin août 2023 Laurence Ferrari à 8 h 10 sur CNews et le dimanche elle présente l’émission politique Le grand rendez-vous, diffusée en simultané sur la chaîne d’information et la radio.
Laurence Ferrari, qui anime toujours son émission Punchline du lundi au vendredi à 17 h sur CNews, est devenue en 2022 rédactrice en chef politique de Paris Match, magazine de Lagardère passé sous contrôle de Vivendi. Elle a rejoint la tête de la publication en remplacement de Bruno Jeudy parti diriger La Tribune Dimanche.
REPÈRES
À 59 ans, originaire de Nantes, diplômé de l’ESJ Paris, Pascal Praud a été chroniqueur sportif de Téléfoot sur TF1 de 1988 à 2008, dans On refait le match sur RTL, puis directeur de la communication et du marketing du FC Nantes de 2008 à 2010. Pour la Coupe du monde 2010, il avait rejoint i>Télé pour L’oeil de Praud puis 13 h Foot et 20 h Foot.
En 2012, sur RTL il co-animait le Multiplex RTL-L'Équipe le samedi soir et le Grand match de Ligue 1 tous les dimanches soir. À la retraite d’Eugène Saccomano, il reprend On refait le match.
À partir de 2014, il devient de plus en plus présent sur RTL, dans la matinale d’Yves Calvi en semaine et dans les émissions sportives du week-end.
Sur i>Télé il remplace Léa Salamé dans Ça se dispute qui sera déprogrammé fin 2014. En 2016, il anime L’Heure des pros sur i>Télé, émission qu’il conserve avec 20 h Foot et 13 h Foot le week-end (jusqu’en 2017), lorsque la chaîne d’infos en continu devient CNews en 2017.
En 2018, il abandonne On refait le match et Le Multiplex (repris par Didier Roustan) sur RTL pour changer de registre en animant Les auditeurs ont la parole.
Avec L’Heure des pros, Pascal Praud fait progresser l’audience de CNews et devient l’animateur vedette de la chaîne.
Fin 2023, entre 20 h et 21 h, il réunit en moyenne 780.000 téléspectateurs avec des pics à plus d’un million de téléspectateurs, soit une augmentation de 21 % en un an.
Sur Europe 1 son émission Pascal Praud et vous permet à la station de gagner 84.000 auditeurs entre 11 h et 13 h par rapport à la saison précédente.
Le « populisme radiophonique » de Pascal Praud fait l’objet de nombreuses critiques pour ses positions ouvertement affichées.
En 2021 et 2022, le CSA puis l’Arcom adressent plusieurs mises en garde à CNews pour « l’absence de diversité des points de vue ». Relais d’Éric Zemmour, il se déclare ouvertement « hyperconservateur », « ne plus reconnaître la France dans laquelle il a grandi » (Le Point 26 juin 2021) et « 100 % Bolloré sur CNews ».
Se déclarant « défenseur de la liberté de la presse », il considère que « l’on ne peut plus rien dire ».
En septembre 2023, il crée la polémique en demandant si il y a un lien entre les punaises de lits et l’immigration, ce qui lui vaudra des accusations de racisme.
EUROPE 1 : LES « GRANDES VOIX » RENDENT L’ANTENNE
6 janvier : l’émission d’analyse politique Les Grandes Voix, diffusée chaque samedi matin sur Europe 1 n’existe plus.
De 10 h à 11 h, la radio co-diffuse en différé "Face à Philippe de Villiers", émission de CNews. Cette nouvelle émission reprend ainsi la case des Grandes voix et passe également le vendredi à 19 h sur CNews, qui la rediffuse le samedi soir.
Le site de L’Obs avait révélé l’éviction du journaliste Charles Villeneuve, 82 ans, en y voyant « L’ombre de Bolloré ». Par solidarité, ses trois confrères Michèle Cotta, Catherine Ney et Gérard Carreyrou, ont fait valoir leur droit de retrait pour protester contre la décision de la station de radio du groupe Lagardère, passée sous le contrôle de Vivendi en novembre dernier.
Aucune explication n’a été fournie aux auditeurs et les journalistes participants ont été informés la veille de Noël par téléphone.
Plusieurs hypothèses circulent : en 2003, Charles Villeneuve avait mis en cause Vincent Bolloré dans son magazine Le droit de savoir qu’il animait alors sur TF1. Président de la commission éditoriale de Valeurs Actuelles, Charles Villeneuve aurait également appuyé le licenciement de Geoffroy Lejeune nommé à la direction de la rédaction du JDD qui appartient aussi au groupe Lagardère, absorbé par Vivendi.
JEAN-LUC HEES AU COMITÉ D’ÉTHIQUE D’EUROPE 1
Jean-Luc Hees, 72 ans, ancien président de Radio France (2009-2014), a été nommé membre du comité d’éthique d’Europe 1 où il succède à Guy Durieux. De 2017 à 2020, il avait été membre du comité d’éthique de la chaine de télévision russe Russia Today (interdite de diffusion en France depuis le 21 janvier 2023 suite à l’invasion de l’Ukraine). Ancien correspondant à Washington de France Inter, dans les années 80, il présenta pendant dix ans le journal de 13 h.
Ce comité, présidé depuis 2002 par Jacques Lallain (ancien journaliste à l’AFP et secrétaire général du Parisien pendant 27 ans), a été rendu obligatoire en application de la loi Bloche du 14 novembre 2016 qui vise à renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias.
LE DÉVELOPPEMENT PASSE PAR LA SCISSION
13 décembre : la famille Bolloré adore surprendre !
Les « experts » s’attendaient à une prise de contrôle complète de Vivendi par le groupe Bolloré après celle de Lagardère, et une sortie de la Bourse.
Or, Vivendi propose une autre stratégie : le nouveau géant des médias renonce à la stratégie d’un grand groupe unifié et envisage de mieux valoriser individuellement ses filiales Canal +, Havas, Lagardère. En étant mieux reconnus par les marchés financiers, elles peuvent espérer libérer de la valeur financière pour mieux se développer, notamment à l’international.
Cette opportunité d’un projet de scission de Vivendi en plusieurs entités, chacune cotées en Bourse, a été annoncée dans un communiqué officiel du groupe, expliquant subir « une décote de conglomérat très élevée (Ndlr : estimée à 45 % depuis la distribution-cotation d’Universal Music en 2021), diminuant significativement sa valorisation et limitant ainsi ses capacités à réaliser des opérations de croissance externe pour ses filiales ».
