dimanche 7 août 2022

VIVENDI

JDD : GEOFFROY LEJEUNE 

NOMMÉ APRÈS PLUS D’UN MOIS DE GRÈVE 


Le 24 juillet, la direction du groupe Lagardère a confirmé la nomination au 1er août de Geoffroy Lejeune comme directeur de la rédaction du Journal du Dimanche.

Les discussions ouvertes avec la Société des Journalistes, en grève depuis plus d’un mois, ont été rompues.

Licencié de Valeurs Actuelles, après un conflit avec son actionnaire (le milliardaire franco-libanais Iskandar Safa), le journaliste classé à l’extrême droite, succède à Jérôme Béglé, DG du JDD depuis janvier 2022, nommé à la tête de Paris Match, autre titre phare du groupe, avec son « bras droit » Stéphane Albouy, qui rejoint également l’hebdomadaire, comme directeur délégué chargé du numérique et de la transformation de Paris Match. 

Dans un communiqué, de Lagardère News, Arnaud Lagardère indique : « Nous ne ferons pas du JDD un tract idéologique ni un journal militant. Ce fantasme de l’extrême-droite est infondé et méprisant. Le JDD restera une publication d’information généraliste, grand public et ouverte à tous les courants de pensée ».

Une majorité des 31 journalistes grévistes ont annoncé leur départ suite à un accord prévoyant des indemnités de départ pour les membres de la rédaction refusant de travailler pour le nouveau directeur de la rédaction.

Geoffroy Lejeune, 34 ans, (ESJ Paris) a débuté au Point en 2009. Recruté en 2013 par Valeurs Actuelles il est nommé rédacteur en chef adjoint en 2015 puis directeur de la rédaction en 2016 à seulement 27 ans, devenant le plus jeune directeur de rédaction française.



EDITIS OFFICIELLEMENT VENDU À KRETINSKY


Mi-juin, Vivendi a officialisé la vente totale de ses parts dans EDITIS au groupe International Media Invest, filiale du groupe CMI de Daniel Kretinsky.

La transaction devrait être finalisée au plus tard début octobre.

Vivendi a obtenu le feu vert de la Commission européenne pour son OPA amicale sur Lagardère le 9 juin dernier. Cette cession était une obligation pour permettre la prise de contrôle par Vivendi de Hachette, propriété de Lagardère.

Le 25 juillet, la Commission a annoncé l’ouverture d’une enquête sur une éventuelle prise de contrôle anticipée de Lagardère par Vivendi, en infraction avec les règles de l’UE.

Reporters sans Frontières a notamment réclamé cette enquête, pointant du doigt « les changements importants intervenus dans les rédactions du JDD et de manière plus prégnante encore à Paris Match ».



NÉGOCIATIONS POUR LA VENTE DE GALA AU FIGARO


Pour prendre le contrôle de Lagardère, Bruxelles a obligé le groupe de Vincent Bolloré à se séparer d’Editis et du magazine people Gala en raison des règles de concurrence.

Le mariage avec Lagardère lui apporte le géant de l'édition Hachette et le magazine Paris Match alors que Gala appartient au groupe Prisma, devenu filiale de Vivendi en mai 2021. Aussi, depuis le 4 juillet, Vivendi a entamé des négociations exclusives avec le Groupe Figaro, dirigé par son directeur général, Marc Feuillée, pour le rachat de la revue people. Un accord préliminaire a été signé le 26 juillet. Vivendi espère finaliser l'opération d’ici octobre 2023. 


UNE RECOMPOSITION CAPITALISTIQUE MAJEURE


L’arrivée de Hachette dans le giron Bolloré et EDITIS dans les mains de Kretinsky signent une recomposition capitalistique majeure du secteur de l’édition.

Vivendi (Canal+, Havas, Prisma) s’empare des joyaux du groupe Lagardère : outre le numéro 1 français de l’édition Hachette, s’ajoute le rentable travel retail et les médias Europe 1 en perte de vitesse, Europe 2, RFM, Paris Match et le JDD.

L’an dernier, ces trois activités affichaient un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros.

Avec Lagardère, Vivendi compte 66.000 collaborateurs, avec une présence renforcée sur les marchés de la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et les États-Unis. Le chiffre d’affaires annuel atteindra 17 milliards d’euros contre 10 jusqu’alors.



