mardi 28 novembre 2023

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

ACCORD HISTORIQUE DE L’UNION EUROPÉENNE


8 décembre : à l’issue de 37 h de négociations, les États membres de l’UE et le Parlement européen ont trouvé un accord sur un texte qui favorise à la fois l’innovation et règlemente le développement et l’usage de l’intelligence artificielle. « Une avancée historique ! » s’est félicité le commissaire européen Thierry Breton, estimant que le texte « fruit d’un grand consensus permettra de s’adapter en fonction des évolutions technologiques ».

Le Parlement européen et le Conseil de l’UE devront adopter définitivement l’IA Act après avoir intégré les critiques des chercheurs qui craignent que des règles trop strictes empêchent les startups européennes de rivaliser avec OpenAI ou Google.

La mise en oeuvre du texte final n’est pas prévue avant 2025. 

Concernant les IA génératives, la nouvelle législation imposera de s’assurer de la qualité des données utilisées pour la mise au point des algorithmes et pour vérifier qu’ils ne violent pas la législation sur les droits d’auteur.

Les règles seront renforcées pour les IA à « haut risque » utilisées dans l’éducation, les ressources humaines, le maintien de l’ordre. L’IA sera prohibée pour des applications contraires aux valeurs européennes comme l’identification biométrique à distance, sauf dans le cas de la lutte anti-terroriste.

La législation obligera les systèmes d’IA à informer l’utilisateur qu’il est en relation avec une machine.

Un office européen de l’IA sera doté de moyens de surveillance et de sanctions permettant d’infliger des amendes jusqu’à 7 % du chiffre d’affaires. 

L’Union européenne devient ainsi le premier continent à fixer des règles claires élaborées dès 2021. L’apparition de ChatGPT ou Midjourney pour les images a révélé le potentiel immense de l’IA mais aussi les risques liés, par exemple, à la diffusion de fausses photographies sur les réseaux sociaux, favorisant la manipulation de l’opinion.


> Le Figaro s’est doté d’une charte sur l’usage de l’IA générative. Fruit des débats d’un groupe de travail issu des différentes rédactions (quotidien, Figaro magazine, Madame Figaro, lefigaro.fr) et des différents métiers (rédaction, édition, iconographie), cette charte « met en place des garde-fous très forts », indique Alexis Brézet, directeur des rédactions. Elle stipule ainsi que « le Figaro n’entend publier aucun article élaboré par l’intelligence artificielle générative », un principe qui s’applique également aux « photographies, illustrations, dessins et vidéos générées par l’IA ». 


NIEL ET SAADÉ FINANCENT LA RECHERCHE 


17 novembre : Xavier Niel (Iliad-Free) et Rodolphe Saadé (CMA-CGM) ont annoncé la création de KYUTAI (sphère en japonais), le plus gros laboratoire français de recherche privé en intelligence artificielle.

(photo ci-contre de g. à d. Schmidt, Saadé et Niel) 


Objectif : dynamiser l’IA en France.

Leur alliance est inattendue car Niel et Saadé, tous deux industriels et patrons de presse, s’étaient âprement affrontés en 2022 pour la reprise du journal La Provence.

Depuis, ils ont enterré la hache de guerre autour de ce projet d’avenir qui bénéficie d’avantages fiscaux non négligeables liés à

l’investissement dans les jeunes entreprises innovantes.     

Associés à Eric Schmidt (PDG de Google de 2001 à 2011), sous la forme d’une fondation à but non lucratif, la nouvelle structure démarre avec six chercheurs de renommée mondiale. Leur résultats seront accessibles en « open science », libres et gratuits, à l’instar d’OpenAI à ses débuts (aujourd’hui valorisée à 29 Md$). Ils apportent leur puissance financière (100 M€ chacun, 100 M€ réunis par Schmidt avec d’autres investisseurs) et espèrent bien attirer d’autres investisseurs.

« Il y a beaucoup d’idées en France et peu de financement (…) J’aimerais bien qu’un jour on parle de l’impérialisme français dans l’IA. Si on ne fait rien, il ne se passera rien » a déclaré Xavier Niel lors du lancement de KYUTAI à Station F à Paris, la pépinière de startups qu’il a ouvert en 2017. 

Le comité scientifique du nouveau géant en IA est dirigé par Yann LeCun (prix Turing 2018). Scaleway, filiale d’Iliad, fournit le super calculateur NVIDIA indispensable à la création des modèles d’intelligences artificielles traitant à la fois texte, voix et l’image.

 


> OpenAI annonce le retour de Sam Altman

Débarqué le 17 novembre de ses fonctions de PDG par le conseil d’administration, Sam Altman, 38 ans, annonçait le 19 qu’il rejoignait Microsoft avec une bonne partie de son équipe. Cinq jours après son limogeage, il confirme son retour chez OpenAI comme PDG avec un nouveau conseil d’administration  : « J’ai hâte de revenir pour bâtir un solide partenariat avec Microsoft » ! 


> Projet Spinoza : le SNJ demande un moratoire

Le 20 novembre, le Syndicat National des Journalistes a demandé un moratoire immédiat et l’ouverture de négociations « avant tout déploiement anarchique de ces outils sur l’intelligence artificielle » développés par Reporters sans frontières (RSF) et l'Alliance de la presse d'information générale sous le nom de projet Spinoza. La phase initiale du projet consiste à réaliser un prototype d’outil d’IA avec la société Ekimetrics d’ici fin 2023, dans le respect de la propriété intellectuelle des médias. Il traitera d’informations liées au changement climatique. Ce projet se veut une réponse aux risques de l’IA générative qui souvent ne respecte ni la propriété intellectuelle ni la transparence sur l’entraînement des modèles ou leur fonctionnement.


L’IA ET LE JOURNALISME : UNE CHARTE AVEC RSF


10 novembre : Reporters sans frontières (RSF) et 16 organisations partenaires ont publié la Charte de Paris sur l’intelligence artificielle et le journalisme.

Dix principes ont été retenus :

  • L’éthique doit gouverner les choix technologiques au sein des médias
  • Le jugement humain doit rester central dans les décisions éditoriales
  • Les médias doivent aider la société à discerner avec confiance les contenus authentiques et synthétiques
  • Les médias doivent prendre part à la gouvernance mondiale de l’IA et défendre la viabilité du journalisme lorsqu’ils négocient avec les entreprises technologiques
  • Les médias sont responsables de chaque contenu qu’ils publient

Lancés en juillet, les travaux pour établir ces principes ont été menés par une commission réunie par RSF, présidée par Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix 2021.


 

TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...