Dans un premier temps, Vivendi, qui a même été exclu du CAC 40 en juin dernier, va y revenir à partir du 18 décembre.
L’objectif de la scission est « de libérer pleinement le potentiel de développement de l’ensemble » des activités du groupe pour donner « les moyens humains et l’agilité financière nécessaires » aux développements souhaités, souligne Vivendi.
En technique financière, cette opération s’appelle un « split » : avec le fractionnement des actions, leur nombre augmente et la valeur nominale diminue. Le capital-actions de l'entreprise reste le même, mais la quantité d'actions en circulation est plus élevée.
Vivendi céderait sa place à une société d’investissement qui détiendrait des participations financières, cotées et non cotées, dans les secteurs de la culture, des médias et du divertissement. On pense aussi à Prisma Media, Gameloft et la société de production Banijay. Le conseil de surveillance de Vivendi va maintenant étudier le projet sans donner plus de précisions sur le calendrier.
15 décembre : Vivendi annonce avoir déposé un recours contre la cession au fonds d'investissements américain KKR du réseau Telecom Italia. Le groupe français, principal actionnaire de l'entreprise italienne, avait jugé début novembre que cette décision était illégale.
LAGARDÈRE : MAXIME SAADA NOMMÉ VICE-PRÉSIDENT
30 novembre : sitôt la finalisation du rachat du groupe Lagardère par Vivendi, Maxime Saada, PDG de Canal +, et membre du directoire de Vivendi, a été nommé vice-président. Il intègre le comité exécutif de Lagardère.
Né en 1970 (HEC 1994, Sciences Po 1992), il a débuté au sein de l’antenne nord-américaine de la DATAR avant de rejoindre en 1999 le cabinet McKinsey. Nommé directeur de la stratégie du groupe Canal+ en 2004, il est vite devenu membre du comité de direction, puis directeur de Canalsat en 2007, directeur commercial du groupe Canal en 2009, et DGA en 2011, chargé de la distribution, puis de l’édition des chaînes payantes. Au directoire depuis fin 2012, il devient DG du groupe en juillet 2015 suite au départ de Rodolphe Belmer.
Depuis 2018, il préside le directoire et la filiale StudioCanal.
Des proches de Vincent Bolloré ont également été nommés à des postes-clés de Lagardère : Michel Sibony devient chargé de mission auprès du PDG, en charge des achats et de la performance.
À Lagardère News, Gérald-Brice Viret est nommé chargé de mission pour les médias (à l’exclusion du pôle Lagardère Radio contrôlé par Arnaud Lagardère).
Il conserve ses fonctions de DG de Canal+ France, en charge des programmes et des antennes.
Serge Nedjar est nommé chargé de mission pour l’Information et conserve ses fonctions de DG de CNews.
Dans les rédactions, les nominations sont effectives depuis plusieurs mois : Geoffroy Lejeune (ex-Valeurs Actuelles) au JDD.
Jérôme Béglé dirige la rédaction de Paris-Match suite à l’éviction de Bruno Jeudy du service politique et son remplacement par Laurence Ferrari.
À Europe 1 des émissions se font en commun avec CNews.
Ces anticipations ont d’ailleurs conduit la Commission Européenne à déclencher en juillet dernier une enquête pour laquelle Vivendi encourt une amende pouvant atteindre 10 % de son chiffre d’affaires.
YANNICK BOLLORÉ ENTRE AU CONSEIL D’ADMINISTRATION
13 décembre : président du conseil de surveillance de Vivendi et PDG de Havas, Yannick Bolloré, 41 ans, fils de Vincent Bolloré, a intégré le conseil d'administration de Lagardère. Cette nomination, qui renforce la position de la famille Bolloré, fait suite à la démission de René Ricol, suite au rapprochement des deux groupes. L’ancien commissaire général à l’investissement avait intégré le CA en mars 2022.
EUROPE 1 : NOUVELLE SAISON DE « AU COEUR DE L’HISTOIRE »
Une nouvelle saison du podcast « Au coeur de l’histoire », produite par Europe 1 Studio, est à découvrir avec l’historienne Virginie Girod. Du lundi au jeudi, deux grands récits en deux parties sont proposés. Et chaque vendredi, une interview d’un invité historien, chercheur, journaliste ou archéologue.
Virginie Girod, spécialiste de l’histoire de femmes et de la sexualité, collabore aux magazines Lire, Le Point, Civilisations et Historia, et aux émissions « Secrets d’histoire » de Stéphane Bern sur France 3. De 2011 à 2018, l’émission quotidienne « Au coeur de l’histoire » était animée par Franck Ferrand qui a rejoint CNews et Valeurs Actuelles en 2021, et en juin 2023 la direction éditoriale de la revue mensuelle Historia, reprise par le groupe LVMH.
GÉO, NOUVELLE FORMULE
Magazine référence, édité par Prisma depuis 1979, GEO a lancé en décembre sa nouvelle formule. La dernière refonte remontait à juin 2021.
Plus agréable à lire, plus rythmé, le mensuel fait la part belle aux reportages de terrain sur les transformations du monde. Il s’engage à devenir un média « à impact positif sur la société et l’environnement » et souhaite s’imposer comme LE média référent « qui sensibilisera les Français aux changements environnementaux et sociétaux ».
En cela, il s’inscrit dans les recommandations du dernier rapport du GIEC pour les médias.
Les témoignages et les portraits de femmes et d’hommes engagés dans la transition écologique et la préservation environnementale sont multipliés.
De nouvelles rubriques apparaissent - Terre de possibles, En tête à tête, La France buissonnière - et davantage de reportages de proximité.
La nouvelle formule est déployée sur l’ensemble des supports (print, digital, réseaux sociaux) avec des formats vidéo pour sensibiliser les plus jeunes et une nouvelle série de podcasts « L’horizon et au-delà » sur la modification des paysages.
La campagne de promotion (affichage, radio, presse, digital, réseaux sociaux) est réalisée par l’agence Havas qui, comme Prisma, appartient au groupe Vivendi.
GEO, DFP 2022-2023 : 108.067 ex. ( - 9,87 %)
Audience (One: Next Global, S2 2023) : plus de 7 millions de lecteurs
OLORIN MAQUINDUS LAURÉAT DE LA BOURSE GEO DU JEUNE REPORTER
À 27 ans, étudiant à l’IFP après deux masters en sciences politiques (études africaines et méditerranéennes et droits de l’homme) à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il est depuis septembre au Monde Afrique.