LAURENT JOFFRIN QUITTE CNEWS


Laurent Joffrin a annoncé le 31 août qu’il renonçait à participer à l’émission L’heure des pros sur CNews où il passait pour une caution de gauche. 

L’ancien directeur de Libération et du Nouvel Observateur explique sa décision dans une lettre, dénonçant « les méthodes employées au JDD » qui ont conduit à la nomination du nouveau directeur de la rédaction Geoffroy Lejeune, contre l’avis majoritaire à 98 % des journalistes.

Partisan des chartes qui garantissent l’indépendance des rédactions vis-à-vis des actionnaires, Laurent Joffrin annonce le lancement d’une édition dominicale de son média numérique d’opinion lancé au printemps dernier, lejournal.info, qui aura pour nom le journal.info.dudimanche.




PRISMA MEDIA : NOUVEAUX DG


Au 1er septembre, une nouvelle organisation a été installée par Claire Léost, présidente du groupe. Pascale Socquet est nommée DG. A la tête des pôles femme, TV, ludique/découverte et économique, ainsi que du marketing et business développement pour le groupe, elle intègre les licences Harvard Business Review France et National Geographic France, les éditions et l’activité audio de Prisma Media.

Philipp Schmidt est également nommé DG. Outre ses fonctions à la direction de la régie et de la transformation du groupe, il prend la tête du nouveau pôle éditorial luxe.


PRISMA MEDIA VEUT RACHETER DES SITES À M6


Prisma Media, premier groupe de média digital, a annoncé en juillet être entré en « négociations exclusives » avec M6 pour acquérir M6 Digital Services. Cette propriété du groupe audiovisuel, fondée en 1998, regroupe six sites web : CuisineAZ.com, PasseportSanté.net, Fourchette & Bikini, déco.fr, turbo.fr et M6météo. Elle compte également des programmes payants dans le coaching alimentaire et sportif.

Ces plateformes (18 millions de visiteurs uniques) renforceront les thématiques de Prisma et son virage numérique. Les négociations vont durer jusqu’au second semestre 2023.


… ET LES MAGAZINES DU GROUPE CÔTÉ MAISON


Pour compenser la perte du magazine Gala - que Prisma est obligé de vendre (lire ci-dessus), le groupe - déjà n°1 de la presse magazine qui touche près de 40 millions de Français chaque mois avec plus de 20 marques - va acquérir le groupe Côté Maison éditeur spécialisé dans la décoration haut de gamme.

Il publie quatre magazines célébrant l’art de vivre dans différentes régions françaises : trois bimestriels (Maison Côté Sud, Maison Côté Ouest, Vivre Côté Paris) et un semestriel (Maison Côté Est).

En plus de son site Internet, Côté Maison possède une plateforme de e-commerce consacrée à la vente d’articles de décoration et de mobilier (www.cotemaison-interieur.com). Il développe également des activités événementielles, organisant notamment chaque année le salon « Vivre Côté Sud ». En 2022, le groupe Côté Maison générait un chiffre d’affaires total d’environ 7 millions d’euros.

La finalisation de l’opération est attendue pour le second semestre 2023.

Le 21 juin dernier, Prisma a lancé un nouveau bimestriel intitulé Les clés de mon énergie, magazine axé sur le développement personnel. Il est placé sous la direction de la journaliste Natacha Calestrémé, inspirée par des chamans et des guérisseurs. Ses prises de position sont l’objet de controverses et France 2 a déprogrammé une émission où son point de vue sur l’endométriose a fait l’objet d’une action auprès de l’Arcom pour dérive sectaire.



FEMME ACTUELLE LANCE SON PROGRAMME TÉLÉ


Depuis le 5 juin, Prisma Media a lancé Femme Actuelle programmes télé, une déclinaison du magazine qui se revendique « le seul féminin avec un vrai programme télé ». Sur 68 pages, cet hebdomadaire tiré à 75.000 exemplaires, entend répondre à une « attente de divertissement ». Prisma édite aussi Télé Loisirs et Télé 2 semaines.

Femme Actuelle est leader de la presse féminine avec plus de 21 millions de lecteurs mensuels.


