LA DÉPÊCHE DU MIDI : L’AGENCE DEVIENT EVELYNE
Après sept ans d’existence, « L’Agence » devient « Evelyne » qui se définit comme « l’agence régie par les idées ».
Implantée en Occitanie et Lot-et-Garonne,« cette nouvelle identité est un trait d’union entre notre histoire et notre avenir » explique Jean-Nicolas Baylet, DG du groupe, en rappelant l’héritage laissé par sa grand-mère Evelyne Baylet, figure emblématique de la presse régionale, décédée à 101 ans en 2014.
Première femme élue présidente d’un Conseil général dans le Tarn-et-Garonne, de 1970 à 1982, PDG du journal après la mort de son mari Jean Baylet dans un accident de voiture en 1959, elle passa le relais à son fils Jean-Michel Baylet en 1995 mais restera directrice de la publication jusqu’en 2012, à 99 ans.
Ce modèle de volonté et d’audace entend guider la stratégie de l’agence de communication hybride, à la fois agence et régie. Pour accompagner ce changement, une nouvelle identité visuelle a été créée, incarnant les trois valeurs de l'agence (avant-gardiste, accessible, audacieuse). Jusqu’à fin juin, Evelyne décline sa campagne de communication : affichage, réseaux sociaux, presse, papier et numérique, audio et vidéo.
En 2023, l’Agence a réalisé 60 M€ de chiffre d’affaires, avec 210 collaborateurs et 24 agences sur les territoires où le groupe est implanté grâce aux quotidiens La Dépêche du Midi, Midi Libre, L’Indépendant, Centre-Presse Aveyron.
En convoquant le passé pour engager l’avenir, le Groupe La Dépêche rend hommage à une femme remarquable. Evelyne Baylet, née Isaac, épousa Jean Baylet en 1940, et le jeune couple s’engagea dans la Résistance du Tarn-et-Garonne.
À partir de 1943, le Commissariat général aux Questions Juives lance une enquête contre Evelyne en raison de ses origines juives, par son père. Elle doit se cacher et changer d’identité. En juin 1944, Jean Baylet arrêté par la Gestapo sera déporté au camp de Neuengamme jusqu’en avril 1945.
Ces épisodes douloureux ne sauraient masquer une période ambiguë de l’histoire de La Dépêche : de 1959 à 1972, René Bousquet, ancien secrétaire général de la police sous l’Occupation, a été administrateur du quotidien toulousain. Pour sa participation à l’organisation des grandes rafles anti-juives en 1942 et 1943 et avoir ordonné en août 1942 la déportation des enfants de plus de deux ans, il sera Inculpé en 1991 de crimes contre l’humanité. Il mourra assassiné chez lui par un déséquilibré en 1993.
Le haut fonctionnaire originaire de Montauban - propulsé préfet avant guerre par les frères Sarraut (Albert, deux fois président du Conseil, et Maurice directeur de La Dépêche depuis 1909, assassiné par la Milice en décembre 1943) - sera acquitté en 1949 par la Haute Cour grâce à un jury de parlementaires dirigé par Jean Baylet où l’accusé bénéficiera d’un soutien invoquant ses actions au service de la résistance.
Certes, Bousquet n’a jamais occupé de fonctions directoriales, ni assuré aucune responsabilité éditoriale, mais il joua un incontestable rôle d’éminence grise, appuyant notamment l’anti-gaullisme du journal d’origine radicale-socialiste par un soutien marqué à la candidature de son « ami » François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1965.
Réélu pour six ans au conseil d’administration de La Dépêche, il démissionna subitement, en 1972. Une dispute avec « la patronne » Evelyne Baylet en serait la cause.
Un épisode trouble et toujours tabou du quotidien régional…
> En forme : le DGA Bruno Jauffret salue la présence de trois marques dans le Top 15 du classement de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM) : La Dépêche du Midi, Midi Libre et L’Indépendant. En mai, ces sites enregistrent leur plus haut score : plus de 194 millions de visites (+ 28 millions, soit + 16,6 % / avril).
> Diversification : pour optimiser sa diversification, Groupe La Dépêche est entré en négociations exclusives pour racheter Fadas Events qui organise les festivals Les Déferlantes lancé en 2007. Depuis 2 ans, avec Bleu Citron et Big Flo & Oli, le groupe de presse organise le Rose Festival.
LES ACCORDS D’ENTREPRISE REMIS EN CAUSE
7 novembre : la direction du quotidien régional La Dépêche du Midi a informé ses rédactions que les accords collectifs de l’entreprise vont devoir être revus intégralement pour des raisons économiques. « La crise que nous traversons nous contraint à générer des économies, notamment en revoyant et adaptant l’ensemble des statuts sociaux de l’entreprise » indique un mail signé par le DG Jean-Nicolas Baylet.
Cette annonce a déclenché une vive réaction syndicale qui réfute les arguments financiers alors que le dernier conseil d’administration de l’entreprise a validé le 10 novembre un résultat prévisionnel bénéficiaire de plusieurs millions d’euros.
Pour le SNJ, « c’est la première fois qu’une direction générale remet en cause les accords sociaux de manière unilatérale, sans concertation ».
La direction du quotidien répond au contraire qu’une période de négociations va s’ouvrir et rejette sur le syndicat les refus de plusieurs accords antérieurs proposés notamment lors de la digitalisation de la rédaction.
Le SNJ dénonce « le dumping social » et voit au contraire un lien avec la procédure pénale pour « délit de marchandage » engagée contre le quotidien régional qui pourrait déboucher sur des poursuites.
Une vingtaine de journalistes de l’agence de presse Dépêche News qui ne bénéficient pas des mêmes accords sociaux que les journalistes du quotidien, sont en effet partie civile dans ce dossier. Ils avaient été embauchés avec un statut moins avantageux pour remplacer des confrères partis à la retraite ces dix dernières années.
S’ils obtiennent gain de cause, ils toucheraient d’importants dommages et intérêts pour avoir exercé pendant des années dans des conditions inégales par rapport aux autres journalistes du groupe, alors qu’ils occupaient les mêmes fonctions.
Fin juin, la cour d’appel de Toulouse, a déjà condamné La Dépêche pour travail dissimulé et co-emploi pour avoir embauché une journaliste dans ces conditions.