Dans GEO de décembre il signe son premier grand reportage au coeur des tourbières du bassin du Congo, en compagnie du photoreporter Pascal Maitre. Pas moins de 18 pages !
L'originalité de son sujet sur les plus grandes tourbières tropicales du monde a convaincu le jury présidé par Pierre Haski. Il est allé à la rencontre des habitants et des scientifiques qui étudient cet étonnant piège à carbone.
La bourse, dotée de 5000 €, a été montée « pour transmettre les valeurs et le savoir-faire du grand reportage à une jeune génération de journalistes qui part encore trop souvent sur le terrain sans les garanties nécessaires pour sa sécurité et sans la rémunération que mérite ce journalisme-là », souligne Myrtille Delamarche, rédactrice en chef de GEO.
PRISMA MEDIA : FINALISATION DU RACHAT DE CÔTÉ MAISON
1er décembre : Prisma Media (filiale de Vivendi depuis le printemps 2021) a finalisé le rachat du groupe Côté Maison. Des négociations exclusives avaient été initiées en août. Présidé par François Dieulesaint, ce groupe édite quatre magazines (Maison Côté Sud, Maison Côté Ouest, Maison Côté Est, Vivre Côté Paris).
Une plateforme de e-commerce est aussi consacrée à la vente d'articles d'intérieur et des événements sont organisés dans l'univers de la décoration (le salon “Vivre Côté Sud”).
CANAL+ À LA CONQUÊTE DES PAYS-BAS
Janvier 2024 : après l’Autriche, la République Tchèque et Slovaquie, le groupe Canal+ est présent aux Pays-Bas via sa filiale M7. Le 29 janvier, la chaine proposera TV live et streaming, agrégeant sur une même plateforme des chaînes linéaires (dont ESPN, détenteur des droits du championnat de football hollandais) et un catalogue de films et séries de tous genres. Canal+ a également noué un partenariat avec Vodaphone Ziggo, opérateur télécoms aux Pays-Bas, pour proposer ses offres à plus de 3 millions de clients potentiels.
PRISE DE CONTRÔLE DE LAGARDÈRE
21 novembre : le groupe Vivendi contrôlé par la famille Bolloré (Canal+, Prisma Media, Havas) a officiellement pris le contrôle du groupe Lagardère.
Cette opération lui confère une position de leader mondial de l’édition qui poursuit son développement à l’international.
(photo ci-contre R. Meigneux dans Le Figaro : de g. à d. Arnaud Lagardère, Yannick Bolloré et Vincent Bolloré)
À ce jour, Vivendi possède 59,71 % du capital de Lagardère et peut exercer dès à présent un peu plus de 50,5 % des droits de vote.
Cette annonce clôt trois ans et demi d’un feuilleton capitalistique initié par Vincent Bolloré, ponctué de multiples péripéties. L’autorité de la concurrence européenne a notamment obligé Vivendi à se séparer de 100 % du groupe d’édition Editis cédé à Daniel Kretinsky (lire ci-dessous) et du magazine people Gala appartenant à sa filiale Prisma, vendu au groupe Figaro.
En avril 2020, Lagardère, très endetté par les conséquences de la crise sanitaire, n’avait pu empêcher l’arrivée de Vivendi dans son capital à hauteur de 10,6 %.
Allié au fonds britannique Amber Capital, Vivendi avait obtenu en avril 2021 l’abandon par Lagardère de son statut juridique protecteur de commandite par actions pour devenir une simple SA. Arnaud Lagardère déclare alors que Vincent Bolloré est « un atout et pas une menace ».
Vivendi ayant franchi le seuil de 30 % du capital en décembre 2021, l’OPA (offre publique d’achat) amicale pouvait légalement s’enclencher pour absorber Lagardère.
Arnaud Lagardère, devenu minoritaire, reste PDG de son groupe, PDG d'Hachette Livre et gérant de ses radios (Europe 1 et les musicales Europe 2 et RFM).
Encore propriétaire de 11 % des parts de Lagardère SA, il s’est dit prêt à participer à la partie « subsidiaire » de l’OPA. Vivendi a d’ailleurs proposé de prolonger de 18 mois (juin 2025) le délai de cession de ces nouveaux titres.
Bernard Arnault, qui avait échangé ses parts dans la holding personnelle d’Arnaud Lagardère contre 9,97 % du capital de Lagardère SA en septembre 2021, pourra également céder ses parts au meilleur prix.
Vivendi fait toujours l’objet d’une enquête de Bruxelles qui suspecte une prise de contrôle anticipée liée à l’évolution de la ligne éditoriale du JDD et au rapprochement entre Europe1 et CNews. Les pénalités pourraient aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires.
Yannick Bolloré, 43 ans, président du conseil de surveillance de Vivendi, va entrer au conseil d’administration de Lagardère SA, où siège déjà Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, l’ancien président Nicolas Sarkozy, et Guillaume Pépy, ex-PDG de la SNCF.
La prise de contrôle de Lagardère fait passer Vivendi de 38.000 à près de 66.000 salariés dans plus de 100 pays, et son chiffre d'affaires progresserait de 72 %, sur une base comparable à celle de 2022, à 16,5 milliards d’euros. Par comparaison, le géant allemand Bertelsmann compte 83.000 salariés pour 20 milliards d’euros de recettes.
« Nous sommes tout petit » expliquait Vincent Bolloré qui défendait devant le Sénat en janvier 2022 le "made in France" de Vivendi face aux géants américains (238 milliards pour Netflix).
> Le communiqué officiel de Vivendi
Vivendi s’intéresse aussi à Humensis : dans un entretien au Figaro (21.11.2023), les dirigeants de Vivendi ne cachent pas leur volonté d’agrandir leur périmètre dans l’édition, en s’intéressant notamment au groupe Humensis. Propriété du réassureur Scor, ce groupe a enregistré en 2022 un résultat déficitaire de plus de 5 M€ (14,5 M€ en 5 ans).
Spécialisé dans les domaines scolaire et universitaire, il réunit les éditions Belin, Presses Universitaires de France, Que sais-je ?, le portail cairn.info, les éditions de L’Observatoire, le mensuel Pour l’Éco et la revue L’Avant-Scène Opéra consacrée à l’art lyrique.