C8 : 500.000 € D’AMENDE POUR « TPMP »


Fin juillet, l’Arcom a infligé une nouvelle amende de 500.000 € à C8 suite à une séquence polémique de l’émission de Cyril Hanouna où il était question d’adrénochrome après l’accident de Pierre Palmade, positif à la cocaïne. Le 9 mars dernier, un invité avait évoqué la consommation de cette drogue présentée à l’antenne comme étant issue de sang d’enfants kidnappés, accusant des personnalités publiques de consommation de stupéfiants, de trafic et de pédophilie. L’adrénochrome fait partie d’une théorie conspirationniste démentie à plusieurs reprises ces dernières années mais, malgré cela, l’animateur a fait preuve « d’une certaine complaisance à l’égard de l’invité, relancé régulièrement et encouragé à développer certains de ses propos » note l’Arcom.

Déjà en février, la chaîne du groupe Canal+, détenue par Bolloré, avait écopé d’une amende record de 3,5 M€ suite aux injures proférées à l’antenne par C. Hanouna à l’encontre du député LFI Louis Boyard.


JACQUES CARDOZE VA ENQUÊTER SUR FRANCE TÉLÉVISIONS


Jacques Cardoze, ancien présentateur de « Complément d’enquête » sur France 2 et ancien correspondant à Washington, a été recruté par Cyril Hanouna pour enquêter sur les dérives de la télévision publique française. Celui qui a rejoint l’équipe de « Touche pas à mon poste » sur C8, avait quitté le journalisme pour devenir entre 2021 et fin 2022 le directeur de la communication de l’Olympique de Marseille.




VENDRE GALA POUR ACHETER PARIS MATCH 


11 avril : en décembre dernier, la Commission européenne ouvrait une enquête approfondie sur le projet d'acquisition de Lagardère par Vivendi, s’inquiétant des risques de position dominante dans le secteur de l’édition et des magazines « people ».

Un risque avéré avec l’absorption de Paris Match alors que Vivendi, via Prisma Media, contrôle déjà Voici et Gala. Aussi, ce titre va devoir être vendu pour obtenir le feu vert du « gendarme » de la concurrence.  

Dans un courriel adressé le 11 avril aux salariés de Prisma, sa présidente Claire Léost confirme la décision annoncée le même jour lors d'un CSE extraordinaire (comité social et économique, l'instance de représentation du personnel) : « Vivendi se voit contraint de proposer la cession de Gala », que la Commission européenne « considère comme un concurrent direct de Paris Match sur le marché de la presse people ». Le processus de vente de Gala « s'enclenchera une fois que la Commission européenne aura approuvé la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi et la cession devrait être finalisée d'ici la fin de l’année ».

Le nom du groupe Reworld Media, premier groupe de presse magazine français, circule déjà. Quant à Voici il reste dans le giron de Prisma. Diffusion 2022 : 194.441 ex. - 5,75 % / 2021


> Gala DFP 2022 : 127.975 ex. - 4,69 % / 2021

> Paris Match 478.769 ex. - 3,65 %


OPA SUR LAGARDÈRE : REPORT AU 14 JUIN 


5 avril : la Commission européenne reporte au 14 juin la date limite (fixée initialement au 23 mai) pour se prononcer sur la prise de contrôle (OPA) du groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette Livre, par Vivendi.

Mi-mars, le groupe Vivendi était entré en négociations exclusives avec le groupe IMI (International Media Invest) du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour lui céder 

100 % de sa filiale Editis, deuxième groupe d’édition français. Un engagement à l’opposé du plan initial qui prévoyait, l’été dernier, une opération de « distribution-cotation » (Ndlr : procédé déjà utilisé en 2021 par Vivendi pour distribuer 60 % du capital de sa filiale Universal Music Group à ses actionnaires).

Vivendi espère ainsi être autorisé par les autorités de la concurrence à s’emparer de Hachette Livre, premier groupe d’édition français, appartenant à Lagardère où Vivendi est devenu au 1er juillet 2022 le principal actionnaire à 57,35 % (45,13 % fin 2021).

Mais pour pouvoir utiliser tous les droits de vote associés, il a impérativement besoin de l’accord de l’autorité anti-trust. 



8 avril : une enquête de la cellule investigation de Radio France montre que, sans attendre l’autorisation de la Commission européenne, Paris Match a fait évoluer sa ligne éditoriale avec des Unes de moins en moins « people » et de plus en plus consacrées à l’actualité : de 2019 à 2021, entre 44 et 48 Unes « people » ont été recensées chaque année. 

En 2022, à peine plus d’une trentaine.

Paris Match serait déjà « arrimé à la sphère  médiatique de Vincent Bolloré » peut-on lire.