REPÈRES
Créé en 1992 par Jean-Luc Lagardère, décédé en 2003, le groupe est repris par son fils Arnaud.
L’activité se répartit en 4 branches :
Lagardère Publishing : Hachette, 3e éditeur de livres dans le monde, n°1 en France (7.500 collaborateurs, Armand Colin, Grasset, Hatier, Fayard, Lattès, Calman-Lévy, Dunod, etc).
Lagardère Travel Retail : 5e opérateur mondial du commerce en zone de transport et n°2 mondial dans les aéroports avec Travel Essentials, Duty Free et mode, restauration (18.800 collaborateurs et plus de 4.890 magasins dans le monde).
Lagardère News : Paris-Match, le JDD, la licence Elle, Europe1, Europe 2, RFM.
Lagardère Live Entertainment : production de concerts, spectacles, Arkéa Arena, le Casino de Paris, les Folies Bergère, et le club de sports Paris Racing.
- 75 % du chiffre d’affaires de Lagardère sont réalisés hors de France
- Le groupe reste coté en Bourse.
- Qatar Holding LLC qui détient 11,52 % du capital de Lagardère SA indiquait en mai 2022 se réserver la possibilité de procéder à des achats ou à des cessions d’actions Lagardère S.A. en fonction des opportunités de marchés.
Outre les secteurs des médias, de la production audiovisuelle et de la publicité Vivendi possède Gameloft (jeux vidéo) et la plateforme digitale Dailymotion. La filiale Vivendi Village produit des festivals de musique en France et en Grande-Bretagne, possède la billetterie See Tickets, la salle parisienne de L’Olympia et, en Afrique, le réseau de salles de cinéma et de spectacles Canal Olympia.
EDITIS : CESSION FINALISÉE AVEC KRETINSKY
14 novembre : Vivendi a finalisé pour 653 M€ sa cession d’Editis - n°2 français de l'édition - à IMI (International Media Invest) du milliardaire Daniel Kretinsky. La Commission européenne avait obligé Vivendi à réaliser cette opération en raison de la perspective de prise de contrôle du groupe Lagardère. Initialement Vivendi projetait de fusionner Editis à Hachette Livre, troisième éditeur mondial, filiale de Lagardère. La Commission s’était opposée à cette opération maximaliste imaginée par Vincent Bolloré. Editis sera présidé par Denis Olivennes, ex-directeur de Libération. La direction générale est confiée à Catherine Lucet, directrice générale adjointe d’Editis jusqu'en novembre 2022.
JDD : GEOFFROY LEJEUNE
NOMMÉ APRÈS PLUS D’UN MOIS DE GRÈVE
Les discussions ouvertes avec la Société des Journalistes, en grève depuis plus d’un mois, ont été rompues.
Licencié de Valeurs Actuelles, après un conflit avec son actionnaire (le milliardaire franco-libanais Iskandar Safa), le journaliste classé à l’extrême droite, succède à Jérôme Béglé, DG du JDD depuis janvier 2022, nommé à la tête de Paris Match, autre titre phare du groupe, avec son « bras droit » Stéphane Albouy, qui rejoint également l’hebdomadaire, comme directeur délégué chargé du numérique et de la transformation de Paris Match.
Dans un communiqué, de Lagardère News, Arnaud Lagardère indique : « Nous ne ferons pas du JDD un tract idéologique ni un journal militant. Ce fantasme de l’extrême-droite est infondé et méprisant. Le JDD restera une publication d’information généraliste, grand public et ouverte à tous les courants de pensée ».
Une majorité des 31 journalistes grévistes ont annoncé leur départ suite à un accord prévoyant des indemnités de départ pour les membres de la rédaction refusant de travailler pour le nouveau directeur de la rédaction.
Geoffroy Lejeune, 34 ans, (ESJ Paris) a débuté au Point en 2009. Recruté en 2013 par Valeurs Actuelles il est nommé rédacteur en chef adjoint en 2015 puis directeur de la rédaction en 2016 à seulement 27 ans, devenant le plus jeune directeur de rédaction française.
EDITIS OFFICIELLEMENT VENDU À KRETINSKY
Mi-juin, Vivendi a officialisé la vente totale de ses parts dans EDITIS au groupe International Media Invest, filiale du groupe CMI de Daniel Kretinsky.
La transaction devrait être finalisée au plus tard début octobre.
Vivendi a obtenu le feu vert de la Commission européenne pour son OPA amicale sur Lagardère le 9 juin dernier. Cette cession était une obligation pour permettre la prise de contrôle par Vivendi de Hachette, propriété de Lagardère.
Le 25 juillet, la Commission a annoncé l’ouverture d’une enquête sur une éventuelle prise de contrôle anticipée de Lagardère par Vivendi, en infraction avec les règles de l’UE.
Reporters sans Frontières a notamment réclamé cette enquête, pointant du doigt « les changements importants intervenus dans les rédactions du JDD et de manière plus prégnante encore à Paris Match ».
NÉGOCIATIONS POUR LA VENTE DE GALA AU FIGARO
Pour prendre le contrôle de Lagardère, Bruxelles a obligé le groupe de Vincent Bolloré à se séparer d’Editis et du magazine people Gala en raison des règles de concurrence.
Le mariage avec Lagardère lui apporte le géant de l'édition Hachette et le magazine Paris Match alors que Gala appartient au groupe Prisma, devenu filiale de Vivendi en mai 2021. Aussi, depuis le 4 juillet, Vivendi a entamé des négociations exclusives avec le Groupe Figaro, dirigé par son directeur général, Marc Feuillée, pour le rachat de la revue people. Un accord préliminaire a été signé le 26 juillet. Vivendi espère finaliser l'opération d’ici octobre 2023.
UNE RECOMPOSITION CAPITALISTIQUE MAJEURE
L’arrivée de Hachette dans le giron Bolloré et EDITIS dans les mains de Kretinsky signent une recomposition capitalistique majeure du secteur de l’édition.
Vivendi (Canal+, Havas, Prisma) s’empare des joyaux du groupe Lagardère : outre le numéro 1 français de l’édition Hachette, s’ajoute le rentable travel retail et les médias Europe 1 en perte de vitesse, Europe 2, RFM, Paris Match et le JDD.
L’an dernier, ces trois activités affichaient un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros.
Avec Lagardère, Vivendi compte 66.000 collaborateurs, avec une présence renforcée sur les marchés de la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et les États-Unis. Le chiffre d’affaires annuel atteindra 17 milliards d’euros contre 10 jusqu’alors.