L’enquête rappelle les bouleversements intervenus dans l’organigramme : le départ brutal d’Hervé Gattegno en octobre 2021. 


(photo ci-contre avec B. Jeudy, capture d’écran France 5)


Directeur de la rédaction de Paris Match (et du JDD) depuis deux ans, il sera remplacé par Caroline Mangez, avec Patrick Mahé, nommé DG, ancien rédacteur en chef de 1981 à 1994.

« L’affaire » de la Une sur le cardinal Robert Sarah, prélat conservateur controversé, entraînera le licenciement de Bruno Jeudy, rédacteur en chef des pages actualité et politique, en août 2022 pour avoir contesté ce choix imposé par la direction. 

Il sera remplacé par Laurence Ferrari, ex-présentatrice du 20h de TF1, passée à CNews et Europe1. Une motion de défiance de la SDJ, votée à 97 %, restera sans effet.


En moins d’un an, Paris Match a connu une vague inédite de 25 départs : Sophie des Déserts, Aurélie Raya, Émilie Lanez, Jean-Pierre Bouyxou, le directeur artistique Cyril Clément, le chef de la photo Guillaume Clavières, le secrétaire général de la rédaction Alain Dorange, la rédactrice en chef des pages Vivre Match Elisabeth Lazaroo. 

Le nom de Caroline Pigozzi, grande reporter spécialiste du Vatican depuis trente ans, a disparu de « l’ours » le 9 février, alors qu’elle a quitté le journal le 28, à l’âge de 70 ans.

Emilie Blachère (15 ans de Paris Match) a déposé une requête aux Prud’hommes pour faire valoir sa clause de conscience. Depuis février, elle a rejoint Sept à huit sur TF1.

Selon des sources syndicales, les tensions au sein de l’hebdomadaire ont « atteint un point de non-retour » avec la convocation, le 6 avril, d’une consoeur, membre du bureau de la SDJ de Paris-Match, pour un entretien préalable à licenciement après 20 ans de maison, alors qu’elle est en arrêt de travail. Si les membres du bureau d’une SDJ ne disposent pas, comme les représentants du personnel, d’un statut de salarié protégé, ils interviennent au nom du collectif des journalistes et non à titre individuel.

Le 30 mars, les SDJ de Paris-Match et du JDD ont reçu le Grand Prix Michèle-Léridon, attribué par les Assises du journalisme de Tours.



VIVENDI : RÉSULTATS 2022 DANS LE ROUGE


8 mars : Vivendi a publié ses comptes pour l’exercice 2022.

Perte nette : 1 milliard et 10 millions d’euros en raison de la déconsolidation de Telecom Italia. En 2021, le bénéfice était de 24,692 milliards après le profit record lié à la sortie du périmètre d’activité d’Universal Music Group.


Chiffre d'affaires : 9,59 milliards d'euros (en hausse de + 5,1 % à périmètre et charges constants par rapport à 2021) porté par les performances de Havas, du groupe Canal+ et Gameloft.


Résultat opérationnel ajusté (EBITA) : 868 M€ + 35,6 %.

Résultat net ajusté (hors Telecom Italia) : 677 M€ (+ 19,4 %)


EDITIS BLOQUE UN LIVRE 

 

1er mars : « Le Fin Mot de l’histoire », ouvrage de la romancière Nathalie Gendrot et de l’humoriste Guillaume Meurice, devait paraître aux éditions Le Robert (Editis). Finalement, il a été publié par Flammarion, du groupe concurrent Madrigall.

Consacré à 201 expressions françaises, son bandeau de couverture affiche une formule malicieuse : « Le livre que vous avez failli ne jamais lire ».

L’une des expressions explique le rejet : « Faire long feu : expression remplacée aujourd’hui par : révéler sur Canal+ les malversations de Vincent Bolloré ».

Officiellement, Editis justifie sa décision en estimant que certains passages pouvaient être « susceptibles d’un risque de contentieux au civil et au pénal pour injure et/ou diffamation ».

Dassault, Louboutin ou Carlos Ghosn sont eux aussi copieusement épinglés.

Non sans humour, G. Meurice a remercié Vincent Bolloré pour sa « publicité gratuite ». 



ERIK ORSENNA S’ATTAQUE À VINCENT BOLLORÉ 


16 février : l’Académicien Erik Orsenna publie « Histoire d’un ogre » chez Gallimard.

Un réquisitoire dirigé, sans le nommer une seule fois, contre Vincent Bolloré, qu’il accuse de vouloir avaler les médias et le secteur de l’édition.