LAURENT JOFFRIN QUITTE CNEWS
Laurent Joffrin a annoncé le 31 août qu’il renonçait à participer à l’émission L’heure des pros sur CNews où il passait pour une caution de gauche.
L’ancien directeur de Libération et du Nouvel Observateur explique sa décision dans une lettre, dénonçant « les méthodes employées au JDD » qui ont conduit à la nomination du nouveau directeur de la rédaction Geoffroy Lejeune, contre l’avis majoritaire à 98 % des journalistes.
Partisan des chartes qui garantissent l’indépendance des rédactions vis-à-vis des actionnaires, Laurent Joffrin annonce le lancement d’une édition dominicale de son média numérique d’opinion lancé au printemps dernier, lejournal.info, qui aura pour nom le journal.info.dudimanche.
PRISMA MEDIA : NOUVEAUX DG
Au 1er septembre, une nouvelle organisation a été installée par Claire Léost, présidente du groupe. Pascale Socquet est nommée DG. A la tête des pôles femme, TV, ludique/découverte et économique, ainsi que du marketing et business développement pour le groupe, elle intègre les licences Harvard Business Review France et National Geographic France, les éditions et l’activité audio de Prisma Media.
Philipp Schmidt est également nommé DG. Outre ses fonctions à la direction de la régie et de la transformation du groupe, il prend la tête du nouveau pôle éditorial luxe.
PRISMA MEDIA VEUT RACHETER DES SITES À M6…
Prisma Media, premier groupe de média digital, a annoncé en juillet être entré en « négociations exclusives » avec M6 pour acquérir M6 Digital Services. Cette propriété du groupe audiovisuel, fondée en 1998, regroupe six sites web : CuisineAZ.com, PasseportSanté.net, Fourchette & Bikini, déco.fr, turbo.fr et M6météo. Elle compte également des programmes payants dans le coaching alimentaire et sportif.
Ces plateformes (18 millions de visiteurs uniques) renforceront les thématiques de Prisma et son virage numérique. Les négociations vont durer jusqu’au second semestre 2023.
… ET LES MAGAZINES DU GROUPE CÔTÉ MAISON
Pour compenser la perte du magazine Gala - que Prisma est obligé de vendre (lire ci-dessus), le groupe - déjà n°1 de la presse magazine qui touche près de 40 millions de Français chaque mois avec plus de 20 marques - va acquérir le groupe Côté Maison éditeur spécialisé dans la décoration haut de gamme.
Il publie quatre magazines célébrant l’art de vivre dans différentes régions françaises : trois bimestriels (Maison Côté Sud, Maison Côté Ouest, Vivre Côté Paris) et un semestriel (Maison Côté Est).
En plus de son site Internet, Côté Maison possède une plateforme de e-commerce consacrée à la vente d’articles de décoration et de mobilier (www.cotemaison-interieur.com). Il développe également des activités événementielles, organisant notamment chaque année le salon « Vivre Côté Sud ». En 2022, le groupe Côté Maison générait un chiffre d’affaires total d’environ 7 millions d’euros.
La finalisation de l’opération est attendue pour le second semestre 2023.
Le 21 juin dernier, Prisma a lancé un nouveau bimestriel intitulé Les clés de mon énergie, magazine axé sur le développement personnel. Il est placé sous la direction de la journaliste Natacha Calestrémé, inspirée par des chamans et des guérisseurs. Ses prises de position sont l’objet de controverses et France 2 a déprogrammé une émission où son point de vue sur l’endométriose a fait l’objet d’une action auprès de l’Arcom pour dérive sectaire.
FEMME ACTUELLE LANCE SON PROGRAMME TÉLÉ
Depuis le 5 juin, Prisma Media a lancé Femme Actuelle programmes télé, une déclinaison du magazine qui se revendique « le seul féminin avec un vrai programme télé ». Sur 68 pages, cet hebdomadaire tiré à 75.000 exemplaires, entend répondre à une « attente de divertissement ». Prisma édite aussi Télé Loisirs et Télé 2 semaines.
Femme Actuelle est leader de la presse féminine avec plus de 21 millions de lecteurs mensuels.
C8 : 500.000 € D’AMENDE POUR « TPMP »
Fin juillet, l’Arcom a infligé une nouvelle amende de 500.000 € à C8 suite à une séquence polémique de l’émission de Cyril Hanouna où il était question d’adrénochrome après l’accident de Pierre Palmade, positif à la cocaïne. Le 9 mars dernier, un invité avait évoqué la consommation de cette drogue présentée à l’antenne comme étant issue de sang d’enfants kidnappés, accusant des personnalités publiques de consommation de stupéfiants, de trafic et de pédophilie. L’adrénochrome fait partie d’une théorie conspirationniste démentie à plusieurs reprises ces dernières années mais, malgré cela, l’animateur a fait preuve « d’une certaine complaisance à l’égard de l’invité, relancé régulièrement et encouragé à développer certains de ses propos » note l’Arcom.
Déjà en février, la chaîne du groupe Canal+, détenue par Bolloré, avait écopé d’une amende record de 3,5 M€ suite aux injures proférées à l’antenne par C. Hanouna à l’encontre du député LFI Louis Boyard.
JACQUES CARDOZE VA ENQUÊTER SUR FRANCE TÉLÉVISIONS
Jacques Cardoze, ancien présentateur de « Complément d’enquête » sur France 2 et ancien correspondant à Washington, a été recruté par Cyril Hanouna pour enquêter sur les dérives de la télévision publique française. Celui qui a rejoint l’équipe de « Touche pas à mon poste » sur C8, avait quitté le journalisme pour devenir entre 2021 et fin 2022 le directeur de la communication de l’Olympique de Marseille.
VENDRE GALA POUR ACHETER PARIS MATCH
11 avril : en décembre dernier, la Commission européenne ouvrait une enquête approfondie sur le projet d'acquisition de Lagardère par Vivendi, s’inquiétant des risques de position dominante dans le secteur de l’édition et des magazines « people ».
Un risque avéré avec l’absorption de Paris Match alors que Vivendi, via Prisma Media, contrôle déjà Voici et Gala. Aussi, ce titre va devoir être vendu pour obtenir le feu vert du « gendarme » de la concurrence.
Dans un courriel adressé le 11 avril aux salariés de Prisma, sa présidente Claire Léost confirme la décision annoncée le même jour lors d'un CSE extraordinaire (comité social et économique, l'instance de représentation du personnel) : « Vivendi se voit contraint de proposer la cession de Gala », que la Commission européenne « considère comme un concurrent direct de Paris Match sur le marché de la presse people ». Le processus de vente de Gala « s'enclenchera une fois que la Commission européenne aura approuvé la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi et la cession devrait être finalisée d'ici la fin de l’année ».
Le nom du groupe Reworld Media, premier groupe de presse magazine français, circule déjà. Quant à Voici il reste dans le giron de Prisma. Diffusion 2022 : 194.441 ex. - 5,75 % / 2021
> Gala DFP 2022 : 127.975 ex. - 4,69 % / 2021
> Paris Match 478.769 ex. - 3,65 %
OPA SUR LAGARDÈRE : REPORT AU 14 JUIN
5 avril : la Commission européenne reporte au 14 juin la date limite (fixée initialement au 23 mai) pour se prononcer sur la prise de contrôle (OPA) du groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette Livre, par Vivendi.
Mi-mars, le groupe Vivendi était entré en négociations exclusives avec le groupe IMI (International Media Invest) du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour lui céder
100 % de sa filiale Editis, deuxième groupe d’édition français. Un engagement à l’opposé du plan initial qui prévoyait, l’été dernier, une opération de « distribution-cotation » (Ndlr : procédé déjà utilisé en 2021 par Vivendi pour distribuer 60 % du capital de sa filiale Universal Music Group à ses actionnaires).
Vivendi espère ainsi être autorisé par les autorités de la concurrence à s’emparer de Hachette Livre, premier groupe d’édition français, appartenant à Lagardère où Vivendi est devenu au 1er juillet 2022 le principal actionnaire à 57,35 % (45,13 % fin 2021).
Mais pour pouvoir utiliser tous les droits de vote associés, il a impérativement besoin de l’accord de l’autorité anti-trust.
8 avril : une enquête de la cellule investigation de Radio France montre que, sans attendre l’autorisation de la Commission européenne, Paris Match a fait évoluer sa ligne éditoriale avec des Unes de moins en moins « people » et de plus en plus consacrées à l’actualité : de 2019 à 2021, entre 44 et 48 Unes « people » ont été recensées chaque année.
En 2022, à peine plus d’une trentaine.
Paris Match serait déjà « arrimé à la sphère médiatique de Vincent Bolloré » peut-on lire.
L’enquête rappelle les bouleversements intervenus dans l’organigramme : le départ brutal d’Hervé Gattegno en octobre 2021.
(photo ci-contre avec B. Jeudy, capture d’écran France 5)
Directeur de la rédaction de Paris Match (et du JDD) depuis deux ans, il sera remplacé par Caroline Mangez, avec Patrick Mahé, nommé DG, ancien rédacteur en chef de 1981 à 1994.
« L’affaire » de la Une sur le cardinal Robert Sarah, prélat conservateur controversé, entraînera le licenciement de Bruno Jeudy, rédacteur en chef des pages actualité et politique, en août 2022 pour avoir contesté ce choix imposé par la direction.
Il sera remplacé par Laurence Ferrari, ex-présentatrice du 20h de TF1, passée à CNews et Europe1. Une motion de défiance de la SDJ, votée à 97 %, restera sans effet.
En moins d’un an, Paris Match a connu une vague inédite de 25 départs : Sophie des Déserts, Aurélie Raya, Émilie Lanez, Jean-Pierre Bouyxou, le directeur artistique Cyril Clément, le chef de la photo Guillaume Clavières, le secrétaire général de la rédaction Alain Dorange, la rédactrice en chef des pages Vivre Match Elisabeth Lazaroo.
Le nom de Caroline Pigozzi, grande reporter spécialiste du Vatican depuis trente ans, a disparu de « l’ours » le 9 février, alors qu’elle a quitté le journal le 28, à l’âge de 70 ans.
Emilie Blachère (15 ans de Paris Match) a déposé une requête aux Prud’hommes pour faire valoir sa clause de conscience. Depuis février, elle a rejoint Sept à huit sur TF1.
Selon des sources syndicales, les tensions au sein de l’hebdomadaire ont « atteint un point de non-retour » avec la convocation, le 6 avril, d’une consoeur, membre du bureau de la SDJ de Paris-Match, pour un entretien préalable à licenciement après 20 ans de maison, alors qu’elle est en arrêt de travail. Si les membres du bureau d’une SDJ ne disposent pas, comme les représentants du personnel, d’un statut de salarié protégé, ils interviennent au nom du collectif des journalistes et non à titre individuel.
Le 30 mars, les SDJ de Paris-Match et du JDD ont reçu le Grand Prix Michèle-Léridon, attribué par les Assises du journalisme de Tours.
VIVENDI : RÉSULTATS 2022 DANS LE ROUGE
8 mars : Vivendi a publié ses comptes pour l’exercice 2022.
Perte nette : 1 milliard et 10 millions d’euros en raison de la déconsolidation de Telecom Italia. En 2021, le bénéfice était de 24,692 milliards après le profit record lié à la sortie du périmètre d’activité d’Universal Music Group.
Chiffre d'affaires : 9,59 milliards d'euros (en hausse de + 5,1 % à périmètre et charges constants par rapport à 2021) porté par les performances de Havas, du groupe Canal+ et Gameloft.
Résultat opérationnel ajusté (EBITA) : 868 M€ + 35,6 %.
Résultat net ajusté (hors Telecom Italia) : 677 M€ (+ 19,4 %)
EDITIS BLOQUE UN LIVRE
1er mars : « Le Fin Mot de l’histoire », ouvrage de la romancière Nathalie Gendrot et de l’humoriste Guillaume Meurice, devait paraître aux éditions Le Robert (Editis). Finalement, il a été publié par Flammarion, du groupe concurrent Madrigall.
Consacré à 201 expressions françaises, son bandeau de couverture affiche une formule malicieuse : « Le livre que vous avez failli ne jamais lire ».
L’une des expressions explique le rejet : « Faire long feu : expression remplacée aujourd’hui par : révéler sur Canal+ les malversations de Vincent Bolloré ».
Officiellement, Editis justifie sa décision en estimant que certains passages pouvaient être « susceptibles d’un risque de contentieux au civil et au pénal pour injure et/ou diffamation ».
Dassault, Louboutin ou Carlos Ghosn sont eux aussi copieusement épinglés.