À 75 ans, l’ancien économiste, ex-plume de Mitterrand, prix Goncourt 1988 et auteur de 70 livres, a expliqué sa démarche dans une interview au Monde (7/2/2023) : « C’est un prédateur qui n’apporte rien d’autre aux entreprises qu’il achète que son nom. 

L’ogre, c’est le « toujours plus ». Il veut tout engloutir, il n’en a jamais assez. Ce que je fais avec ce livre c’est : Balance ton ogre ».


Dans une interview à L’Express (9/2/2023) il prend les devants : « En écrivant sur Bolloré, je m’attends à tout, et je répondrai ».

D’ores-et-déjà, pour ses prochains livres, E.Orsenna a décidé de quitter Fayard (filiale de Hachette) pour rejoindre Flammarion. (Ndlr : il suit son éditrice Sophie de Closets, qui dirigeait Fayard jusqu’en mars 2022. Elle est devenue PDG de Flammarion en juillet dernier. Ces éditions appartiennent au groupe Madrigall qui contrôle Gallimard, J’ai lu, Arthaud, Librio, Autrement, Pygmalion , Aubier, Climats, Père Castor)

Le site ActuaLitté rappelle qu’en 2009, Erik Orsenna avait préfacé la Charte des valeurs du groupe Bolloré, tressant alors des louanges au groupe qu’il vilipende aujourd’hui…


C8 : AMENDE RECORD DE 3,5 M€


9 février : l’Arcom a infligé une amende record de 3,5 M€ à l’encontre de la chaîne C8 (groupe Canal +) suite aux insultes proférées à l’antenne par Cyril Hanouna à l’encontre du député LFI Louis Boyard, le 10 novembre dernier sur le plateau de l’émission « Touche pas à mon poste ».

Les propos visés (« abruti », « bouffon », « tocard », « t’es une merde », « ferme ta gueule ») « ont porté atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation » souligne l’autorité de la communication audiovisuelle et numérique. 

Elle a également considéré que la séquence incriminée « traduisait une méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise à l’antenne » et que l’invité avait été « empêché d’exprimer un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du groupe Canal + » (Ndlr : Vincent Bolloré).


L’Arcom a aussi mis en demeure la chaîne de respecter ses obligations en matière d’honnêteté et d’indépendance de l’information.

C. Hanouna a indiqué se réserver le droit de formuler un recours.


La sanction du régulateur, autorité indépendante du gouvernement, intervient dans un contexte déjà tendu entre Canal + et la ministre de la Culture qui avait estimé « inadmissible » l’appel récent de Cyril Hanouna à la privatisation de l’audiovisuel public.

Déjà en 2017, le CSA avait infligé une amende de 3 M€ à l’animateur télé pour un canular jugé homophobe, sanction confirmée le 9 février par la Cour européenne des droits de l’homme, après le rejet en 2020 par le Conseil d’État d’une demande d’annulation. 



Décembre 2022 :
le groupe Bolloré a signé l’acte de vente de ses ports africains à l'armateur italo-suisse MSC (Mediterranean Shipping Compagny). 

Recentré sur la logistique et les médias (avec 30 % de Vivendi), Bolloré récupère une manne de 5 milliards d’euros. 


Cyril Bolloré, qui a succédé à son père à la tête du groupe familial, explique que ce désengagement ne signifie pas l’abandon des métiers du transport de marchandises : « la logistique demeure un secteur d’activité  clé pour le groupe et nous allons continuer à nous développer et à faire des acquisitions significatives dans les prochains mois ».

Cette vente intervient après plusieurs actions judiciaires pour corruption (la société Bolloré SE a déjà écopé d’une amende de 12 M€ pour avoir voulu décrocher la gestion du port de Lomé au Togo). 

Face à la concurrence chinoise, le géant mondial MSC va pouvoir continuer d’investir sur le continent africain.

Bolloré laisse la place après avoir réalisé en trente ans un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.


OPA SUR LAGARDÈRE : NOUVEAUX PRÉTENDANTS AU RACHAT D'ÉDITIS


25 novembre 2022 : Xavier Niel (NJJ), Daniel Kretinsky (CMI), Reworld Media,  l’italien Mondadori et le suédois Bonnier ont déposé une offre pour racheter Editis et ses 52 maisons d’édition. 

Ils s’ajoutent à Bernard Arnault (LVMH) et Rodolphe Saadé (CMA-CGM) qui ont demandé un délai supplémentaire.


Afin de conserver Hachette, - n° 1 de l’édition - rentable et bien implanté à l'international, Vivendi a annoncé en juillet sa volonté de céder intégralement Editis, en l’introduisant en bourse. 

La fusion envisagée des deux groupes d’édition n’avait aucune chance d’aboutir en raison d’une trop forte concentration, interdite par le droit européen de la concurrence. 

Cette annonce intervenait un mois après la clôture de l’OPA amicale sur le groupe Lagardère (dont Vivendi possède désormais 57,35 % du capital), qui détient Hachette

Le 25 octobre, Vivendi a notifié à la Commission européenne son projet de rapprochement du groupe Lagardère sans dévoiler les détails de la cession d’Editis qui tournerait autour de 700 M€. 

Le n°2 de l’édition avait été acquis en 2018 pour 830 M€ avec 230 M€ de dettes. Il doit obligatoirement être cédé pour satisfaire l’étape anti-trust imposée par Bruxelles.

Le 30 novembre la Commission européenne a décidé une enquête approfondie estimant  que la concentration soulève des doutes sérieux quant à sa compatibilité avec le marché francophone de l’édition.



CNEWS 


Octobre 2022 : le site Les Jours révèle que l’arrivée de la rédaction de CNews au siège de Lagardère provoque des remous. 
Installée à Issy-les-Moulineaux, la chaîne d’opinion du groupe Canal + s’apprête à rejoindre la rue des Cévennes, dans le 15e arrondissement de Paris, au siège de Lagardère News. 

Les « vedettes » (Laurence Ferrari, Romain Desarbres, Dimitri Pavlenko) sont déjà installées dans les étages à Paris Match et Europe 1. Un « flex office » est prévu où les journalistes n’auront plus de bureau attitré dans l’open space. Deux jours de télétravail seront instaurés pour permettre également la rotation des personnels sur une surface réduite pour tous.


Avril 2022 : Vivendi renonce finalement à augmenter sa participation dans le capital de Prisa, propriétaire du quotidien El Pais

En octobre dernier, Vincent Bolloré avait demandé aux autorités espagnoles de pouvoir renforcer sa part jusqu’à 29,9 %, seuil de déclenchement d’une OPA, contre 9,9 % actuellement. La demande était à l’étude, le gouvernement ayant renforcé les règles sur les investissements étrangers pour protéger ses activités stratégiques.

Bolloré était entré au capital de Prisa en 2021 pour épauler le fonds Amber, premier actionnaire de Prisa à hauteur de 29 %. Prisa, très endetté (90 M€ de pertes en 2021) a obtenu de ses financiers de pouvoir refinancer sa dette.


OPA SUR LAGARDÈRE


21 février 2022 : Vivendi dépose une OPA sur le groupe Lagardère

Déjà détenteur de 45 % du capital après le rachat des 17,5 % du fonds Amber Capital, le groupe de Vincent Bolloré proposait 25,50 € par action Lagardère aux détenteurs des 55 % du capital qu’il ne contrôle pas (soit 1,40 € de plus par action qu’annoncé en septembre en raison de l’amélioration des résultats de Lagardère qui a réduit ses pertes à 101 M€ en 2021pour 688 M€ en 2020). 

Le Qatar détient 11,52 % de Lagardère, Bernard Arnault 9,97 % et Arnaud Lagardère 11 % des actions.

En septembre dernier, Vivendi avait acheté directement 0,4 % d’Amber.

Au total, Vivendi aura déboursé 2,5 Md€ pour contrôler l’intégralité de Lagardère mais à l'issue de son OPA, Vivendi ne dispose que de 22,45 % des droits de vote dans l'autorisation des autorités de concurrence. .

La prise de contrôle de Lagardère, propriétaire de Paris Match, du JDD et d'Europe 1, permettra au groupe Vivendi, qui détient Canal+ et CNews, d'étendre son influence dans le paysage médiatique français. D’ores et déjà, un rapprochement existe entre les rédactions d’Europe1 et CNews .



BOLLORÉ : BICENTENAIRE ET SUCCESSION 

  

Vincent Bolloré, en habits traditionnels pendant la cérémonie du 200 anniversaire de son groupe, à Ergué-Gaberic, le 17 février 2022 (Fred Tanneau / AFP) 

17 février 2022 : le groupe Bolloré fête les 200 ans de l’entreprise familiale à Ergué-Gabéric, près de Quimper. 