Non sans humour, G. Meurice a remercié Vincent Bolloré pour sa « publicité gratuite ».
ERIK ORSENNA S’ATTAQUE À VINCENT BOLLORÉ
16 février : l’Académicien Erik Orsenna publie « Histoire d’un ogre » chez Gallimard.
Un réquisitoire dirigé, sans le nommer une seule fois, contre Vincent Bolloré, qu’il accuse de vouloir avaler les médias et le secteur de l’édition.
À 75 ans, l’ancien économiste, ex-plume de Mitterrand, prix Goncourt 1988 et auteur de 70 livres, a expliqué sa démarche dans une interview au Monde (7/2/2023) : « C’est un prédateur qui n’apporte rien d’autre aux entreprises qu’il achète que son nom.
L’ogre, c’est le « toujours plus ». Il veut tout engloutir, il n’en a jamais assez. Ce que je fais avec ce livre c’est : Balance ton ogre ».
Dans une interview à L’Express (9/2/2023) il prend les devants : « En écrivant sur Bolloré, je m’attends à tout, et je répondrai ».
D’ores-et-déjà, pour ses prochains livres, E.Orsenna a décidé de quitter Fayard (filiale de Hachette) pour rejoindre Flammarion. (Ndlr : il suit son éditrice Sophie de Closets, qui dirigeait Fayard jusqu’en mars 2022. Elle est devenue PDG de Flammarion en juillet dernier. Ces éditions appartiennent au groupe Madrigall qui contrôle Gallimard, J’ai lu, Arthaud, Librio, Autrement, Pygmalion , Aubier, Climats, Père Castor)
Le site ActuaLitté rappelle qu’en 2009, Erik Orsenna avait préfacé la Charte des valeurs du groupe Bolloré, tressant alors des louanges au groupe qu’il vilipende aujourd’hui…
C8 : AMENDE RECORD DE 3,5 M€
9 février : l’Arcom a infligé une amende record de 3,5 M€ à l’encontre de la chaîne C8 (groupe Canal +) suite aux insultes proférées à l’antenne par Cyril Hanouna à l’encontre du député LFI Louis Boyard, le 10 novembre dernier sur le plateau de l’émission « Touche pas à mon poste ».
Les propos visés (« abruti », « bouffon », « tocard », « t’es une merde », « ferme ta gueule ») « ont porté atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation » souligne l’autorité de la communication audiovisuelle et numérique.
Elle a également considéré que la séquence incriminée « traduisait une méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise à l’antenne » et que l’invité avait été « empêché d’exprimer un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du groupe Canal + » (Ndlr : Vincent Bolloré).
L’Arcom a aussi mis en demeure la chaîne de respecter ses obligations en matière d’honnêteté et d’indépendance de l’information.
C. Hanouna a indiqué se réserver le droit de formuler un recours.
La sanction du régulateur, autorité indépendante du gouvernement, intervient dans un contexte déjà tendu entre Canal + et la ministre de la Culture qui avait estimé « inadmissible » l’appel récent de Cyril Hanouna à la privatisation de l’audiovisuel public.
Déjà en 2017, le CSA avait infligé une amende de 3 M€ à l’animateur télé pour un canular jugé homophobe, sanction confirmée le 9 février par la Cour européenne des droits de l’homme, après le rejet en 2020 par le Conseil d’État d’une demande d’annulation.
Recentré sur la logistique et les médias (avec 30 % de Vivendi), Bolloré récupère une manne de 5 milliards d’euros.
Cyril Bolloré, qui a succédé à son père à la tête du groupe familial, explique que ce désengagement ne signifie pas l’abandon des métiers du transport de marchandises : « la logistique demeure un secteur d’activité clé pour le groupe et nous allons continuer à nous développer et à faire des acquisitions significatives dans les prochains mois ».
Cette vente intervient après plusieurs actions judiciaires pour corruption (la société Bolloré SE a déjà écopé d’une amende de 12 M€ pour avoir voulu décrocher la gestion du port de Lomé au Togo).
Face à la concurrence chinoise, le géant mondial MSC va pouvoir continuer d’investir sur le continent africain.
Bolloré laisse la place après avoir réalisé en trente ans un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.
OPA SUR LAGARDÈRE : NOUVEAUX PRÉTENDANTS AU RACHAT D'ÉDITIS
25 novembre 2022 : Xavier Niel (NJJ), Daniel Kretinsky (CMI), Reworld Media, l’italien Mondadori et le suédois Bonnier ont déposé une offre pour racheter Editis et ses 52 maisons d’édition.
Ils s’ajoutent à Bernard Arnault (LVMH) et Rodolphe Saadé (CMA-CGM) qui ont demandé un délai supplémentaire.
Afin de conserver Hachette, - n° 1 de l’édition - rentable et bien implanté à l'international, Vivendi a annoncé en juillet sa volonté de céder intégralement Editis, en l’introduisant en bourse.
La fusion envisagée des deux groupes d’édition n’avait aucune chance d’aboutir en raison d’une trop forte concentration, interdite par le droit européen de la concurrence.
Cette annonce intervenait un mois après la clôture de l’OPA amicale sur le groupe Lagardère (dont Vivendi possède désormais 57,35 % du capital), qui détient Hachette.
Le 25 octobre, Vivendi a notifié à la Commission européenne son projet de rapprochement du groupe Lagardère sans dévoiler les détails de la cession d’Editis qui tournerait autour de 700 M€.
Le n°2 de l’édition avait été acquis en 2018 pour 830 M€ avec 230 M€ de dettes. Il doit obligatoirement être cédé pour satisfaire l’étape anti-trust imposée par Bruxelles.
Le 30 novembre la Commission européenne a décidé une enquête approfondie estimant que la concentration soulève des doutes sérieux quant à sa compatibilité avec le marché francophone de l’édition.
CNEWS
Octobre 2022 : le site Les Jours révèle que l’arrivée de la rédaction de CNews au siège de Lagardère provoque des remous.
Les « vedettes » (Laurence Ferrari, Romain Desarbres, Dimitri Pavlenko) sont déjà installées dans les étages à Paris Match et Europe 1. Un « flex office » est prévu où les journalistes n’auront plus de bureau attitré dans l’open space. Deux jours de télétravail seront instaurés pour permettre également la rotation des personnels sur une surface réduite pour tous.
Avril 2022 : Vivendi renonce finalement à augmenter sa participation dans le capital de Prisa, propriétaire du quotidien El Pais.
En octobre dernier, Vincent Bolloré avait demandé aux autorités espagnoles de pouvoir renforcer sa part jusqu’à 29,9 %, seuil de déclenchement d’une OPA, contre 9,9 % actuellement. La demande était à l’étude, le gouvernement ayant renforcé les règles sur les investissements étrangers pour protéger ses activités stratégiques.
Bolloré était entré au capital de Prisa en 2021 pour épauler le fonds Amber, premier actionnaire de Prisa à hauteur de 29 %. Prisa, très endetté (90 M€ de pertes en 2021) a obtenu de ses financiers de pouvoir refinancer sa dette.
OPA SUR LAGARDÈRE
21 février 2022 : Vivendi dépose une OPA sur le groupe Lagardère.
Déjà détenteur de 45 % du capital après le rachat des 17,5 % du fonds Amber Capital, le groupe de Vincent Bolloré proposait 25,50 € par action Lagardère aux détenteurs des 55 % du capital qu’il ne contrôle pas (soit 1,40 € de plus par action qu’annoncé en septembre en raison de l’amélioration des résultats de Lagardère qui a réduit ses pertes à 101 M€ en 2021pour 688 M€ en 2020).
Le Qatar détient 11,52 % de Lagardère, Bernard Arnault 9,97 % et Arnaud Lagardère 11 % des actions.
En septembre dernier, Vivendi avait acheté directement 0,4 % d’Amber.
Au total, Vivendi aura déboursé 2,5 Md€ pour contrôler l’intégralité de Lagardère mais à l'issue de son OPA, Vivendi ne dispose que de 22,45 % des droits de vote dans l'autorisation des autorités de concurrence. .
La prise de contrôle de Lagardère, propriétaire de Paris Match, du JDD et d'Europe 1, permettra au groupe Vivendi, qui détient Canal+ et CNews, d'étendre son influence dans le paysage médiatique français. D’ores et déjà, un rapprochement existe entre les rédactions d’Europe1 et CNews .
BOLLORÉ : BICENTENAIRE ET SUCCESSION
Vincent Bolloré, en habits traditionnels pendant la cérémonie du 200 anniversaire de son groupe, à Ergué-Gaberic, le 17 février 2022 (Fred Tanneau / AFP)
17 février 2022 : le groupe Bolloré fête les 200 ans de l’entreprise familiale à Ergué-Gabéric, près de Quimper.
Vincent Bolloré passe officiellement le relais à ses quatre enfants qui lui ont déjà succédé :
Yannick, né en 1980, préside depuis 2018 le conseil de surveillance de Vivendi et est PDG de Havas depuis 2013. En juin 2022, le directoire de Vivendi a été renouvelé, tournant ainsi la page de l’ère Vincent Bolloré.
Cyrille, né en 1985, est PDG du groupe Bolloré depuis juin 2019.
Sébastien, l’aîné, né en 1978, est devenu au 30 juin 2022 le DG délégué de la Compagnie de l’Odet, la holding qui coiffre les groupes Bolloré et Vivendi.
Marie, née en 1988, préside Blue Systems (services et solutions de mobilité électrique).
Devenu conseiller informel du groupe, Vincent Bolloré garde un oeil sur les dossiers en cours : l’acquisition de la totalité du capital de Lagardère, empêcher le fonds d’investissement américain KKR d’entrer dans Telecom Italia dont Vivendi est le premier actionnaire.
CANAL + DIFFUSERA LES COUPES D’EUROPE DE FOOT JUSQU’EN 2027
Juin 2022 : la chaîne cryptée a remporté la totalité des droits de diffusion de la Ligue des champions, de la Ligue Europa et Europa Conférence de 2024 à 2027.
Canal et Bein Sports avaient déjà récupéré en 2019 les principaux lots de la Ligue des champions pour 2021-2024.
CANAL + LANCE CANAL + OUTRE MER
25 janvier 2022 : la nouvelle chaîne digitale Canal + Outre-Mer est accessible via le service Mycanal. Elle propose aux abonnés des productions ultra-marines (documentaires, séries, court-métrages, concerts) issues des Antilles-Guyane, de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie.
24 janvier 2022 : l’accord sur la chronologie des médias a été signé sous l’égide du ministère de la Culture après plusieurs mois de négociations.
En décembre Canal + et Ciné + concluaient un accord avec le cinéma français pour investir 600 M€ dans les créations dans les trois prochaines années, plus de 400 films étant diffusés chaque année. L’accord prévoit une meilleure chronologie des médias, la loi de 1982 ayant instauré des délais entre la sortie d’un film sur grand écran et sa diffusion par ailleurs. Jusqu’à présent on pouvait voir un film sur la chaîne cryptée 8 mois après sa sortie en salles. Désormais le délai est ramené à 6 mois et en exclusivité pendant 9 mois.
Canal + se renforce face aux plateformes américaines mais Netflix pourra diffuser les films 15 mois après leur sortie. Jusqu’alors le délai était de trois ans.
Les autres plateformes (Disney +, Amazon Prime Video, Apple TV) non signataires de l’accord, pourront les diffuser au bout de 17 mois mais elles restent prioritaires devant les chaînes gratuites qui peuvent diffuser les films 22 mois après leur sortie en salles, qui gardent leur exclusivité. Elles devront verser dès cette année 20 à 25 % de leur chiffre d’affaires en France pour financer la production locale (250 à 300 M€).
Chiffres clés
CA Vivendi sur les 9 premiers mois de 2022 : 7,4 Md€ (+ 8,5 %).
CA groupe Canal+ : 4,2 Md€ (+ 1 %)
Activités à l’international Canal + : 1,73 Md€ (+ 6,3 %)
StudioCanal : - 29,6 % (l’année 2021 avait été exceptionnelle pour les séries TV)
CA Havas : 1,92 Md€ (+ 17,3 %)
CA Editis : 557 M€ ( - 7,6 %)
CA Prisma Media : 238 M€ (+ 2,7 %)
CA Gameloft (jeux vidéos) : 215 M€ (+ 17 %)
CA Dailymotion et GVA (Group Vivendi Africa) : 83 M€
(Dailymotion + 32,4 % avec 23 M€)
Siège social
Vivendi : 42 avenue Friedland – 75008 Paris
Canal + : 1 place du Spectacle 92130 Issy-les-Moulineaux
www.vivendi.com www.canalplus.com