Vincent Bolloré passe officiellement le relais à ses quatre enfants qui lui ont déjà succédé : 

Yannick, né en 1980, préside depuis 2018 le conseil de surveillance de Vivendi et est PDG de Havas depuis 2013. En juin 2022, le directoire de Vivendi a été renouvelé, tournant ainsi la page de l’ère Vincent Bolloré.

Cyrille, né en 1985, est PDG du groupe Bolloré depuis juin 2019.

Sébastien, l’aîné, né en 1978, est devenu au 30 juin 2022 le DG délégué de la Compagnie de l’Odet, la holding qui coiffre les groupes Bolloré et Vivendi.

Marie, née en 1988, préside Blue Systems (services et solutions de mobilité électrique). 


Devenu conseiller informel du groupe, Vincent Bolloré garde un oeil sur les dossiers en cours : l’acquisition de la totalité du capital de Lagardère, empêcher le fonds d’investissement américain KKR d’entrer dans Telecom Italia dont Vivendi est le premier actionnaire.



CANAL + DIFFUSERA LES COUPES D’EUROPE DE FOOT JUSQU’EN 2027


Juin 2022 : la chaîne cryptée a remporté la totalité des droits de diffusion de la Ligue des champions, de la Ligue Europa et Europa Conférence de 2024 à 2027.

Canal et Bein Sports avaient déjà récupéré en 2019 les principaux lots de la Ligue des champions pour 2021-2024. 


CANAL + LANCE CANAL + OUTRE MER


25 janvier  2022 : la nouvelle chaîne digitale Canal + Outre-Mer est accessible via le service Mycanal. Elle propose aux abonnés des productions ultra-marines (documentaires, séries, court-métrages, concerts) issues des Antilles-Guyane, de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie.


24 janvier 2022 : l’accord sur la chronologie des médias a été signé sous l’égide du ministère de la Culture après plusieurs mois de négociations. 

En décembre Canal + et Ciné + concluaient un accord avec le cinéma français pour investir 600 M€ dans les créations dans les trois prochaines années, plus de 400 films étant diffusés chaque année. L’accord prévoit une meilleure chronologie des médias, la loi de 1982 ayant instauré des délais entre la sortie d’un film sur grand écran et sa diffusion par ailleurs. Jusqu’à présent on pouvait voir un film sur la chaîne cryptée 8 mois après sa sortie en salles. Désormais le délai est ramené à 6 mois et en exclusivité pendant 9 mois.

Canal + se renforce face aux plateformes américaines mais Netflix pourra diffuser les films 15 mois après leur sortie. Jusqu’alors le délai était de trois ans. 

Les autres plateformes (Disney +, Amazon Prime Video, Apple TV) non signataires de l’accord, pourront les diffuser au bout de 17 mois mais elles restent prioritaires devant les chaînes gratuites qui peuvent diffuser les films 22 mois après leur sortie en salles, qui gardent leur exclusivité. Elles devront verser dès cette année 20 à 25 % de leur chiffre d’affaires en France pour financer la production locale (250 à 300 M€).



Chiffres clés


CA Vivendi sur les 9 premiers mois de 2022 : 7,4 Md€ (+ 8,5 %).

CA groupe Canal+ : 4,2 Md€ (+ 1 %)

Activités à l’international Canal + : 1,73 Md€ (+ 6,3 %)

StudioCanal : - 29,6 % (l’année 2021 avait été exceptionnelle pour les séries TV)


CA Havas : 1,92 Md€ (+ 17,3 %)


CA Editis : 557 M€ ( - 7,6 %)


CA Prisma Media : 238 M€ (+ 2,7 %) 


CA Gameloft (jeux vidéos) : 215 M€ (+ 17 %)


CA Dailymotion et GVA (Group Vivendi Africa) : 83 M€ 

(Dailymotion + 32,4 % avec 23 M€)


Siège social 


Vivendi : 42 avenue Friedland – 75008 Paris

Canal + : 1 place du Spectacle 92130 Issy-les-Moulineaux


www.vivendi.com       www.canalplus.com




TOUTE L'ACTU DES GROUPES DE PRESSE ET D'AUDIOVISUEL

Une bonne connaissance de l’actualité des médias  est indispensable pour celles et ceux qui veulent devenir journalistes.   Le contexte de p...